Site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville est un ensemble de tradition catholique aménagé en plusieurs chantiers à partir de 1860. Le site est carré et ses dimensions sont d'environ deux hectares. Il comprend l'église Saint-Alphonse-de-Liguori (1860-1862), le presbytère (1930), l'école Sainte-Thérèse (1948) et la maison du Sacristain. Un petit espace vert avec des arbres matures y est également aménagé. Situé en zone urbaine, à l'extrémité de la baie des Ha! Ha!, l'ensemble forme le coeur de l'ancien noyau villageois de Bagotville. Il est borné à l'ouest par la rue Albert, à l'est par la rue Victoria, au sud par la rue de la Fabrique et le site du patrimoine du Vieux-Bagotville (secteur Albert/Bagot) et au nord par le site du patrimoine du Vieux-Bagotville (secteur Victoria). Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville se trouve dans l'arrondissement municipal de La Baie de la ville de Saguenay.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Citation	Site patrimonial	Municipalité (Saguenay)	2005-02-22

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Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville présente un intérêt pour ses valeurs historique et paysagère liées à son implantation. Les bâtiments forment un ensemble au coeur du noyau villageois et comptent une importante marge de recul par rapport à la voie publique. L'église Saint-Alphonse-de-Liguori, construite de 1860 à 1862, constitue un point de repère important. Situé à l'ouest de l'église, l'ancien presbytère date de 1930 et est la deuxième résidence curiale construite sur le même emplacement. L'école Sainte-Thérèse des soeurs du Bon-Conseil, qui remplace un couvent plus ancien, est construite en 1948 au nord de l'église. Elle témoigne des liens étroits entre le développement des institutions religieuses et scolaires dans le cadre paroissial. Le site comprend aussi une habitation construite au début du XXe siècle qui a servi de résidence au sacristain. Une placette est aussi aménagée en façade du presbytère et de l'église dès la fin du XIXe siècle. L'ensemble paroissial de Saint-Alphonse-de-Bagotville s'avère représentatif des noyaux institutionnels des paroisses du Québec.

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville présente un intérêt pour sa valeur historique. Le secteur de la baie des Ha! Ha!, qui comprend l'actuel site du patrimoine, est l'une des zones pionnières du peuplement régional. Les anciens villages de Grande-Baie et de Bagotville en forment les deux pôles principaux. Dès 1846, l'emplacement du noyau institutionnel de Saint-Alphonse est identifié sur le plan de l'arpenteur Jean-Baptiste Duberger fils (vers 1795-vers 1865). Acquis par la fabrique en 1850, cet emplacement constitue maintenant l'un des plus vieux noyaux paroissiaux de la région, ce dont témoigne l'église Saint-Alphonse qui date du début des années 1860. Par ailleurs, l'école Sainte-Thérèse démontre bien le rôle des soeurs du Bon-Conseil dans l'enseignement au Saguenay. La communauté est arrivée à Bagotville vers 1908 et sa présence a permis la mise en place des établissements d'éducation féminins. Le site du patrimoine constitue donc un témoin important de l'histoire régionale du Saguenay. En effet, il évoque la mise en place des premières infrastructures religieuses et éducatives dans la région.

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. L'église Saint-Alphonse-de-Liguori est le plus ancien lieu de culte en pierre subsistant au Saguenay-Lac-Saint-Jean. L'édifice représente un bel exemple des églises construites dans les paroisses catholiques au milieu du XIXe siècle. Ses formes et son plan rectangulaire avec abside en hémicycle rappellent un modèle de lieu de culte conçu par l'architecte Thomas Baillairgé (1792-1859) et ses collaborateurs. De nombreuses paroisses rurales québécoises au XIXe siècle reprennent ce modèle. Par ailleurs, des architectes reconnus pour leur participation au renouvellement du paysage architectural du Saguenay contribuent à la transformation du noyau institutionnel de Bagotville dans la première moitié du XXe siècle. En 1930, l'architecte Armand Gravel (1895-1980) conçoit un presbytère aux références classiques, qui traduit bien l'importance du curé au sein de la bourgeoisie locale. L'école Sainte-Thérèse est construite en 1948 selon les plans des architectes Léonce Desgagné (1908-1979) et Paul Boileau. L'édifice reflète l'influence du mouvement moderne, notamment avec ses lignes géométriques. Les bâtiments du site évoquent bien les mutations du paysage architectural institutionnel survenues au Saguenay au cours du XXe siècle.

