Épave du CGS Montmagny

L'épave du CGS Montmagny est le vestige d'un cargo à vapeur lancé en 1909 et ayant coulé en 1914. L'épave, qui a conservé l'essentiel de sa coque en acier, mesure environ 68 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur et s'élève du fond sur une hauteur de 8 mètres. Un trou est visible dans la portion arrière de la coque, du côté bâbord. L'épave repose dans le fleuve Saint-Laurent à environ 15 mètres de profondeur, à l'est de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, dans la municipalité de Montmagny.

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Le CGS Montmagny est un cargo à vapeur construit aux chantiers du gouvernement canadien à Sorel et lancé en 1909. Rattaché à la flotte du ministère canadien de la Marine et des Pêcheries, il sert au mouillage et à l'enlèvement des bouées, ainsi qu'au ravitaillement des phares qui bordent le fleuve Saint-Laurent. En 1912, après le naufrage du Titanic, le CGS Montmagny est affrété à la récupération des cadavres.

Le 17 septembre 1914, le CGS Montmagny quitte Québec pour une mission de réapprovisionnement de phares dans le détroit de Belle-Isle. À son bord se trouvent 47 hommes d'équipage, dont le capitaine François-Xavier Pouliot, le premier officier Joseph Vézina, le second officier Xavier Lachance, le second mécanicien Arthur Jobin et le maître d'hôtel Charles Cloutier. Quinze passagers font aussi le voyage, soit l'épouse du maître d'hôtel, l'inspecteur-adjoint des signaux de brume Achille Ouimet, de même que les familles de deux gardiens de phare. Ces deux familles, Madame Lavallée avec quatre enfants et Madame Richard avec sept enfants, occupent les cabines à l'arrière, sous le pont principal.

Après quelques escales, le CGS Montmagny emprunte le chenal Beaujeu, au sud de l'Isle-aux-Grues. Vers 4h15 le matin du 18 septembre, l'équipage aperçoit le Lingan, un charbonnier transportant 6865 tonnes de charbon. Sa route semblant couper celle du CGS Montmagny, le capitaine Pouliot déporte son navire vers le sud du chenal. Il tente un virage à tribord pour éviter la collision, mais le charbonnier le frappe brutalement et s'enfonce dans le côté bâbord, à l'arrière du navire, écrasant complètement la cabine de la famille Lavallée.

La salle des machines se remplit rapidement d'eau et l'équipage se précipite sur le pont. L'étrave du Lingan, restée enfoncée dans le cargo, permet à la plupart d'entre eux de passer à bord du charbonnier. Le CGS Montmagny coule en moins de cinq minutes, ne laissant pas le temps à son équipage de mettre à l'eau les embarcations de sauvetage. Quatre survivants sont secourus dans l'eau par des canots lancés du Lingan et les corps de deux enfants sont récupérés.

Les rescapés du naufrage montent peu de temps après à bord du Alice, qui les amène à Québec. Le Lingan arrive quelques heures plus tard, son étrave lourdement endommagée. Les circonstances de l'accident font l'objet de rumeurs et de spéculations dans les journaux.

Une commission d'enquête impute la responsabilité au pilote et au premier officier du Lingan, qui ont commis des erreurs de navigation en n'étant pas au bon endroit et en ne respectant pas la procédure habituelle de rencontre entre deux navires. Le capitaine du CGS Montmagny et son équipage sont aussi blâmés pour avoir failli à porter secours à leurs passagers. En effet, les membres des deux familles de gardiens de phare sont décédés, soit treize des quatorze victimes, la dernière étant le second officier Lachance. La moitié des corps seulement est retrouvée dans les semaines qui suivent la tragédie.

Les mâts et la cheminée du navire qui émergent de l'eau le lendemain du naufrage disparaissent pendant l'hiver en raison des glaces. La faible profondeur du fleuve à cet endroit rend l'épave dangereuse pour la navigation. Elle est vendue en 1916 et en 1919 pour être démantelée puis renflouée, chaque fois sans succès. Après un dernier échec en 1919, qui entraîne le déplacement involontaire de l'épave mais permet de récupérer la cloche et le compas, les efforts sont abandonnés.

L'intérêt pour l'épave est ravivé en 2009 avec un projet de documentaire télévisé. Le 2 novembre 2010, un navire du Service hydrographique du Canada profite d'un exercice dans le secteur pour effectuer un relevé dans la zone ciblée par les historiens et localise l'épave. Une inspection est réalisée en 2014 par le Centre interdisciplinaire de développement en cartographie des océans (CIDCO) et permet d'obtenir des images acoustiques des vestiges.

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