Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Chapelle Saint-Antoine-de-Padoue

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Ermitage Saint-Antoine à Lac-Bouchette

Région administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

Municipalité :

  • Lac-Bouchette

Date :

  • 1907 (Construction)
  • 1908 – 1920 (Décoration intérieure)
  • 1919 (Agrandissement)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Chapelles privées)
  • Services et institutions (Sanctuaires et lieux de pèlerinage)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (3)

Groupes associés (2)

Personnes associées (7)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue est un petit édifice religieux d'influence néogothique érigé en 1907 et intégré à une plus vaste chapelle en 1919. L'édicule en bois présente un plan rectangulaire et est dépourvu de façade du fait de cette intégration. Le faîte du toit à deux versants droits est surmonté d'un clocher élancé, près de la jonction avec la construction plus récente. Une sacristie forme un appentis contre le mur ouest. La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue est implantée sur un promontoire, en bordure du lac Ouiatchouan, dans la municipalité de Lac-Bouchette. Elle fait partie d'un vaste lieu de pèlerinage.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de la chapelle, et pas au terrain. Vingt-trois objets patrimoniaux classés sont associés à cette chapelle.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1977-03-30

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 

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Valeur patrimoniale

La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue présente un intérêt patrimonial pour sa valeur ethnologique. Le lieu de culte illustre la pratique du pèlerinage, un élément important de la religion populaire. Les saints patrons des lieux de pèlerinage sont considérés comme des intercesseurs pour les fidèles auprès de Dieu. Au Québec, la pratique du pèlerinage trouve son origine durant le Régime français, alors qu'un ouvrier qui participait à la construction de la première église de Sainte-Anne-de-Beaupré (1658) est miraculeusement guéri. L'endroit tire par la suite sa renommée des miracles qui s'y produisent. À Lac-Bouchette, les pèlerinages remontent au début du XXe siècle. L'abbé Elzéar de Lamarre (1854-1925) fait ériger en 1907 une résidence d'été ainsi qu'une chapelle privée attenante, sur un vaste terrain acquis l'année précédente sur la rive nord du lac Ouiatchouan. Vouant une dévotion particulière à saint Antoine de Padoue, il nomme sa propriété « Ermitage San'Tonio » (Saint-Antoine) et dédie la chapelle à ce saint. En 1912, à l'occasion d'une promenade en bordure du lac, l'abbé découvre une grotte qui lui rappelle celle de Notre-Dame-de-Lourdes et y dépose une statue de la Vierge. Des gens des environs viennent s'y recueillir. Les témoignages de faveurs obtenues attirent de plus en plus de visiteurs, et l'aménagement de la grotte marque le début des pèlerinages. En 1919, la chapelle est greffée à une chapelle mariale plus vaste, bâtie perpendiculairement. À l'instar de la majorité des lieux de pèlerinage, celui de Lac-Bouchette s'inscrit dans un environnement naturel exceptionnel, propice au recueillement et à la méditation. L'Ermitage Saint-Antoine, qui comprend notamment la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue et la chapelle mariale, un calvaire, un chemin de croix, une grotte ainsi qu'une hôtellerie, est reconnu sanctuaire national et reçoit chaque année quelque 70 000 pèlerins.

La chapelle présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique, liée à son intérieur. Le décor peint exceptionnel a été conçu et exécuté par Charles Huot (1855-1930), ami et cousin de l'abbé de Lamarre. Réalisé de 1908 à 1920, il se compose de 23 oeuvres peintes sur des toiles marouflées ou des panneaux de bois fixés au mur. L'ensemble évoque des moments importants de la vie de saint Antoine de Padoue et illustre ses plus célèbres miracles. Certains tableaux représentent les lieux de naissance et de sépulture du saint ainsi que différents moments de sa vie. D'autres tableaux montrent des scènes où il chasse le démon, guérit les malades ou ressuscite les morts. Ce décor s'inscrit dans un intérieur d'influence néogothique comprenant une fausse voûte d'ogives dotée de liernes et de tiercerons, des arcs-formerets ainsi que des moulures soulignant la forme en arc brisé des tableaux et des médaillons quadrilobés. De plus, le maître-autel présente un intérêt artistique par son ornementation élaborée puisant au vocabulaire et à l'esthétique néogothiques. Une telle richesse iconographique associée à la vie et à l'oeuvre d'un saint reste rare au Québec.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la chapelle liés à ses valeurs ethnologique et artistique comprennent, notamment :
- l'inclusion dans un lieu de pèlerinage;
- l'implantation sur un promontoire, en bordure du lac Ouiatchouan;
- le décor architectural, dont la fausse voûte d'ogives dotée de liernes et de tiercerons ornés de trèfles et de lys, les arcs-formerets, les colonnettes à chapiteau à fleurs de lys, les lambris à lattes et à panneaux, les corniches moulurées ainsi que les moulures en arc brisé et quadrilobées;
- le maître-autel néogothique doté d'un imposant tabernacle;
- le décor peint couvrant presque l'ensemble des murs, de la fausse voûte et des colonnettes, dont les tableaux peints sur des toiles marouflées et des panneaux de bois fixés au mur représentant la vie de saint Antoine de Padoue ainsi que les écoinçons ornés de petits angelots;
- le décor sculpté, dont les statues de saints;
- les ouvertures, dont les baies à réseau de quatre-feuilles et l'arcade brisée formant l'entrée;
- le volume étroit de plan rectangulaire et le toit à deux versants droits;
- les matériaux, dont le parement de planches à clins et la couverture en tôle à la canadienne;
- les composantes liées au style néogothique, dont les ouvertures en arc brisé dotées de réseaux en bois, le clocher élancé sur le faîte (composé d'une base carrée et d'une lanterne carrée surmontée d'une flèche et orné de pinacles, de fleurons et de motifs végétaux);
- les puits de lumière sur les versants du toit;
- les composantes de la sacristie de plan rectangulaire adossée contre le mur ouest, dont le toit en appentis couvert de tôle à baguettes ainsi que les ouvertures en arc brisé.

