Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Autre(s) nom(s) :

  • Tabernacle du maître-autel

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • après 1721 – avant 1730 (Production)
  • après 1730 – avant 1736 (Dorure)
  • après 1864 – avant 1881 (Modification ou transformation de l'objet)
  • après 1977 – avant 1999 (Modification ou transformation de l'objet)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (2)

Fait partie de :

Autres biens associés :

  • Clé Inscrit au Registre du patrimoine culturel - Ancienne composante [Présumé(e)]

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Groupes associés (2)

Personnes associées (3)

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Description

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Lorette de Wendake est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois doré et peint est sculpté vers 1722 et présente une largeur de 194 cm, une hauteur de 174 cm et une profondeur de 58,3 cm. Il est doté d'un seul gradin orné d'appliques de rinceaux dorés. La réserve eucharistique, dont la porte est ornée d'un ciboire doré, atteint le haut du stylobate. L'étage de l'ordre se compose d'une colonnade en saillie placée en deux hémicycles de chaque côté de la monstrance. L'étage comprend huit colonnettes cannelées à chapiteau composite reposant sur un stylobate à ressauts, orné de jeux de bandes entourant des cartouches. Une arcade surmonte la colonnade, et les retombées des arcs reposent sur un entablement brisé. Des têtes d'angelots dorées occupent les écoinçons de l'arcade, et des arabesques végétales ajourées meublent l'espace entre les colonnes. L'armoire de l'ostensoir, au centre de l'étage, est en avancée. Un thabor est posé devant sa porte cintrée, et les deux colonnes la flanquant supportent un arc surbaissé. Sa porte, pivotante sur un axe, est ornée d'un relief représentant l'agneau mystique sur un autel, d'un coeur flamboyant, ainsi que d'une nuée avec trois têtes d'angelots. Au dos de la porte se trouve un miroir. Une galerie en filigrane, ou frise ajourée, repose sur l'arcade et le monogramme IHS complété d'une croix et surmontant un coeur enflammé, une variante du symbole de l'ordre des Jésuites, se trouve au-dessus de l'arc central. Cette galerie est elle-même surmontée d'une balustrade ajourée. Huit pots à feu ponctuent l'étage du couronnement. Une sculpture de la Madone de Lorette avec une colombe à ses pieds surplombe le tabernacle. Des motifs de reparure de fleurettes, de guillochis et de treillis sont apparents sous la couche de peinture.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 1982.802.1

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale > Québec

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 174 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 194 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 58,3 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Tilleul)
  • Bois (Pin)
  • Métal (Or)
  • Pigment

Type de fabrication :

Artisanal

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Chevillé
  • Doré
  • Peint
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Agneau debout sur un autel
  • Ciboire
  • Coeur enflammé
  • Croix
  • Monogramme IHS
  • Têtes d'angelots

Inscription :

IHS

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1967-10-04
 
Classement Situé dans un immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1957-01-03
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Lorette présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans les pratiques liturgiques catholiques. Désignant avant tout l'armoire eucharistique où le ciboire et les hosties consacrées sont conservés, le terme « tabernacle » désigne aujourd'hui l'ensemble du meuble déposé sur l'autel. Représentant la demeure de Dieu, les tabernacles anciens prennent souvent des dimensions imposantes et sont richement ornés de feuilles d'or. Au XVIIIe siècle, l'architecture d'un tabernacle est généralement composée de trois parties, soit : les gradins et la réserve eucharistique, en bas; l'étage de l'ordre ou de la monstrance, au centre; au-dessus, l'étage du couronnement. Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Lorette en constitue un bon exemple. Au XXe siècle, le concile Vatican II (1962 – 1965) apporte plusieurs changements dans la liturgie catholique romaine. Entre autres, les tabernacles et leurs autels ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Toutefois, malgré ces changements, plusieurs lieux de culte conservent leurs anciens tabernacles, notamment à l'église de Notre-Dame-de-Lorette. Le tabernacle est un témoin important de la mission apostolique des Jésuites parmi les Premières Nations. En effet, c'est par l'initiative de prêtres jésuites que la mission de la Jeune-Lorette est créée afin d'accueillir les familles huronnes fuyant les Iroquois. Conçu entre 1722 et 1730 afin de meubler l'église de pierre, le tabernacle s'ancre profondément dans les traditions de Wendake, ainsi que dans la dévotion des Hurons-Wendats à Notre-Dame de Lorette. Il est l'un des principaux ornements du lieu de culte depuis plus de 250 ans.

