Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1705 – vers 1710 (Production)
  • après 1721 – avant 1740 (Dorure)
  • vers 1727 – vers 1729 (Modification ou transformation de l'objet)
  • 1911 (Dorure)
  • 1991 – 1995 (Restauration)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (2)

Fait partie de :

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Description

Le tabernacle de l'autel du Sacré-Coeur de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois doré, réalisé en 1705, présente une largeur de 233,5 cm, une hauteur de 123,2 cm et une profondeur de 60,5 cm. Le premier gradin est décoré de rinceaux de feuilles d'acanthe et le second, de pampres et de gerbes de blé. La réserve eucharistique atteint le haut du stylobate, servant de thabor pour l'étage de la monstrance. Sa porte est ornée d'une représentation du Christ imberbe aux cheveux longs, agenouillé sur les instruments de la Passion. Deux ailerons de feuilles d'acanthe, enroulés en ovale et à liséré, s'appuient sur les flancs de la réserve. L'étage de la colonnade est rythmé de ressauts et de retraits, et il contient six colonnettes cannelées à chapiteau composite, dont le tiers inférieur est bagué et orné de festons. Des rinceaux et deux palmettes à cinq lobes décorent le stylobate. Les deux panneaux des ailes, encadrés de colonnes et d'ailerons, portent d'autres motifs végétaux, tandis que celui du centre est orné d'un coeur enflammé entouré de deux branches d'olivier. L'entablement, s'avançant en hémicycle au-dessus du panneau central, est paré du relief d'une colombe aux ailes déployées. L'étage du couronnement est composé de deux reliquaires encadrés de volutes et surmontés d'une coquille, d'une statuette de sainte Ursule, d'une autre de saint Augustin et d'un couronnement constitué d'un reliquaire coiffé d'une croix faîtière. La surface du meuble liturgique est marquée de reparure à motifs de treillis à fleurettes, de rainures et de guillochis.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale > Québec

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 233,5 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 123,2 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 60,5 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Pin)

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Chevillé
  • Doré, à la feuille
  • Peint
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Branche d'olivier
  • Christ imberbe
  • Coeur enflammé
  • Colombe
  • Coquille
  • Croix
  • Gerbe de blé
  • Instruments de la Passion
  • Saint Augustin
  • Sainte Ursule
  • Vigne

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1992-11-16
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle de l'autel du Sacré-Coeur de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans les pratiques liturgiques catholiques. Désignant avant tout l'armoire eucharistique où le ciboire et les hosties consacrées sont conservés, le terme « tabernacle » désigne aujourd'hui l'ensemble du meuble déposé sur l'autel. Représentant la demeure de Dieu, les tabernacles anciens prennent souvent des dimensions imposantes et sont richement ornés de feuilles d'or. Au XVIIIe siècle, l'architecture d'un tabernacle est généralement composée de trois parties, soit : les gradins et la réserve eucharistique, en bas; l'étage de l'ordre ou de la monstrance, au centre; au-dessus, l'étage du couronnement. Le tabernacle de l'autel du Sacré-Coeur en constitue un bon exemple. Au XXe siècle, le concile Vatican II (1962 – 1965) apporte plusieurs changements dans la liturgie catholique romaine. Entre autres, les tabernacles et leurs autels ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Toutefois, malgré ces changements, plusieurs lieux de culte conservent leurs anciens tabernacles, tels que la chapelle des Ursulines de Québec : en dépit des reconstructions multiples du bâtiment, le tabernacle est toujours précieusement conservé et utilisé par les religieuses. Ce tabernacle est aussi un exemple fort de la dévotion des Ursulines de Québec au Sacré Coeur : l'emplacement dans une chapelle latérale peu visible du public prouve qu'il est conçu principalement pour l'usage personnel des religieuses. Ce tabernacle est profondément ancré dans l'histoire de la chapelle et du monastère des Ursulines : en plus d'être sauvé « in extremis » des bombardements de 1759, il sert à la dévotion des Ursulines depuis plus de trois siècles. De plus, il appartient au seul ensemble décoratif datant du régime français qui soit encore complet au Québec. De 1991 à 1995, le décor intérieur de la chapelle des Ursulines, incluant le tabernacle, a été restauré par le Centre de conservation de Québec « in situ ». Cette intervention, étalée sur plus de quatre ans, a été d'une ampleur rarement vue au Québec : elle illustre ainsi la valeur de ce décor extraordinaire, dont fait partie le tabernacle.

