Peinture (Le Typhus)

Cette toile réalisée vers 1849 mesure 257 cm de hauteur et 183 cm de largeur. L'oeuvre représente une scène se déroulant vraisemblablement à la pointe Saint-Charles, à Montréal, pendant l'épidémie de typhus de 1847. Une apparition de la Vierge se trouve dans la partie supérieure gauche. Cette dernière est placée dans un ciel sombre parmi les nuages. Au premier plan, une soeur Grise se tient debout, vêtue d'une robe, d'une pèlerine, de manchons et d'une coiffe. Un crucifix est attaché à son cou et sa main droite est posée sur la tête d'une femme malade assise au sol. Une couverture est posée sur les jambes de cette dernière qui regarde vers le ciel d'un air fiévreux. Son visage creux ainsi que ses membres maigres sont d'une teinte grisâtre. Elle est vêtue d'une robe blanche et ses longs cheveux châtains couvrent une partie de son épaule droite dénudée. Un bambin couché au sol se trouve à gauche des deux femmes tandis que deux hommes se trouvent à droite. L'un, probablement sans vie, est posé sur les genoux du second qui regarde vers le ciel d'un air triste. Au second plan, une soeur de la Providence semble bénir une femme sans vie ainsi qu'un bambin serrant le sein de cette dernière. À l'arrière-plan, un prêtre vêtu d'une soutane mauve tient un livre et lève la main en direction d'une femme malade, aux bras d'une soeur hospitalière de Saint-Joseph.

Un « shed », une halle de bois construite pour les immigrants irlandais durant l'épidémie de typhus, apparaît derrière les personnages. La silhouette de la ville, avec le mont Royal et les clochers de l'église Notre-Dame, profilent au loin.

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Cette peinture ex-voto intitulée « Le typhus » est attribuée à Théophile Hamel (1817-1870). Commandée par Ignace Bourget (1799-1885), évêque de Montréal, la toile est installée à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours vers 1849. Sa réalisation est associée à un événement tragique qui touche Montréal deux ans auparavant : l'épidémie de typhus.

En 1845, le mildiou, une maladie de pomme de terre, frappe l'Irlande, détruisant les récoltes et provoquant la famine. Les répercussions sur la population et l'économie du pays sont dévastatrices. À cette misère s'ajoutent les épidémies de typhus et de choléra qui font ravage au sein du peuple affaibli. Nombre d'Irlandais sont contraints de quitter leur pays pour émigrer vers l'Angleterre, l'Écosse et le pays de Galles, voire vers l'Australie, les États-Unis et le Canada. C'est ainsi que le typhus s'introduit dans les navires qui transportent les émigrants outre-mer et se répand rapidement, faute de mesures de quarantaine adéquates, au sein des populations d'accueil. Montréal est frappée dès le printemps 1847.

Mgr Bourget est particulièrement dévoué à cette cause. Lui-même touché par la maladie, il implore la protection de la Vierge et promet de réaliser trois voeux en cas de guérison : il s'engage à raviver la pratique des pèlerinages mariaux à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, à offrir une nouvelle statue de la Vierge à la chapelle et à commander une peinture commémorative en l'honneur de l'événement. Non seulement Mgr Bourget survit, mais l'épidémie se dissipe. Il met ses promesses en exécution en commandant, entre autres, cette toile.

Aucune source n'atteste avec certitude que la peinture aurait été réalisée par Hamel, mais cette attribution est plausible. Après trois années d'études passées en Europe, le peintre revient au Canada en 1846 et réside à Montréal au moment où le tableau est réalisé. Réputé avant tout pour ses portraits, Hamel exécute également des toiles religieuses pour des lieux de culte. « Le typhus » serait la seule peinture ex-voto connue de Hamel.

L'oeuvre rend grâce à la Vierge protectrice et commémore l'apport des communautés religieuses aux soins des malades pendant l'épidémie. Divisée en deux registres, la partie supérieure est dominée par l'apparition de la Vierge alors que celle inférieure présente un prêtre (possiblement un sulpicien ou le portrait de Mgr Bourget lui-même) et trois religieuses, une Soeur Grise, une soeur de la Providence et une hospitalière de Saint-Joseph. La composition est inspirée du courant romantique français, les historiens de l'art ayant observé une influence notamment des oeuvres d'Eugène Delacroix et de Théodore Géricault.

L'oeuvre est intégrée au plafond sous la tribune d'orgues, près de l'entrée de la chapelle. L'intérêt de cette peinture réside en particulier dans le choix du sujet qui témoigne d'un événement dramatique ayant marqué non seulement l'histoire de Montréal, mais aussi, et surtout, celle des immigrants irlandais, une communauté qui entretient un lien privilégié avec Notre-Dame-de-Bon-Secours tout au long du XIXe siècle.

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