Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Pêche à Montmagny

Type :

Patrimoine immatériel

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Pratique
  • Savoir-Faire

Éléments associés

Inventaires associés (1)

Images

Description

La pêche est une activité traditionnelle qui s'exerce à Montmagny et dans les îles environnantes depuis des siècles. Impliquant des pêcheurs commerciaux et sportifs, les activités de pêche y sont diversifiées, tout comme les espèces de poissons qui évoluent dans les eaux du fleuve Saint-Laurent à cet endroit. Même s'il y a eu modernisation des embarcations et des engins de pêche au fil du temps, les résidents de Montmagny utilisent toujours des techniques traditionnelles pour capturer le poisson. Pratiquée principalement en eau peu profonde, du mois de mai au mois de septembre, cette activité exige une bonne connaissance du fleuve, de la navigation et du comportement animal, des savoirs et savoir-faire transmis de génération en génération.

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

Haut de la page

Historique

La pêche fait partie de l'histoire de Montmagny depuis le tout début. Dès 1645, Charles Huaut de Montmagny, qui deviendra le premier propriétaire de la seigneurie de la Rivière-du-Sud en 1646, aurait été attiré dans cette région en raison de l'abondance du gibier et du poisson. La seigneurie comprenait alors les terres entourant la rivière du Sud, l'Ile aux Grues et l'Ile aux Oies. Son successeur, Louis Couillard de Lespinay, qui prend possession de la seigneurie en 1653, y pratiquera aussi la chasse et la pêche avant d'ouvrir le territoire à la colonisation. Les nouveaux habitants bénéficient alors généralement du droit de pêche « sur et au-devant » de leurs terres, une activité d'appoint fort appréciée à cette époque. Au XVIIIe siècle, plusieurs navigateurs-pêcheurs français s'établissent à Montmagny et tirent leur subsistance de la pêche dans le golfe et l'estuaire du Saint-Laurent. Au XIXe siècle, la pêche demeure toujours une activité d'appoint pour la population du littoral, tandis que plusieurs résidents de Montmagny s'absentent durant l'été pour aller pêcher la morue dans les eaux du golfe Saint-Laurent près des côtes gaspésiennes. Au début du XXe siècle,la pêche sportive connaît un bel essor grâce au bar rayé, un poisson très prisé des pêcheurs sportifs à cause de sa grande combativité et de la délicatesse de sa chair. Des concours de pêche au bar rayé sont même régulièrement organisés à Montmagny. Cette pêche a été très populaire jusque vers les années 1960, le bar rayé se faisant de plus en plus rare avec le temps, son environnement naturel ayant été perturbé. Aujourd'hui, quelques résidents de Montmagny tirent encore leur subsistance de la pêche. Spécialisés dans la pêche à l'esturgeon, ils font partie des rares personnes qui pratiquent la pêche commerciale artisanale au Québec. Quant à la pêche sportive, elle compte de plus en plus d'adeptes qui fondent beaucoup d'espoir sur le retour du bar rayé, ce poisson ayant fait l'objet d'une réintroduction prometteuse dans les eaux du fleuve depuis 2002. Il est toutefois encore interdit de le pêcher, sauf en Gaspésie.

Haut de la page

Contexte

Les pêcheurs utilisent le plus souvent une chaloupe ou un yacht muni d'un moteur, ce qui leur permet de s'éloigner des côtes et de rejoindre la terre plus rapidement en cas de tempête. Certains ont construit eux-mêmes leur embarcation en utilisant le bois comme matériau principal et en respectant les techniques traditionnelles. Les embarcations utilisées aujourd'hui sont toutes recouvertes de fibre de verre pour plus d'étanchéité. Les pêcheurs disposent d'un outillage (grappin, filet, canne à pêche, lignes, hameçons) dont les principes sont anciens. La fabrication en a été modernisée grâce à l'emploi de matériaux synthétique ou d'éléments de fabrication industrielle, mais les gabarits sont restés les mêmes. Les techniques de pêche pratiquées sont aussi très anciennes, la pêche à la ligne et la pêche au filet maillant étant utilisées depuis des siècles.

La pêche à la ligne

La pêche à la ligne est utilisée pour capturer le doré, la perche, l'alose et l'anguille. Avant de partir, les pêcheurs doivent s'approvisionner en appâts pour garnir les hameçons et attirer le poisson. Comme appât, ils utilisent surtout la sardine ou l'éperlan. Par sondage et repérage, ils se rendent vers les fonds les plus riches reconnus en tant qu'habitats particuliers de telle ou telle espèce. Les pêcheurs immobilisent alors leur embarcation et lancent leur ligne à l'eau après l'avoir appâtée. Quand ils sentent qu'un poisson mord, ils relèvent rapidement la ligne, remontent le poisson et le décrochent. La taille des captures diffère selon les espèces et les lieux. Le nombre d'heures passé sur l'eau varie selon la richesse des fonds. La pêche à la ligne peut aussi se pratiquer à partir d'un quai ou de la rive.

