Église de Saint-Édouard
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Église de Saint-Édouard-de-Gentilly
Région administrative :
- Centre-du-Québec
Municipalité :
- Bécancour
Date :
- 1842 – 1849 (Construction)
- 1857 (Construction)
- 1857 – vers 1862 (Décoration intérieure)
- 1907 (Agrandissement)
- vers 1965 (Restauration)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Usage :
- Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)
Patrimoine mobilier associé (1)
Plaques commémoratives associées (2)
Personnes associées (10)
- Baillairgé, Thomas (1791 – 1859) - Architecte / concepteur(-trice)
- Caron, Louis (1847 – 1917) - Architecte / concepteur(-trice)
- Giroux, André-Raphaël (1815 – 1869)
- Hamel, Eugène (1845 – 1932)
Inventaires associés (2)
Carte
Description
L'église de Saint-Édouard est un lieu de culte de tradition catholique construit de 1842 à 1849 et agrandi par la façade en 1907. L'édifice en pierre présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. Sa façade comporte une tour centrale peu saillante surmontée d'un clocher et elle est cantonnée de deux tourelles coiffées d'un campanile. Des ailerons masquent la pente du toit à deux versants droits. Une sacristie en pierre de plan rectangulaire à un étage et demi, coiffée d'un toit à deux versants retroussés, est greffée à l'abside dans le prolongement du choeur. L'église se situe dans le noyau villageois du secteur de Gentilly de la ville de Bécancour, sur une terrasse bordée par des terres agricoles longeant le fleuve Saint-Laurent. Elle est entourée du presbytère, d'un parc où s'élève une statue de la Vierge, de la salle communautaire et de l'ancien couvent.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.
L'église de Saint-Édouard bénéficie d'une aire de protection.
Plan au sol :
Croix latine
Nombre d'étages :
1 ½
Groupement :
Détaché
Structure :
- Bois
- Maçonnerie en pierre
Annexes :
- Autre
- Sacristie
Saillies :
- Campanile
- Cheminée
- Clocher
- Escalier
- Escalier monumental
- Perron
- Tourelle
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À croupes
Matériau : Tôle à la canadienne -
Forme : À deux versants droits
Matériau : Tôle profilée -
Forme : À deux versants droits retroussés
Matériau : Tôle à la canadienne
Porte principale :
- bois massif, à imposte
Autre(s) porte(s) :
- bois massif, à imposte
- bois massif, à imposte
- bois massif, à imposte
- bois massif
- bois massif
- bois massif
- bois massif
Fenêtre(s) :
- cintrée, À battants, à petits carreaux
- cintrée, À battants, à petits carreaux
- cintrée, Fixe
- circulaire, Oculus
- en losange, Fixe
- Rectangulaire, À battants, à petits carreaux
- Rectangulaire, À battants, à petits carreaux
- Rectangulaire, Fixe
- Rectangulaire, Fixe
- Rectangulaire, Fixe
- Rectangulaire, Soupirail
- Rectangulaire, Soupirail
Lucarne(s) :
- À fronton
Éléments architecturaux :
- Acrotère
- Chaîne d'angle
- Chambranle
- Clé
- Corniche à denticules
- Ornement sculpté
- Parapet
- Pilastre
- Portail
- Retour de l'avant-toit
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1962-01-10 |
Catégories de conservation
|
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Délimitation | Aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications | 1977-10-11 |
Valeur patrimoniale
L'église de Saint-Édouard présente un intérêt patrimonial pour ses valeurs architecturale et artistique liées à son décor intérieur. Ce décor illustre l'esthétique néoclassique de l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859), en raison de son harmonie et de sa composition respectant la rigueur et l'ordonnance classique. Ainsi, les éléments se correspondent et sont traités hiérarchiquement, comme le démontrent l'alignement des arcs doubleaux et des pilastres ainsi que l'importance donnée au retable du choeur par rapport aux retables latéraux. Ces composantes ainsi que le mobilier liturgique, notamment le tabernacle du maître-autel, la chaire et le banc d'oeuvre, figurent parmi les éléments de l'esthétique de Baillairgé les plus diffusés par ses élèves. Ce mobilier est exécuté par l'un de ses disciples, le sculpteur et architecte Raphaël Giroux (1815-1869), et les fils de ce dernier, Alfred et Eugène. Par ailleurs, les murs du choeur sont ornés de reliefs historiés très rares au Québec, exécutés par le peintre et sculpteur Adolphe Rho (1839-1905). Des scènes de la vie du Christ du peintre-décorateur Joseph-Thomas Rousseau (1852- 1916), situées dans les lunettes du transept, s'ajoutent en 1891. D'une grande qualité, elles témoignent d'une pratique populaire dans les dernières décennies du XIXe siècle qui consiste à intégrer au décor des scènes religieuses peintes. Riche en raison de la pluralité de ses éléments d'intérêt, cet intérieur témoigne de la maîtrise d'artisans renommés du XIXe siècle.
