Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Jeu d'accordéon diatonique

Type :

Patrimoine immatériel

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Expression

Éléments associés

Patrimoine immatériel associé (1)

Description

Le jeu d'accordéon diatonique est une forme d'expression musicale trouvant des adeptes dans plusieurs régions du Québec. Depuis le XIXe siècle, cet instrument composé d'un soufflet et d'un clavier à dix touches fait partie intégrante de la musique traditionnelle du Québec et anime les veillées de danse comme le quotidien. Transmis au sein de la famille ou d'un petit groupe de musiciens, le répertoire propre à l'accordéon diatonique s'acquiert par l'écoute, la mémorisation et la pratique. Comme il existe très peu de partitions musicales dédiées à cet instrument, ceux et celles qui désirent en apprendre les rudiments doivent faire preuve d'autonomie et de talent.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Élément du patrimoine immatériel Ministre de la Culture et des Communications 2021-08-26

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2016-06-28
 

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Valeur patrimoniale

Le jeu d'accordéon diatonique est une composante fondamentale de la musique traditionnelle au Québec. Les musiciens qui s'y adonnent se distinguent par leur interprétation rapide, dynamique et personnalisée. Tout en faisant partie d'une communauté de pratique à l'échelle internationale, la singularité du jeu d'accordéon diatonique québécois se trouve au carrefour des influences françaises, britanniques et américaines qu'elle cumule. Accompagné du violon, l'accordéon diatonique anime les fêtes coutumières et les veillées, donnant ainsi vie au répertoire musical traditionnel. Cette pratique artistique contribue également à la cohésion sociale et communautaire par son caractère ludique et festif. En ce sens, le jeu d'accordéon diatonique incarne un patrimoine vivant et collectivement partagé.

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Historique

Le jeu d'accordéon se démocratise à partir des années 1890 alors que les instruments de production industrielle allemande gagnent le marché québécois et deviennent accessibles à l'ensemble de la population par le biais de la vente par correspondance. Jusque-là, il était l'apanage des jeunes filles issues d'un milieu aisé, dont les pensionnaires des Ursulines de Québec dès 1847. Au début du XXe siècle, les premiers enregistrements sur disque permettent à certains accordéonistes tels qu'Alfred Montmarquette, Joseph Guilmette et Donat Lafleur de se faire connaître à l'échelle du Québec. Toutefois, c'est encore dans le cadre familial que l'instrument brille le plus, puisqu'il occupe une place centrale au sein des fêtes et des veillées de danse. Ainsi, on en joue dans les mariages, à Noël, au Nouvel An, au Mardi gras, à la Mi-Carême ainsi qu'à plusieurs autres fêtes coutumières. Sa puissance sonore, sa solidité et sa mobilité en font un instrument qu'on transporte dans les bazars, les foires, les expositions agricoles ou encore dans les camps forestiers pour égayer la vie des hommes éloignés de leur foyer.

À l'été 1919, l'accordéon gagne Montréal alors que ses résidents peuvent assister aux « Veillées de folklore » initiées par Marius Barbeau. De 1921 à 1941, le concept est repris par Conrad Gauthier qui organise les « Veillées du bon vieux temps ». Au cours de cette période, des soirées de danse collectives dans les salles paroissiales et des concours d'amateurs contribuent à faire valoir la virtuosité de certains accordéonistes. Écoutée par la majorité de la population, la radio popularise aussi les airs d'accordéons et fabrique de nouveaux modèles à imiter pour les novices. Des émissions telles que « Le Réveil rural », « Les Montagnards laurentiens » ou encore « Les Veillées canadiennes » font découvrir au public québécois la diversité des styles des accordéonistes.

À partir des années 1960, une volonté commune d'échange pousse les musiciens à se rassembler et à mettre en place des galas folkloriques dans plusieurs régions du Québec. C'est également à cette époque que des accordéonistes talentueuses telles que Francine Desjardins font leurs marques dans l'univers de la musique traditionnelle québécoise. Prônant un retour à la culture traditionnelle, le mouvement identitaire qui prend forme dans les années 1970 donne un nouveau souffle à la pratique de l'accordéon diatonique. Créé dans les années 1980, le Carrefour mondial de l'accordéon de Montmagny permet encore aujourd'hui aux professionnels et aux amateurs de cet instrument d'échanger sur leur pratique.

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Contexte

Le jeu d'accordéon diatonique accompagne souvent celui du violon dans la musique traditionnelle. Bien connu à l'échelle québécoise, cet instrument est tout particulièrement populaire au sein du vaste triangle géographique reliant Québec, Charlevoix, Rivière-du-loup, Lévis et Charny.