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Informations historiques

La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue se situe à Lac-Bouchette. Cette municipalité doit son nom à Joseph Bouchette (1774-1841), qui a arpenté la région du Lac-Saint-Jean en 1828. Lac-Bouchette accueille ses premiers habitants en 1879.

En 1906, le prêtre catholique Elzéar de Lamarre (1854-1925), premier supérieur du Séminaire de Chicoutimi, visite son frère Charles à Lac-Bouchette. Charmé par les lieux, il acquiert une vaste propriété sur la rive nord du lac Ouiatchouan. Dès l'année suivante, il y fait ériger une résidence d'été avec une petite chapelle attenante. Vouant une dévotion particulière à saint Antoine de Padoue, il nomme sa propriété « Ermitage San'Tonio » (Saint-Antoine) et dédie la chapelle à ce saint. Les plans de cette chapelle de style néogothique auraient été conçus par l'architecte François-Xavier Berlinguet (1830-1916). À l'origine, la façade étroite était dotée d'une tour-clocher centrale.

L'abbé de Lamarre confie la réalisation du décor intérieur de la chapelle à son ami et cousin Charles Huot (1855-1930), un peintre renommé de Québec. Celui-ci l'exécute à l'époque où il travaille aussi à un grand tableau historique pour l'Hôtel du Parlement intitulé « Le Débat sur les langues : séance de l'Assemblée législative du Bas-Canada, le 21 janvier 1793 ». De 1908 à 1920, durant ses vacances estivales, Huot peint les 23 tableaux qui ont pour thème la vie et les miracles de saint Antoine. Il travaille à titre gracieux, au nom de son amitié pour l'abbé de Lamarre et aussi par reconnaissance pour les nombreuses commandes de tableaux religieux obtenues grâce à lui au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

En 1912, à l'occasion d'une promenade en bordure du lac Ouiatchouan, l'abbé de Lamarre découvre une grotte qui lui rappelle celle de Notre-Dame de Lourdes. Il y dépose une statue de la Vierge Marie et s'y rend régulièrement pour prier. Des gens des environs viennent également s'y recueillir. Les témoignages de faveurs obtenues attirent de plus en plus de visiteurs. L'aménagement de la grotte et sa bénédiction en 1916 par l'évêque de Chicoutimi Michel-Thomas Labrecque (1849-1932) marquent officiellement le début des pèlerinages à Lac-Bouchette.

La chapelle devient rapidement exiguë compte tenu du nombre de pèlerins. En 1919, elle est greffée à une chapelle mariale plus vaste dédiée à Notre-Dame de Lourdes, bâtie perpendiculairement. Privée de façade, la chapelle Saint-Antoine n'est désormais accessible qu'à partir du nouveau temple. Au cours de la même année, un calvaire réalisé par Louis Jobin (1845-1928) est installé sur l'emplacement. Un chemin de croix en pierre, sculpté par les artistes d'origine belge Anselme Delwaide et Rodolphe Goffin, s'ajoute entre 1919 et 1925. Enfin, une hôtellerie est construite en 1922 afin d'accueillir les pèlerins.

Peu avant son décès survenu en 1925, l'abbé de Lamarre confie l'Ermitage aux Capucins. Il sera inhumé sous l'autel de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue.

L'Ermitage Saint-Antoine se développe considérablement au milieu du XXe siècle. Les Capucins font notamment ériger un monastère (1948) et une chapelle mariale (1950-1951, Henri Tremblay). L'ancienne résidence d'été de l'abbé de Lamarre est démolie au cours des années 1960.

La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue est classée en 1977. Les oeuvres de Charles Huot sont classées au même moment. En 1997, ces dernières sont restaurées par le Centre de conservation de Québec.

L'Ermitage de Lac-Bouchette est reconnu sanctuaire national en 2005. Le lieu accueille chaque année environ 70 000 pèlerins.

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Emplacement

Region administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

MRC :

  • Le Domaine-du-Roy

Municipalité :

  • Lac-Bouchette

Adresse :

  • route de l'Ermitage

Latitude :

  • 48° 16' 26.724"

Longitude :

  • -72° 11' 24.902"

Désignation cadastrale :

  • Lot 5 786 414

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Références

Notices bibliographiques :

  • CHAGNON, Joanne. « Huot, Charles ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • DORION, Jacques. « Chapelle Saint-Antoine-de-Padoue ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 465.
  • GILBERT, Claude. « De Lamarre, Elzéar ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • LAROCHE, Ginette. « Peintures de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 223-226.
  • MORINIS, Alan. « Pèlerinage ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com/
  • OSTIGUY, Jean-René. « Charles Huot raconte les miracles de saint Antoine de Padoue ». Vie des Arts. Vol. XXII, no 87 (1977), p. 16-17.
  • PROVOST, Marcel. Il était une fois - l'Ermitage Saint-Antoine de Lac-Bouchette. Lac-Bouchette, L'Ermitage, 2001. 159 p.

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