Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Autre(s) nom(s) :

  • Ancien tabernacle
  • Tabernacle de l'ancien maître-autel

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Date :

  • 1815 (Production)
  • 1857 – 1858 (Déménagement)
  • 1888 (Dorure)
  • après 1930 – avant 1945 (Dorure)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

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Description

Le tabernacle est une pièce de mobilier liturgique réalisée en 1815. Le meuble en bois sculpté, peint et doré, est composé de deux prédelles à motifs végétaux. La porte de la réserve eucharistique est ornée d'un bas-relief représentant l'Agneau du sacrifice rayonnant, tandis que la porte de la monstrance présente le Bon Pasteur. Les panneaux latéraux de l'étage de la monstrance représentent la Flagellation et la Dérision du Christ. L'étage du couronnement est constitué, entre autres, d'un dôme central à écailles surmonté d'une croix.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec

Matériaux :

  • Bois

Technique de fabrication :

  • Sculpté
  • Assemblé
  • Doré

Représentation iconographique :

  • Agneau
  • Bon Pasteur
  • Croix
  • Croix
  • Dérision du Christ
  • Flagellation du Christ
  • Fleurs
  • Guirlandes
  • Ordre corinthien
  • Pots à feu
  • Végétaux

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1986-10-15
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans les pratiques liturgiques catholiques. Désignant avant tout l'armoire eucharistique où le ciboire et les hosties consacrées sont conservés, le terme « tabernacle » désigne par extension l'ensemble du meuble déposé sur l'autel. Représentant la demeure de Dieu, les tabernacles anciens possèdent des dimensions imposantes et sont souvent richement ornés de feuilles d'or. Au XIXe siècle, la composition d'un tabernacle comporte généralement trois parties, soit les gradins et la réserve eucharistique en bas; l'étage de l'ordre ou de la monstrance au centre; l'étage du couronnement au-dessus. Le tabernacle de l'église de Saint-François-d'Assise en constitue un bon exemple. Au XXe siècle, le concile Vatican II (1962-1965) apporte plusieurs changements dans la liturgie catholique romaine. Entre autres, les maîtres-autels ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Toutefois, malgré ces changements, plusieurs lieux de culte conservent leurs anciens tabernacles, notamment l'église de Saint-François-d'Assise. Ce meuble liturgique est lié à la construction de la première église en pierre de la paroisse, servant de maître-autel pendant près de 75 ans avant d'être réutilisé dans la sacristie à partir de 1888.

Le tabernacle présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Conçu par François Baillairgé (1759-1830), le meuble est un témoin représentatif de la production de cet artiste, membre d'une grande lignée de menuisiers, de sculpteurs et d'architectes ayant marqué la production artistique du Québec des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Puisque François reçoit une formation classique à l'Académie royale de peinture et de sculpture à Paris, le néoclassicisme alors en vogue en Europe marque la majorité de sa production. Ce tabernacle présente plusieurs des caractéristiques du travail de Baillairgé telles que le rendu des ornements et la figure du Bon Pasteur de la monstrance. Le tabernacle de l'église de Saint-François-d'Assise fait partie d'une série de quatre autels commandés à l'artiste entre 1813 et 1815 qui reproduisent le maître-autel de Notre-Dame-de-Québec ou qui s'en inspirent. Cette oeuvre de François Baillairgé, créée en 1797 et détruite en 1922, comportait plusieurs innovations dans sa forme et son ornementation, définissant de nouvelles normes pour la conception de tabernacles au Québec. À l'instar de cette oeuvre, le meuble liturgique de Saint-François-d'Assise est élaboré à la manière d'un bâtiment à petite échelle, respectant les principes d'architecture élaborés par Philibert de l'Orme (1514-1570). Divisé en sept parties horizontales et sept parties verticales, le tabernacle s'inscrit dans un carré. Tout comme celui de Notre-Dame-de-Québec, il comprend un dôme imposant sur son couronnement, deux petits lanternons, un attique continu ainsi qu'un corps central de forme trapézoïdale. L'iconographie des ornements historiés du tabernacle est également similaire à celle de Notre-Dame-de-Québec, possédant un Agneau du sacrifice sur la porte de la réserve eucharistique, un Bon Pasteur sur la monstrance ainsi qu'une Flagellation du Christ et une Dérision du Christ sur les deux ailes. La figure du Bon Pasteur, typique de la production de François Baillairgé, devient ensuite un modèle traditionnel important pour les tabernacles anciens et sera reprise par son fils Thomas, puis par les élèves de ce dernier. Finalement, ce tabernacle fait partie d'un ensemble sculpté unique au Québec. En effet, avec le cadre d'autel et le parement d'autel, ce meuble liturgique fait partie d'un ensemble composé de trois éléments fabriqués par le même artiste et se trouvant encore dans leur église d'origine.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2020.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle de l'église de Saint-François-d'Assise liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment:
- les matériaux, dont le bois et la dorure;
- le caisson du gradin, dont les deux prédelles divisées par des piliers de refend et ornées de motifs végétaux, le premier gradin surhaussé;
- la réserve eucharistique, au centre du gradin (fermée par une porte de bois cintrée ornée d'un Agneau du sacrifice rayonnant), encadrée de piliers de refend et atteignant l'étage de la monstrance;
- l'étage de l'ordre, dont la colonnade composée de huit colonnettes cannelées d'ordre corinthien, les deux panneaux ornés de bas-reliefs représentant la Flagellation du Christ et la Dérision du Christ placés entre les colonnettes aux extrémités de l'étage, les deux vitrines ovales entourées de guirlandes végétales placées de chaque côté du corps central, le panneau sculpté de la monstrance représentant un Bon Pasteur, le corps central en avancée de forme trapézoïdale, les panneaux latéraux ornés de reliefs de trophées;
- l'étage du couronnement, dont la corniche à denticules, le fronton cintré surmontant le corps central, l'attique continu, les deux lanternons en forme de dômes à écailles et à nervures surmontés d'un pot à feu et placés au-dessus des ailes, le dôme central à écailles et à nervures couronné d'une croix.