Source : Ville de Saguenay, 2007.

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Les éléments caractéristiques du site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville liés à ses valeurs historique, paysagère et architecturale comprennent, notamment :
- sa position à l'extrémité de la baie des Ha! Ha! dans un secteur plat entre le plan d'eau et l'escarpement rocheux;
- sa situation au coeur de l'ancien noyau villageois;
- les bâtiments érigés à proximité les uns des autres;
- l'alignement des bâtiments entre eux et leur importante marge de recul par rapport à la rue;
- la présence de bâtiments aux fonctions éducatives et religieuses, dont une église, un presbytère, une école et une maison de sacristain;
- le monument au Sacré-Coeur;
- les caractéristiques de l'église, notamment son volume, dont le plan rectangulaire, le toit à deux versants retroussés, l'abside en hémicycle plus étroite que la nef, la sacristie de plan rectangulaire, les matériaux, dont la pierre de taille (façade et chambranles), les moellons (long pan est), le granit local (autres surfaces et fondations), la tôle pincée du toit, les ouvertures, dont les fenêtres cintrées, les portes à double vantail en bois de la façade avec leur imposte cintrée, l'oeil-de-boeuf, la fenêtre d'inspiration palladienne, la façade, dont sa composition en deux registres horizontaux comprenant chacun trois travées, la tour centrale demi-hors-oeuvre (chambre des cloches de plan carré, lanternon de plan octogonal, flèche terminée par une croix), l'ornementation, dont les retours des avant-toits, le décor d'esprit néoclassique du clocher, les chambranles avec leur fausse clef de voûte et leur sommier, les chaînes d'angle, la sacristie, dont le plan rectangulaire avec abside à pans coupés, les fenêtres rectangulaires, le clocheton surmontant le toit;
- les caractéristiques de l'école, notamment son volume, dont le plan presque rectangulaire comprenant de légers décrochements, l'élévation de quatre étages, le toit plat, ses matériaux, dont le parement en pierre de granit, le parement en brique (volume arrière), la brique de couleur chamois (détails ornementaux de la façade), son ornementation, dont la sobriété, les bandeaux verticaux, la croix, les chambranles, les appuis, la composition de la façade, dont la distribution des ouvertures en fonction des espaces intérieurs, l'alignement des fenêtres, les baies hautes et étroites en plein cintre, le porche d'entrée et sa marquise;
- les caractéristiques du presbytère, notamment son volume, dont le plan rectangulaire avec deux décrochements, l'élévation de deux étages et demi, l'avant-corps central avec balcon et porche, le toit à croupes, les matériaux, dont le parement en brique chamois, la couverture en tôle pincée, le bois (ouvertures et ornementation), la pierre de taille (soubassement et ornementation), le fer forgé (ornementation), les ouvertures, dont les fenêtres rectangulaires à grands carreaux et à imposte, les lucarnes à croupe, les portes en bois à double vantail, la façade, dont sa composition symétrique (avant-corps central flanqué de deux baies de part et d'autre), l'ordonnance régulière de ses ouvertures, son ornementation, dont les corniches moulurées et denticulées, les clefs de voûte, la colonnade du porche, le garde-corps à balustres tournés, la crête faîtière, les balconnets des fenêtres de la façade, les appuis, le chambranle de la porte du balcon;
- les caractéristiques de la maison du Sacristain, dont le plan en « L », l'élévation d'un étage et demi et le toit à deux versants droits.