Le tabernacle présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Conçu par Noël Levasseur (1680 – 1740), il est un témoin représentatif de la production remarquable de cet artiste, membre d'une grande lignée de menuisiers et de sculpteurs ayant marqué la production artistique du Québec du XVIIIe siècle. En effet, la parenté stylistique du tabernacle de Notre-Dame-de-Lorette avec le maître-autel de l'Hôpital général de Québec ainsi que la finesse d'exécution des éléments sculptés laissent peu de doutes sur le sujet. Abandonnant la construction pyramidale et hiérarchisée des tabernacles anciens, Levasseur opte pour un meuble entrant dans un carré, à la construction légère et ajourée. Le meuble liturgique devient essentiellement une structure de base permettant d'y ajouter, selon les besoins, différents ornements et objets liturgiques, offrant beaucoup de flexibilité aux célébrants. Noël Levasseur, ayant reçu sa formation auprès de son père menuisier et probablement à l'école de Saint-Joachim, s'est illustré dans la sculpture religieuse. Toutefois, malgré une production prolifique, peu d'exemples de ses créations subsistent, faisant de ce tabernacle un témoin privilégié de son oeuvre. Ce meuble liturgique possède une particularité iconographique : l'agneau ornant la porte de la réserve eucharistique, au lieu d'être représenté couché comme le veut la tradition, est représenté debout sur l'autel du sacrifice. La richesse et la finesse de l'ornementation du meuble, marquée par sa galerie en filigrane et ses éléments en saillie, forment une architecture légère et délicate. Ces éléments en font une oeuvre d'exception, témoignant du talent du sculpteur.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Lorette de Wendake liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la largeur de 194 cm, la hauteur de 174 cm et la profondeur de 58,3 cm;
- les matériaux, dont le bois de pin blanc et de tilleul sculpté, la dorure, la peinture blanche;
- le caisson du gradin, dont l'unique prédelle ornée de rinceaux;
- la réserve eucharistique, au centre du gradin (fermée d'une porte de bois ornée d'un ciboire sous un pavillon), atteignant le haut du stylobate, dont les montants ornés de chutes de feuillage;
- l'étage de l'ordre, dont le stylobate à ressauts orné de cartouches et de jeux de bandes, la colonnade composée de huit colonnettes cannelées d'ordre composite, disposées en deux hémicycles de chaque côté de l'armoire de l'ostensoir, les panneaux ajourés ornés d'arabesques végétales placés entre les colonnettes, l'arcade cintrée reposant sur l'entablement brisé des colonnes, les têtes d'angelots sur les écoinçons de l'arcade, l'armoire de l'ostensoir (fermée par une porte de bois cintrée pivotante sur un axe ornée d'un relief de l'agneau mystique se tenant debout, d'un coeur flamboyant et d'une nuée avec trois têtes d'angelots, et complétée d'un miroir au verso) en avancée flanquée de deux colonnes soutenant un arc surbaissé;
- l'étage du couronnement, dont la galerie en filigrane avec le monogramme IHS au centre, la balustrade ajourée, les huit pots à feu, la sculpture dorée de la Madone de Lorette et de la colombe;
- la dorure d'origine ponctuée de reparure à motifs de fleurettes, de treillis et de guillochis.