Le tabernacle présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Il est commandé en 1705 à Jan Jacques Bloem (1688 – vers 1723), aussi appelé Jean Jacquiés dit Leblond. Né à Bruxelles, il serait arrivé en Nouvelle-France vers 1705. C'est à ce moment qu'il réaliserait sa première commande, le tabernacle du Sacré-Coeur. Après l'autel des Ursulines de Québec, Jean Jacquiés dit Leblond fabrique celui des Ursulines de Trois-Rivières (1716), ainsi que celui de la paroisse de Saint-François-du-Lac (1721). Toutefois, outre le tabernacle conservé par les Ursulines de Québec, il ne reste aujourd'hui de ses oeuvres que deux bas-reliefs et deux peintures. Ce tabernacle constitue l'un des seuls témoins subsistants du travail de ce sculpteur au Québec. Il présente des caractéristiques de sa production, telles que le style Louis XIV du meuble, ainsi que l'utilisation de chapiteaux composites. Le tabernacle possède aussi un élément unique en son genre dans l'art traditionnel du Québec : le Christ imberbe aux cheveux longs ornant la porte de la réserve eucharistique. Cette manière de représenter le Christ est à rapprocher de celles des rois de France, tel Louis XIV.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle de l'autel du Sacré-Coeur de la chapelle extérieure des Ursulines de Québec liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la largeur de 233,5 cm, la hauteur de 123,2 cm et la profondeur de 60,5 cm;
- les matériaux, dont le bois de pin sculpté, la dorure d'origine à la feuille sur bolus incisée de motifs de treillis à fleurettes, de rainures et de guillochis;
- le caisson des gradins, dont le premier gradin orné de rinceaux de feuilles d'acanthe et le deuxième de pampres et de gerbes de blé;
- la réserve eucharistique, au centre des gradins (fermée d'une porte de bois ornée d'une représentation du Christ imberbe aux cheveux longs, agenouillé sur les instruments de la Passion), dépassant le deuxième gradin pour atteindre le haut du stylobate, servant aussi de thabor pour la niche de la monstrance, dont les montants ornés de chutes de feuillage et les ailerons de feuilles d'acanthe enroulés en ovale et à liséré sur les flancs de la réserve;
- l'étage de l'ordre, dont le stylobate à ressauts orné de rinceaux et de palmettes à cinq lobes, les six colonnettes cannelées à chapiteau composite, dont le tiers bagué et orné de festons, les deux ailes aux deux panneaux décorés de rinceaux et encadrés d'une paire de colonnettes et d'une paire d'ailerons enroulés, le panneau central orné d'un Sacré Coeur et de deux branches d'olivier, l'entablement à ressauts s'avançant en hémicycle au-dessus de la niche centrale et orné d'une colombe;
- l'étage du couronnement, dont les deux reliquaires encadrés de volutes et surmontés d'une coquille, les deux statuettes en bois de chêne doré représentant sainte Ursule tenant un coeur enflammé et saint Augustin, le couronnement central constitué d'un reliquaire coiffé d'une croix faîtière.

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Informations historiques

Le tabernacle de la chapelle du Sacré-Coeur des Ursulines de Québec serait commandé en 1705, afin de meubler la chapelle temporaire (1689 – 1723) aménagée à l'extrémité sud de l'aile Saint-Augustin. Cette dernière est utilisée en attendant la reconstruction de l'église, détruite lors de l'incendie qui ravage le monastère en 1686.

D'abord prétendument importé de France, puis attribué successivement à Pierre-Noël Levasseur (1690 – 1770) et à Jacques Leblond de Latour (1671 – 1715), le tabernacle n'est attribué que récemment à Jean Jacquiés dit Leblond (1688 – vers 1723). Ce dernier est longtemps jugé trop jeune au moment de la commande : selon son contrat matrimonial, il n'aurait que 27 ans en 1715. Toutefois, il n'est pas rare pour l'époque qu'un homme se rajeunisse sur papier lors de son mariage. De plus, le style du meuble liturgique ne correspond pas à la production des deux autres sculpteurs. Jacquiés dit Leblond serait arrivé en Nouvelle-France en 1705 ou un peu avant. Il tenterait alors de se faire un nom en offrant ses services de sculpteur aux Ursulines pour leur fabriquer un tabernacle. De format modeste, ce dernier serait conçu pour être logé dans une niche étroite, mesurant tout au plus 235 cm, située entre deux portes de la chapelle temporaire de l'aile Saint-Augustin. Il y serait placé vers 1710, pour ensuite être doré par une soeur de la communauté, mère Françoise Hertel de St-Exupère (1679 – 1770). Lors de l'ouverture de la nouvelle chapelle en 1722, le tabernacle y est relocalisé dans le sanctuaire à gauche du retable principal, face au choeur des religieuses.

