Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Site du patrimoine des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred
  • SP-7

Région administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

Municipalité :

  • Saguenay

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (49)

Groupes associés (5)

Personnes associées (3)

Images

Carte

Description

Le site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred forme une bande linéaire d'une superficie d'environ 3,5 hectares. Il s'étend le long de la 4e Rue entre l'avenue du Port et la 3e Avenue sur un terrain comportant un dénivelé d'une quinzaine de mètres du nord au sud. Le site comprend près d'une cinquantaine de maisons, construites pour la plupart avant les années 1930, sur des terrains généralement identiques d'environ 22 mètres de front par 30 mètres de profondeur. Le site patrimonial est borné au nord par l'avenue du Port, au sud par la 3e Avenue, à l'est et à l'ouest par les ruelles derrière les propriétés dont les fronts donnent sur la 4e Rue. Localisé dans un endroit comprenant plusieurs secteurs patrimoniaux, le site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred se trouve dans le secteur de Port-Alfred, dans l'arrondissement municipal de La Baie de la ville de Saguenay.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains.

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Saguenay) 2005-02-22
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

Le site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred présente un intérêt pour sa valeur historique. Le site est un exemple de ville de compagnie des années 1920. Il en est représentatif par son tracé de rue rectiligne, sa toponymie numérotée, ses terrains de superficies moyennes et son cadre bâti résidentiel. L'implantation de modèles d'habitations individuelles standards, se retrouvant habituellement dans les municipalités suburbaines, reflète également la montée de la classe moyenne. Ces modèles de maisons évoquent en outre les politiques de mises en marché très organisées de promoteurs. Ceux-ci y voient une autre source de revenus. Construites essentiellement entre 1918 et 1928, les maisons du site témoignent du développement urbain rapide d'une ville de compagnie.

Le site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. Le site rappelle le paysage bâti résidentiel des débuts de la municipalité de Port-Alfred. Son parc immobilier se trouve largement composé de résidences construites avant 1930. Il comprend un échantillon représentatif des modèles introduits par les entreprises de construction actives dans la municipalité. Le site compte une étonnante concentration d'habitations individuelles dessinées par Alfred Lamontagne pour la Ha! Ha! Bay Land and Building Co. Près d'une vingtaine de ces maisons subsistent, le tiers conservant d'ailleurs leur parement original en bardeau de cèdre. Un peu plus d'une dizaine de maisons regroupées en quatre modèles forment le reste du patrimoine des années 1920. Ainsi sont conservées des maisons cubiques et des maisons en brique avec de hauts toits brisés (modèle s'apparentant aux « Dutch Colonial Revival »). Des duplex aussi conçus par Lamontagne et un bungalow ancien sont préservés. Tous ces modèles d'habitations sont proposés dans des catalogues de maisons nord-américains, un moyen de diffusion courant au début du XXe siècle. Ces modèles parsèment les secteurs suburbains, les zones de villégiature et certains milieux ruraux du nord-est américain. À Port-Alfred, ces types de maisons s'inscrivent plutôt dans le paysage singulier d'une ville mono-industrielle. Cette conception du cadre bâti urbain, soutenue par les promoteurs de Port-Alfred, est reprise à Arvida, une autre ville de compagnie du Saguenay. Le site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred constitue l'un des secteurs résidentiels les plus évocateurs de l'ancienne ville de Port-Alfred. Il se distingue par la variété de ses modèles d'habitation et la préservation d'un grand nombre des caractéristiques originales, dont les plans, les volumes et les matériaux.

Source : Ville de Saguenay, 2007.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- la localisation à l'ouest du secteur Port-Alfred, sur la dernière rue du périmètre initial;
- le dénivelé d'une quinzaine de mètres du nord au sud;
- la superficie moyenne et identique des terrains;
- le tracé rectiligne des rues;
- la présence de ruelles séparant les têtes d'îlots;
- les marges de retrait par rapport à la rue;
- les maisons individuelles dessinées par Alfred Lamontagne, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants assez pentu, la lucarne rampante avec deux fenêtres, la petite galerie avec toit en appentis, l'asymétrie des ouvertures, les boiseries soutenant l'avant-toit (542, 651, 662 et 691, 4e Rue), le larmier retroussé, les trois ouvertures de la façade principale, la petite baie triangulaire au haut des façades latérales, le parement en bardeau de cèdre, la couverture en bardeau, la cheminée près du faîtage;
- les duplex dessinés par Alfred Lamontagne (551, 591 et 631, 4e Rue), dont le plan rectangulaire plus large que profond, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants assez pentu, la grande lucarne à pignon avec deux fenêtres, le parement en bardeau de cèdre, la galerie sur toute la façade principale avec toit en appentis à trois versants, les poutres et la main courante en bois de la galerie, le larmier retroussé, le grand nombre d'ouvertures de la façade principale, les deux entrées, les fenêtres à guillotine, les chambranles des baies, la petite baie triangulaire au haut des façades latérales, la couverture en bardeau, la cheminée près du faîtage;
- les maisons à toits brisés s'apparentant au « Dutch Colonial Revival » (642 et 722, 4e Rue), dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le demi-sous-sol, la longue galerie avec toit en appentis, le parement en brique rouge, la lucarne en stuc, les larmiers retroussés, les arcades sur la façade principale, la main courante en bois de la galerie, les piliers en brique et en bois de la galerie, la main courante en bois de la large galerie, l'asymétrie de la disposition des ouvertures, les fenêtres à guillotine à petits carreaux, les doubles baies des lucarnes, les chambranles en bois, les plates-bandes en brique, la cheminée à une extrémité du faîtage, la couverture en bardeau;
- les maisons cubiques (471, 482, 511 et 711, 4e Rue), dont le plan carré, l'élévation de deux étages, le toit en pavillon, le demi-sous-sol, la galerie et son toit en appentis à trois versants sur toute la façade, le parement en planche à clins, les poutres et la main courante en bois de la galerie, la disposition symétrique des petites et grandes baies en façade, la cheminée au centre du faîtage du toit en pavillon, la couverture en bardeau;
- le bungalow (671, 4e Rue), dont le plan presque carré, l'élévation d'un étage, le toit en pavillon aplati, le large avant-toit, la galerie.

