Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Château Zoé-Turgeon

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Château Richard

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • L'Ange-Gardien

Date :

  • 1906 (Conception des plans)
  • 1906 – 1907 (Construction)

Usage :

  • Fonction résidentielle (Maisons rurales et urbaines)

Éléments associés

Groupes associés (1)

Personnes associées (7)

Voir la liste

Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le château Zoé-Turgeon est une résidence bourgeoise érigée en 1906 et 1907. Le bâtiment présente un plan irrégulier plutôt compact comportant de hautes fondations en pierre, deux étages également en pierre et un étage supplémentaire formé de la haute toiture à pentes multiples couverte de tôle traditionnelle. Le volume de la maison est caractérisé par de nombreux éléments en saillie, dont une tour polygonale semi hors œuvre à l'angle sud, deux oriels sur les élévations latérales ainsi qu'une galerie couverte à deux étages en façade. Le toit est percé de deux pignons au sommet des oriels et d'une lucarne à fronton triangulaire. L'ornementation est composée, entre autres, d'arcs en pierre au-dessus des ouvertures, d'une corniche à consoles, des boiseries élaborées de la galerie, d'une crête faitière et d'épis de faitage.

Le château Zoé-Turgeon s'élève en retrait de l'avenue Royale, sur un terrain végétalisé de dimension moyenne, dans un secteur urbanisé de la municipalité de L'Ange Gardien. Les limites du terrain sont délimitées par une grille en fonte à l'avant, et des rangées d'arbres à l'ouest et au nord. Une ancienne fontaine agrémente le terrain.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'intérieur et l'extérieur du bâtiment, ainsi qu'au terrain.

Plan au sol :

Carré

Nombre d'étages :

2 ½

Saillies :

  • Balcon
  • Galerie
  • Tourelle

Fondations :

  • Pierre

Toit :

  • Forme : En pavillon
    Matériau : Tôle à la canadienne

Porte principale :

  • bois, à panneaux et vitrage, à battants

Fenêtre(s) :

  • à arc surbaissé, À battants, à moyens ou grands carreaux

Lucarne(s) :

  • À fronton

Éléments architecturaux :

  • Aisseliers
  • Balustrade en bois
  • Colonne
  • Corniche à consoles
  • Corniche à denticules
  • Crête faîtière
  • Linteau

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-03-26
Prise d'effet : 2023-11-23

Catégories de conservation

  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 12 - Potentiel archéologique significatif
  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 9 - Terrain notable

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 2020-12-22
 
Inventorié --
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

Le château Zoé-Turgeon présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Propriétaire du terrain depuis 1891, Zoé Turgeon commande les plans de la résidence, finance sa construction et l'occupe jusqu'à son décès. Née à Québec, Zoé Turgeon est une personnalité d'affaires notamment dans le domaine manufacturier de la région au tournant du XXe siècle, alors que très peu de femmes entrepreneures sont actives. Elle travaille seule ou avec son mari, Louis Richard, une autre personnalité d'affaires de la région. En 1906, une partie des activités de Zoé Turgeon se déroule dans le hameau du Petit-Pré. C'est dans ce contexte qu'elle y fait bâtir l'imposante demeure et aménager le terrain avec soin. Le couple habite la maison jusqu'à la fin de leurs jours. Le château témoigne aujourd'hui de la réussite d'une femme d'origine modeste dans le monde de l'entrepreneuriat québécois du début du XXe siècle.

Le château Zoé-Turgeon présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Il s'agit d'une œuvre résidentielle majeure d'Eugène-Michel Talbot. Architecte prolifique, ce dernier dessine près d'une centaine de projets, dont plusieurs résidences bourgeoises pour des personnalités de la région de Québec. Parmi cet ensemble, le château Zoé-Turgeon se démarque nettement pour ses qualités formelles et constructives. D'abord, le bâtiment, érigé en 1906 et 1907, s'inscrit dans le courant de l'éclectisme. L'utilisation d'un vocabulaire architectural inspiré de différentes époques est typique de ce courant qui réunit une pluralité d'éléments dans une recherche de monumentalité et d'effets visuels nouveaux. Le château Zoé-Turgeon en est un bon exemple avec sa haute toiture à pentes multiples, son volume aux nombreuses saillies, les boiseries élaborées de sa galerie et sa crête faîtière. Ensuite, la résidence se démarque par son mode de construction combinant des composantes traditionnelles et modernes. La structure de la maison est faite d'une maçonnerie portante de pierres et de composantes en acier (poteaux et poutrelles), ce qui est alors peu commun pour une résidence privée. Enfin, le château Zoé-Turgeon présente une mécanique et des commodités modernes, notamment son système de chauffage central, son réseau électrique complet et son système de ventilation. Au moment de sa construction, le bâtiment conçu par l'architecte Talbot est en phase avec les meilleures pratiques de l'architecture résidentielle québécoise.

