Manoir Mauvide-Genest
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- 1451, chemin Royal (adresse avant novembre 2015)
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans
Date :
- 1734 (Construction)
- vers 1738 (Surélévation)
- 1738 – 1746 (Agrandissement)
- vers 1874 (Réaménagement intérieur)
- 1926 – 1927 (Restauration)
- 1929 (Agrandissement)
- 2000 – 2001 (Restauration)
Période :
- Le Régime français (1534 à 1760)
Usage :
- Fonction résidentielle (Manoirs seigneuriaux)
Patrimoine immobilier associé (1)
Plaques commémoratives associées (2)
Personnes associées (9)
- Auger, Lorenzo (1879 – 1942) - Architecte / concepteur(-trice)
- Turcotte, François-Marc - Propriétaire
- Turcotte, Hubert - Propriétaire
- Pouliot, Joseph-Camille (1865 – 1935) - Propriétaire
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le manoir Mauvide-Genest est une ancienne résidence seigneuriale érigée en 1734, probablement surhaussée vers 1738 et agrandie de façon importante avant 1755. Cette imposante demeure en pierre crépie, de plan rectangulaire à deux étages et demi, est coiffée d'un haut toit à croupes. Une chapelle érigée en 1929 est annexée contre le mur pignon ouest. Le manoir Mauvide-Genest est situé sur une vaste propriété boisée, bordée par le fleuve Saint-Laurent et traversée par le chemin Royal. Il est implanté à l'entrée du village de Saint-Jean.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur du manoir, du pavillon d'été et de la remise, ainsi qu'au terrain. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
Le manoir Mauvide-Genest est compris dans le site patrimonial de l'Île-d'Orléans.
Plan au sol :
Rectangulaire
Nombre d'étages :
2 ½
Groupement :
Détaché
Structure :
- Maçonnerie en pierre
Annexes :
- Agrandissement
- Chapelle
Saillies :
- Cheminée
- Entrée de cave
- Perron
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À croupes
Matériau : Bois, bardeaux
Porte principale :
- bois, à panneaux, à imposte
Autre(s) porte(s) :
- bois, à panneaux
Fenêtre(s) :
- Rectangulaire, À battants, à petits carreaux
Lucarne(s) :
- À pignon
Éléments architecturaux :
- Chambranle
- Contrevent
- Linteau
- Portail
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1971-12-08 |
Catégories de conservation
|
|||
Désignation (Canada) | Lieu historique national du Canada | Commission des lieux et monuments historiques du Canada | 1993-01-01 |
Déclaration | Situé dans un site patrimonial | Gouvernement du Québec | |
Valeur patrimoniale
Le manoir Mauvide-Genest présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique en tant que témoin du régime seigneurial. Le manoir est une demeure généralement plus vaste que les autres habitations, servant à la fois de résidence au seigneur et de lieu de perception des cens et rentes. En 1750, Jean Mauvide (1701-1782) devient le procureur du chanoine Joseph-Ambroise Gaillard (1701-1771), seigneur de l'île d'Orléans. En 1752, il acquiert de Gaillard la moitié de la seigneurie comprenant les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Laurent, et accède au titre de seigneur. L'année suivante, il devient également propriétaire de la seigneurie de l'île Madame. Mauvide, qui possède une résidence dans la paroisse de Saint-Jean, l'agrandit de manière à lui donner les dimensions dignes d'un manoir seigneurial. En 1779, Mauvide cède ses deux seigneuries à son gendre René-Amable Durocher (mort vers 1786). Le manoir Mauvide-Genest figure parmi les plus anciennes demeures seigneuriales encore existantes au Québec. De plus, la grande propriété plantée d'arbres, qui se prolonge jusqu'au fleuve Saint-Laurent, rappelle le contexte d'origine du manoir seigneurial. La résidence, autrefois entourée de dépendances (dont deux subsistent), est traversée par l'avenue Royale qui relie toutes les paroisses de l'île d'Orléans. Le manoir Mauvide-Genest constitue un lieu privilégié pour remplir la fonction de Centre d'interprétation du système seigneurial sous le Régime français.
