Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église Saint-Maurice-de-Duvernay

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Laval

Municipalité :

  • Laval

Date :

  • 1961 – 1962 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Patrimoine mobilier associé (1)

Personnes associées (4)

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Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église Saint-Maurice-de-Duvernay est un lieu de culte catholique érigé en 1961 et en 1962. L'église présente un plan rectangulaire complété d'un seul bas-côté en appentis du côté ouest. La nef est traversée par une poutre en béton de type en échelle qui se prolonge à l'extérieur de l'église, en façade, sur plus de quinze mètres. La poutre se termine sur une structure verticale double en béton faisant office de clocher. La façade, aménagée du côté sud, comporte une section centrale rectangulaire couverte de cuivre et percée de trois portes. Les autres surfaces du lieu de culte sont notamment composées de béton brut, de verre ou de pierres non taillées. Des vitraux abstraits sont disposés dans les mailles formées par la poutre Vierendeel. Le presbytère et l'ancienne salle paroissiale, de plan rectangulaire, sont disposées perpendiculairement au côté est de l'église, formant ainsi un U au cœur duquel est aménagée une cour intérieure. Le terrain plat, occupant un îlot complet, compte également des pelouses, des murets de pierres, des sentiers pavés ainsi que des arbres et des arbustes. L'ensemble de Saint Maurice-de-Duvernay est situé dans un quartier résidentiel de la ville de Laval.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection vise l'extérieur et l'intérieur de l'église, l'extérieur du presbytère et de l'ancienne salle paroissiale, ainsi que le terrain, et exclut les intérieurs du presbytère et de l'ancienne salle paroissiale.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-09-30
Prise d'effet : 2023-11-02

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 7 - Terrain exceptionnel

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 2015-01-23
 
Inventorié --
 

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Valeur patrimoniale

L'église Saint-Maurice-de-Duvernay présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Construite en 1961 et 1962, elle est l'œuvre de l'architecte Roger D'Astous, considéré comme l'un des précurseurs du modernisme d'après-guerre au Québec et concepteur de nombreuses églises, de maisons luxueuses et d'édifices commerciaux. L'église Saint-Maurice-de-Duvernay présente plusieurs innovations, du point de vue tant formel que technologique. Elle comprend une poutre en béton de type en échelle, aussi dite poutre Vierendeel, qui traverse la nef. Les charpentes en bois lamellé-collé de la nef principale et du bas-côté prennent appui sur cet élément structural inusité, qui se prolonge à l'extérieur de l'église, en façade, sur plus de 15 m. La poutre se termine sur une structure verticale double en béton faisant office de clocher et reposant sur le parvis. L'utilisation de ce type de poutre dans un lieu de culte est unique au Québec. L'architecte a aussi recours à un plan dans lequel la nef est dotée d'un seul bas-côté, une formule qui sera par la suite fréquemment reprise. Le décor intérieur est constitué d'éléments structuraux bien visibles et de matériaux choisis pour leur grande qualité. Les différents matériaux employés et les formes permettent aussi de distinguer facilement l'articulation des espaces intérieurs dans l'architecture extérieure. L'église Saint-Maurice-de-Duvernay est l'une des meilleures expressions de la modernité parmi les réalisations architecturales des années 1960 au Québec.

L'église présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. La poutre Vierendeel, élément central de l'architecture de l'église, se compose de deux membrures continues, reliées par des montants verticaux encastrés, formant ainsi un réseau à mailles rectangulaires. Des vitraux abstraits créés par Jean-Paul Mousseau, artiste marquant du milieu du XXe siècle, sont intégrés aux mailles et confèrent au lieu de culte un éclairage chatoyant. Des pièces de mobilier intégré à l'architecture, conçues par D'Astous, participent aussi aux qualités esthétiques du lieu, dont les autels, la table de communion et les bancs.