Le château Zoé-Turgeon présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur ethnologique. Il est très évocateur du mode de vie de la bourgeoisie du début du XXe siècle. Ce mode de vie est alors à son apogée. D'une part, par son raffinement architectural, le château illustre la réussite financière et sociale de sa propriétaire constructrice, Zoé Turgeon. D'autre part, le plan de la résidence spatialise ce mode de vie très hiérarchisé avec ses pièces d'apparat destinées à l'accueil des visiteuses et visiteurs au rez-de-chaussée, ses pièces de vie pour les occupantes et occupants concentrées à l'étage ainsi que ses espaces de circulation destinés au personnel de la maison. Ce type de division apparaît vers le milieu du XIXe siècle et il se poursuit jusqu'aux années 1930. La résidence comprend également un bureau avec son entrée indépendante pour l'administration des affaires. Contrairement à plusieurs autres maisons de la même époque, le château Zoé-Turgeon n'a pas subi de modification majeure, ce qui en fait un témoin éloquent du quotidien d'une famille bourgeoise. Le terrain du château conserve des traces des aménagements anciens, notamment sa grille en fonte fermant le terrain à l'avant, sa fontaine et son allée véhiculaire.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2024.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du château Zoé-Turgeon, liés à ses valeurs historique, architecturale et ethnologique, comprennent notamment :
- son implantation en retrait de la voie publique dans la municipalité de L'Ange-Gardien;
- son grand terrain dégagé et végétalisé, incluant une grille en fonte, une fontaine et les traces d'une ancienne allée véhiculaire;
- sa construction, dont les fondations de pierres exhaussées par rapport au niveau du sol, la structure faite d'une maçonnerie de pierres et de briques ainsi que d'éléments porteurs en acier, la charpente massive de bois;
- son enveloppe extérieure, dont le parement de pierres à bossage, les détails architecturaux de pierres calcaires taillées, la couverture en tôle traditionnelle, les fenêtres à arc surbaissé et à battants avec contre-fenêtres ainsi que leurs quincailleries, les portes massives de bois à détails menuisés, l'ornementation élaborée comprenant les boiseries de la galerie, la corniche à consoles en tôle, la crête faitière, les épis de faitage;
- son organisation intérieure, dont la hiérarchisation des pièces d'apparat au rez-de-chaussée (salon, salle à manger) et des pièces de vie pour les occupantes et occupants concentrées à l'étage (chambres);
- ses trois accès, soit l'entrée principale en façade, l'entrée secondaire sur l'élévation ouest et l'entrée de service au sous-sol;
- ses deux systèmes de circulation verticale, soit l'escalier principal accessible depuis le hall et l'escalier de service dans la partie arrière de la maison;
- ses éléments intérieurs, dont le plâtre sur lattes des murs et des plafonds, les lambris de bois dans la partie inférieure de certains murs, les rosaces au plafond, les planchers de bois franc, les boiseries élaborées (chambranles, escalier principal, portes, arches décoratives, volets), la quincaillerie et les appareils d'éclairage anciens, les vitraux.

Haut de la page

Informations historiques

Zoé Turgeon (1849-1925) et son époux Louis Richard (1852-1924) sont deux personnalités d'affaires importantes de la région de Québec au tournant du XXe siècle. Dans les années 1870, Louis Richard établit une manufacture de fourniture de carton-cuir pour les bottes et les chaussures. Sa compagnie, la Richard et Cie, établit d'autres lieux de production au fil des ans, notamment dans le secteur Les Saules (Québec) et au hameau du Petit-Pré (L'Ange-Gardien et Château-Richer). L'entreprise emploie une cinquantaine d'ouvriers au début des années 1910. Zoé Turgeon collabore à l'entreprise de son mari. Elle fait aussi des investissements personnels, notamment dans le domaine immobilier.

Zoé Turgeon acquiert de l'homme d'affaires Elzéar Alain le lot no 5 du cadastre de la paroisse de L'Ange-Gardien en 1891. Le lot de 17 perches (85,5 m) de front par une lieue et demie (7242 m) de profondeur comprend une maison. C'est sur ce lot que Zoé Turgeon fera construire une luxueuse résidence quelques années plus tard. Zoé Turgeon et Louis Richard possèdent également une résidence à Québec ainsi qu'une autre à Château-Richer.

