Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Moulin Légaré

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Laurentides

Municipalité :

  • Saint-Eustache

Date :

  • 1762 (Construction)
  • 1849 (Rénovation)
  • 1903 (Reconstruction)
  • 1913 (Aménagement)
  • 1925 (Reconstruction)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Usage :

  • Fonction industrielle, transformation de matières végétales et animales (Moulins à farine > Moulins à eau)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Plaques commémoratives associées (1)

Personnes associées (4)

Patrimoine immatériel associé (2)

Images

Carte

Description

Le moulin Légaré est un moulin à farine mû par la force hydraulique dont les parties les plus anciennes ont été construites en 1762. Le bâtiment présente un plan en « T » asymétrique à quatre niveaux. Les niveaux inférieurs, plus près de la rivière, sont constitués d'une épaisse maçonnerie en pierre tandis que les niveaux supérieurs, plus récents et plus près de la voie publique, sont dotés d'un parement en bois. Une section du toit est à deux versants, tandis que les autres sections sont coiffées d'un toit à pente faible qui présente une fausse mansarde du côté de la rue. Le moulin Légaré est implanté à flanc de falaise, entre la rue Saint-Eustache et la rivière du Chêne, à proximité d'un barrage, dans un secteur ancien de la ville de Saint-Eustache.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur du moulin, à ses mécanismes, au barrage, mais pas au terrain.

Le moulin Légaré bénéficie d'une aire de protection.

Plan au sol :

En «T»

Nombre d'étages :

4

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Bois
  • Maçonnerie en pierre

Annexes :

  • Agrandissement

Saillies :

  • Balcon
  • Cheminée
  • Contrefort
  • Escalier

Fondations :

  • Béton
  • Pierre

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle
  • Forme : À un versant
    Matériau : Tôle
  • Forme : Fausse mansarde
    Matériau : Bois, bardeaux

Porte principale :

  • bois, à panneaux, contre-porte

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux, contre-porte
  • bois, à panneaux, contre-porte
  • bois, à panneaux
  • bois, à panneaux
  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte

Fenêtre(s) :

  • carrée, À auvent
  • Rectangulaire, À auvent
  • Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux
  • Rectangulaire, Basculante
  • Rectangulaire, Fixe

Lucarne(s) :

  • À fenêtre pendante

Éléments architecturaux :

  • Applique
  • Arc
  • Balustrade en bois
  • Chambranle
  • Corbeau
  • Corniche à modillons
  • Éléments polychromes
  • Parapet
  • Pierre millésimée
  • Planche cornière

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1976-11-04

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel

Statuts antérieurs

  • Reconnaissance, 1974-12-26
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 1977-09-06

Statuts antérieurs

  • Délimitation, 1973-05-04
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1999-01-01
 

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Valeur patrimoniale

Le moulin Légaré présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. La partie la plus ancienne du bâtiment est construite en 1762 pour Eustache-Louis Lambert-Dumont (1736-1807), qui a hérité de la moitié de la seigneurie des Mille-Îles. Un moulin tel que celui-ci est dit « moulin banal ». En effet, le régime seigneurial, tel qu'il a été établi en Nouvelle-France et conservé jusqu'au milieu du XIXe siècle, impose notamment aux seigneurs de construire un moulin à farine pour les censitaires, qui en retour sont tenus d'y faire moudre leur grain et de payer un droit de mouture, nommé droit de banalité. Le moulin Légaré témoigne donc d'un aspect socioéconomique important de l'exploitation des seigneuries. Il a également joué un rôle dans le développement de la ville de Saint-Eustache. Après sa construction, les premiers établissements commerciaux se sont établis à proximité et le noyau villageois s'est constitué dans ce secteur. Par ailleurs, malgré les bouleversements survenus dans la production de la farine de blé au Québec au XIXe siècle, le moulin Légaré n'a jamais cessé de moudre le grain depuis sa construction il y a deux siècles et demi. Il s'agit vraisemblablement du plus ancien moulin à farine actionné par la force de l'eau encore en activité au Canada.

