Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Pavillon J.-A. DeSève du campus d’Orford Musique

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Bistro Rondo d’Orford Musique
  • Pavillon central du camp musical des Jeunesses musicales canadiennes (1951-1967)
  • Pavillon J.-A. DeSève du centre d’arts Orford (1967-1986)

Région administrative :

  • Estrie

Municipalité :

  • Orford

Date :

  • 1964 – (Commande)
  • 1966 – 1967 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine de la modernité

Usage :

  • Fonction commerciale (Restaurants et bars)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Groupes associés (1)

Personnes associées (4)

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Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le pavillon J.-A. DeSève est situé au cœur du campus d'Orford Musique, un grand équipement culturel de la région de l'Estrie localisé en pleine nature. L'ensemble est implanté à l'orée du parc national du Mont-Orford, sur le territoire de la municipalité du canton d'Orford et en bordure du chemin du Parc, la route qui, à partir du sud, pénètre dans le vaste domaine dominé par le mont.

Éloigné d'une centaine de mètres de la voie publique, l'édifice est érigé entre la salle de concert Gilles-Lefebvre et le pavillon L'Homme et la musique, autour d'un parvis en partie bétonné, en partie gazonné, ponctué de larges dalles circulaires, profitant de l'ombre d'un grand pin. Ces immeubles d'une hauteur d'un étage (du moins à partir de ce point de vue) s'imposent par leur architecture moderne blanche, en béton et tout en courbes. Implanté dans la pente du terrain, le pavillon central donne à l'arrière sur l'aire de stationnement principale du domaine située un étage plus bas.

Le pavillon central se développe autour du grand cylindre relativement clos qui abrite la salle à manger du restaurant, à l'abri d'un mur enveloppant l'entrée, la cuisine et la grande salle de la cafétéria. Le premier volume est relativement clos, si ce ne sont les larges fenêtres en demi-cercle qui percent son pied et le lanterneau cylindrique suspendu au-dessus des tables, abat-jour géant, noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur, éclatant de lumière naturelle; le second, la salle à manger commune, s'ouvre largement côté du jardin.

Les espaces sont libres de toutes colonnes, le toit étant porté par une monumentale charpente en bois lamellé-collé, de hautes poutres lancées entre les deux murs porteurs concentriques convergeant vers le lanterneau suspendu à leurs extrémités. Le béton coulé en place des murs est rainuré et peint blanc, des ourlets lisses encadrant les baies ouvertes côté cour.

À l'étage inférieur, de plain-pied avec le stationnement situé en contrebas, se retrouvent différents locaux de service, une partie des bureaux de l'administration et l'accueil d'Orford Musique ainsi qu'une grande salle publique.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Orford) 2022-09-06
 
Inventorié --
 

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Informations historiques

Le Québec s'associe à cette initiative en votant en juillet 1963, la Loi pour collaborer à la célébration du Centenaire de la Confédération canadienne permettant au secrétaire de la province de conclure des ententes afin de réaliser des projets commémoratifs. Dans la foulée de son application, les municipalités sont encouragées à déposer des propositions.

Le parc du Mont-Orford a été nationalisé par le gouvernement du Québec, en 1938. Au début des années 1940, un terrain de golf et des pistes de ski y ont été tracés et des camps de vacances ouverts. En été 1951 est organisé le premier camp des JMC, une association qui participe d'un mouvement international d'origine française et belge, représenté par la Fédération internationale des Jeunesses musicales (aujourd'hui JM International) formée en 1945, afin de faire apprécier et apprendre la musique classique dès le jeune âge. Issues du regroupement de sociétés vouées à la culture artistique des jeunes, les JMC sont fondées en 1949, à Saint-Hyacinthe, à l'initiative du violoniste Gilles Lefebvre (1922-2001).

