Site patrimonial de l’Ancien-Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville

Le site patrimonial de l'Ancien-Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville est un ensemble conventuel de tradition catholique érigé à partir de 1933. L'ensemble comprend quatre ailes rectangulaires ceinturant un préau de forme carrée, ainsi qu'une chapelle de plan carré appuyée perpendiculairement à l'aile nord-est et encadrée de bas-côtés. Trois ailes – sud-est, nord-est et sud-ouest - présentent une élévation de trois étages incluant le sous-sol et sont coiffées d'un toit plat traité en fausse mansarde. L'aile nord-ouest, à l'arrière, est dotée de deux étages et est coiffée d'un toit terrasse. Une tour-clocher plus haute est implantée à la jonction de la chapelle et de l'aile nord-est. Le monastère présente un parement en brique de couleur chamois et une couverture de cuivre à baguettes. L'entrée principale est située dans l'avant-corps central de l'aile sud-est et comporte un portail cintré à voussures doté d'une porte à double vantail et d'un tympan vitré.

Le monastère est implanté en retrait de la voie publique. Le parterre avant, doté d'une voie véhiculaire en hémicycle, est gazonné et planté d'alignements et de massifs d'arbres. Le préau présente aussi des espace gazonnés, un monument religieux, un arbre ainsi que des arbustes et autres plantes ornementales. Divers aménagements paysagers et jardins d'ornement occupent les terrains latéraux et arrière, dont un jardin de recueillement, un jardin méditerranéen et un ruisseau sec, plantés d'arbres, d'arbustes et de vivaces ornementales. Un mur de brique, des clôtures et des alignements de conifères ceinturent le lot. De petits bâtiments, dont un ermitage et une remise, ainsi que des monuments religieux et de petites structures comme un pont et des portails en bois, ponctuent le site. L'ensemble est situé près du fleuve Saint-Laurent, au coeur de la ville de Berthierville.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur des bâtiments, de même qu'au terrain, aux aménagements paysagers, aux monuments et aux autres structures s'élevant sur le site. Le monastère est aussi classé immeuble patrimonial.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Site patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2019-12-19 Prise d'effet : 2019-04-29
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2019-04-29
Inventorié	--
Ordonnance ministérielle échue	--	Ministre de la Culture et des Communications
Statuts antérieurs Sous ordonnance ministérielle, 2019-04-04, Prise d'effet : 2019-04-04

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Le site patrimonial de l'Ancien-Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cet ensemble témoigne de la présence au Québec des Moniales dominicaines, une communauté religieuse contemplative fondée par saint Dominique au XIIIe siècle en France. Elles s'installent à Berthierville à l'initiative du père dominicain Émile-Alphonse Langlais en 1925. Elles figurent ainsi parmi la quarantaine de nouvelles communautés religieuses apparues au Québec entre 1915 et 1940. Les Moniales dominicaines ont résidé dans ce monastère de 1934 à 2012. Elles ont accueilli la population locale dans leur chapelle conventuelle et ont pu compter sur ses dons pour assurer leur subsistance ou financer les travaux visant à compléter la construction du monastère. Le monastère des Moniales dominicaines est le premier établissement de cette communauté au Québec et au Canada. Il constitue en outre un des rares monastères subsistants de religieuses contemplatives érigés au XXe siècle hors des grands centres urbains.

Le site présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Bâti à partir de 1933, ce monastère est un ensemble de style néoroman d'esprit beaux arts. Construit en quatre phases échelonnées sur plus de trente ans, il présente néanmoins une grande homogénéité, obtenue grâce au maintien des principales caractéristiques des plans initiaux lors des phases de construction subséquentes. Le monastère est représentatif de l'architecture monastique traditionnelle, caractérisée notamment par le cloître construit autour du préau, organisation peu courante au Québec au XXe siècle. Malgré cet ancrage dans la tradition, le langage architectural, les techniques et les matériaux utilisés pour la construction sont résolument modernes. Le monastère témoigne aussi de l'architecture des bâtiments des ordres mendiants qui est caractérisée par une règle de simplicité et de pauvreté. L'ornementation du bâtiment est très sobre. Elle est constituée essentiellement de contrastes de couleurs et de textures de matériaux ainsi que de symboles religieux tels que la croix ou de symboles de la communauté. La valeur architecturale du bâtiment repose aussi sur son association avec Joseph-Albert LaRue (1891-1985), l'architecte qui a conçu les plans originaux du bâtiment. LaRue est l'auteur de plusieurs bâtiments religieux au Canada, notamment pour les Dominicains, pour qui il conçoit, entre autres, des monastères à Québec et à Montréal. Contrairement à la plupart des réalisations de LaRue, l'état d'authenticité du monastère de Berthierville est remarquable.