L'église de Saint-Édouard présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le lieu de culte est représentatif des églises érigées au milieu du XIXe siècle et associées au phénomène du mimétisme. Construit de 1842 à 1849, le lieu de culte reprend un modèle élaboré par Thomas Baillairgé, et notamment utilisé en 1834 pour l'église de la paroisse voisine de Saint-Pierre-les-Becquets. Le clocher, élevé en 1857 par l'entrepreneur et maître menuisier Damase Saint-Arnaud (1803-1885), s'inspire de celui de l'église de Saint-Romuald érigée l'année précédente. De plus, le décor architectural réalisé de 1857 à 1862 reproduit, comme le spécifie le contrat signé avec Saint-Arnaud, celui de l'église de Saint-Anselme, également conçu par Baillairgé. Par ailleurs, le lieu de culte témoigne des transformations courantes ayant pour but d'adapter les lieux de culte aux nouveaux besoins et de les mettre au goût du jour. En raison de l'accroissement de la population, des modifications importantes sont effectuées en 1907, selon les plans de l'architecte Louis Caron (1871-1926). L'allongement de la nef par l'avant a permis d'élever une façade monumentale éclectique, qui évoque la popularité de ce courant auprès du clergé catholique au tournant du XXe siècle. Avec sa tour centrale flanquée d'ailerons et ses tourelles, celle-ci est représentative d'un modèle fréquemment utilisé par Louis Caron; elle intègre, par ailleurs, les portails en pierre de taille et le clocher de l'ancienne façade. L'église de Saint-Édouard illustre les emprunts formels entre les paroisses au XIXe siècle et rappelle les modifications souvent apportées à ces lieux de culte au début du XXe siècle.
L'église de Saint-Édouard présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. Au Québec, les églises forment le coeur du noyau villageois. Celle de Saint-Édouard domine un ensemble composé notamment du presbytère, de l'ancien couvent et de l'école. Comme le veut la tradition, le choeur est tourné vers le soleil levant, symbole du Christ ressuscité. Érigée sur une terrasse bordée par des terres agricoles longeant le fleuve Saint-Laurent, l'église de Saint-Édouard constitue un point de repère qui signale la présence de la paroisse.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de l'église de Saint-Édouard liés à ses valeurs architecturale, artistique et paysagère comprennent, notamment :
- sa situation au coeur du noyau villageois, dans un ensemble formé également par le presbytère, le parc, la salle communautaire et l'ancien couvent;
- son implantation sur une terrasse bordée par des terres agricoles longeant le fleuve Saint-Laurent, le choeur tourné vers l'est;
- son volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, le toit à deux versants droits (pourvu de croupes au transept) et la sacristie greffée à l'abside dans le prolongement du choeur;
- ses matériaux, dont la maçonnerie en pierre à bossage rustique de la façade et des saillies latérales, la maçonnerie en moellons des longs-pans, du transept et du choeur, certains éléments architecturaux en pierre de taille, la couverture en tôle à la canadienne, le clocher et les campaniles recouverts de tôle ainsi que les ouvertures en bois;
- les composantes de la façade, dont la tour centrale peu saillante surmontée d'un clocher, les tourelles latérales surmontées d'un campanile, les ailerons formés de courbes et de contrecourbes, les trois portails d'ordre toscan en pierre de taille dotés d'une porte à deux vantaux et d'un tympan vitré cintré, les fenêtres triples, les oculus ainsi que les chambranles et les chaînes d'angle en pierre de taille;
- les composantes des saillies latérales, dont les fenêtres cintrées ainsi que les chambranles et les chaînes d'angle en pierre de taille;
- les composantes des longs-pans, du transept et du choeur, dont les fenêtres cintrées et les chambranles en bois;
- la sacristie, dont le plan rectangulaire à un étage et demi, le toit à deux versants retroussés, les lucarnes à pignon, les fenêtres à grands carreaux et les chambranles en bois;
- le décor architectural intérieur, dont la fausse voûte à arc surbaissé (ornée d'arcs doubleaux et de gloires), le retable en arc de triomphe du choeur (pourvu d'un fronton en segment de cercle) et les retables latéraux d'ordre corinthien, les panneaux sculptés du choeur ainsi que l'entablement de la nef;
- le décor intérieur peint, dont les toiles marouflées ornant les lunettes du transept;
- les galeries du transept au garde-corps sculpté;
- les deux tribunes arrière, un orgue Casavant et Frères occupant la tribune supérieure;
- le mobilier liturgique, dont le maître-autel et les autels latéraux dotés d'un tabernacle doré, la chaire pourvue d'un abat-voix en forme de coquille et le banc d'oeuvre.