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Les premiers colons arrivent dans la baie des Ha! Ha! en 1838. Le missionnaire oblat Jean-Baptiste Honorat (1799-1862) établit en 1844 une chapelle-école sur la rive nord de la rivière à Mars. Le bâtiment doit desservir les colons installés dans ce secteur alors connu sous le nom de « Village Chez Mars », en référence à Mars Simard, pionnier de l'endroit. Dès 1846, l'emplacement prévu pour le noyau institutionnel de Saint-Alphonse est identifié sur un plan de l'arpenteur Jean-Baptiste Duberger fils (vers 1795-vers 1865). L'endroit est localisé sur une partie des terres de Mars Simard. Le terrain est acquis par la fabrique en 1850, puis la chapelle-école y est déplacée deux ans plus tard.

La paroisse Saint-Alphonse s'organise rapidement. Érigée canoniquement en 1857 et civilement en 1859, elle se dote d'une véritable église dans les années qui suivent. L'entrepreneur local Jean-Félix Langlais obtient le contrat de construction en 1860. Les fondations sont érigées avec la pierre locale fournie par les habitants qui travaillent aussi sur le chantier. Le curé Pierre Boucher, qui arrive en 1861, modifie le plan initial par l'ajout en façade d'une fausse tour en saillie. De la pierre de taille de Deschambault est utilisée en façade. La pierre de Château-Richer sert à couvrir le long pan est et le granit local, à recouvrir les surfaces moins visibles. L'église suit un plan rectangulaire avec abside en hémicycle. Elle reprend les formes d'un modèle d'église paroissiale conçu par Thomas Baillairgé (1792-1859). Les grandes lignes de ce modèle sont reprises par ses collaborateurs au cours du XIXe siècle. Le clocher érigé en 1867 par Guillaume Audet dit Lapointe, charpentier de Bagotville, s'inscrit dans cette tradition. L'église est épargnée par le grand incendie de 1870, qui détruit plusieurs bâtiments dans le village de Bagotville.

Au début des années 1880, le noyau paroissial comprend l'église, le cimetière qui se situe derrière la sacristie et un petit champ sur lequel se dressent des bâtiments secondaires. Un presbytère est construit à l'ouest de l'église en 1882, tandis que le terrain en bordure de la rue de la Fabrique est aménagé en espace vert. À la fin du XIXe siècle, une clôture en bois délimite l'enclos paroissial.

Entre 1900 et 1930, plusieurs interventions viennent modifier le noyau institutionnel. Une première institution d'enseignement fait ainsi son apparition. Les soeurs du Bon-Conseil sont établies à Bagotville depuis 1907. Leur couvent est érigé en 1908 par Albert Fortin. Il s'agit d'un édifice à deux étages situé derrière l'église, sur l'emplacement jusque-là occupé par le cimetière. Entre 1906 et 1922, le curé Henri Cimon fait construire, en bordure de la rue Albert, une petite résidence pour loger des membres de sa famille. Cette habitation sert par la suite de maison pour le sacristain. En 1923, une nouvelle sacristie est annexée à l'église par A. F. Ferland, un entrepreneur de Québec. Trois ans plus tard, un monument au Sacré-Coeur est érigé en façade de l'église. La réalisation la plus importante de cette période demeure toutefois la construction d'un nouveau presbytère en 1930. La résidence monumentale d'esprit classique est conçue par l'architecte Armand Gravel (1895-1980).

Un nouveau couvent aux lignes modernes, l'école Sainte-Thérèse, est conçu en 1948 par la firme des architectes Léonce Desgagné (1908-1979) et Paul Boileau. Avec l'addition en 1950 d'un garage et d'une salle de réunion au presbytère, le noyau institutionnel prend l'aspect architectural qu'il conserve depuis lors.

Le Noyau-Institutionnel-de-Saint-Alphonse-de-Bagotville est constitué en 1991. Des organismes communautaires occupent aujourd'hui les locaux de l'ancien presbytère. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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