Le site présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. La propriété est un exemple remarquable d'ensemble aménagé pour une communauté religieuse contemplative établie en milieu non urbain. L'aménagement du monastère autour d'un préau carré illustre la persistance de traditions monastiques médiévales. Ce préau se caractérise par une grande simplicité et un caractère dépouillé, répondant ainsi aux préceptes de modestie de la communauté. Plusieurs éléments, dont le mur de clôture en briques du côté sud-ouest, les haies et les alignements serrés d'arbres formant des écrans témoignent des efforts mis pour s'isoler du contexte environnant. Les jardins d'agrément présentent un caractère intime, propice au recueillement, et les allées rappellent les besoins de promenade solitaire pour la prière. Les anciens potager et verger, indispensables à la vie des moniales, sont rappelés par des parterres gazonnés. L'ermitage situé dans la cour latérale constitue également un élément important de la vie des religieuses contemplatives. Les arbres et grands arbustes, qui comprennent des spécimens de valeur, confèrent au site une valeur de parc et contribuent à la qualité paysagère du secteur.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Ancien Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville liés à ses valeurs historique, architecturale et paysagère comprennent, notamment :
- l'implantation du monastère sur un grand terrain paysager, en retrait de la voie publique;
- le volume du monastère, dont le plan constitué de quatre ailes disposées autour d'un préau carré ainsi que d'une chapelle de plan carré appuyée perpendiculairement à l'aile nord-est et encadrée de bas-côtés, l'élévation à trois étages incluant le sous-sol (à l'exception de l'aile nord ouest présentant deux étages), le toit plat doté d'une bordure traitée en fausse-mansarde, le toit-terrasse de l'aile nord-ouest, le toit en appentis des bas-côtés de la chapelle, la tour-clocher implantée à la jonction de la chapelle et de l'aile nord-est (notamment le plan carré, la chambre des cloches plus élevée que le reste du monastère, les ouvertures cintrées, la balustrade en fer forgé et le toit en pavillon), les saillies des ailes nord-est et sud-ouest par rapport aux ailes sud-est et nord-ouest, l'avant-corps central de la façade comportant l'entrée principale, la galerie couverte longeant les cinq travées du rez-de-chaussée de l'aile sud-ouest (dont ses supports et garde-corps métalliques), les escaliers en béton avec garde-corps métalliques, la petite annexe d'un étage avec toit en appentis, le clocheton doté d'une croix surmontant l'avant-corps de l'angle est, les contreforts de la chapelle, la souche de cheminée en brique;
- les matériaux, dont le parement de brique chamois, la couverture de cuivre à baguettes, le crépi de ciment du sous-sol, les éléments architecturaux et ornementaux en bois, en pierre, en cuivre ou en fer forgé;
- les ouvertures, dont les trois ouvertures à arc surbaissé du centre de l'aile nord-ouest (ouvrant un passage entre le préau et la cour arrière), les portails cintrés à voussures (dotés de portes à double vantail et à vitrage surmontées d'un tympan cintré et vitré), les portes à simple vantail surmontées de tympans cintrés et vitrés, les fenêtres carrées du sous-sol, les fenêtres cintrées à guillotine et à carreaux du rez-de-chaussée, les ouvertures rectangulaires à guillotine et à carreaux de l'étage supérieur, les fenêtres cintrées formant des serliennes, les fenêtres en arc en mitre, la fenêtre à la serlienne avec arc en mitre, les fenêtres carrées de l'aile nord-ouest (certaines groupées formant un rectangle de proportion horizontale);
- les éléments ornementaux extérieurs, dont les mâchicoulis, le parapet à fronton surmonté d'une croix couverte de cuivre, l'arcade aveugle de l'aile nord-ouest, la corniche à modillons, les écussons, les motifs de croix, les appuis en pierre (dont un supporté par des corbeaux), la niche, les angles du bâtiment traités en creux;
- le parterre avant, dont la voie véhiculaire en hémicycle, l'allée centrale rectiligne, l'alignement sur une rue d'érables argentés et de pins sylvestres, le massif d'épinettes de Norvège et de mélèzes;
- l'accès véhiculaire latéral est, en poussière de pierre;
- le préau, dont son aménagement sobre, le sentier curviligne, le monument à Notre-Dame-du-Rosaire, l'épinette bleue, les arbustes et autres plantes ornementales, de même que les espaces gazonnés;
- le jardin de recueillement, dont la statue de saint Joseph et de l'Enfant Jésus, les arbustes et les vivaces;
- l'ancien potager et l'ancien verger aménagés en parterres gazonnés et ombragés par de grands arbres (dont des érables argentés et un tilleul européen);
- l'emplacement de l'ancien cimetière, entouré d'érables argentés et d'une haie de cèdres et d'hydrangées;
- l'ermitage abrité sous un chêne rouge;
- le hangar;
- le jardin des hôtes à l'est du terrain, dont l'alignement de cèdres, les grands arbres en pourtour (dont des érables argentés, des frênes et des épinettes de Norvège) et la rocaille;
- le jardin méditerranéen avec colline et bassin de nénuphars;
- le ruisseau sec, dont les portails en bois et le pont arqué;
- les autres aménagements, dont les allées rectilignes et les sentiers sinueux, le mur de brique, les clôtures opaques et les alignements importants de conifères (notamment d'épinettes de Norvège et de pins sylvestres) en bordure de lot, les plantations serrées d'arbres en rangées (dont des bouleaux jaunes, des érables à sucre, des frênes et des chênes), les parterres gazonnés, les nombreux arbustes ornementaux et les platebandes de vivaces.

