Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial du Noyau-du-Quartier-Chinois

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Site patrimonial du Noyau-Institutionnel-du-Quartier-Chinois

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (15)

Carte

Description

Le site patrimonial du Noyau-du-Quartier-Chinois est un ensemble de neuf bâtiments et une structure pour la plupart érigés vers le milieu du XIXe siècle. Il comprend plusieurs immeubles en pierre et en brique s'élevant généralement sur trois étages, coiffés d'un toit mansardé ou en fausse mansarde, et abritant des commerces au rez-de-chaussée et des logements aux étages. Un ancien édifice scolaire et un bâtiment industriel, au volume plus imposant, font également partie de cet ensemble aménagé sur un même îlot urbain. Construits à quelques mètres au sud-ouest de ce noyau, l'Église de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit et son ancien presbytère sont inclus dans le site. Érigé en 1834, le lieu de culte en pierre de taille et moellons présente un plan rectangulaire à deux registres et est coiffé d'un toit à deux versants droits. Il possède un clocher central à une lanterne en façade. Le presbytère en pierre, construit dans les années 1840, présente un plan en « L », s'élève sur trois étages et est partiellement coiffé d'un toit en fausse mansarde. Une arche en pierre, ornée de symboles et de sinogrammes et coiffée d'un toit retroussé ornementé, s'élève à proximité et ferme la rue piétonnière longeant la majorité des bâtiments du site.

Le site patrimonial occupe un secteur du quartier chinois établi principalement le long de la rue De La Gauchetière Ouest, entre la rue Jeanne-Mance au sud-ouest et la rue Saint-Urbain au nord-est. Il est situé dans l'arrondissement Ville-Marie de la Ville de Montréal.

Ce bien est classé site patrimonial.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2023-07-20
Prise d'effet : 2022-01-24

Catégories de conservation

  • 2 - Extérieur supérieur
  • 8 - Terrain supérieur
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2022-01-21
  • Proposition de statut national, 2021-05-06
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial du Noyau-du-Quartier-Chinois présente un intérêt pour sa valeur historique. Il constitue un témoin privilégié du développement du faubourg Saint-Laurent à partir de la première moitié du XIXe siècle, alors que Montréal connaît une croissance importante. Les bâtiments, dont plusieurs comptent parmi les plus anciens du quartier, rappellent les différentes phases de développement du secteur, notamment sa densification et son industrialisation dans les dernières décennies du XIXe siècle et l'établissement des communautés juive et chinoise au tournant du XXe siècle. Par ailleurs, le site témoigne de l'implantation de services et d'associations de soutien de la communauté chinoise, leur permettant de faire face à un contexte socio-économique pénible et engendré notamment par des mesures discriminatoires. Ce secteur névralgique est en outre l'un des mieux conservés du quartier chinois, qui est le seul Chinatown historique significatif préservé au Québec et dans l'Est du Canada. Le site est encore fortement lié à la communauté sino-montréalaise;

Le site patrimonial présente également un intérêt pour sa valeur architecturale. Il est composé de plusieurs bâtiments construits vers le milieu du XIXe siècle, alors que le faubourg Saint-Laurent se densifie et attire une petite bourgeoisie formée de commerçants et d'entrepreneurs prospères. La plupart des bâtiments sont en pierre et témoignent de l'influence de l'architecture classique. Les toits mansardés ou en fausse mansarde rappellent le choix logique de cette forme de toit lorsque les besoins d'espace habitable croissent, à la fin du XIXe siècle. Plusieurs éléments ajoutés au fil du temps, notamment les annexes arrière en brique, font écho aux changements de fonctions qui ont touché les bâtiments et à la nécessité de les adapter. Cet ensemble est donc un témoignage éloquent de l'évolution de l'architecture du faubourg Saint-Laurent depuis près de deux siècles.

Le site patrimonial présente aussi un intérêt pour sa valeur urbanistique. Ce secteur, qui a échappé aux grands projets qui ont modifié le centre-ville au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, témoigne de la trame et du bâti anciens de Montréal. Les immeubles s'élèvent sur trois ou quatre étages et ont une densité relativement grande. La majorité d'entre eux sont mitoyens ou séparés par des passages étroits. Cette typologie marque fortement l'identité visuelle du quartier chinois où les édifices, occupés par des commerces au rez-de-chaussée et des espaces résidentiels aux étages, se succèdent le long des artères principales.

