Peinture (Portrait du Révérand Messire Jacques-Guillaume Roque, p.s.s.)
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Région administrative :
- Montréal
Date :
- après 1834 – 1835 (Production)
Thématique :
- Patrimoine religieux
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Patrimoine mobilier associé (1)
Groupes associés (1)
- Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (1641 – ) - Propriétaire
Personnes associées (2)
- Roy-Audy, Jean-Baptiste (1778 – 1848) - Artiste / artisan(e)
- Roque, Jacques-Guillaume (1761 – 1840) - Sujet représenté
Inventaires associés (1)
Description
Le portrait du Révérend Messire Jacques-Guillaume Roque, p.s.s., a été réalisé en 1835 par le peintre Jean-Baptiste Roy-Audy (1778- vers 1848). À l'avant-plan, un homme âgé, Jacques-Guillaume Roque, p.s.s. (1761-1840), est représenté de la taille à la tête. Portant de longs cheveux blancs, tête penchée vers la gauche, son visage est tourné de trois quarts. Une forte lumière provenant de la droite, et dirigée vers la figure de M. Roque, met en évidence des rides et des sillons qui ne démentent pas son âge avancé. Il présente une bouche fermée et droite où se dessinent des lèvres fines encadrées de commissures. Le personnage nous fixe d'un regard sûr, haussant ses minces sourcils d'un air incrédule.
Il est vêtu d'une soutane noire et du rabat. Assis dans un fauteuil dont l'un des bras, se terminant en volute, est visible dans la partie inférieure, il tient ses mains croisées devant lui. Celles-ci reposent sur un livre ouvert qui est appuyé sur un second livre fermé posé sur un bureau en bois. Ce livre à reliure de cuir et à tranche rouge, d'où sort un signet, sert aussi de support à un petit crucifix, constitué d'une croix noire et d'un corpus blanc. De délicates lunettes rondes à monture argentée sont disposées sur le bureau, à proximité du livre ouvert.
L'homme est représenté dans une pièce fermée. À gauche, une étagère contient de nombreux livres à reliure de cuir et aux lettres d'or. Cette étagère se termine au centre du tableau, à la hauteur du visage de M. Roque, laissant place ensuite à un espace entièrement plongé dans l'obscurité.
La peinture a été restaurée en 1980.
Numéro de l'objet :
- Numéro d'accession : 2003.0648
Lieu de production :
- Amérique du Nord > Canada > Québec > Montréal
Dimensions :
- Hauteur : 79,5 centimètre(s)
- Largeur : 68 centimètre(s)
Médium :
- Huile
Support :
- Toile
Représentation iconographique :
- Jacques-Guillaume Roque, p.s.s.
Signature :
- Non signé
Sujet :
- Portrait
- Religion
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Partie d'un ensemble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 2021-08-19 |
Statuts antérieurs
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Inventorié | -- | ||
Informations historiques
D'origine française, M. Jacques-Guillaume Roque (1761-1840) arrive au séminaire de Saint-Sulpice de Montréal en 1796. Il est aussitôt appelé à remplir de hautes fonctions comme directeur des religieuses de l'Hôtel-Dieu de Montréal. En 1806, il devient vicaire général et directeur du petit séminaire. Il dirige cet établissement pendant 22 années, jouissant d'une grande respectabilité auprès de ses confrères et de ses élèves. Puis, de 1828 à 1830, il est aumônier des soeurs de la Congrégation de Notre-Dame avant d'être accablé par la maladie.
Lorsque le peintre autodidacte Jean-Baptiste Roy-Audy (1778- v. 1848) décide de brosser le portrait de Roque, il choisit un homme reconnu dans la société montréalaise d'alors. Un événement particulier en 1835 allait d'ailleurs accroître la notoriété de M. Roque. De fait, depuis la consécration épiscopale du sulpicien Jean-Jacques Lartigue (1777-1840) par Mgr Joseph-Octave Plessis (1763-1825) en 1821, un important conflit opposait Lartigue à ses anciens confrères. La communauté craignait que, en élevant à l'épiscopat l'un de ses membres, d'origine canadienne de surcroît, Mgr Plessis voulût diminuer l'influence des sulpiciens français. Ce désaccord allait perdurer jusqu'en 1835. Cette année-là, le 24 septembre, la célébration du jubilé sacerdotal de Roque fit place à la réconciliation. Dans une courte biographie de Roque, Gilles Chaussé précise :
« Les 8000 fidèles qui prenaient place dans l'église Notre-Dame furent vivement émus par le geste de Roque qui, au cours de la messe célébrée en présence d'une centaine de prêtres, vint « se jeter aux genoux de l'évêque pour renouveler les voeux de sa prêtrise ». C'était véritablement, selon le père Léon Pouliot, « l'union des esprits et des coeurs longtemps perdue, toujours attendue, enfin retrouvée ». »
Le dénouement heureux d'une longue querelle place M. Roque à l'avant-plan. Il devient ainsi une figure publique incontournable, ce qui explique que moins d'un mois plus tard, il voit, bien malgré lui, ses traits fixés par le peintre Roy-Audy. Le 19 octobre 1835, un article du journal "La Minerve" explique les circonstances de la création du portrait :
"Les nombreux élèves et amis du révd Messire Roque, apprendront avec plaisir que notre compatriote, M. Audy, toujours attentif à se servir des objets qui sont en vénération dans le pays, vient de peindre plusieurs portraits de l'homme vénérable qui a su s'attirer l'estime générale. Ces tableaux sont très ressemblants, quoique l'artiste n'ait jamais pu obtenir de séance de M. Roque qui s'est toujours refusé à permettre que ses traits passassent à la postérité; il fut obligé d'avoir recours à une petite supercherie qui est sans doute pardonnable dans une telle circonstance, pour avoir deux fois accès auprès de ce digne ecclésiastique."
Fort de cette première publicité, Roy-Audy annonce ensuite de manière régulière, soit de novembre 1835 à janvier 1836, la vente du portrait dans le journal "La Minerve" :
"Avis
À vendre, à l'atelier du soussigné, rue McGill, sur le marché-à-foin, plusieurs copies du Portrait du Révérend Messire Rocques, Vicaire-Général, et ci-devant Directeur du Petit Séminaire de Montréal."
Il s'agit d'un rare cas, dans l'histoire de l'art ancien au Québec, où un artiste local réalise une production spéculative (et non commandée) de portraits peints destinés au marché. Les différentes répliques et les annonces répétées dans le journal semblent démontrer que l'artiste estimait son sujet suffisamment populaire, et le risque de l'entreprise acceptable. Les oeuvres seront ainsi achetées tant par d'anciens élèves de M. Roque que par des communautés. Mentionnons, à ce sujet, que la collection des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de l'Hôtel-Dieu de Montréal compte l'une de ces répliques.
Auteur : Pierre-Olivier Ouellet, 2014
Références
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Univers culturel de Saint-Sulpice
Contributeur de données :
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Notices bibliographiques :
- CAUCHON, Michel. Jean-Baptiste Roy-Audy, 1778-c.1848. Québec, Ministère des affaires culturelles, 1971. 153 p.
- CHAUSSÉ, Gilles et Lucien LEMIEUX. « Lartigue, Jean-Jacques ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
- CHAUSSÉ, Gilles. « Roque, Jacques-Guillaume ». s.a. Les Prêtres de Saint-Sulpice au Canada : grandes figures de leur histoire. Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1992, p. 271-273.
- DROUIN, Daniel. « Jean-Baptiste Roy-Audy ». CASTONGUAY, Denis, dir. et Yves LACASSE, dir. Québec, une ville et ses artistes. Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2008, p. 114-123.