Bibliothèque Le Survenant

La bibliothèque Le Survenant s'érige sur la rue George, à l'angle de la rue de Ramezay, à proximité de l'îlot paroissial Saint-Pierre, à la marge orientale du Vieux-Sorel, un secteur où les édifices institutionnels côtoient un bâti résidentiel constitué principalement de petites maisons ouvrières.

La bibliothèque est un édifice isolé de deux étages érigés sur un soubassement, un volume cubique aux faces angulaires, protubérantes pour celles parallèles à la rue, rentrantes pour les autres, un relief que complètent plusieurs volumes en saillie au niveau du bel étage. Outre la large porte d'entrée située dans l'axe et précédée d'un perron, le bâtiment au parement de pierre en opus incertum est relativement clos, si ce ne sont quelques alignements de fenêtres en hauteur.

À l'intérieur, passé le hall d'entrée, les locaux se distribuent autour d'un espace central en double hauteur, dont le plan au sol est un octogone pincé. Y sont installés le comptoir du prêt et la référence, qu'entourent les rayonnages en accès libre. L'étage est accessible par deux cages d'escalier, l'une ouverte, l'autre fermée. S'y retrouvent plusieurs zones de lecture, dont certaines encloses.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Inventorié	--

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La bibliothèque Le Survenant construite en tant que bibliothèque municipale de Sorel est l'un des 13 monuments commémoratifs de la région administrative de la Montérégie financés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération canadienne.

Le Québec s'associe à cette initiative fédérale en votant en juillet 1963, la Loi pour collaborer à la célébration du Centenaire de la Confédération canadienne permettant au Secrétaire de la province de conclure des ententes afin de réaliser des projets commémoratifs. Dans la foulée de son application, les municipalités sont encouragées à déposer des propositions.

Fin 1965, la Cité de Sorel soumet le projet d'une bibliothèque municipale qui reçoit une approbation de principe du Conseil de la trésorerie le 4 mai 1966. Son but est de doter le service installé dans le sous-sol de l'hôtel de ville depuis sa fondation en 1947, de locaux adéquats.

Un terrain acquis par Sorel de la fabrique de la paroisse Saint-Pierre avec obligation de l'utiliser pour des fins communautaires est choisi pour son implantation. Il est situé en bordure de la rue Ramezay, entre les rues Augusta et Georges. Cette dernière est une des plus anciennes artères de la ville, étant issue du plan d'urbanisme datant de 1786. Maisons cossues, commerces et institutions la bordent et l'hôpital s'érige sur le même ilot.

Le programme de la bibliothèque prévoit une salle de lecture pour adultes, une autre pour enfants, un dépôt de livres, une salle de conférence, des bureaux administratifs et des services. Le projet construit est fort différent de celui illustré dans l'ouvrage intitulé Les projets du Centenaire/Québec Centennial Projects publié en novembre 1965, où la bibliothèque est un pavillon rectangulaire de deux étages largement vitré et surmonté d'une large corniche. Les plans datés de juin 1966 sont signés par l'architecte Roland Champagne, fils, établi localement; ils sont approuvés par le Secrétariat de la province un mois plus tard.

La bibliothèque est inaugurée en décembre 1967 lors d'une cérémonie réunissant élus municipaux, députés et autres dignitaires. À cette occasion, la plaque commémorative en bronze est dévoilée.

Vers 1983, une rampe extérieure est ajoutée afin d'assurer l'accès universel et l'intérieur est modifié selon les plans de l'architecte Rénald Desrosiers et de Roy, Bergeron, Dupont, Desmeules, Thibault et Associés, ingénieurs-conseils de Sept-Îles. L'intérieur est réaménagé à nouveau en 2015.

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Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019)
DOCOMOMO Québec

La valeur patrimoniale de la bibliothèque Le Survenant réside dans son intérêt historique lié, d'une part, au développement culturel du Québec et, d'autre part, au Centenaire de la Confédération canadienne célébré en 1967. Alors qu'en 1947, la bibliothèque municipale de Sorel est créée, ce genre d'institution est rare au Québec, seule une dizaine existe. Si, dès la fin du XIXe siècle, émerge un discours faisant la promotion des bibliothèques publiques et qu'une première loi soutenant leur création est votée en 1890, qu'elles dépendent de la municipalité ou d'une association, elles restent peu nombreuses jusque dans les années 1960. Comme dans tous les domaines de la culture, l'Église entend exercer son ascendant, notamment par le biais des bibliothèques paroissiales, nombreuses, bien que peu dotées. Malgré la Loi concernant les bibliothèques publiques du Québec votée en 1959 et la création du ministère des Affaires culturelles en 1961, les moyens qui sont dévolus aux bibliothèques publiques restent minces, l'intervention dans ce secteur n'étant pas une priorité de la Révolution tranquille. Aussi, le programme de subvention du Centenaire est l'occasion pour plusieurs municipalités, dont celle de Sorel, de construire un tel équipement voulu non seulement pour favoriser la lecture au sein de la population, mais encore pour commémorer la fondation du Canada. Une plaque de bronze apposée dans le hall rappelle cette occasion.