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Informations historiques

Le tabernacle de l'église de Notre-Dame-de-Lorette à Wendake est conçu entre 1722 et 1730 par Noël Levasseur (1680 – 1740) pour la mission jésuite de la Jeune-Lorette.
En 1651, un groupe de 300 Hurons-Wendat fuyant les Iroquois se réfugient sur l'île d'Orléans sous la protection des Français. Ils rejoignent ensuite les missionnaires jésuites à la mission Notre-Dame-de-Foy en 1668, mais rapidement, comme de nouveaux membres se rajoutent constamment au groupe, la place vient à manquer. Le père Chaumonot fonde alors la mission de Notre-Dame-de-Lorette en 1674, renommée L'Ancienne-Lorette en 1697, lorsque le groupe quitte le lieu pour s'établir à la nouvelle mission de la Jeune-Lorette. Une première chapelle en bois est érigée en 1698 grâce à un don de Mgr de Saint-Vallier (1653 – 1727). Cette dernière est remplacée par une église de pierre vers 1730. C'est pour meubler le nouveau lieu de culte que la commande est passée au sculpteur pour la réalisation d'un tabernacle.

Pour ce faire, Noël Levasseur s'inspire de son dernier contrat, celui du maître-autel de l'Hôpital général de Québec réalisé en 1722. Il en reprend plusieurs éléments, telles la galerie en filigrane, la balustrade et l'ordonnance du meuble, ainsi que la porte pivotante de l'armoire de l'ostensoir, tout en le simplifiant légèrement et en lui donnant une taille plus modeste. La colonnade, ajourée, permettait d'entrevoir une petite pièce aménagée derrière l'autel contenant une statue de la Vierge, à l'instar de la « Santa Casa » de Loreto en Italie. Le tabernacle serait doré sur bolus ocre rouge entre 1731 et 1737 par les Ursulines de Québec.

En 1862, l'église est partiellement brûlée. Les membres de la paroisse réussissent toutefois à sauver la plus grande partie du mobilier et du trésor. Le lieu de culte est reconstruit à l'identique trois ans plus tard, à l'exception de la chapelle de la Vierge qui est remplacée par un chevet plat.

Entre 1865 et 1880, un dos est ajouté derrière la colonnade du tabernacle ainsi que des panneaux décoratifs qui meublent les espaces entre les colonnes. Ces appliques étaient recouvertes de feuilles d'argent au départ. Ces dernières modifications sont attribuées à Jean-Baptiste Vézina (vers 1813 – après 1864), menuisier réalisant alors des travaux pour la Compagnie de Jésus à Québec. Ces modifications du tabernacle seraient dues au retrait de la chapelle derrière l'autel : la vue vers cet espace, autrefois créée par la colonnade ajourée du tabernacle, ne serait vraisemblablement plus désirable avec un mur plat.

Au cours de son histoire, le tabernacle est doré d'abord sur bolus, puis à une ou deux reprises sur mixtion, et reçoit quelques couches de peinture.

Le tabernacle est classé en 1967. Une sculpture de la Madone de Lorette est placée sur le tabernacle entre 1977 et 1999.

Le tabernacle se trouve toujours dans l'église de Notre-Dame-de-Lorette à Wendake, où il sert encore au culte.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • BARBEAU, Marius. Trésor des anciens Jésuites. Bulletin, 153. Ottawa, Musée national du Canada, 1957. 242 p.
  • GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
  • GROS-LOUIS, Charlotte et Céline GROS-LOUIS. La chapelle huronne de Lorette, 1730- 1980. s.l. 1980. 258 p.
  • MAGNAN, Hormisdas. Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la province de Québec. Arthabaska, Imprimerie d'Arthabaska, 1925. 738 p.
  • MORISSET, Jean-Paul et Gérard MORISSET. Loretteville, Québec - Chapelle des Hurons. Rapport de l'inventaire des oeuvres d'art [document inédit], 1940. 139 p.
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • TRAQUAIR, Ramsay. Old Architecture of Québec : A study of the buildings erected in New France from the earliest explorers to the middle of the nineteenth century. Toronto, Macmillan Company of Canada, 1947. 353 p.
  • TRAQUAIR, Ramsay. « The Huron mission church and treasure of Notre Dame de la Jeune Lorette, Quebec ». Journal of the Royal Architectural Institute of Canada. No 17 (1930), s.p.
  • TRUDEL, Jean. « Levasseur, Noël ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • VILLENEUVE, René. « Oeuvres d'art de l'église de Notre-Dame-de-Lorette ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 115-134.

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