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Le site patrimonial de l'Ancien-Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville est aménagé pour une communauté dont les origines remontent au XIIIe siècle, en France. Les Moniales, qui suivent la règle de saint Augustin, consacrent leur vie à la prière.

En 1900, le père dominicain Émile-Alphonse Langlais élabore un projet de fondation d'un monastère de Moniales dominicaines au Canada. En juin 1925, six religieuses quittent leur monastère de Prouilhe, en France, pour venir s'établir à Berthierville. Elles occupent d'abord une maison offerte par Claire Tranchemontage-Pelland (1878-1925), voisine du site actuel. Le monastère de Berthierville, placé sous la protection de Notre-Dame du Rosaire, est érigé canoniquement le 29 juin 1925.

Peu de temps après son établissement à Berthierville, la communauté s'accroît et songe à la construction d'un monastère. Le 17 octobre 1931, elles acquièrent à cette fin la terre d'un cultivateur. La propriété possède un arpent et trois quarts de largeur par quarante arpents de profondeur. En 1933, les Moniales dominicaines confient à Joseph-Albert LaRue (1891-1985), architecte officiel des Pères dominicains, la réalisation des plans de leur futur monastère, inspiré de celui de Prouilhe.

La composition particulière du sol entraîne des risques importants d'affaissement et d'enfoncement des bâtiments. LaRue consulte la firme d'ingénieurs-conseils Beaulne et Léonard, qui recommande l'utilisation des pieux Franki, présentant une grande capacité portante à un coût relativement bas.

La première section du monastère est érigée en 1933 et 1934 par les entrepreneurs en construction Mousseau et Tellier de Berthierville et la firme Beaulne et Léonard. Seulement la partie ouest de la façade, incluant le portail d'entrée, est construite à ce moment, possiblement pour des raisons financières. Les Moniales emménagent en avril 1934 dans leur nouveau monastère et se départissent de l'ancienne résidence de Claire Tranchemontagne-Pelland en octobre 1937.

La façade du monastère est complétée en 1941. La partie ajoutée à l'est se termine par un avant-corps qui abrite une entrée accessible au public donnant accès à la nouvelle chapelle.

En 1949, les moniales font appel à la charité du public pour poursuivre la construction de leur monastère, par l'ajout de l'aile sud-ouest, aussi réalisée selon les plans de LaRue. C'est aussi durant cette campagne de travaux que le cimetière des religieuses, aménagé d'abord en 1934, est relocalisé derrière le monastère.

Au fil des ans, divers travaux d'aménagement sont effectués sur le site, afin de préserver son aspect privé. Par exemple, le jardin des religieuses est ceint d'une palissade, remplacée du côté ouest par un mur de brique avant 1957. Des potagers sont aussi aménagés sur le terrain pour répondre aux besoins alimentaires de la communauté.

Près de trente ans après la construction de la première partie du monastère, les moniales entreprennent de compléter le bâtiment tel que prévu en 1933 par l'architecte LaRue. Une campagne de souscription est réalisée en 1962 et 1963 pour financer les travaux qui comptent la construction du choeur des religieuses, celle de l'aile sud-est et de même que celle de l'aile nord-ouest, qui ferme le préau.

En 1974, le jardin des hôtes est aménagé sur une parcelle de terrain nouvellement acquise par la communauté, l'hôtellerie gagnant en importance dans la mission des moniales. En 1992, une nouvelle parcelle de terrain est acquise de manière à préserver l'intimité des religieuses, et un jardin méditerranéen y est aménagé.

En raison du nombre décroissant de religieuses, les Moniales dominicaines quittent leur bâtiment en 2012 et déménagent à Shawinigan.

Le site patrimonial de l'Ancien-Monastère-des-Moniales-Dominicaines-de-Berthierville est classé en 2019. Le monastère lui-même est classé immeuble patrimonial au même moment.

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