Site patrimonial de l’Usine-de-Filtration-Atwater
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Montréal
Municipalité :
- Montréal
Date :
- 1912 – 1918 (Construction)
Thématique :
- Patrimoine industriel
Usage :
- Transport, communication et services publics (Ouvrages de régularisation et de traitement des eaux > Stations de traitement des eaux)
Personnes associées (4)
- Des Baillets, Charles-Jules (1884 – 1949) - Ingénieur(e)
- Atwater, Edwin (1808 – 1874) - Sujet
- Keefer, Thomas Coltrin (1821 – 1915) - Ingénieur(e)
- Janin, Georges (1853 – ) - Architecte / concepteur(-trice)
Carte
Description
Le site patrimonial de l'Usine-de-Filtration-Atwater est un ouvrage de régulation et de traitement des eaux aménagé à partir de 1856. Depuis le milieu du XIXe siècle, l'usine joue un rôle central dans le pompage, le traitement et la distribution de l'eau de la ville de Montréal. Les bâtiments toujours présents sur le site se répartissent en quatre grands blocs fonctionnels répondant aux besoins spécifiques des différentes étapes du traitement de l'eau, soit le complexe de filtration, les réservoirs d'eau, le bâtiment de distribution ainsi que les infrastructures d'accueil et d'administration. Le site comprend un ensemble bâti de style italianisant ainsi que différentes infrastructures spécialisées. Le site occupe un vaste terrain délimité par le canal de l'Aqueduc au nord, l'avenue Atwater et la rue Joseph à l'ouest ainsi que la rue Dupuis au sud.
Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique au terrain (incluant les aménagements paysagers), aux structures et à l'extérieur des bâtiments.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Site patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
2024-10-18
Prise d'effet : 2023-11-01 |
Catégories de conservation
|
|||
Statuts antérieurs
|
|||
Valeur patrimoniale
Le site patrimonial de l'Usine-de-Filtration-Atwater présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Depuis le milieu du XIXe siècle, le lieu joue un rôle central dans le pompage, le traitement et la distribution de l'eau potable de la ville de Montréal. En 1845, les autorités municipales prennent le contrôle du réseau d'aqueduc de la ville afin d'assurer le développement de ce service essentiel lié à la santé et la sécurité publiques. Après le grand incendie de 1852, l'ingénieur Thomas Coltrin Keefer propose la construction d'un canal pour faciliter la distribution de l'eau dans la métropole. En 1854, la Ville achète à cet effet un vaste terrain près de Verdun appartenant aux Sulpiciens. Les premières infrastructures sont mises en service deux ans plus tard. Au cours du XXe siècle, de nombreuses améliorations sont apportées au site pour créer une vaste usine de traitement des eaux. Sous la direction de Georges Janin, une tour de lavage est construite en 1910 et une première galerie de filtration est inaugurée en 1918. À partir de 1922, l'ingénieur Charles-Jules Des Baillets contribue à l'aménagement de plusieurs immeubles, dont la station de pompage, le centre de distribution et la tour d'amorçage des pompes. D'autres améliorations sont effectuées jusqu'au premier quart du XXIe siècle pour moderniser les installations et assurer le bon fonctionnement de l'usine Atwater. Cette dernière est une infrastructure municipale majeure qui rappelle les efforts déployés tout au long des XIXe et XXe siècles pour assurer l'approvisionnement en eau potable à une importante population. En outre, l'usine comporte la plus ancienne station de pompage du réseau d'aqueduc de Montréal encore en fonction.
Le site présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Il comprend un ensemble bâti ainsi que des infrastructures érigées pour les besoins spécifiques des différentes étapes du traitement de l'eau, soit le pompage, la filtration, le traitement, l'emmagasinement temporaire et l'acheminement vers des réservoirs. Aucun site au Québec ne possède de telles infrastructures aussi anciennes. Par ailleurs, malgré le développement du site et la construction de nouveaux bâtiments au fil des ans, le même langage architectural a été employé par les différents concepteurs afin d'unifier l'ensemble. Ainsi, le style italianisant des immeubles évoque notamment les palais et les beffrois érigés à la fin du Moyen-Âge ou à la Renaissance par les principautés et les états italiens. Le volume des bâtiments, la présence de tours, les parements en brique, les toits à versants débordants supportés par de larges consoles, les ouvertures cintrées, les colonnettes, les bandeaux et les appuis en pierre, les frises d'arcature, les contreforts et les lucarnes pendantes en sont une illustration. Le site patrimonial de l'Usine-de-Filtration-Atwater rappelle ainsi la volonté des autorités municipales de projeter une image architecturale de marque et de s'affirmer comme prestataires de services publics offrant des infrastructures collectives de qualité.