Le manoir Mauvide-Genest présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. La demeure témoigne de l'architecture d'inspiration française. En 1734, l'année suivant son mariage avec Marie-Anne Genest (décédée en 1781), Mauvide se fait bâtir une maison en pierre sur un terrain acheté de son beau-père Charles Genest (1676-1745). Celle-ci aurait été exhaussée d'un étage vers 1738. Elle est agrandie de façon importante vers l'ouest pour devenir manoir avant 1755. La demeure est caractéristique de la tradition française entre autres par sa maçonnerie en pierre crépie, par son haut toit à croupes couvert en bardeaux de cèdre, par ses fenêtres à battants à petits carreaux ainsi que par ses larges souches de cheminée. Au cours du XIXe siècle, le manoir subit l'influence du style néoclassique, introduit dans l'architecture résidentielle au Québec à partir des années 1810. Cette influence se reflète notamment dans les portails en bois et dans les lucarnes à pignon. En 1929, une chapelle d'architecture traditionnelle est annexée du côté est. Le manoir Mauvide-Genest évoque, par son architecture monumentale, l'autorité et le statut social du seigneur sous le Régime français.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du manoir Mauvide-Genest liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son imposant volume, de plan rectangulaire à deux étages et demi, coiffé d'un haut toit à croupes légèrement retroussées;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de pierre crépie ainsi que le parement du mur pignon ouest et la couverture en bardeaux de cèdre;
- la charpente complexe du toit, les deux larges souches de cheminée en pierre et les épis;
- les nombreuses ouvertures disposées régulièrement, dont les fenêtres rectangulaires à petits carreaux au chambranle en bois ou en pierre, les portes en bois à panneaux surmontées d'une imposte vitrée et inscrites dans un portail néoclassique ainsi que les lucarnes à pignon;
- les éléments menuisés, dont la large corniche moulurée et les planches cornières;
- les éléments intérieurs, dont les pièces en enfilade, les cinq foyers, le four à pain au sous-sol, les plafonds à caissons, les moulures et les plinthes ainsi que les portes menuisées;
- les deux dépendances anciennes, soit le pavillon d'été et la remise;
- les composantes de la chapelle latérale en bois de plan rectangulaire à un étage, dont le toit à croupes légèrement retroussées couvert en bardeaux de cèdre, le clocher à une lanterne sur le faîte ainsi que la porte à double vantail encadrée de portails à arc surbaissé et les fenêtres rectangulaires;
- l'annexe récente à l'arrière;
- la relation entre l'édifice et le vaste terrain planté d'arbres se prolongeant jusqu'au fleuve Saint-Laurent;
- la présence d'un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
Informations historiques
Le manoir Mauvide-Genest est l'ancien domaine du seigneur Jean Mauvide (1701-1782). Originaire de Tours, celui-ci découvre la Nouvelle-France alors qu'il est engagé comme chirurgien de navire. Vers 1720, il s'établit sur l'île d'Orléans. Parallèlement à sa pratique de chirurgien, Mauvide entreprend, vers la fin des années 1720, des activités liées au commerce de marchandises. En 1732, il obtient des autorités coloniale son certificat officiel de chirurgien et s'engage, à la même époque, dans la construction de navires.
En 1733, Mauvide épouse Marie-Anne Genest (décédée en 1781). Dès l'année suivante, son beau-père Charles Genest (1676-1745) lui vend une partie de sa terre située dans la paroisse de Saint-Jean, en bordure du fleuve Saint-Laurent. Il y fait ériger en 1734 une maison en pierre à un étage. Vers 1738, il l'aurait fait surhausser d'un étage. Au fil des années, Mauvide s'enrichit grâce à ses activités de négociant. Il acquiert des parts dans une société de pêche au Labrador, fait le commerce du blé et de la farine et participe à des échanges avec les Antilles. Les profits qu'il réalise lui permettent d'agrandir sa propriété, entre 1738 et 1746, par l'acquisition de terres voisines.