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Informations historiques

Ce tabernacle est sculpté par François Baillairgé (1759-1830), possiblement aidé de son fils Thomas (1791-1859), pour l'église de Saint-François-d'Assise, située dans l'actuelle municipalité de Beauceville.

La première église en pierre de la paroisse de Saint-François-d'Assise est construite en 1803 afin de remplacer l'ancien bâtiment en bois, trop petit et en mauvais état. Un nouveau maître-autel est commandé pour l'occasion au sculpteur François Baillairgé afin de meubler le nouveau lieu de culte. Le tabernacle est sculpté en 1815 par l'artisan. François réalise également le tombeau du maître-autel au même moment. Le meuble est doré par les Augustines de la Miséricorde de Jésus à l'hôpital général de Québec avant d'être placé dans le choeur.

François Baillairgé est issu d'une famille d'artistes et d'artisans ayant marqué la production artistique du Québec du XVIIIe au XXe siècle. Après trois années d'études à Paris, François revient à Québec en 1781 et se joint à l'atelier de son père, Jean (1726-1805), où il se spécialise dans la production de sculptures. Sa formation classique transparaît d'ailleurs dans toute sa production. Il assiste son père, entre autres, dans la décoration de la cathédrale de Notre-Dame-de-Québec (1787-1793). Le maître-autel que François sculpte pour cette dernière en 1797 comporte plusieurs innovations dans sa forme et son ornementation, définissant de nouvelles normes pour la conception des tabernacles au Québec. Le tabernacle est conçu comme une reproduction à petite échelle d'un édifice. Inspiré par le courant néoclassique qui domine alors l'Europe, François se base sur les principes de Philibert de l'Orme (1514-1570) afin de déterminer les proportions et les divisions du meuble liturgique, qui s'inscrit dans un carré parfait. Ce nouveau modèle, comportant un dôme imposant, deux lanternons, un attique continu ainsi qu'un corps central en avancée de forme trapézoïdale, devient très populaire au cours des années suivantes et le sculpteur reçoit plusieurs demandes de paroisses désirant obtenir une copie de ce maître-autel pour leur église.

C'est dans ce nouveau courant qu'est commandé le tabernacle pour l'église de Saint-François-d'Assise, qui se voulait une copie presque exacte de celui de Notre-Dame-de-Québec. Le décor sculpté ornant le meuble liturgique est représentatif de la production de François Baillairgé, reprenant l'iconographie de celui de Québec pour ses reliefs sculptés : un Agneau du sacrifice, un Bon Pasteur ainsi qu'une Flagellation et une Dérision du Christ. La figure du Bon Pasteur devient d'ailleurs un modèle important, repris plusieurs fois par son fils Thomas, puis par les élèves de ce dernier.

En 1857-1858, un nouveau lieu de culte remplace cette première église en pierre. Le tabernacle est alors déménagé dans la nouvelle église et sert au culte jusqu'en 1888. À ce moment, le tabernacle est redoré et les frais sont couverts par un dénommé Joseph Mathieu. Il est ensuite placé dans la sacristie de l'église, nouvellement agrandie. Le sculpteur et architecte Ferdinand Villeneuve (1831-1909) conçoit les trois nouveaux autels qui sont placés dans l'église vers 1888 et en effectue la dorure.

Le premier gradin du tabernacle est surhaussé à une date indéterminée. Peu avant 1945, une dorure à l'huile est appliquée sur le tabernacle.

Le tabernacle est classé en 1986. Il se trouve toujours dans l'église de Saint-François-d'Assise en 2020.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999. 428 p.
  • FECTEAU, Chantal. Le patrimoine religieux de Saint-François d'Assise [En Ligne]. https://www.patrimoine-beauceville.ca/chantal
  • KAREL, David, Luc NOPPEN et Magella PARADIS. « Baillairgé, François ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • LANDRY-GAUTHIER, Raymonde. « Les tabernalces de François Baillairgé ». Annales d'histoire de l'art canadien / Journal of Canadian Art History. Vol. II, no 1 (1975), p. 71-82.

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