Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Épave de la pointe Jaune

Type :

Patrimoine mobilier (Bien archéologique)

Région administrative :

  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

Municipalité :

  • Percé

Date :

  • 1744 (Construction)
  • 1754‑04 (Naufrage)
  • 1981‑07 (Découverte)
  • 1981 – 1983 (Intervention archéologique)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine maritime et fluvial

Classification :

  • Bien archéologique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : fonction > Militaire
  • Bien archéologique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : mode de propulsion > Voiles

Éléments associés

Événements associés (1)

Personnes associées (1)

Inventaires associés (2)

Description

L'épave de la pointe Jaune pourrait correspondre aux vestiges du Jean-Joseph, un navire construit en 1744 et ayant fait naufrage en avril 1754. Le site est constitué de sept canons en fonte, d'un fragment d'une ancre à jas, d'une grande quantité de pierres de lest et de gangues calcaires. Le tout est dispersé sur un fond rocheux, sur une superficie de 144 mètres carrés. Le site se trouve le long du littoral sud de la baie de Gaspé, entre la pointe Jaune et la pointe à la Baleine, dans la municipalité de Percé, à une profondeur de quatre à huit mètres.

Provenance archéologique :

  • DdDb-3

Contexte archéologique :

  • Épave

Lieu de production :

  • Europe > France

Type de fabrication :

Artisanal

Matériaux :

  • Matières organiques - solides fibreux (Bois)

Intégrité :

Objet incomplet (25% à 75% de l'objet)

Nombre de biens :

1

Discipline :

  • Archéologie historique

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

L'épave de la pointe Jaune est probablement le vestige du Jean-Joseph, un navire en bois français de 250 tonneaux construit en 1744. Il est d'abord utilisé comme vaisseau-corsaire, avant d'être converti en 1746 pour le transport de troupes. Il fait partie de la flotte du duc d'Anville dans son expédition infructueuse pour chasser les britanniques de l'Acadie. Le Jean-Joseph est plus tard employé pour le transport de marchandises au Cap-Français de Saint-Domingue, puis à la pêche à la morue dans le Petit Nord de Terre-Neuve, de 1749 à 1753.

Le 10 mars 1754, le Jean-Joseph quitte Saint-Malo sous le commandement du capitaine Nicolas Bertrand Mallet, sieur de la Villestreux. Il arrive à Gaspé dans la nuit du 7 avril et mouille à l'intérieur de la baie. Le lendemain matin, le Jean-Joseph se trouve pris au piège dans les glaces. Il dérive ainsi pendant plusieurs jours, à la merci des courants et des marées. Dans la nuit du 10 au 11 avril, les vents et le mouvement des glaces entraînent le navire vers la pointe à la Baleine, du côté sud de la baie de Gaspé. Dans les jours qui suivent, le capitaine fait descendre sur les glaces le canot, la chaloupe, les coffres, les vivres. Le Jean-Joseph, toujours enclavé, continue de se remplir d'eau et, devant l'inéluctable, les marins abandonnent le navire. Dans la nuit du 17 au 18 avril, le Jean-Joseph achève de se briser alors que souffle un vent violent du sud. Le naufrage ne fait aucune victime et l'essentiel du contenu du navire est récupéré, à l'exception d'objets lourds comme les canons, les boulets et les barils de clous.
L'épave de la pointe Jaune est découverte en juillet 1981 lors de travaux de reconnaissance par une équipe de chercheurs du Comité d'histoire et d'archéologie subaquatique du Québec. Le projet est initié par une lettre reçue en mars 1981 au Musée militaire et maritime de Montréal. Un ancien résidant de la Gaspésie y rapporte le repêchage de deux canons par son grand-père en 1907.

Les travaux réalisés de 1981 à 1983 permettent de localiser onze canons, une ancre et de nombreuses gangues calcaires, mais aucune trace de la coque. Une quinzaine de gangues sont ouvertes et révèlent des artéfacts principalement métalliques, avec notamment des boulets de canon en fonte et quantité de clous forgés, des feuilles de plomb, du cordage, des petits os, une brique, des fragments de verre et de céramique, du matériel de pêche et des fragments d'ancres. De rares artéfacts organiques sont trouvés, dont un réa de poulie en bois très dur. Une exploration systématique des alentours permet de déterminer que le site est bel et bien limité aux artéfacts déjà localisés.

Le nombre et le calibre des canons pourraient correspondre à l'armement d'un navire marchand d'environ 250 tonneaux. La comparaison des caractéristiques des canons avec les règlements sur l'artillerie dans la marine permet de proposer une fabrication entre 1690 et 1766. L'origine du navire est plus difficile à cerner, l'étude des canons semblant suggérer une provenance britannique, alors que les boulets laissent plutôt croire à une fabrication française.

En 2008, une recherche en généalogie amène un chercheur sur la piste du naufrage du Jean-Joseph, à bord duquel se trouvait son ancêtre, Louis de Lentaigne. La comparaison des documents d'archives et des rapports archéologiques est concluante; les caractéristiques du navire, les éléments associés à son naufrage et l'emplacement concordent. De plus, le passé corsaire du Jean-Joseph peut facilement expliquer la présence de canons de facture anglaise, qui pouvaient également être utilisés avec les munitions françaises. Il ne fait guère de doute que l'épave de la pointe Jaune soit celle du Jean-Joseph.

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Emplacement

Region administrative :

  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

MRC :

  • Le Rocher-Percé

Municipalité :

  • Percé

Code Borden

DdDb-3      

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Références

Notices bibliographiques :

  • FRÉGAULT, Guy. « L'expédition du duc d'Anville ». Revue d'histoire de l'Amérique française. Vol. 2, no 1 (1948), s.p.
  • LANTEIGNE, Robert. « Pourquoi l'épave de Pointe-Jaune est le Jean Joseph de Saint-Malo ». Magazine Gaspésie. Vol. 52, no 2 (2015), s.p.
  • LÉPINE, André. Épave de Pointe Jaune Gaspé : rapport préliminaire sur les travaux d'archéologie subaquatique effectués sur le site de l'épave de Pointe Jaune Baie de Gaspé en 1982. Chambly, Comité d'Histoire et d'Archéologie Subaquatique du Québec Inc., 1983. 56 p.
  • LÉPINE, André. Épave de Pointe Jaune Gaspé : rapport sur les prélèvements d'échantillons archéologique effectués sur le site de l'épave de Pointe Jaune Baie de Gaspé. Chambly, Comité d'Histoire et d'Archéologie Subaquatique du Québec Inc., 1984. 70 p.
  • LÉPINE, André. Le projet Gaspé : une reconnaissance archéologique sur le littoral gaspésien près de Pointe Jaune afin de localiser les vestiges d'une épave de vaisseau ancien. Chambly, Comité d'Histoire et d'Archéologie Subaquatique du Québec Inc., 1981. 104 p.

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