Au départ, les installations des JMC sont modestes, tout comme l'envergure du camp. Deux anciens bâtiments de ferme abandonnés abritent les services de base, la dizaine d'élèves accueillis pour deux semaines dormant sous la tente. À l'enseignement de la musique et aux activités sociales et sportives s'ajoutent la pratique et la diffusion d'autres arts. En 1951, une exposition consacrée aux Automatistes est présentée. En 1955, des petits chalets sont construits dans les bois ; dispersés, certains servent de studios aux professeurs et les autres à la pratique musicale en solo. Dès 1956, le corps professoral s'étoffe de musiciens recrutés à l'étranger. L'année 1960 marque un nouveau départ pour le Camp musical JMC, alors qu'est inaugurée une salle de 550 places vouée à la musique de chambre et au récital. Grâce à cet équipement, les concerts se transforment en véritable festival. La salle est le premier édifice d'un ensemble conçu par l'architecte Paul-Marie Côté (1921-1969) dont les formes courbes s'inspirent de celles des instruments de musique, le plan au sol du pavillon central esquissant une clé de fa.

Le pavillon est construit pour assurer l'accueil et les repas des élèves et des professeurs abrite aussi une bibliothèque. Fin avril 1966, son projet est officiellement approuvé par la commission du Centenaire. Les soumissions auprès des entreprises de construction sont lancées au cours de l'été. La firme Eugène Marcoux inc. ouvre le chantier en novembre. Cependant, à cause de la hausse des coûts de construction due à l'inflation, les travaux sont réalisés en deux phases, une première subventionnée, une seconde financée par des fondations et des compagnies privées. En juin 1967, le chantier est terminé. Le 28 mars 1968, le pavillon est inauguré en présence du ministre des Affaires culturelles, Jean-Noël Tremblay. Au-delà de ses fonctions essentielles, la nouvelle construction s'imposera comme un lieu de rencontre et de loisirs.

À noter, en 1972, sur le site, est reconstruit le pavillon thématique d'Expo 67, L'Homme et la musique, un édifice en béton préfabriqué conçu par Paul-Marie Côté de manière à pouvoir être démonté.

De nos jours, le lieu et ses activités opérés par un organisme de bienfaisance sont connus sous le nom d'Orford Musique, après avoir été dénommés Centre d'arts Orford de 1967 à 1986. L'Académie fonctionne été comme hiver et des concerts sont offerts toute l'année. Quelques autres édifices d'hébergement et de service ont aussi été construits sur le site.

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Évaluation d'inventaire

  • Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019)
    DOCOMOMO Québec


  • La valeur patrimoniale du pavillon J.-A. DeSève du campus d'Orford Musique réside dans son intérêt historique lié, d'une part, au développement culturel du Québec et, d'autre part, au Centenaire de la Confédération canadienne célébré en 1967. Cet événement est doublement inscrit dans le site par la construction du deuxième bâtiment d'importance des JMC à Orford, le pavillon central grâce au programme de subvention du Centenaire, et par la reconstruction du pavillon L'Homme et la musique d'Expo 67 en 1972. Avec la salle de concert inaugurée en 1960, ces édifices consolident l'implantation de l'initiative ayant vu le jour en 1951 afin de former les jeunes à la musique classique pendant les vacances d'été. Dès le départ, en plus d'être un lieu d'enseignement, le campus est un lieu de diffusion artistique, l'organisation de concerts étant complétée par des expositions. Au Québec, la fondation des JMC à Saint-Hyacinthe par le violoniste Gilles Lefebvre en 1949 vise à faire apprécier la musique dite sérieuse au-delà des grands centres urbains. De plus, les JMC ont concouru au lent passage de l'amateurisme au professionnalisme dans la musique instrumentale, dont l'enseignement est principalement assuré par les Conservatoires de Montréal et de Québec depuis le milieu des années 1930. Au fil des années, le site s'est imposé à la fois comme une académie de musique de renommée internationale et un pôle culturel régional de première importance, des musiciens d'ici et d'ailleurs, parmi les plus réputés, ayant participer à ses activités.