Le site patrimonial présente en outre un intérêt pour sa valeur emblématique. Des éléments architecturaux, des enseignes et des inscriptions figurant sur les façades des bâtiments témoignent de la présence de la communauté chinoise dans le secteur. L'arche s'élevant sur la rue De La Gauchetière Ouest, constitue le principal emblème à cet égard.

Le site patrimonial présente de plus un intérêt pour sa valeur sociale. La population démontre un attachement profond envers les témoins de la présence de la communauté chinoise à Montréal et au Québec. Déjà, à la fin des années 1970, la mobilisation citoyenne provoquée par l'aménagement du complexe Guy-Favreau avait entraîné le classement de l'église de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit et de son presbytère. La perception de menaces pesant sur le secteur au printemps 2021 a donné lieu à une nouvelle mobilisation en faveur de sa préservation.

Source: Ministère de la Culture et des Communications, 2023.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial du Noyau-du-Quartier-Chinois liés à ses valeurs historique, architecturale, urbanistique, emblématique et sociale comprennent, notamment :
- sa situation dans le secteur ouest du quartier chinois, principalement le long d'un tronçon piétonnier de la rue De La Gauchetière Ouest entre les rues Saint-Urbain et Jeanne-Mance, dans l'arrondissement Ville-Marie de la ville de Montréal;
- la présence de dix immeubles et structures, soient l'église de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit, le presbytère de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit, l'ancienne manufacture de cigares S. Davis and Sons, l'édifice de l'École-Britannique-et-Canadienne-de-Montréal, les quatre immeubles ayant façade sur la rue De La Gauchetière Ouest, entre la rue Saint-Urbain et l'édifice de l'École-Britannique-et-Canadienne-de-Montréal, l'immeuble sis au 1002-1006 de la rue Saint-Urbain, ainsi que l'arche de pierre de la rue De La Gauchetière Ouest, à proximité de la rue Jeanne-Mance;
- la relation entre les bâtiments et les composantes du site, dont la mitoyenneté de plusieurs édifices;
- les volumes, dont les plans rectangulaires ou en « L », les élévations de trois ou quatre étages, les toits mansardés, en fausse mansarde ou plats, le toit à deux versants droits de l'église, les annexes arrière;
- les saillies, dont les balcons, les oriels (dont certains à colombage), les avant-corps (dont celui en hémicycle surmonté d'un balcon) et le clocher;
- les matériaux, dont la pierre de taille des façades et de certains murs latéraux, ainsi que la brique des parements de certaines façades, de murs latéraux et arrière ou des annexes, les toitures métalliques, la toiture d'ardoise;
- les ouvertures, dont les lucarnes (notamment cintrées, à pignon et à arc surbaissé), les fenêtres rectangulaires à trois sections ou à guillotine, les fenêtres cintrées ou à arc surbaissé, les anciennes portes cochères et les soupiraux rectangulaires, les portails cintrés ou à arc surbaissé;
- les ornements, dont les chambranles en bois ou en pierre de taille, les linteaux et les bandeaux en pierre, les chaînes d'angle, les corniches à modillon, les corbeaux, les pilastres doriques, le fronton doté d'une niche;
- les éléments évoquant l'architecture chinoise, dont les faux linteaux retroussés, les rehauts de peinture rouge ou jaune ainsi que les inscriptions en caractères chinois;
- les enseignes et les inscriptions en caractères chinois, dont l'enseigne lumineuse de l'édifice de l'École-Britannique-et-Canadienne-de-Montréal;
- l'arche en pierre, dont son toit retroussé en trois parties recouvert de tuiles en terracotta ornementées, sa corniche à consoles, ses symboles gravés dans la pierre et ses sinogrammes.

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Informations historiques

Le site patrimonial du Noyau-du-Quartier-Chinois occupe un territoire situé dans l'ancien faubourg Saint-Laurent. Au XVIIIe siècle, le nom de faubourg Saint-Laurent désigne le secteur au nord des fortifications de la ville de Montréal. À partir du début du XIXe siècle, ce territoire s'urbanise et se densifie rapidement.

