Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Saint-Romuald

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Municipalité :

  • Lévis

Date :

  • 1855 – 1856 (Construction)
  • 1868 – 1869 (Décoration intérieure)
  • 1901 (Rénovation)
  • 1979 (Restauration)
  • 2001 (Restauration)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (132)

Plaques commémoratives associées (2)

Personnes associées (27)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église de Saint-Romuald est un lieu de culte de tradition catholique, construit en 1855 et 1856. Le plan de cet édifice en pierre est composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux prolongée par un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. La façade-écran d'inspiration néoclassique est dominée par une tour centrale peu saillante surmontée d'un clocher et flanquée d'ailerons qui masquent partiellement la pente du toit à deux versants droits. Une sacristie en pierre d'une architecture éclectique, érigée en 1901, est greffée à l'abside. Elle présente un plan en « T » et est coiffée d'un toit à deux versants. Son mur est, aménagé en façade, comporte un avant-corps central surmonté d'un clocher. Une absidiole plus étroite en hémicycle est adossée au mur sud. Le lieu de culte est relié au presbytère par un chemin couvert. Orientée face au fleuve Saint-Laurent, l'église s'élève sur un plateau. Elle se situe au coeur du noyau villageois de Saint-Romuald, un secteur de l'arrondissement municipal Les Chutes-de-la-Chaudière-Est de la ville de Lévis.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain. Dix-sept objets patrimoniaux classés sont associés au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2004-02-05

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Proposition de délimitation non retenue Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 2006-12-19
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Saint-Romuald présente un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. L'intérieur est une combinaison exceptionnelle d'un décor peint et d'un décor sculpté aussi originaux que riches. D'une part, le décor peint constitue une oeuvre rare exécutée en 1868 et 1869 par une équipe d'artistes allemands rattachés au mouvement nazaréen et actifs aux États-Unis, composée de Wilhelm Lamprecht (1838-1922), Lang (1840-1914) et Wenceslaus Thien (1838-1912). Il présente une iconographie nouvelle. Les thèmes élaborés à partir de la vie de saint Romuald (voûte), de la jeunesse du Christ (fresques murales), de la Vierge (mur est) et de saint Joseph (mur ouest) sont représentés selon une approche narrative visant à instruire les fidèles. Ce décor peint, en plus de constituer l'un des premiers à orner une église du Québec, présente un état de conservation exceptionnel et figure parmi les rares de ce type à subsister tant au Canada qu'aux États-Unis. D'autre part, le décor sculpté se compose en partie de statues en bois représentant différents saints, créées par le sculpteur de Munich Johann Evangelist Riedmiller (1815-1895), qui se démarquent par leur qualité formelle et leur riche polychromie. Elles témoignent de l'importation au Québec, dans la seconde moitié du XIXe siècle, de sculptures religieuses en provenance d'Allemagne. L'église comporte aussi du mobilier liturgique et des sculptures exécutées dans les ateliers qui forment l'École de sculpture de Saint-Romuald. Ces ateliers, actifs pendant plus d'un siècle (des années 1870 aux années 1970), ont acquis une grande renommée, qui s'est même étendue à l'extérieur du Québec. L'église de Saint-Romuald illustre la qualité de leur production, notamment par les autels, exécutés par les sculpteurs Ferdinand Villeneuve (1830-1909) et Louis Saint-Hilaire (1834-1877) d'après les plans de l'architecte allemand Georg Schneider (1828-1897), la table de communion, la clôture de choeur et la chaire. Enfin, le décor intègre une statue de « L'Ange du Jugement dernier ». D'une qualité exceptionnelle, cette oeuvre, qui surmonte la chaire, compte parmi les rares figures sculptées remontant au XVIIe siècle au Québec; elle a même fait l'objet d'un timbre émis par Postes Canada.

L'église de Saint-Romuald présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. L'édifice a été conçu par l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906), descendant de la célèbre famille de sculpteurs, peintres et architectes. Elle témoigne de la vogue du néoclassicisme au Bas-Canada au XIXe siècle par son vocabulaire classique, notamment illustré dans la façade. La sacristie a, par ailleurs, été dessinée en 1901 par le prolifique architecte David Ouellet (1844-1915). Elle illustre son éclectisme ainsi que la popularité de ce courant auprès du clergé au début du XXe siècle. Ainsi, l'église et sa sacristie représentent deux courants architecturaux qui ont marqué l'architecture religieuse québécoise.

