Tabernacle
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Date :
- vers 1702 (Production)
- 1800 (Déménagement)
- 1807 (Déménagement)
- après 1807 – (Modification ou transformation de l'objet)
- 1883 – 1884 (Déménagement)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Classification :
- Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie
Patrimoine immobilier associé (2)
-
Séminaire de Québec
- Emplacement antérieur
- Église de Saint-Edmond - Emplacement antérieur
Patrimoine mobilier associé (1)
Groupes associés (2)
- Augustines de la Miséricorde de Jésus de l'Hôtel-Dieu de Québec (1639 – ) - Propriétaire
- Compagnie de Jésus (1625 – ) - Propriétaire
Personnes associées (1)
- Leblond de Latour, Jacques (1671 – 1715) - Artiste / artisan(e)
Description
Le tabernacle est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois sculpté, peint, bronzé et doré, est réalisé vers 1702. Il présente une largeur de 214 cm, une hauteur de 182 cm et une profondeur de 61 cm. Il est doté de deux gradins au centre desquels se trouve une réserve eucharistique munie d'une porte ornée d'un ciboire sculpté. L'étage intermédiaire est rythmé par des colonnettes cannelées, des appliques sculptées et des piédestaux. Le centre du meuble est occupé par une armoire en saillie fermée par une porte décorée d'un ostensoir. Des niches en forme de portique se trouvent à chaque extrémité. L'étage du couronnement comprend une niche d'exposition en forme de lanternon supportant un amortissement orné de godrons et une croix incomplète. Des niches-reliquaires se trouvent de part et d'autre de la niche d'exposition. Le meuble est décoré de plusieurs motifs végétaux, dont des rinceaux, des fleurs de lys, des feuilles d'acanthe et des tournesols.
Numéro de l'objet :
- Numéro d'accession : 1994.37627.1
Lieu de production :
- Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale
Dimensions :
- Hauteur (Mesurée / intégral) : 182 centimètre(s)
- Largeur (Mesurée / intégral) : 214 centimètre(s)
- Profondeur (Mesurée / intégral) : 61 centimètre(s)
Matériaux :
- Bois (Noyer)
Type de fabrication :
Artisanal
Technique de fabrication :
- Assemblé
- Bronzé
- Doré
- Peint
- Sculpté
Représentation iconographique :
- Ciboire
- Feuilles d'acanthe
- Fleurs de lys
- Godrons
- Ostensoir
- Rinceaux
- Tournesols
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Inventorié | -- | ||
Informations historiques
Le tabernacle, exécuté vers 1702, est traditionnellement considéré comme une pièce de mobilier liturgique provenant de l'église des Jésuites. Ce lieu de culte, adjacent au collège fondé par la Compagnie de Jésus en 1635, a été érigé à partir de 1666 à l'emplacement actuel de l'hôtel de ville de Québec.
Le meuble est réalisé par Jacques Leblond de Latour (1671 - 1715), un important artisan de la région de Québec. Né à Bordeaux, il fait probablement l'apprentissage de la peinture et de la sculpture dans sa ville natale. Il arrive en Nouvelle-France en 1690 et travaille ensuite à l'ornementation de différents lieux de culte, dont ceux de Saint-Anne-de-Beaupré et de L'Ange-Gardien. Il aurait également contribué à la formation d'artistes locaux, dont Charles Vézina (1685 - 1755). Leblond de Latour est ordonnée prêtre en 1706 et cesse ses activités artistiques. Considéré comme le doyen des sculpteurs ayant oeuvré en sol québécois, il a laissé plusieurs pièces de mobilier liturgique, dont ce tabernacle.
À la suite du traité de Paris (1763), les Britanniques interdisent aux Jésuites de recruter de nouveaux membres. La communauté religieuse décline rapidement. Après le décès en 1800 du dernier jésuite de la colonie, Jean-Joseph Casot (1728 - 1800), les autorités britanniques décrètent la saisie des biens de la communauté. Le tabernacle est alors offert aux Augustines de la Miséricorde de Jésus de l'Hôtel-Dieu de Québec. Sept ans plus tard, elles échangent le meuble avec les autorités du Séminaire de Québec. C'est vraisemblablement après ce transfert que le tabernacle subit des transformations qui changent sa volumétrie. Les ailerons des extrémités ont notamment été déplacés de part et d'autre de l'armoire de l'ostensoir, repoussant ainsi les niches et leur couronnement vers l'extérieur. Le meuble est ensuite placé dans la chapelle extérieure du Séminaire, probablement sur un autel latéral. En janvier 1867, il est utilisé comme maître-autel temporaire.
À la fin du XIXe siècle, les autorités du Séminaire décident de doter la chapelle extérieure de nouveaux autels. Le tabernacle de Leblond de Latour est transféré à la paroisse Saint-Edmond (Stoneham-et-Tewkesbury), vers 1883 ou 1884. Il est alors installé dans la chapelle catholique de l'endroit, construite en 1842. L'église Saint-Edmond est détruite par un incendie au début du XXe siècle, mais le tabernacle est sauvé des flammes. Il est replacé sur l'autel latéral du nouveau lieu de culte de Stoneham, érigé de 1911 à 1912. Avant d'être transféré à Stoneham à la fin du XIXe siècle, il est possible que le meuble ait d'abord été envoyé à la chapelle de la mission Saint-Martin (aussi appelée Saint-Adolphe). En effet, un tabernacle appartenant au Séminaire et identifié comme celui de l'ancienne église des Jésuites est vraisemblablement envoyé à cet endroit entre 1867 et 1869.
En 1969, les autorités du Séminaire de Québec reprennent possession du tabernacle pour l'inclure dans les collections de leur musée. Depuis 1995, ces collections sont sous la responsabilité du Musée de la civilisation.
Des examens récents sur le meuble ont permis de déterminer qu'il n'a jamais été doré à la colle, une technique généralement privilégiée pour dorer les tabernacles prestigieux destinés aux maîtres-autels. Les surfaces planes étaient au départ simplement peintes avec des couleurs sobres. Plusieurs éléments en relief, tels que les colonnettes, étaient initialement rehaussés d'une dorure sur mixtion. Ultérieurement, la polychromie a été repeinte et la dorure à l'huile a été recouverte de bronzine. Selon les spécialistes, ces nouvelles informations, de même que la taille du meuble, remettent en doute la tradition historiographique voulant que ce meuble provienne du maître-autel de l'église des Jésuites. Il serait donc plus plausible qu'il ait été destiné à un autel latéral, vraisemblablement celui dédié à la Vierge, dans le transept sud de l'ancienne église des Jésuites.
Références
Notices bibliographiques :
- BARBEAU, Marius. Trésor des anciens Jésuites. Bulletin, 153. Ottawa, Musée national du Canada, 1957. 242 p.
- BOUCHARD, Laval et Gérard MORISSET. Stoneham, Québec - Église Saint-Edmond. Inventaire des oeuvres d'art [document inédit], 1938. 21 p.
- GAUMOND, Michel. Dossier de la mission de Saint-Adolphe-de-Laval, CgEt-1. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles, 1981. s.p.
- GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
- PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.