Informations historiques
Les premiers habitants de Gentilly s'établissent dans la seigneurie du même nom dans les années 1670. Ils sont d'abord desservis par des missionnaires. Une première église en pierre est construite en bordure du fleuve Saint-Laurent en 1781, trois ans avant l'érection canonique de la paroisse de Saint-Édouard. En 1836, à l'occasion d'une visite pastorale, l'évêque du diocèse de Québec Joseph Signay (1778-1850) constate l'exiguïté et le délabrement du lieu de culte. Il recommande de bâtir une nouvelle église, sur un site plus éloigné du fleuve afin de la soustraire aux crues printanières. En réponse à la requête adressée par les paroissiens en 1839, l'évêque autorise la construction, mais exige qu'un plan et devis soit réalisé par un architecte.
L'église de Saint-Édouard est édifiée de 1842 à 1849 par le maçon Narcisse Larue (1818-1882) à environ un kilomètre du fleuve. Elle reprend un modèle élaboré par l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859) de Québec, et notamment utilisé en 1834 pour l'église de la paroisse voisine de Saint-Pierre-les-Becquets. Ainsi, la façade présente à l'origine trois portails surmontés par autant de fenêtres cintrées et un oculus au centre du pignon. Le clocher, élevé en 1857 par l'entrepreneur et maître menuisier Damase Saint-Arnaud (1803-1885), s'inspire de celui de l'église de Saint-Romuald érigée l'année précédente. Plus monumentale, la façade actuelle, conçue par l'architecte Louis Caron (1871-1926) de Nicolet, est réalisée en 1907 lorsque l'église est élargie et allongée de 4,6 mètres par l'avant. L'architecte conserve l'ancien clocher, qu'il place sur la tour centrale, ainsi que les trois portails en pierre de taille.
La finition de l'intérieur est entreprise en 1857, alors que Damase Saint-Arnaud s'engage à réaliser le décor architectural qui doit être parachevé en 1862. Le contrat stipule que ce décor reproduira celui de l'église de Saint-Anselme. Il comprend notamment l'exécution de la fausse voûte, de l'entablement, des retables du choeur et des chapelles latérales, ainsi que de la table de communion. Plusieurs éléments du décor architectural auraient été sculptés par Raphaël Giroux (1815-1869) ou par l'atelier des Berlinguet. Le peintre et sculpteur Adolphe Rho (1839-1905), natif de la paroisse, aurait confectionné en 1860 et 1861 les bas-reliefs ornant les panneaux du choeur. En 1868, Giroux est chargé de renouveler l'ensemble du mobilier liturgique. Il fabrique le maître-autel, les autels latéraux et les cadres des trois tableaux d'autel. Ses fils Alfred et Eugène terminent le travail à la suite de son décès en fabriquant la chaire et le banc d'oeuvre.
Des oeuvres peintes complètent l'ensemble. Le tableau du maître-autel, intitulé « Le Miracle de l'anneau de saint Édouard le Confesseur », est réalisé en 1869 par Eugène Hamel (1845-1932) lors d'un séjour à Rome. Un tableau représentant l'éducation de la Vierge, réalisé d'après une oeuvre de Pierre-Paul Rubens (1577-1640) de 1625, surmonte l'autel du bras sud du transept. Une scène illustrant la sainte Famille, peinte en 1870 par un artiste inconnu, domine l'autel du bras nord du transept. En 1891, le peintre-décorateur Joseph-Thomas Rousseau (1852-1916) de Saint-Hyacinthe rehausse l'intérieur d'un décor en trompe-l'oeil composé de textures ainsi que de motifs ornementaux et architecturaux. Il est aussi l'auteur des deux toiles marouflées représentant « La Remise des clefs » et « La Montée à Jérusalem » qui occupent les lunettes du transept.
L'église de Saint-Édouard est classée en 1962. Le décor en trompe-l'oeil disparaît au cours des années 1960 lors d'une restauration. Le lieu de culte bénéficie d'une aire de protection depuis 1977.
Emplacement
Region administrative :
- Centre-du-Québec
MRC :
- Bécancour
Municipalité :
- Bécancour
Adresse :
- 865, avenue des Hirondelles
Lieux-dits :
- Gentilly
Latitude :
- 46° 24' 12.8"
Longitude :
- -72° 16' 30.3"
Désignation cadastrale
Circonscription foncière | Division cadastrale | Désignation secondaire | Numéro de lot |
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Nicolet | Paroisse de Saint-Édouard-de-Gentilly | Absent | 96 ptie |
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- BOISVERT, Jacques. L'église St-Édouard de Gentilly : architecture, sculpture, peinture. Nicolet, Séminaire de Nicolet 2000, 2006. 118 p.
- DUBOIS, Lucien. Histoire de la paroisse de Gentilly. s.l. 1935. 286 p.
- LÉGARÉ, Denyse. « L'église Saint-Édouard de Bécancour. Un temple signé par des hommes de métier, artistes et architectes régionaux ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/sedoubecancourt/sedoubecancourtf.htm
- NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
- RIVARD, Marcelle. Gentilly, 1676-1976. Gentilly, Comité de l'album-souvenir, 1976. 351 p.
- ROY, Guy-André. « Église Saint-Édouard ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 66-67.