Alors qu'en 1825, la population est essentiellement canadienne française, des vagues d'immigration transforment rapidement le quartier. Une petite bourgeoisie anglo-protestante s'installe notamment dans le secteur, de même qu'une communauté juive d'origine européenne. C'est à cette époque que l'édifice de l'École-Britannique-et-Canadienne-de-Montréal est érigé. Financée par des membres de l'élite locale, cette école destinée aux enfants des classes défavorisées est construite en 1826 selon des plans offerts gratuitement par l'architecte James O'Donnell (1774-1830), auteur notamment des plans de la basilique Notre-Dame, en construction à ce moment.

Les bâtiments du site implantés sur ce même îlot urbain sont pour la plupart érigés au milieu du XIXe siècle afin de servir de résidence à des commerçants et des membres de la bourgeoisie. C'est notamment le cas de la maison Catherine-Smith-Perry, construite vers 1846, et de la maison Joseph-Barsalou, érigée vers 1857. Durant la deuxième moitié du siècle, ces immeubles deviennent des maisons de chambres, ou sont occupés par des commerces au rez-de-chaussée et par des locataires aux étages. L'industrialisation du quartier à cette époque a pour effet un déplacement des classes aisées vers d'autres secteurs plus à l'ouest, tandis qu'une population composée de journaliers, d'immigrants, de petits artisans et d'employés de bureau s'y installe.

À la fin du XIXe siècle, les industries du tabac et de la transformation alimentaire marquent le développement du quartier. En 1884, l'entreprise S. Davis & Sons acquiert l'ancien lieu de culte de la Free Church of Scotland, construit à côté de la British and Canadian School en 1847. Le bâtiment est complètement transformé pour devenir une manufacture de cigares, mais conserve néanmoins les murs latéraux en pierre de l'église. L'ancienne école voisine est elle aussi utilisée à des fins industrielles et manufacturières à partir de 1894, notamment par des entreprises d'importation d'aliments.

Le faubourg Saint-Laurent attire un grand nombre d'immigrants au tournant du XXe siècle en raison de ses logements à faible coût. Deux communautés en particulier s'établissent dans le quartier à cette époque, soit une nouvelle communauté juive originaire surtout d'Europe de l'Est, et la communauté chinoise qui s'établit d'abord autour de La Gauchetière, entre Saint-Laurent et l'actuelle rue Jeanne-Mance. La présence chinoise sera de plus en plus marquée au fil des décennies suivantes. Parmi les jalons importants de l'établissement de cette communauté sur le territoire figurent notamment l'aménagement de l'Hôpital chinois en 1920 (110-112, rue De La Gauchetière Ouest) et l'occupation du bâtiment voisin par le club Zhigongtang à partir de la même période.

En 1957, la mission catholique chinoise du Saint-Esprit s'installe dans l'ancienne Église Sécessionniste d'Écosse, bâtie en 1834 et 1835 puis occupée notamment par les Sulpiciens à partir de 1864. La mission occupe également le presbytère voisin, érigé entre 1840 et 1845.

L'édifice de l'école est acquis en 1963 par la famille Lee, propriétaire de l'entreprise Nouilles Wing Ltee qui utilise le bâtiment comme usine de production à partir du milieu des années 1960.

À la fin des années 1970, la mobilisation citoyenne provoquée par l'aménagement du complexe Guy-Favreau entraîne le classement de l'église de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit et de son presbytère. La perception de menaces pesant sur le secteur au printemps 2021 a donné lieu à une nouvelle mobilisation en faveur de sa préservation.

Le site et deux immeubles sont classés en 2023.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • rue Côté
  • rue De La Gauchetière Ouest
  • rue Saint-Urbain

Latitude :

  • 45° 30' 23.141"

Longitude :

  • -73° 33' 38.862"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 179 549
  • Lot 1 179 550
  • Lot 1 179 551
  • Lot 1 180 561
  • Lot 1 180 562
  • Lot 1 180 570
  • Lot 1 180 572
  • Lot 1 180 577
  • Lot 1 180 580
  • Lot 1 284 331
  • Lot 1 284 553
  • Lot 2 863 401
  • Lot 2 863 402
  • Lot 2 863 403

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