Haut de la page

Informations historiques

En 1915, l'industriel et futur homme politique Julien-Édouard-Alfred Dubuc (1871-1947) lance le projet d'un port en eau profonde sur la rive droite de la rivière à Mars, à côté du petit port de Bagotville. Il veut y construire une usine de pâte à papier alimentant directement le marché européen. À cette fin, il fonde en 1916, avec des associés, la société The Ha! Ha! Bay Sulphite Company Limited. Le mandat de la compagnie ne se limite pas au commerce et à la transformation du bois. Elle compte aussi construire des maisons pour les ouvriers. Cette tâche est confiée à la Société de construction ouvrière. Ainsi, une ville de compagnie voit le jour.

La construction de l'usine de pâte chimique, essentielle à la fabrication du papier, commence en 1916. Elle se termine vers la fin de l'année 1917. Parallèlement, la nouvelle ville prend forme. La grille orthogonale proposée par l'arpenteur Rodolphe-E. Joron en 1916 est ainsi mise en place, quelques rues en moins. La nouvelle ville constitue presque un carré comprenant sept avenues du nord au sud et rues d'est en ouest. L'actuel site patrimonial se situe à l'extrémité ouest de la ville.

En 1918 et 1919, la Société de construction ouvrière construit les premières maisons des travailleurs - quatre modèles d'habitation sont proposés - ainsi que les infrastructures de la ville naissante. Dubuc fonde une autre entreprise en 1919, la Ha! Ha! Bay Land and Building Co., qui introduit trois nouveaux modèles de résidence. Deux sont élaborés par l'architecte Alfred Lamontagne, celui-là même qui est responsable de la conception des édifices institutionnels de la ville. Les modèles de Lamontagne sont très populaires. Il y en a plus d'une vingtaine d'exemplaires sur la seule 4e Rue en 1920 et 1921. Au début des années 1920, le périmètre initial des rues de Port-Alfred comprend déjà plus d'une centaine de maisons, dont environ une trentaine uniquement sur la 4e Rue.

En 1919, Port-Alfred obtient le statut de ville, ce qui facilite les emprunts colossaux que nécessitent les projets immobiliers de cette envergure. Les entreprises de Dubuc font faillite dès 1922 et 1923. La construction résidentielle redémarre dans la seconde moitié des années 1920 sous la tutelle de la Port Alfred Pulp and Paper Corporation. Contrairement aux entreprises de Dubuc, cette compagnie vend directement les maisons aux particuliers. Elle propose quatre nouveaux modèles. Au moins deux de ces derniers trouvent preneurs parmi les nouveaux propriétaires de la 4e Rue. Il s'agit de la maison cubique en planche à clins et d'une résidence en brique avec un haut toit brisé et des arcades soutenant un toit en appentis en façade.

À l'aube des années 1930, l'occupation des terrains urbains est pratiquement complétée. La crise économique qui suit frappe durement Port-Alfred. Elle force la fermeture des installations portuaires et de l'usine de 1930 à 1932. La Consolidated Paper Corporation reprend les actifs de l'usine en 1932. Les installations portuaires sont optimisées avec la Seconde Guerre mondiale, favorisant ainsi la relance de la ville. Dans le site du patrimoine des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred, un peu moins d'une dizaine de nouvelles maisons sont construites dans les quinze années qui suivent la fin de la guerre. Elles occupent les terrains laissés vacants avant le déclenchement de la crise économique des années 1930.

Le site du patrimoine des Maisons-Ouvrières-de-la-Papeterie-de-Port-Alfred est constitué en 1991. Depuis 2002, il fait partie de l'arrondissement municipal de La Baie de la ville de Saguenay. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

MRC :

  • Saguenay

Municipalité :

  • Saguenay

Arrondissement municipal :

  • La Baie

Adresse :

  • 8e Avenue
  • avenue du Port

Localisation informelle :

Situé de part et d'autre de la Quatrième rue entre l'avanue du Port et la Troisième avenue

Latitude :

  • 48° 19' 45.9"

Longitude :

  • -70° 53' 5.1"

Haut de la page

Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • MORISSET, Lucie et Luc NOPPEN. Ville de La Baie : un héritage entre nature et culture. Guide d'excursion et d'interprétation du patrimoine. La Baie, Ministère de la culture et des communications, 1998. 127 p.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013