Le 1er octobre 1750, Mauvide devient le procureur général du chanoine Joseph-Ambroise Gaillard (1701-1771), alors seigneur de l'île d'Orléans. Cette situation est établie par un bail à ferme signé le 26 février 1751. Ainsi, Mauvide obtient tous les droits et devoirs du seigneur sur l'île, à l'exception du fief d'Argentenay (actuelle paroisse Saint-François). À l'automne 1752, il acquiert de Gaillard la moitié de la seigneurie, comprenant les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Laurent, et accède officiellement au titre de seigneur. L'année suivante, Mauvide devient également propriétaire de la seigneurie de l'île Madame et est nommé chirurgien-major dans les armées du roi. Un document de 1755 témoigne de l'agrandissement de sa résidence, devenue manoir seigneurial.
En 1779, Mauvide cède ses deux seigneuries à son gendre René-Amable Durocher (mort vers 1786). Sa femme et lui se réservent toutefois certains privilèges liés à leur ancien statut de seigneur et seigneuresse ainsi que le droit de demeurer dans le manoir jusqu'à leur mort.
La propriété reste dans la famille Genest jusqu'en 1831, année où elle est acquise par le menuisier et cultivateur François-Marc Turcotte. En 1874, elle passe entre les mains de son fils Hubert, qui effectue bientôt des travaux, dont la division de l'intérieur en plusieurs logements.
En 1926, le manoir en ruines est acheté par le juge Joseph-Camille Pouliot (1865-1935), descendant de la famille Genest. Celui-ci effectue d'importants travaux de restauration en 1926 et 1927 d'après les plans de l'architecte Lorenzo Auger (1879-1942). Il s'agit de l'un des premiers gestes de conservation du patrimoine sur l'île d'Orléans. En 1929, le manoir est agrandi par l'ajout d'une chapelle à l'est et d'une cuisine d'été au nord (démolie). Par ailleurs, le juge Pouliot meuble sa résidence d'antiquités achetées notamment à l'île d'Orléans et au manoir de Berthier. Il constitue ainsi une collection qui forme une sorte de « Musée du terroir ».
Le manoir Mauvide-Genest est classé en 1971. En 1993, il est désigné lieu historique national du Canada. En 1999, l'ancienne résidence seigneuriale est acquise par la Société de développement de la seigneurie Mauvide-Genest et la Fondation des seigneuries de l'île d'Orléans. D'importants travaux de restauration sont réalisés en 2000 et 2001, dont la construction de l'annexe arrière actuelle. De nos jours, le manoir abrite le Centre d'interprétation du système seigneurial sous le Régime français.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- L'Île-d'Orléans
Municipalité :
- Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans
Adresse :
- 4818, chemin Royal
Lieux-dits :
- Saint-Jean-d'Orléans
Latitude :
- 46° 54' 50.853"
Longitude :
- -70° 54' 9.639"
Désignation cadastrale :
- Lot 6 283 192 Ptie
- Lot 6 283 193
- Lot 6 283 649 Ptie
Code Borden
CfEr-6 |
Références
Notices bibliographiques :
- AUGERON, Mickaël, dir., Dominique GUILLEMET, dir., Alain ROY, dir. et Marc ST-HILAIRE, dir. Les traces de la Nouvelle-France au Québec et en Poitou-Charentes. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2008. 308 p.
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- FOURNIER, Martin. Jean Mauvide: de chirurgien à seigneur de l'île d'Orléans. Québec, Septentrion, 2004. 187 p.
- MAJOR, Éric. « Jean Mauvide, un seigneur de l'île d'Orléans (1701-1782) ». Fédération Histoire Québec. Histoire Québec [En ligne]. http://www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol9num2/v9n2_3jm.htm
- NOPPEN, Luc. « Manoir Mauvide-Genest ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 281-282.