L'église de Saint-Romuald présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Au début du XIXe siècle, l'industrie du bois connaît une grande effervescence dans la région de Québec. Les ouvriers s'établissent à proximité de leur lieu de travail, entre autres à Etchemin, un hameau alors compris dans la paroisse de Saint-Jean-Chrysostome. En 1852, les habitants font des démarches auprès de l'archevêque de Québec pour fonder une nouvelle paroisse, ce qui sera accepté l'année suivante. Orientée face au fleuve Saint-Laurent, l'église de Saint-Romuald s'élève sur un plateau. Elle constitue le principal élément d'un ensemble religieux comprenant aussi un presbytère et un ancien couvent. À l'instar des autres églises québécoises, elle est un point de repère et forme le coeur du noyau villageois.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de l'église de Saint-Romuald liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- sa situation sur un plateau, au coeur du noyau villageois de Saint-Romuald;
- son orientation face au fleuve Saint-Laurent;
- son volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux prolongée par un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle et le toit à deux versants droits couronné d'un clocheton au-dessus du choeur;
- ses éléments d'inspiration néoclassique, dont la façade-écran dotée d'une tour centrale peu saillante surmontée d'un clocher et flanquée d'ailerons masquant en partie la pente du toit, ses ouvertures ordonnées (dont le portail central formé d'une porte à double vantail surmontée d'une imposte cintrée et inscrite dans une travée dorique à fronton triangulaire, les portails latéraux formés d'une porte à double vantail inscrite dans une travée d'ordre toscan, les trois baies cintrées en façade disposées à l'aplomb des portails et leur chambranle ainsi que les baies latérales cintrées), la corniche, les chaînes d'angle et le bandeau en façade interrompu par la baie centrale;
- ses matériaux, dont les murs en pierre de taille bouchardée, les détails en pierre de taille lisse, la couverture en tôle à la canadienne ainsi que le revêtement de tôle du clocher, du clocheton et des ailerons;
- la sacristie d'une architecture éclectique greffée à l'abside, dont le plan en « T », le mur est aménagé en façade comportant un avant-corps central flanqué d'un attique et surmonté d'un clocher abondamment orné, l'absidiole plus étroite en hémicycle greffée au mur sud, les murs en pierre de taille bouchardée, les chambranles ainsi que les chaînes d'angle et les bandeaux en pierre de taille lisse, le portail et les fenêtres d'esprit néo-roman incluant une suite de petites baies ornant l'absidiole, la couverture en tôle à la canadienne ainsi que la corniche formant des frontons-pignons;
- ses éléments d'architecture intérieure, dont la voûte en berceau du vaisseau central et celles des collatéraux séparées par des colonnes corinthiennes, les lunettes et les retombées des collatéraux, les pilastres corinthiens supportant l'arcade cintrée du choeur en partie aveugle et en partie percée de vitraux, ainsi que la tribune arrière;
- son décor intérieur peint, dont les scènes de la vie du Christ, de la Vierge et de saint Joseph ornant le choeur et les collatéraux, les sept scènes en camaïeux de la vie de saint Romuald ornant la voûte du vaisseau central, la scène de saint Romuald au Paradis ornant le cul-de-four du choeur ainsi que les médaillons et la décoration ornementale exécutés au pochoir et en trompe-l'oeil;
- son décor intérieur sculpté, dont la statue de « L'Ange du Jugement dernier » surmontant la chaire, les statues de saints en bois polychrome du choeur et les statues de la nef;
- les trois autels composés d'un tombeau rectangulaire supportant un imposant tabernacle-retable, la chaire, les fonts baptismaux, la clôture de choeur et la table de communion.

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Informations historiques

Au début du XIXe siècle, l'industrie du bois, encouragée par le blocus continental imposé à l'Angleterre par Napoléon Bonaparte (1769-1821), connaît une grande effervescence dans la région de Québec. Les ouvriers s'établissent à proximité de leur lieu de travail, entre autres à Etchemin, un hameau alors compris dans la paroisse de Saint-Jean-Chrysostome. En 1852, ses habitants, plus nombreux que ceux du village, font des démarches auprès de l'archevêque de Québec, Pierre-Flavien Turgeon (1787-1867), pour avoir leur propre église. L'année suivante, l'évêque accepte et fonde la paroisse de Saint-Romuald-d'Etchemin. En 1854, Pierre-Télesphore Sax (1822-1881) est nommé curé. Bilingue, il est tout désigné pour desservir la population, majoritairement d'origine canadienne-française et irlandaise catholique.