Dès 1726, les Ursulines engagent Pierre-Noël Levasseur (1690 – 1770) afin de créer le décor intérieur de la nouvelle chapelle. Au cours de ses interventions, Levasseur aurait modifié le tabernacle afin de l'intégrer au retable qu'il vient de sculpter (1727 – 1729) : la porte de l'armoire de l'ostensoir est abaissée au niveau des gradins et un panneau orné d'un coeur enflammé est placé dans le vide ainsi laissé. Des relevés dendrochronologiques confirment que le bois utilisé pour réaliser ce panneau date au plus tôt de 1721. L'entablement est élargi au-dessus du corps central afin d'y loger deux statuettes. Faites de chêne, elles ont sans doute été importées ou ont été fabriquées après le tabernacle, qui est fait de bois de pin. Fait surprenant, l'iconographie de la statuette représentant sainte Ursule est adaptée au thème de l'autel : l'artisan l'ayant conçue lui fait tenir un coeur enflammé, symbole ordinairement attribué à saint Augustin. Les reliquaires qui se trouvent sur l'étage du couronnement seraient aussi des ajouts postérieurs.

En 1759, alors que l'armée britannique bombarde Québec, huit religieuses téméraires démontent le décor de la chapelle afin de le mettre à l'abri.

En 1901, les murs extérieurs de la chapelle et du sanctuaire sont jugés trop dégradés. David Ouellet (1844 – 1915) est alors mandaté pour reconstruire les deux ailes du bâtiment sur le même emplacement. Le tabernacle du Sacré-Coeur est démonté et entreposé, en même temps que l'ensemble du décor de la chapelle. Il est remis à son emplacement l'année suivante, en 1902. Le tabernacle est redoré sur mixtion par soeur Sainte-Cordule en avril 1911.

Les Ursulines de Québec, voyant plusieurs éléments de leur décor se détériorer, prennent contact en 1988 avec les restaurateurs du Centre de conservation de Québec. Encouragées par les restaurateurs, les religieuses obtiennent le 16 novembre 1992 le classement de la plupart des composantes de l'ensemble sculpté. Les restaurateurs entreprennent alors une importante campagne de restauration de l'intérieur de la chapelle, incluant le tabernacle du Sacré-Coeur. Multidisciplinaire, cette restauration nécessite quatre ans de travail, de 1991 à 1995. Durant cette période, les pièces et les soulèvements du tabernacle sont consolidés et les surfaces sont nettoyées.

Le tabernacle se trouve toujours sur l'autel du Sacré-Coeur.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • CARRIER, Maurice. « Jacquiés dit Leblond, Jean ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • CORBEIL, Marie-Claude, Colombe HARVEY, Elizabeth MOFFATT et Claude PAYER. « The Interior Decor of the Ursuline Chapel in Quebec City: Research and Conservation ». s.a. Painted Wood: History and Conservation. Los Angeles, Howlett / The Getty Conservation Institute, 1998, p. 301-317.
  • LE MOINE, Georges L., Mère Saint-Thomas et Mère Sainte-Marie. Les Ursulines de Québec, depuis leur établissement jusqu'à nos jours. Vol. 3, livre 5. Québec, Presses de C. Darveau, 1864. 362 p.
  • Mère Saint-Thomas. Les Ursulines de Québec depuis leur établissement jusqu'à nos jours, tome 3. Québec, C. Darveau, 1866. 397 p.
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • PORTER, John R. « Oeuvres d'art de la chapelle des Ursulines. Sculptures ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 274-286.
  • TRUDEL, Jean. Un chef-d'oeuvre de l'art ancien du Québec : la Chapelle des Ursulines . Québec, Presses de l'Université Laval, 1972. 115 p.

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