En 1906, Zoé Turgeon mandate l'architecte Eugène-Michel Talbot (1858-1917) pour dessiner les plans d'une spacieuse résidence pour remplacer la maison existante sur le lot no 5. Turgeon et Richard connaissent l'architecte puisque celui-ci habite L'Ange Gardien. Par ailleurs, Talbot est reconnu à Québec pour ses plans d'habitations bourgeoises. Dès avril 1906, les plans et devis sont complétés. Un marché de construction est signé le 2 juin 1906 chez le notaire Charles-Odilon Grenier. Zoé Turgeon engage les entrepreneurs François Parent pour la maçonnerie, Louis Hyacinthe Peters pour la menuiserie, Napoléon Barbeau pour la couverture, Charles Vézina pour la plomberie et la Société Marier et Tremblay pour la peinture.

Le bâtiment conçu par Talbot présente une architecture très élaborée. Il s'apparente aux grandes résidences bourgeoises individuelles qu'on retrouve à la même époque au Québec par son style éclectique et son ornementation riche. La maison se démarque par sa maçonnerie de pierres et de briques, ses boiseries, ses oriels et sa tour polygonale semi-hors-œuvre. Par ailleurs, la résidence est très moderne pour l'époque, avec notamment sa structure intégrant des colonnes et des poutres d'acier, l'électricité, l'alimentation en eau chaude ainsi que son système de chauffage central. Son aménagement intérieur répond aux attentes de la bourgeoisie avec ses grandes pièces d'apparat au rez-de-chaussée et les espaces familiaux à l'étage. En raison de son luxe, la maison est connue sous l'appellation de « château Richard ». Un aménagement paysager, qui comprend une fontaine et une grille de fonte, accompagne le bâtiment.

Louis Richard et Zoé Turgeon habitent la maison jusqu'à leur décès survenu respectivement en 1924 et 1925. En vertu de son testament, Zoé Turgeon mandate son exécuteur testamentaire pour vendre la propriété de L'Ange-Gardien et remettre le profit à ses filleuls.

Télesphore Simard (1878-1955), homme d'affaires et maire de Québec, acquiert la maison en 1925. Simard fait de la maison sa résidence secondaire. En 1928, Simard revend sa propriété à l'abbé Joseph Charles Auger (1871-1946). Le religieux aménage une chapelle dans une pièce de la maison, et il accueille des résidents des environs pour des cérémonies religieuses. Au décès d'Auger, la maison est vendue à Arsène Bureau (1920-1987) qui y habite et y tient des activités sociales. Des soirées de danse et des réceptions de mariages ont notamment lieu dans l'immeuble. Ces activités permettent aux résidents de la Côte-de-Beaupré d'entrer dans la luxueuse résidence de l'avenue Royale. En 1984, la maison est vendue et sa fonction résidentielle est maintenue.

Le château Zoé-Turgeon conserve ses principales caractéristiques de l'époque pendant laquelle le couple Turgeon et Richard y résidait.

Le château Zoé-Turgeon est classé en 2024.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • La Côte-de-Beaupré

Municipalité :

  • L'Ange-Gardien

Adresse :

  • 6983, avenue Royale

Latitude :

  • 46° 55' 55.3"

Longitude :

  • -71° 3' 54.3"

Désignation cadastrale :

  • Lot 4 440 817

Haut de la page

Chaîne de titres

Date Type d'aliénation De À
1948-04-17 Vente Joseph-Charles Auger (succession) Arsène Bureau
1947-07-01 Succession Joseph Charles Auger Joseph-Charles Auger (succession)
1928-10-20 Vente Télesphore Simard Joseph Charles Auger
1925-05-26 Vente Zoé Turgeon (succession) Télesphore Simard
1925-03-09 Succession Zoé Turgeon Zoé Turgeon (sucession)
1891-07-02 Vente Elzéar Alain Zoé Turgeon

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • CAUCHON, Michel. Le patrimoine bâti de la MRC de la Côte-de-Beaupré. L'Ange-Gardien. s.l. Centre local de développement de la Côte-de-Beaupré, 2005. 20 p.
  • LEFRANÇOIS, Jean-Jacques. Les 300 ans de l'Ange-Gardien (1664-1964). Québec, s.é., 1964. 154 p.
  • LETARTE, Christian. « Le château de madame Richard ». La Coste des Beaux Prés. Vol. 25, no 3 (2021), p. 315.

Multimédias disponibles en ligne :

Numéro du bien :

  • Identifiant municipal : 601

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013