Bateau
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Autre(s) nom(s) :
- boat
- navire
- ship
Région administrative :
- Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine
Date :
- 1958 (Construction)
- 2002 (Donation)
- après 2016‑06 – avant 2016‑10 (Restauration)
- après 2017‑06 – (Exposition)
Thématique :
- Patrimoine maritime et fluvial
Classification :
- Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : élément
Patrimoine immatériel associé (1)
- Pêche à la morue - Pratique exécutée
Inventaires associés (1)
Description
La Gaspésienne No 20 est un navire en bois conçu pour la pêche à la morue. Navire de travail ponté et trapu, construit à franc bord dont la coque, aux extrémités pointues, est très peu élancée.
La quille est droite et protégée sur toute sa longueur par une semelle de métal composée d'un profilé en U et retenue de chaque côté par des bandelettes de métal boulonnées transversalement au bois. La quille en chêne est percée transversalement à l'avant et à l'arrière du navire pour le halage lors de la mise à terre et la mise à l'eau. L'étrave arrondie au biron est tolé et légèrement inclinée sur l'avant. L'étambot possède une quête un peu plus prononcée. Le gouvernail, maîtresse est encavée pour le libre fonctionnement de l'hélice à trois pales.
L'arrière en pointe légèrement vouté présente un plan de dérive plutôt développé ce qui offre une flottaison en différence, c'est-à-dire que le tirant d'eau arrière est plus important que le tirant d'eau avant. La tonture du pont est relativement droite. La courbure du pont est peu relevée aux extrémités. Un petit pavois peu élevé coure sur toute la longueur du pont de chaque côté de la coque. Seule la partie avant du pont est munie d'une rambarde. La timonerie abrite la roue à gouverner qui est installée à L'avant du navire.
Numéro de l'objet :
- Numéro d'accession : 2002.2.1
Lieu de production :
- Amérique du Nord > Canada > Québec
Dimensions :
- Largeur (Mesurée / subsistant) : 350 centimètre(s)
- Longueur (Mesurée / intégral) : 1 380 centimètre(s)
- Profondeur (Mesurée / subsistant) : 170 centimètre(s)
Matériaux :
- Bois
- Métal (Fer)
- Métal (Laiton)
- Métal (Acier inoxydable)
- Peinture
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Inventorié | -- | ||
Informations historiques
La Gaspésienne no. 20, un bateau de pêche emblématique de l'époque des coopératives de pêcheurs, au milieu du 19e siècle, se trouve ancrée sur la pointe du Musée de la Gaspésie à Gaspé. En 2002, son dernier propriétaire, Michel Boissonnault de New Richmond, l'a offerte au musée. Malgré les affres du temps, la rare rescapée de sa génération avait conservé la plupart de ses caractéristiques originales. Mais, elle avait besoin de travaux majeurs. De juin à octobre 2016, le chargé de projet Jeannot Bourdages et une équipe d'une quarantaine de bénévoles, issus du milieu, ont relevé le défi de la restaurer pour faire revivre une page d'histoire de la pêche en Gaspésie.
L'arrivée des gaspésiennes marque le début de la modernisation des pêches. Conçue par l'architecte naval américain Howard I. Chapelle, la gaspésienne s'inspire des barges traditionnelles. Entre 1955 et 1960, 50 gaspésiennes sont construites, toutes numérotées de 1 à 50. Sur ce nombre, le chantier Davie Brothers de Lévis en a construit 47 et le chantier naval de Gaspé, trois. La gaspésienne était un cordier, utilisée pour la pêche à la palangre ou à la trawl dans le golfe du Saint-Laurent. Elle a jeté un pont entre la pêche artisanale et la pêche industrielle.
Pointue aux deux extrémités, la gaspésienne mesure 45 pieds (13,7 m) de long, jauge 15 tonneaux et est munie de deux mâts et de trois voiles. Même si elle peut être propulsée uniquement par la force du vent, elle est pourvue d'un moteur diésel (36 CV). Elle dispose aussi d'équipements plus modernes : sondeuse et treuil mécanique pour remonter les captures. En plus de la cale pour y entreposer le poisson, elle est dotée d'un poste destiné à l'équipage abritant des couchettes, un petit poêle à charbon et une cuisinette.
Le premier propriétaire de la Gaspésienne no 20, le pêcheur Thomas Boucher de Newport, l'avait achetée en juin 1958. Son nouveau bateau lui permettait de s'éloigner des côtes, de capturer plus de poissons et d'améliorer la sécurité en mer. Il pêchait avec son beau-frère Joseph « Jos » Fullum sur un site appelé « le canal », au large de Newport. Il se rendait aussi au « plaqué », près de l'île Bonaventure ou sur la pointe de Miscou, au Nouveau-Brunswick. Les voyages duraient en moyenne deux jours. Quelquefois, il levait l'ancre pour une semaine sur le banc des Orphelins. En 1967, il vend sa gaspésienne à son beau-frère Aurèle Fullum.
Thomas Boucher décède en 1995. Un dessin de la Gaspésienne no 20 est gravé sur sa pierre tombale, symbole de son attachement à son bateau de pêche et à sa vie de pêcheur. Entre-temps, la véritable Gaspésienne no 20 continue de naviguer sur la mer et change six fois de propriétaires de 1967 à 2002 : Aurèle Fullum (1967-1979); Camille Chapados de Gascons (1979-1984); Omer Ferlatte de New Richmond (1984-1986); Antoine-Léo Bédard de Saint-Jules, Robert Lévesque de Maria (1986-1995); et, enfin, Michel Boissonneault de New Richmond (1995-2002). Après plus de 40 ans de va-et-vient maritimes, la Gaspésienne no 20 est mise en cale sèche au port de Sandy Beach en 2002 et y restera jusqu'en 2015.
La Gaspésienne no. 20 ne prendra plus la mer, mais elle invite tous les visiteurs du Musée de la Gaspésie à monter à son bord et de l'explorer dans tous ses recoins durant la saison estivale. Sa sauvegarde a permis de mener des enquêtes orales auprès des pêcheurs qui ont fait la pêche sur ce type de bateau. Cette recherche est au cœur même de la mise en valeur qui offre un film en réalité virtuelle recréant une sortie de pêche avec deux pêcheurs de morue dans les années 1960.
La Gaspésienne no. 20 est devenue un symbole des pêches en Gaspésie et, en même temps, un moyen pour la population gaspésienne de s'approprier son histoire.
Références
Mention de source :
Don de Michel Boissonnault.