L'église présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Elle est un témoin significatif de la réforme liturgique catholique des décennies de 1950 et de 1960. Les réflexions et débats sur le sujet trouvent leur aboutissement avec le deuxième concile œcuménique du Vatican, aussi appelé concile Vatican II, qui se déroule de 1962 à 1965. Les changements majeurs apportés à la liturgie entraînent des transformations importantes dans l'architecture et l'aménagement des lieux de culte. L'église Saint-Maurice-de-Duvernay témoigne des idées sous-tendant cette réforme, notamment par son aménagement intérieur qui favorise la participation de l'assemblée, son autel placé au centre du chœur et l'espace consacré aux fonts baptismaux.

L'église présente en outre un intérêt patrimonial pour ses valeurs urbanistique et paysagère. Elle constitue un exemple éloquent d'ensemble paroissial de banlieue d'après-guerre. Plutôt que de chercher à signaler fortement la présence de l'Église catholique québécoise dans le paysage par un clocher et une haute flèche, les ensembles de cette période dialoguent avec leur milieu et tentent de s'y fondre, notamment par l'horizontalité des constructions s'inspirant de l'architecture des bungalows et un aménagement paysager qui rappelle un parc de proximité. L'ensemble de Saint-Maurice-de-Duvernay, composé de l'église, du presbytère et de la salle paroissiale, occupe un îlot urbain complet. Une grande attention a été prêtée à l'aménagement paysager du terrain, qui comporte un jardin ornemental dans une cour intérieure, des pelouses, des murets de pierres, des sentiers pavés ainsi que des arbres et des arbustes. L'ensemble se démarque par cet aménagement [...] et la conservation de [...] composantes d'origine.

Source: Ministère de la Culture et des Communications, 2024.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église Saint-Maurice-de-Duvernay liés à ses valeurs architecturale, artistique, historique, urbanistique et paysagère comprennent, notamment :
- la disposition en U du lieu de culte, de l'ancienne salle paroissiale et du presbytère, ainsi que l'horizontalité des bâtiments;
- les caractéristiques de l'extérieur de l'église, dont son plan rectangulaire complété d'un bas-côté en appentis du côté ouest, le volume constitué de formes géométriques imbriquées, les matériaux utilisés (dont la pierre non taillée, le béton brut, le cuivre et le verre), le prolongement extérieur de la poutre Vierendeel, la structure verticale double servant de clocher, les autres éléments structuraux utilisés de manière ornementale (dont les éléments débordants de la charpente du toit), le portail triple doté de portes à double vantail, ainsi que la cheminée en pierre hors œuvre;
- les caractéristiques de l'intérieur de l'église, dont l'espace aménagé pour les fonts baptismaux, la chapelle latérale, les éléments structuraux apparents (tels que la poutre Vierendeel et la charpente en lamellé collé), les matériaux utilisés (dont le bois, le béton brut, la pierre non taillée, les tuiles de terre cuite et les cabochons de verre turquoise), la disposition de l'autel au centre du choeur, l'éclairage zénithal dans le choeur, les verrières de Jean-Paul Mousseau disposées dans les mailles de la poutre Vierendeel, la statue de la Vierge à l'Enfant de Norma Blass, la lampe du sanctuaire, les trous aménagés au sol pour fixer des éléments de mobilier tels que croix et chandeliers, la table de communion, ainsi que les larges bancs en bois et leurs agenouilloirs;
- les caractéristiques de l'extérieur du presbytère et de l'ancienne salle paroissiale, dont leur plan rectangulaire, leur toit plat, les matériaux utilisés (dont le bois, le verre, l'ardoise et la pierre non taillée), les éléments débordants de la charpente du toit, le bandeau de fenêtres aménagé dans la partie supérieure des murs, les portes flanquées de larges baies;
- l'implantation dans un quartier résidentiel sur un terrain plat de vastes dimensions correspondant à la totalité de l'îlot, la cour intérieure et son jardin ornemental, les murets de pierres (comportant la signature de l'artiste dans un bloc de granit rose), le parvis de pierre et de béton, les sentiers pavés, les lampadaires, les pelouses, ainsi que la végétation faite d'arbres et d'arbustes.