L'église est construite en 1855 et 1856 selon les plans de l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906), par les entrepreneurs maçons Louis (1815-1899) et Joseph (1817-1879) Larose, les charpentiers Paul (1824-1905) et Joseph (1825-1879) Breton et le menuisier Édouard Gaboury (1813-1888). En 1901, la sacristie d'origine est remplacée par celle conçue par l'architecte David Ouellet (1844-1915).

Dans les années 1860, le curé Sax se rend vraisemblablement chez des bénédictins dans l'État de New York qui lui recommandent les peintres Wilhelm Lamprecht (1838-1922) et Lang (1840-1914), d'origine bavaroise, et Wenceslaus Thien (1838-1912), d'origine allemande. Ces artistes, alors actifs aux États-Unis, exécutent en 1868 et 1869 les peintures qui ornent les murs et la voûte de l'église. Il s'agit de l'un des premiers décors peints réalisés au Québec, et son iconographie est basée sur la tradition bavaroise de la peinture murale religieuse du XIXe siècle et non sur les modèles gravés d'oeuvres de grands maîtres français ou italiens. L'orgue est installé au même moment. Les statues en bois de différents saints dans le choeur sont créées par un sculpteur de Munich, Johann Evangelist Riedmiller (1815-1895), vers 1870.

Le décor est complété par des oeuvres sculptées provenant des ateliers qui forment l'École de sculpture de Saint-Romuald. Actifs pendant plus d'un siècle (des années 1870 aux années 1970), leur renommée s'étend même à l'extérieur du Québec. En 1874, les sculpteurs Ferdinand Villeneuve (1830-1909) et Louis Saint-Hilaire (1834-1877) exécutent les autels selon les plans de l'architecte allemand Georg Schneider (1828-1897). En 1921, la chaire, conçue par l'entrepreneur Joseph Saint-Hilaire (1863-1943) et réalisée par le sculpteur Lauréat Vallière (1888-1974) et le menuisier Joseph Lacroix, remplace celle d'origine. Saint-Hilaire pare l'abat-voix de « L'Ange du Jugement dernier », une statue de la fin du XVIIe siècle qui a d'abord orné l'ancienne chaire de la chapelle de l'Hôpital général de Québec. L'ensemble avait été donné à la paroisse de Saint-Zacharie de Metgermette en 1892, qui cède l'Ange à Joseph Saint-Hilaire en 1901, lorsque ce dernier lui fournit une nouvelle chaire. Vallière sculpte en 1914, 1915 et 1931 les statues en bois de la nef. Il exécute également, en 1933, les fonts baptismaux avec son fils Robert et la clôture de choeur avec Willie Hallé et Arthur Bernier. J.-Georges Trudelle (1877-1950) et son fils Henri (1906-1970) achèvent le décor avec la table de communion (1947). Le choeur compte également des vitraux, installés en 1901. La même année, le décor peint est restauré par les peintres Weidenbach et Vasa Pacirski. Il sera de nouveau restauré par le peintre montréalais Charles-Édouard Chabauty en 1946.

En 1955, le chemin couvert vient relier l'église et le presbytère. L'intérieur de l'église a été restauré en 1979 et le toit, en 2001.

L'église de Saint-Romuald est classée en 2004.

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Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches

MRC :

  • Lévis

Municipalité :

  • Lévis

Arrondissement municipal :

  • Les Chutes-de-la-Chaudière-Est

Adresse :

  • 180, rue de Saint-Romuald

Latitude :

  • 46° 45' 21.707"

Longitude :

  • -71° 14' 14.304"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 156 107

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Chaîne de titres

Date Type d'aliénation De À
Cession Fabrique de la paroisse de Saint-Romuald d'Etchemin Fabrique de la paroisse de Saint-Jean-l'Évangéliste

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Documents

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Références

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GAGNÉ, David. Histoire de l'église de Saint-Romuald. s.l. 2002. 62 p.
  • GAGNÉ, David. « Une église comme un joyau ». Continuité. No 109 (2006), p. 23-25.
  • GRENIER, Marlène. Les artistes propagateurs de l'idéal allemand en art pictural et en sculpture au Canada au XIXe siècle. Université Laval, 1996. 161 p.
  • VILLENEUVE, René. Du baroque au néo-classicisme. La sculpture au Québec. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1997. 220 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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