Le moulin Légaré présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur technologique. Encore doté de ses mécanismes, il témoigne d'une technologie préindustrielle et de son évolution au Québec. Ce moulin à eau comprend plusieurs niveaux, chacun étant dédié à une fonction particulière liée à la production de la farine. Le premier niveau est formé d'une chambre d'eau où logent les mécanismes de transmission de l'énergie. Le second accueille la chambre des engrenages. Le troisième loge les mécanismes de transformation du grain, dont les trois meules de pierre et les deux bluteaux qui partagent la mouture en diverses qualités de farine. Les meules font l'objet d'un piquage, une opération qui consiste à redonner une rugosité aux surfaces des pierres à l'aide d'un marteau. Enfin, le quatrième niveau renferme le grenier, la trémie ainsi qu'une partie des élévateurs. En 1849, la traditionnelle roue à aubes a été remplacée par trois turbines. À l'ouverture de la vanne, l'eau est propulsée dans la chambre d'eau et actionne les turbines qui enclenchent le mouvement de tous les mécanismes. Un moulin à scie, fonctionnant aussi grâce aux turbines, a été ajouté au moulin à farine vers 1880, et reconstruit en 1925. Le moulin rappelle donc l'importance de l'utilisation de l'énergie motrice des cours d'eau avant l'apparition de l'électricité. Aujourd'hui, le centre d'interprétation du moulin Légaré explique le fonctionnement des mécanismes anciens ainsi que les méthodes artisanales appliquées par le meunier pour moudre le grain de blé et de sarrasin avec les meules de pierre d'origine.

Le moulin Légaré présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Sous le Régime français et jusqu'au XIXe siècle, il existe deux formes principales de moulins à farine, soit le moulin-tour, actionné par le vent, et le moulin rectangulaire, actionné par l'eau. Le moulin Légaré présente les principales caractéristiques de cette dernière forme, soit un carré bas et massif en pierre qui épouse la déclivité du sol, un toit à deux versants droits et des fenêtres à carreaux. Plusieurs moulins à eau comprennent un espace distinct qui servait de logement au meunier. Le moulin Légaré présente aussi ce type d'aménagement. Le logement du meunier aménagé en bordure de la voie publique a remplacé, en 1903, une construction plus ancienne. Il se caractérise par son parement en planches horizontales, sa fausse mansarde et son ornementation éclectique.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2014.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du moulin Légaré liés à ses valeurs historique, technologique et architecturale comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan en « T » asymétrique, les quatre niveaux, le toit à deux versants droits, les toits à pente faible (présentant une fausse mansarde du côté de la rue) et le balcon au niveau supérieur, du côté de la rue;
- les matériaux, dont l'épaisse maçonnerie en pierre crépie, le parement en planches horizontales, le parement en tôle peinte, la couverture en tôle des toits et la couverture en bardeaux de bois de la fausse mansarde;
- les ouvertures, dont les portes en bois à panneaux et à vitrage, les portes pleines en planches verticales (dont une de grandes dimensions), les fenêtres rectangulaires à battants et à carreaux (certaines engagées et à fronton) et les fenêtres carrées;
- l'ornementation, dont le parapet à gradins, la corniche à modillons, les planches cornières, les chambranles menuisés, les frontons et le contraste créé par les différentes couleurs de peinture;
- les mécanismes, dont la vanne, les turbines, les roues d'engrenage, la trémie, les élévateurs, les meules et les bluteaux;
- les traces d'un ancien toit sur un mur pignon;
- les souches de cheminée en brique;
- l'implantation du bâtiment à flanc de falaise, entre la rivière du Chêne et la rue Saint-Eustache;
- la présence du barrage sur la rivière.

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Informations historiques

Le moulin Légaré s'élève sur le territoire de l'ancienne seigneurie des Mille-Îles, concédée une première fois en 1683, puis abolie parce qu'aucun établissement n'y avait été amorcé. Elle est concédée à nouveau en 1714. C'est dans la partie occidentale de la seigneurie, parfois désignée sous le nom de seigneurie de la Rivière-du-Chêne, que se développe la localité aujourd'hui nommée Saint-Eustache.