La pêche au filet maillant

La pêche au filet maillant est utilisée pour capturer l'esturgeon, un poisson de grande taille : il peut mesurer plus de 3 mètres (9 pieds) et peser 200 kilogrammes (environ 440 livres). L'esturgeon est enraciné dans l'histoire de Montmagny puisque les berges de cette région favorisent la croissance de cette espèce. Dès le mois d'avril, les pêcheurs d'esturgeons préparent leurs filets. Ils ne les fabriquent plus comme le faisaient leurs prédécesseurs, mais ils les montent eux-mêmes comme on le faisait autrefois, c'est-à-dire qu'ils installent une corde de plomb dans le bas du filet et une corde avec des petites bouées dans le haut de façon à ce que le filet soit bien tendu dans l'eau. Les filets qui mesurent environ 36 mètres (120 pieds) de long sur 2,4 mètres (8 pieds) de haut sont installés parallèlement au courant dans des endroits stratégiques où l'on sait que le poisson peut s'alimenter, car c'est en se déplaçant pour aller se nourrir que l'esturgeon se maille dans le filet. Une fois mouillés et tendus, les filets ne sont perceptibles que par la présence des bouées flottant à chacune des extrémités.

Chaque matin, sauf en cas de très mauvais temps, les pêcheurs viennent lever leurs filets. Le bateau étant à l'arrêt, ils empoignent la partie supérieure du filet et font glisser le bateau le long de celle-ci en observant l'état du filet. Si des esturgeons sont maillés, ils lèvent le filet jusqu'à l'endroit où sont maillés les poissons et les décrochent en faisant attention pour ne pas briser le filet car les esturgeons noirs sont couverts d'écailles très coupantes. Si ces derniers mesurent plus de 1,5 mètre (4 pieds 11 pouces), ils doivent les rejeter à l'eau puisque depuis 1994, des mesures restrictives sur l'exploitation de l'espèce ont été imposées afin de réduire la mortalité chez les esturgeons adultes servant à la reproduction. S'ils sont plus petits, ils les embarquent puis larguent le filet. Les poissons sont encore vivants lorsque les pêcheurs leur coupent la tête et les vident avant de rejoindre la terre. De retour au quai, ils sont rapidement transportés vers un endroit réfrigéré où ils seront transformés.

Haut de la page

Apprentissage et transmission

L'apprentissage de la pêche se fait souvent dès le plus jeune âge et à l'intérieur de la famille. Très jeunes, les fils commencent à accompagner leur père ou leur grand-père sur le fleuve. C'est lors de ces sorties qu'ils apprennent à naviguer et se familiarisent avec les techniques de pêche. En imitant les gestes posés par leur père ou grand-père, ils apprennent les rudiments de la navigation sur le fleuve Saint-Laurent, réputé pour être dangereux dans cette région à cause de la présence de rochers, de bancs de sable, de forts courants et des vents parfois violents. Ils apprennent aussi comment appâter un hameçon, lancer une ligne, installer et lever un filet, dégager un poisson accroché à un hameçon ou emmêlé dans un filet et apprêter le poisson qui vient d'être pêché.

La transmission des connaissances se fait aussi par la parole. C'est en écoutant leurs aînés que les jeunes pêcheurs se familiarisent avec certains savoirs transmis de génération en génération. En racontant leurs histoires de pêche et en donnant des conseils, les pêcheurs plus expérimentés enseignent aux plus jeunes comment localiser les bons fonds. Ils leur transmettent aussi leurs connaissances et observations concernant les conditions climatiques et biologiques susceptibles d'influencer la production halieutique.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • Enregistrement avec BOULET, Jean-Guy, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La pêche à Montmagny », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 26 mars 2014.
  • HÉBERT, Yves. Montmagny et la Côte-du-Sud. Québec, Éditions GID, 2005. 125 p.
  • HÉBERT, Yves. Montmagny une histoire 1646-1996 : la seigneurie, le village, la ville. Montmagny, Montmagny 1646-1996 inc., 1996. 304 p.
  • LABERGE, Alain. Histoire de la Côte-du-Sud. Les régions du Québec. Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993. 644 p.
  • Enregistrement avec LACHANCE, Donald, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La pêche à Montmagny », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 22 avril 2014.
  • Enregistrement avec LACHANCE, François, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La pêche à Montmagny », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 26 mars 2014.
  • Enregistrement avec LACHANCE, Jean-Marc, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La pêche à Montmagny », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 24 mars 2014.
  • Enregistrement avec LACHANCE, Joseph, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La pêche à Montmagny », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 25 mars 2014.
  • MOUSSETTE, Marcel. La pêche sur le Saint-Laurent : répertoire des méthodes et des engins de capture. Montréal, Boréal Express, 1979. 212 p.
  • ROBITAILLE, Jean. « Sur le chemin du retour : le bar rayé du Saint-Laurent ». Le naturaliste canadien. Vol. 128, no 2 (2004), p. 46-50.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013