Généralement accordé en ré majeur, l'accordéon diatonique québécois est tonal, c'est-à-dire qu'il ne peut jouer que les notes composant une même gamme. Cet instrument, aussi appelé mélodéon, est composé de trois parties : un clavier mélodique, un soufflet et un clavier des accords et des basses. La majorité des accordéons diatoniques possèdent une rangée de dix boutons, mais on trouve aussi des accordéons diatoniques à deux et à trois rangées de boutons placés en quinconce. Avec sa main droite, l'accordéoniste joue le clavier mélodique couvrant un peu plus de deux octaves d'une même gamme majeure. De la main gauche, il actionne deux boutons et une valve pour les accords et les basses au clavier. Dans certains cas, des tirettes peuvent aussi être activées manuellement pour produire de nouvelles combinaisons sonores.

Le plus souvent, les accordéonistes jouent assis, l'instrument posé sur une jambe. En battant la mesure d'un pied, ils appuient sur une touche et soulèvent la soupape, permettant ainsi à l'air d'entrer dans l'instrument et de faire vibrer les languettes métalliques placées à l'intérieur. La coordination entre le doigté et l'actionnement du soufflet est primordiale pour parvenir à interpréter les pièces du répertoire traditionnel. En raison de son registre restreint, le jeu d'accordéon diatonique requiert parfois l'ingéniosité du musicien pour dissimuler une note manquante et ainsi être adapté à divers styles musicaux. C'est pourquoi chaque accordéoniste possède un style d'interprétation particulier.

Le jeu d'accordéon diatonique est indissociable de la danse traditionnelle québécoise. Plusieurs accordéonistes tels que Marcel Messervier ou encore Stéphane Landry sont particulièrement appréciés par les danseurs pour leur « swing » et leur sens du rythme. C'est avec donc fierté et talent que ces accordéonistes occupent un rôle de premier plan dans l'animation de soirées dansantes. D'autres, comme Raynald Ouellet, se distinguent plutôt par leur jeu nuancé propice aux performances musicales. Le jeu d'accordéon diffère donc d'un interprète à l'autre, en fonction des habiletés et préférences de chacun.

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Apprentissage et transmission

Conformément à la tradition, l'apprentissage de l'accordéon diatonique est encore réalisé à l'intérieur des milieux familiaux et communautaires. Ainsi, la vaste majorité des interprètes actuels ont été initiés au jeu par des porteurs de tradition issus de leur entourage immédiat. Comme il existe très peu de partitions, on apprend à jouer à l'oreille, en mémorisant les sons et leurs enchaînements. Certains interprètes y accolent même des paroles, augmentant ainsi leur capacité de mémorisation. C'est ainsi que plusieurs accordéonistes contemporains ont recours aux archives sonores et qui, par imitation, parviennent à faire vivre un répertoire ancien.

On trouve plusieurs niches culturelles propices à la transmission du jeu de l'accordéon diatonique. La ville de Montmagny en est un bon exemple. En dehors de ces lieux d'exception, l'apprentissage s'effectue par le biais de nouveaux canaux de transmission. La numérisation des enregistrements participe entre autres au renouvellement des pratiques musicales et des codes établis. Au cours de la dernière décennie, l'enseignement s'est professionnalisé et plusieurs interprètes ont mis les ressources informatiques à profit pour créer de plus vastes réseaux de diffusion.

En plus du Carrefour mondial de Montmagny, plusieurs groupes et associations veillent à faire vivre cette tradition musicale. La Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise offre régulièrement des cours mettant en relation des professionnels et des amateurs d'accordéon. Le CVPV ès-Trad, l'Association québécoise des loisirs folkloriques ou encore l'Association des accordéonistes du Québec sont également engagés dans la transmission et la diffusion du jeu d'accordéon diatonique au Québec.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BILLARD, François et Didier ROUSSIN. Histoires de l'accordéon. Paris, Institut national de l'audiovisuel, 1991. 488 p.
  • Carrefour mondial de l'accordéon. Carrefour mondial de l'accordéon [En Ligne]. https://www.accordeonmontmagny.com/
  • GUILBERT, Daniel. « La légende des Veillées du bon vieux temps ». Bulletin Mnémo. Vol. 12, no 4 (2010), s.p.
  • LE GUÉVEL, Yves. « L'implantation de l'accordéon au Québec : des origines aux années 1950 ». Bulletin Mnémo. Vol. 4, no 2 (1999), s.p.
  • LE GUÉVEL, Yves. La musique traditionnelle instrumentale canadienne-française en milieu urbain : le cas de Québec (1930-1960). Université Laval, 1997. 125 p.
  • LEGAULT, Normand. L'accordéon diatonique comme pratique culturelle au Québec. Ministère de la Culture et des Communications (dir.), 2011. 62 p.
  • OUELLET, Raynald et Martine ROBERGE. « Le monde de l'accordéon au Québec ». Cap-aux-Diamants. No 67 (2001), p. 24-28.

Multimédias disponibles en ligne :

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