139-139A, rue De Ramezay

Le 139-139-A, rue De Ramezay est une maison érigée vers 1884 dans un style éclectique. Elle présente un plan irrégulier aux décrochés nombreux, une élévation de deux étages et demi et un toit à deux versants. Le toit est recouvert de tôle alors que les façades sont revêtues de briques peintes. Il y a un pignon sur chaque façade en plus d'une lucarne triangulaire pendante à droite. À l'avant, l'entrée principale située dans un décroché est précédée d'un court perron. Elle est surmontée d'un petit balcon accessible par un escalier longeant la façade latérale de droite. La porte traditionnelle en bois du rez-de-chaussée à double vantail est surmontée d'une imposte rectangulaire alors que celle du haut possède une ouverture à arc surbaissé. Sur la façade latérale droite se trouve une galerie protégée d'un auvent indépendant et un escalier droit donne accès à une terrasse à l'arrière. Les fenêtres varient en dimension et en forme selon les étages : elles sont grandes et rectangulaires au rez-de-chaussée, à arc surbaissé de format moyen au centre et petites, jumelées et à arc cintré au niveau supérieur. Certaines sont à guillotine en bois et d'autres sont de facture contemporaine. L'ornementation est composée de jeux de brique en saillie à l'avant, d'une corniche à consoles et de linteaux sculptés. Cette résidence est implantée à l'angle des rues De Ramezay et Provost, au coeur de la ville de Sorel-Tracy.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Inventorié	--

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En 1884, William Boivin, entrepreneur et échevin de la ville de Sorel, possède déjà une maison sur ce lot lorsqu'il fait construire l'actuelle résidence sise au 139-139A, rue De Ramezay. Emmanuel Beauchemin en devient propriétaire vers 1887. De 1889 à 1890, Pierre Rémi Chevalier, échevin et shérif, est propriétaire de la maison. Il loue une partie de la résidence à la famille de Joseph Pontbriand. La succession de Pierre Rémi Chevalier laisse la demeure inoccupée en 1894. En 1898, Corinna Chevalier et son époux, le notaire David Francoeur, sont les propriétaires de l'immeuble qu'ils louent à Jean Bondy.

Selon certaines sources, Frédéric Percy Austin (1829-1912) aurait habité cette demeure. L'aristocrate y aurait vécu avec ses domestiques et recevait les hauts dignitaires de l'époque lors de somptueuses réceptions. à la suite de son décès en 1912, la maison serait restée inoccupée pendant de nombreuses années avant de devenir la propriété de la Ville. Le comité sanitaire de la Ville de Sorel aurait entrepris d'y ouvrir un hôpital temporaire lors de la grippe espagnole de 1918. D'octobre à décembre 1918, des patients contagieux y ont été mis en quarantaine aux bons soins des Soeurs Grises. L'hôpital était alors connu sous le nom d'hôpital des Picotés. Étant donné que certaines sources se contredisent à cet effet, ces informations seraient à valider.

Selon d'autres sources, la maison est vendue en 1913 au marchand Georges Damase Lussier. Il la conserve jusqu'en 1922. Pendant ces années, la résidence est louée à Georges P. Lussier, à la Commission scolaire de Sorel pour un logement des soeurs grises et à Amable Bélanger hôtelier. De 1922 à 1930, la veuve Corinna Chevalier est de nouveau propriétaire des lieux sans toutefois habiter la demeure qui est à nouveau inoccupée.

Finalement, en 1930, la propriété passerait aux mains d'Eugène Laflamme, un employé du chemin de fer. Ces descendants habitent toujours la maison aujourd'hui. L'immense propriété a été scindée en deux logements. Une vaste galerie et des boiseries nombreuses sont disparues.

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Inventaire du patrimoine bâti de la ville de Sorel-Tracy (2013 - 2016)
Ville de Sorel-Tracy

Le 139-139A, rue De Ramezay présente un intérêt patrimonial pour sa valeur d'architecture. Construite vers 1884, cette demeure constitue un exemple des cottages de style éclectique, un courant de l'architecture résidentielle en vogue en Amérique du Nord à l'époque victorienne, c'est-à-dire à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Cette tendance consiste à inclure dans un même bâtiment plusieurs ornements, matériaux et références à des styles du passé, dans le but de créer une oeuvre unique, prestigieuse et dynamique. L'éclectisme devient rapidement populaire auprès de la bourgeoisie nord-américaine qui cherche à se démarquer. Il est notamment caractérisé par un foisonnement d'ornements puisés tant dans le vocabulaire classique que dans le pittoresque propre à l'époque médiévale. Le 139-139A, rue De Ramezay est représentatif de ce style. Les pignons, lucarnes et jeux de brique triangulaires témoignent d'une certaine influence néogothique alors que le plan en L autrefois parcouru par une vaste galerie rappelle la tendance pittoresque. Par ailleurs, les prolongements extérieurs sont nombreux et les ouvertures de formes variées. Cette résidence se distingue par son volume imposant dans un quartier davantage ouvrier ainsi que par son ornementation recherchée.

Le 139-139A, rue De Ramezay présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. En 1918, la grippe espagnole fait des millions de morts. À cette époque, Sorel est une ville portuaire d'importance et son achalandage est source d'inquiétude en ces temps de contagion. Un hôpital est alors établi dans la maison sise au 139-139A, rue De Ramezay. Les Soeurs grises y auraient pris soin des malades en quarantaine.

Source : Ville de Sorel-Tracy, 2014

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