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Informations historiques

L'église Saint-Maurice-de-Duvernay est une église catholique située sur l'île de Laval. La paroisse est créée le 14 juin 1958. La création de la paroisse est contemporaine à celle du quartier qui commence à se développer à partir de 1953. C'est le maire de la ville de Duvernay, Maurice Joubert, qui donne les terrains pour la construction du lieu de culte en 1959. Un an plus tard, la ligue des propriétaires du quartier Hauterive adresse une requête au cardinal Paul-Émile Léger (1904-1991) afin d'obtenir l'autorisation de construire une église et un presbytère. La demande est acceptée; les travaux commencent en 1961 et se terminent en 1962. Le bureau formé des architectes Roger D'Astous (1926-1998) et Jean Paul Pothier (mort en 1968) est choisi pour réaliser le projet, D'Astous étant le principal concepteur du lieu de culte.

L'église présente à l'origine un plan en L composé d'une nef principale et d'une nef secondaire placée perpendiculairement à la première, à la hauteur du choeur. Saint-Maurice-de-Duvernay se distingue des autres églises de D'Astous par la présence d'une immense poutre Vierendeel qui traverse le lieu de culte sur toute sa longueur. Elle joue à la fois un rôle structural crucial et un rôle esthétique. Sa forme et sa position horizontale se veulent en outre une représentation symbolique du Christ portant la croix. L'organisation autour de cette poutre crée une nef principale dotée d'un seul bas-côté, une formule fréquemment reprise par la suite.

Le décor intérieur dirige les regards vers le chœur grâce aux effets de lumière et aux lignes du bâtiment. L'utilisation de matériaux comme le bois, le béton brut, les moellons de pierre et les tuiles de terre cuite donne un caractère primitif à l'ensemble. Un vitrail de l'artiste Jean-Paul Mousseau (1927-1991) s'insère dans l'espace central de la poutre Vierendeel.

Entre 1970 et 1986, le bas-côté est cloisonné pour en faire une salle de réunion ou de catéchisme. En 1977, la nef secondaire est transformée en garderie, donnant au lieu de culte son plan carré actuel.

L'église Saint-Maurice-de-Duvernay est souvent vue comme la plus achevée de D'Astous et l'une des plus marquantes de son époque au Québec. C'était l'église préférée de l'architecte et le bâtiment qu'il aimait le plus dans tous ceux qu'il avait créés. Le service funèbre de D'Astous y a d'ailleurs été célébré, le 18 avril 1998.

L'église Saint-Maurice-de-Duvernay est classée en 2024. Des biens mobiliers sont classés au même moment.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laval

MRC :

  • Laval

Municipalité :

  • Laval

Adresse :

  • 1961, rue d'Ivry

Latitude :

  • 45° 34' 42.962"

Longitude :

  • -73° 40' 27.971"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 379 747

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BERGERON, Claude. Architecture des églises du Québec : 1940-1985. Québec, Presses de l'Université Laval, 1987. 383 p.
  • BOUCHER, Denis, Marie-Dina SALVIONE et France VANLAETHEM. « Modernes & magnifiques ». Continuité. No 152 (2017), p. 32-37.
  • BRADETTE BRASSARD, Judith. Jean-Paul Mousseau artiste public: Étude de la station de métro Peel, de l'église Saint-Maurice-Duvernay et de la Mousse Spacthèque de Montréal. Université du Québec à Montréal, 2008. 183 p.
  • CORRIVEAU, Jeanne. « Cloches d'alarme ». Continuité. No 152 (2017), p. 22-26.
  • s.a. « Chapelle conventuelle Église abbatiale de l'Abbaye Notre-Dame-de-la-Paix ». s.a. Inventaire des lieux de culte du Québec [En ligne]. http://www.lieuxdeculte.qc.ca/fiche.php?LIEU_CULTE_ID=99693
  • VANLAETHEM, France. Patrimoine en devenir : l'architecture moderne du Québec. Québec, Publications du Québec, 2012. 226 p.
  • VARRY, Jacques. « Église St. Maurice Duvernay ». Architecture, bâtiment, construction. Vol. 18, no 203 (1963), p. 32-37.

Multimédias disponibles en ligne :

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