    La valeur patrimoniale du pavillon J.-A. DeSève du campus d'Orford Musique réside dans son intérêt architectural qui découle de l'originalité de l'œuvre et de la notoriété de l'architecte. Avec la salle de concert, l'édifice fait partie d'un ensemble conçu par l'un des créateurs les plus novateurs du Québec, Paul-Marie Côté. Les formes de l'ensemble sont d'inspiration musicale. La ligne courbe se retrouve dans d'autres projets de l'architecte : elle configure l'église Notre-Dame de Fatima, grand cône blanc échancré érigé à Jonquière, en 1963, aujourd'hui, démoli. L'historien Claude Bergeron voit dans Brasilia, la capitale construite par les Brésiliens Lúcio Costa et Oscar Niemeyer à la fin des années 1950, un précédent. La prédilection pour la courbe plutôt que la droite est lors partagée par plusieurs modernistes depuis les années 1940. Cependant, la chapelle de Ronchamp terminée par Le Corbusier en 1955, un édifice massif d'une grande plasticité, infléchit plus que tout autre la culture architecturale à l'époque. Les fenêtres en demi-arc du restaurant ne sont pas sans faire penser à Brasilia, tandis que la volumétrie enveloppante du pavillon central et, surtout, celle de la salle de concert sont plus corbuséennes, tout comme le fini de leurs murs blancs enduits, rugueux. Autre précédent à mentionner, le pavillon des éléphants au Zoo de Londres au plan en forme de pachyderme. Même la plus novatrice, l'architecture ne nait pas d'une page blanche. Encore remarquable est la charpente qui converge vers le cœur de l'édifice; de grande portée, elle met en œuvre le bois lamellé-collé. Dans les années 1960, ce matériau est relativement nouveau et il est fort apprécié des architectes depuis une décennie; inventé à la fin du XIXe siècle, il est fabriqué industriellement au Canada comme ailleurs à partir des années 1950.

    La valeur patrimoniale du pavillon J.-A. DeSève réside dans sa localisation dans le parc national du Mont-Orford. Implanté à une centaine de mètres du chemin du Parc, en face du terrain de golf, il forme, avec la salle Gilles-Lefebvre et le pavillon L'Homme et la musique reconstruit, un ensemble auquel ont été ajoutés d'autres édifices au fil du temps. Leur construction dans les années 1960-1972 a contribué à la diversification de l'aménagement du domaine naturel constitué par le gouvernement du Québec en 1938 en ajoutant une destination artistique à l'offre récréative et sportive.

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    Emplacement

    Region administrative :

    • Estrie

    MRC :

    • Memphrémagog

    Municipalité :

    • Orford

    Adresse :

    • 3165, chemin du Parc

    Latitude :

    • 45° 19' 17.0"

    Longitude :

    • -72° 12' 16.0"

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    Références

    Notices bibliographiques :

    • BERGERON, Claude. Architecture des églises du Québec : 1940-1985. Québec, Presses de l'Université Laval, 1987. 383 p.
    • Bibliothèque et Archives nationales du Québec/ Fonds du Secrétariat de la province(E4) / Dossier du Centenaire de la Confédération du Canada, 1964-1969 (E4 1960-01-483) / Contenants (813 à 966).
    • CHARBONNEAU-COQUER, Thérèse, Gilles M. LECLERC et Suzanne THOMAS. « Lefebvre, Gilles ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/lefebvre-gilles
    • s.a. Album Souvenir 1951-2011. Orford, Centre d'arts Orford, 2011. 56 p.
    • s.a. Les Projets du centenaire au Québec. Québec, Secrétariat de la province de Québec, 1965. 77 p.
    • VANLAETHEM, France. Patrimoine en devenir : l'architecture moderne du Québec. Québec, Publications du Québec, 2012. 226 p.
    • VILLENEUVE, Claire. « Centre d'arts Orford/Orford Arts Centre ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. https://thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/centre-darts-orfordorford-arts-centre
    • VINCENT, Odette. La vie musicale du Québec: art lyrique, musique classique et contemporaine. Sainte-Foy, Les Presses de l'Université Laval, 2000. 159 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

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    Gouvernement du Québec

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