La valeur patrimoniale de la bibliothèque Le Survenant réside dans son intérêt architectural. Cet édifice est représentatif de l'architecture moderne qui s'impose au Québec dans les années 1960, une architecture qui s'écarte des types bâtis conventionnels et des styles historiques. Cependant, malgré son dépouillement, son absence d'ornements appliqués, ce projet est moins novateur que d'autres. Sa composition symétrique et son plan centré sont des héritages de la culture classique, qui contribuent à conférer une certaine monumentalité à cet équipement public, tout comme le parement de pierre de ses façades. Son architecte Roland Champagne fils est une personnalité locale, dont l'œuvre est peu connue.

La valeur patrimoniale de la bibliothèque Le Survenant réside dans son implantation urbaine. Elle est construite dans le Vieux-Sorel, sur un terrain ayant appartenu aux Soeurs de la Charité de Saint-Hyacinthe, avant d'être la propriété de la fabrique de la paroisse Saint-Pierre, à laquelle la Cité l'achète. Sa construction contribue à pérenniser la vocation institutionnelle de l'ilot et du secteur.

Inventaire du patrimoine bâti de la ville de Sorel-Tracy (2013 - 2016)
Ville de Sorel-Tracy

La bibliothèque Le Survenant présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Cet immeuble moderne est représentatif de l'influence de l'expressionnisme formel au Québec. Le mouvement moderne marque une rupture avec les styles historiques du passé par l'utilisation de nouveaux matériaux comme le verre, le béton ou l'acier et par la mise en valeur des formes pures. Ce courant émerge d'abord en Europe dans la première moitié du 20e siècle. Au Québec, il atteint son apogée au cours des années 1960. L'expressionnisme formel, qui marque la fin du mouvement moderne, met de l'avant la dimension plastique et sculpturale des bâtiments par ses volumes et ses textures. Ces oeuvres architecturales se reconnaissent à des formes expressives qui donnent l'aspect d'une grande sculpture urbaine. L'aspect monolithique des édifices et le plan d'ensemble proposant souvent des références organiques sont d'autres caractéristiques. La bibliothèque Le Survenant, érigée en 1967, témoigne de ces principes. Elle se démarque par son parement de pierre et ses formes angulaires particulières qui rappellent la forme d'un livre ouvert. Il s'agit d'une oeuvre unique qui présente une excellente authenticité. La bibliothèque est conçue selon les plans de l'architecte Roland Champagne Jr., un architecte local dont les oeuvres sont peu connues.

La bibliothèque Le Survenant présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son implantation. Cet îlot s'inscrit dans l'ensemble institutionnel de la paroisse de Saint-Pierre dès le milieu du 19e siècle. En effet, le noyau paroissial s'installe sur la rue George à partir de 1823. L'ensemble institutionnel est complété en 1862 lors de l'arrivée des Soeurs de la Charité de Saint-Hyacinthe qui prennent en charge l'hôpital général de Sorel et en 1865 lors de la construction du couvent des soeurs de la congrégation Notre-Dame. À partir des années 1940, les établissements des soeurs de la Charité sont désuets et graduellement démolis et remplacés. Le 30 juin 1966, la fabrique de la paroisse Saint-Pierre vend à la Cité de Sorel un terrain qu'elle a hérité des soeurs de la Charité de l'Hôpital général de Sorel. La fabrique exige que le terrain soit utilisé à des fins communautaires, d'éducation, de culture, d'assistance sociale ou de bien-être. La bibliothèque Le Survenant poursuit donc la vocation institutionnelle de ce site historique.

La bibliothèque Le Survenant présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Érigée en 1967, elle s'inscrit dans le programme de commémoration du centenaire de la Confédération canadienne (1867-1967) qui vise à doter les villes canadiennes d'équipements culturels de qualité. De plus, la construction de la première bibliothèque publique soreloise souligne le 325e anniversaire de la ville de Sorel.

Source : Ville de Sorel-Tracy, 2014

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