Le moulin Légaré est bâti en 1762 par François Maisonneuve pour Eustache-Louis Lambert-Dumont (1736-1807), qui a hérité de la moitié de la seigneurie des Mille-Îles deux ans plus tôt. Le régime seigneurial, tel qu'il a été établi en Nouvelle-France et conservé jusqu'au milieu du XIXe siècle, impose notamment aux seigneurs de construire un moulin à farine pour les censitaires, qui en retour sont tenus d'y faire moudre leur grain et de payer un droit de mouture, nommé droit de banalité.

Après la construction du moulin, quelques autres établissements commerciaux s'établissent à proximité et un noyau villageois se constitue ainsi autour du moulin. Pendant plus de 100 ans, le moulin reste la propriété des seigneurs Lambert-Dumont et de leurs descendants. Au XVIIIe siècle, des meuniers sont engagés pour le faire fonctionner. À partir de 1803, les installations sont louées à des entrepreneurs qui, généralement, engagent eux-mêmes des meuniers, et qui sont autorisés à exercer le droit de banalité.

En 1874, le bâtiment est légué à Charles-Auguste-Maximilien Globensky (1830-1906), qui le vend en 1902. Globensky avait épousé une des héritières des seigneurs Lambert-Dumont, Virginie-Marguerite (1839-1874), en 1854. Homme influent de la région, Globensky a été maire de Saint-Eustache entre 1860 et 1862, puis député fédéral en 1875.

C'est en 1907 que le moulin est acheté par Magloire Légaré, commerçant et meunier, qui l'avait exploité de 1891 à 1902.

Le moulin connaît plusieurs modifications au cours de son histoire. En 1849, la traditionnelle roue à aubes est remplacée par trois turbines. En 1903, la partie nord du bâtiment, près de la voie publique, est reconstruite. Cette nouvelle maison du meunier remplace celle de 1785. En 1913, la digue en bois est gravement endommagée et est remplacée par un barrage en béton. Vers 1919, le niveau supérieur de la partie sud, près de la rivière, est complété. La scierie datant de 1880 est reconstruite sur des fondations en béton en 1925.

Le moulin Légaré est reconnu en 1974, puis classé en 1976. Cette protection s'applique à l'ensemble de l'immeuble, incluant la partie conçue comme logement, aux mécanismes ainsi qu'au barrage. L'immeuble bénéficie en outre d'une aire de protection depuis 1977.
Les meuniers de la famille Légaré demeurent propriétaires du moulin et y travaillent jusqu'en 1978, date à laquelle ils le vendent à la Ville de Saint-Eustache. Depuis, la Corporation du moulin Légaré y anime un centre d'interprétation ouvert toute l'année. On y explique le fonctionnement des mécanismes anciens ainsi que les méthodes artisanales appliquées par le meunier pour moudre le grain de blé et de sarrasin avec les meules de pierre d'origine. D'autres traditions anciennes y sont également pratiquées, comme le piquage des meules, qui consiste à redonner une rugosité aux surfaces des pierres en y taillant des rainures à l'aide d'un marteau.

Le moulin Légaré est désigné lieu historique national du Canada en 1999.

À l'exception de quelques courtes périodes d'arrêt pour permettre des réparations aux installations, le moulin Légaré n'a jamais cessé de moudre le grain depuis 1762, ce qui en fait vraisemblablement le plus ancien moulin à farine actionné par la force de l'eau encore en activité au Canada.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laurentides

MRC :

  • Deux-Montagnes

Municipalité :

  • Saint-Eustache

Adresse :

  • 232, rue Saint-Eustache

Latitude :

  • 45° 33' 28.8"

Longitude :

  • -73° 53' 45.4"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Deux-Montagnes Village de Saint-Eustache Absent 72 ptie

Code Borden

BjFl-5      

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • CARON, Denise. « Le moulin Légaré ». Histoire Québec. Vol. 2, no 2 (1997), p. 14-17.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GRIGNON, Claude-Henri. Le petit moulin, Moulin Légaré. Saint-Eustache, Ville de Saint-Eustache, 1989. 27 p.
  • JEAN, Régis. « Moulin Légaré ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 399-400.

Multimédias disponibles en ligne :

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