Source: Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2024.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Usine-de-Filtration-Atwater liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- l'implantation dans l'arrondissement du Sud-Ouest de la Ville de Montréal, aux limites de l'arrondissement de Verdun et en bordure du canal de l'Aqueduc;
- la forme du terrain et l'organisation de ses infrastructures qui se répartissent en 4 grands blocs fonctionnels, soit le secteur du complexe de filtration avec ses 7 galeries; le pavillon d'entrée et la tour de lavage; les réservoirs souterrains 1, 3 et 7 recouverts d'espaces gazonnés, de même que le portail du réservoir 3 comportant une pierre millésimée de 1911; et le secteur des bâtiments de distribution et de pompage, comprenant les anciennes infrastructures d'accueil et d'administration ainsi que les ateliers, avec la tour d'amorçage des pompes;
- la clôture ornementée en fer forgé qui marque des limites de l'usine de filtration du côté des rues Dupuis, Joseph et Atwater, avec les piliers en brique qui encadrent les portails;
- le portail de la rue Saint-Joseph, avec l'arcade centrale, les tourelles et les vantaux en ferronnerie;
- le volume des bâtiments, leur disposition pavillonnaire, la présence de tours, les toits à croupes et à versants débordants;
- les matériaux, dont les parements en maçonnerie de briques et leurs jeux de couleurs, les éléments en pierre et les couvertures en cuivre;
- les ouvertures de l'ensemble des bâtiments du site, dont les ouvertures cintrées disposées de façon rythmée et groupée par 2 ou 3 et les fenêtres rectangulaires (certaines présentant des carreaux);
- les ornements architecturaux, dont les larges consoles supportant les toits, les colonnes engagées, les pilastres, les bandeaux et les appuis en pierre, les arcs avec volutes au-dessus de certaines ouvertures, les frises d'arcatures, les contreforts et les lucarnes pendantes à 3 baies.
Informations historiques
L'usine de filtration Atwater contribue depuis le milieu du XIXe siècle à la production et la distribution d'eau dans la ville de Montréal.
Des réseaux de distribution de l'eau sont aménagés sur l'île de Montréal par des entreprises privées dès le début du XIXe siècle. À compter de 1845, la Ville de Montréal acquiert la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal afin de municipaliser la desserte en eau potable et développer le réseau. En 1851, la Ville adopte une législation obligeant le raccordement aux services de l'aqueduc afin de répondre aux demandes du Comité du feu, et elle fonde la Commission de l'aqueduc de Montréal.
Le Grand Incendie des faubourgs Québec, Saint-Louis et Saint-Laurent de 1852 affirme la nécessité d'un réseau de distribution d'eau efficace. Deux ans plus tard, la Commission confie la conception d'un système d'aqueduc municipal à l'ingénieur Thomas Coltrin Keefer (1821-1915). L'échevin Edwin Atwater (1808-1874) préside alors la Commission, et ce, jusqu'en 1857. Le projet prévoit l'excavation d'un canal d'une longueur de 2,4 kilomètres afin de puiser l'eau du fleuve Saint-Laurent, en amont des rapides de Lachine, et la conduire jusqu'à l'extrémité nord-est du site Atwater. La municipalité acquiert alors des Sulpiciens un terrain de 32 hectares afin d'y faire ériger une série d'infrastructures, soit le canal de l'Aqueduc, le pavillon des roues, la chaufferie et la salle des machines.
En 1910, l'éclosion de fièvre typhoïde convainc les édiles de la nécessité de filtrer l'eau pour assurer sa salubrité. Mis en oeuvre sous la direction de l'ingénieur Georges Janin, la tour de lavage permet rapidement une filtration de l'eau par le sable. Une première galerie de filtration par hypochlorite de calcium voit le jour en 1918 tout comme un nouveau réservoir pour entreposer l'eau filtrée.
À compter de 1922, l'ingénieur Charles-Jules Des Baillets (1884-1949) dirige un nouveau chantier sur le site de l'usine. Des pompes électriques remplacent les anciennes pompes à vapeur et de nouveaux pavillons administratifs, de pompage et de traitement des eaux sont conçus. Ralentis par la Seconde Guerre mondiale, les aménagements prévus par Des Baillets sont complétés après 1945.
Des nouvelles galeries de filtration de l'eau et des pavillons de traitement des eaux sont construits dans la seconde moitié du XXe siècle.
Le site patrimonial de l'Usine-de-Filtration-Atwater est classé en 2024.
Emplacement
Region administrative :
- Montréal
MRC :
- Montréal
Municipalité :
- Montréal
Arrondissement municipal :
- Le Sud-Ouest
Adresse :
- 3161, rue Joseph
Latitude :
- 45° 28' 11.402"
Longitude :
- -73° 34' 30.162"
Désignation cadastrale :
- Lot 6 516 901
Références
Notices bibliographiques :
- CARON, Françoise. Énoncé de l'intêt patrimonial : Site de l'usine Atwater, 3161, rue Joseph (arrondissement du Sud-Ouest). Montréal, Ville de Montréal, 2015. 10 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 1. Montréal, Les Éditions La Presse, 1987. 346 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 2. Montréal, Les Éditions La Presse, 1988. 421 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 3. Montréal, Les Éditions La Presse, 1989. 560 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 4. Montréal, Éditions du Méridien, 1991. 504 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 5. Montréal, Éditions du Méridien, 1992. 500 p.
- PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 6. Montréal, Éditions du Méridien, 1995. 552 p.
- SMITH, Clifford. L'aqueduc de Montréal. Son historique pour la période comprise entre l'année 1800 et l'année 1912. Montréal, 1913. 57 p.
- Ville de Montréal. Évaluation du patrimoine urbain : arrondissement du Sud-Ouest. Montréal, Ville de Montréal, 2005. 100 p.