Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Décor peint de la chapelle du Grand-Séminaire-de-Montréal (Présentation de la Vierge au temple)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Montréal

Date :

  • 1906 – 1907 (Production)

Thématique :

  • Patrimoine religieux

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

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Description

En 1906-1907, le peintre Joseph Saint-Charles (1868-1956) réalise cette huile sur toile illustrant "La Présentation de la Vierge au Temple". Au centre de la peinture, l'artiste a représenté la jeune Marie auréolée et vêtue de blanc, symbole de sa virginité. Elle gravit seule les marches de pierre du Temple de Jérusalem, au sommet desquelles l'attend le Grand Prêtre juif. Celui-ci est vêtu de ses amples vêtements sacrés. Coiffé de la Mitznefet, sa tête présente un visage aux traits graves quelque peu adoucis par une large barbe blanche. Debout devant un autel et un candélabre, l'homme est entouré d'une nuée opaque qui occupe entièrement la partie supérieure de la composition. On y distingue treize anges musiciens observant la scène, tandis qu'au centre du groupe, au-dessus du Grand Prêtre, jaillissent des rayons lumineux. Dans la partie inférieure de la composition, en contrepoint à cet espace céleste, prenant place sur un sol carrelé, se distinguent neuf personnages au pied de l'escalier. Dans cet espace terrestre, debout à gauche, se tiennent les parents de la Vierge, sainte Anne et saint Joachim. Leur visage représenté de profil est ombragé, contrastant avec le cercle lumineux qui les nimbe. À droite, parmi un groupe de cinq spectateurs, le futur époux de la Vierge, saint Joseph, se reconnaît à son bâton orné de fleurs de lys blanches. Dans le pan supérieur de l' oeuvre figure cette inscription en latin : « Praeludit meliori quam mox offeret hostiam ». C'est-à-dire que, par sa présentation au Temple, Marie annonce qu'elle offrira bientôt une victime de plus grande qualité, soit celle de son Divin Fils, Jésus Christ.

De très grand format et réalisée en atelier, la peinture a été marouflée sur la voûte de l'abside de la chapelle du Grand Séminaire de Montréal en 1907.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2002.0073

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Montréal

Dimensions :

  • Hauteur : 11 mètre(s)
  • Largeur : 8,4 mètre(s)

Médium :

  • Huile

Support :

  • Toile marouflée

Représentation iconographique :

  • Anges
  • Marie
  • Présentation au temple
  • Saint Joachim
  • Saint Joseph
  • Sainte Anne

Signature :

  • Non signé

Inscription :

au-dessus de l'image : PRAELUDIT MELIORI QUAM MOX OFFERET HOSTIAM

Sujet :

  • Figure
  • Religion

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Situé dans un immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications
 
Inventorié --
 

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Informations historiques

En 1906, tandis que la firme d'architectes Marchand et Haskell effectue des travaux d'agrandissement et de transformation de la chapelle du Grand Séminaire de Montréal, les Sulpiciens commandent à Joseph Saint-Charles la seule peinture devant orner le sanctuaire. En toute confiance, ils font appel à un artiste ayant déjà fait ses preuves auprès de la communauté. En effet, une dizaine d'années plus tôt, Saint-Charles avait produit trois oeuvres pour la chapelle du Sacré-Coeur de l'église Notre-Dame de Montréal, répondant aux exigences du curé Alfred-Léon Sentenne, p.s.s. (1831-1907), à la tête du projet décoratif. Plus encore, le peintre, par ses différents séjours de formation académique, à Paris et à Rome, s'était taillé une solide réputation dans le milieu artistique canadien. À cet égard, rappelons simplement que ses différents succès en Europe, retransmis par la presse canadienne, avaient rapidement fait de lui un artiste-peintre incontournable, comparé à Louis Fréchette (1839-1908) en poésie et à Louis-Philippe Hébert (1850-1917) en sculpture. Enfin, depuis son retour définitif au Canada en 1898, Saint-Charles jouait un rôle actif sur la scène artistique. Il exposait régulièrement ses oeuvres au Salon du printemps de l'Art Association of Montreal, diffusait ses connaissances académiques comme professeur et répondait à de multiples commandes. De surcroît, en 1901, il avait élu associé de l'Académie royale des arts du Canada.

Jouissant d'une notoriété grandissante au pays, Saint-Charles accepte donc la commande des Sulpiciens pour des honoraires de 2 800 $, une somme colossale à cette époque. Il s'engage alors à réaliser une Présentation de la Vierge destinée au mur central du choeur. Après différentes esquisses et études préparatoires, la peinture, réalisée sur toile en atelier, est marouflée en 1907 à la voûte de l'abside située au-dessus du maître-autel, s'intégrant ainsi parfaitement à l'architecture du lieu.

Peinte dans des couleurs lavées afin d'évoquer la fresque, l'oeuvre représente un thème tiré des Évangiles apocryphes. L'épisode a été décrit en ces mots par l'historien de l'art Louis Réau (1881-1961) :

« Quand Marie eut trois ans, ses parents la conduisirent au Temple afin de la consacrer à Dieu. Pour parvenir à l'autel des holocaustes qui se trouvait à l'extérieur du sanctuaire, il fallait monter quinze marches [...]. Marie les gravit toute seule, sans l'aide de personne, et sans se retourner en arrière vers ses parents, comme le font d'ordinaire les enfants de cet âge. »

Pour les Sulpiciens, la consécration de la Vierge au Temple témoigne d'une dévotion associée aux origines de la Compagnie, voire tout particulièrement à son fondateur, Jean-Jacques Olier (1608-1657). De fait, dans la Vie intérieure de la Très-Sainte Vierge, celui-ci fait un arrêt sur l'épisode saint qu'il relate ainsi : « Dieu veut qu'elle marche ainsi seule, sans même s'appuyer sur sa mère, pour montrer que le seul esprit divin la dirigeait; et aussi pour nous apprendre qu'opérant dans nos âmes par sa puissance, il est le vrai supplément de nos infirmités ». Olier insiste sur ce thème qui devient, plus encore, le symbole de la vocation sacerdotale. Sans détour, il précise : « les Clercs contempleront la Vierge se présentant au Temple, comme patronne de la cléricature, et pleine de son esprit, donnant l'exemple de la séparation du siècle et de l'application à Dieu » (Gallat-Morin, 1993, p. 266). Ainsi, pour l'ordre religieux dont la mission est la formation du clergé, le prêtre gravissant les degrés de l'autel est affilié à Marie montant l'escalier du Temple.

Par la commande de ce tableau destiné à l'espace le plus sacré de la chapelle, soit juste au-dessus du maître-autel, les Sulpiciens s'assurent, en somme, de mettre sous les yeux des séminaristes une oeuvre ayant autant une valeur d'exemple qu'une signification à la fois spirituelle et historique.


Auteur : Pierre-Olivier Ouellet, 2014

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Références

Gestionnaires des données :

Univers culturel de Saint-Sulpice

Contributeur de données :

Univers culturel de Saint-Sulpice

Notices bibliographiques :

  • GALLAT-MORIN, Elisabeth. Jean Girard - Musicien en Nouvelle-France : Bourges, 1696-Montréal, 1765. s.l., Septentrion/ Klincksieck, 1993. 350 p.
  • LITALIEN, Rolland, dir. Le Grand Séminaire de Montréal de 1840 à 1990 : 150 années au service de la formation des prêtres. Montréal, Éditions du Grand Séminaire de Montréal, 1990. 462 p.
  • Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF), Université d'Ottawa, Fonds François-Laurin (P51), « Joseph Saint-Charles, peintre canadien 1868-1956 », 1976.

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