Place des Ormes

La Place des Ormes est un ensemble religieux de tradition catholique aménagé en 1915 et 1916. Il comprend une église, un ancien presbytère, une salle publique et un cimetière. Le lieu de culte en bois se compose d'une nef rectangulaire terminée par un chevet plat. Une sacristie de plan rectangulaire prolongée par un choeur plus étroit à chevet plat est adossée au chevet. La maison curiale en bois, de plan carré à deux étages, est coiffée d'un toit à croupes. La salle communautaire en bois, de plan rectangulaire à deux étages, est également surmontée d'un toit à croupes. Le cimetière, situé de l'autre côté de la route, se compose d'un terrain au relief peu accusé ponctué de monuments funéraires et d'arbres. Les édifices sont construits en retrait de la voie publique. Le site est aménagé sur une pointe, le long de la rivière Saguenay, dans le noyau villageois de la municipalité de Saint-Charles-de-Bourget.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Citation	Site patrimonial	Municipalité (Saint-Charles-de-Bourget)	1997-10-06

Haut de la page

La Place des Ormes présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Les trois édifices qui composent le site illustrent la persistance des formes issues de l'architecture classique dans les ensembles institutionnels catholiques du début du XXe siècle. L'église de Saint-Charles-Borromée possède un volume traditionnel composé d'une nef rectangulaire terminée par un chevet plat. La façade du lieu de culte comporte une tour en saillie qui évoque les tours-clochers très en vogue à cette époque. L'édifice présente également un parement en bois et une ornementation sobre caractéristiques des églises érigées en milieu rural. Par ailleurs, l'ancien presbytère et la salle publique reprennent plusieurs éléments de l'architecture résidentielle bourgeoise de l'époque. Le plan rectangulaire ou carré, l'élévation de deux étages, le toit à croupes, le pignon central en façade et la disposition symétrique des ouvertures en sont des particularités. La maison curiale possède en outre une ornementation plus élaborée qui souligne sa fonction prestigieuse. Les bâtiments de la Place des Ormes sont représentatifs des ensembles institutionnels implantés en milieu rural. Ils montrent également un souci d'unité par l'utilisation d'un parement identique.

La Place des Ormes présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le site témoigne du déplacement du noyau villageois lors de la construction de barrages sur la rivière Saguenay. Les premiers colons arrivent dans le secteur de Saint-Charles-de-Bourget vers 1864 sous l'initiative du curé Charles-Stanislas Richard (né en 1832). Une mission est fondée en 1868 sous le vocable de Saint-Charles-Borromée. Le village se développe progressivement autour du noyau religieux situé à plusieurs centaines de mètres à l'est de la Place des Ormes. Dans les années 1910, la Quebec Development Company annonce son intention de bâtir des barrages sur la rivière Saguenay pour produire de l'électricité. L'inondation projetée de plusieurs propriétés riveraines, dont celles du village de Saint-Charles, force les autorités ecclésiastiques à déplacer l'église. En 1915, un nouveau lieu de culte et un presbytère sont érigés à l'ouest de l'emplacement initial, sur un terrain surélevé. Les coûts de ces travaux sont acquittés par la Quebec Development Company. Après la construction d'un barrage à la Chute-à-Caron vers 1930, les terres de l'ancien village sont définitivement submergées. Les habitants s'établissent alors autour du nouveau noyau institutionnel. La Place des Ormes rappelle ainsi l'impact du développement hydroélectrique sur les villages situés en bordure du Saguenay.

Source : Municipalité de Saint-Charles-de-Bourget, 2008.

Haut de la page

Les éléments caractéristiques de la Place des Ormes liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation au centre du noyau villageois, sur un terrain surélevé;
- sa localisation sur une pointe, le long de la rivière Saguenay;
- les caractéristique de l'église de Saint-Charles-Borromée, notamment son volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire terminée par un chevet plat et le toit à deux versants droits couvert de tôle, sa façade, dont le parement de planches horizontales, la tour centrale en saillie surmontée d'un clocher, les portes à panneaux surmontées d'un tympan vitré à arc surbaissé (une à double vantail), les fenêtres cintrées, l'oeil-de-boeuf, les chambranles ornés de clefs décoratives, la corniche moulurée, les retours de corniche, les bandeaux peints et les planches cornières, les murs de la nef et du chevet, dont le soubassement en béton marqué par un bandeau peint, le parement de planches horizontales, les soupiraux, les fenêtres cintrées, les chambranles ornés de clefs décoratives, les retours de corniche et les planches cornières, la sacristie greffée au chevet, dont le plan rectangulaire prolongé par un choeur plus étroit à chevet plat, l'élévation de deux niveaux, le toit à deux versants droits couvert de tôle, le toit à croupes couvert de tôle du choeur, le parement de planches horizontales, les fenêtres rectangulaires, les chambranles à arc surbaissé, les retours de corniche et les planches cornières, ainsi que la souche de cheminée couverte de tôle;
- les caractéristiques du presbytère, notamment son volume, dont le plan carré du corps de logis principal, l'élévation de deux étages, le toit à croupes, le pignon central et la galerie couverte, les matériaux, dont le soubassement en béton marqué par un bandeau, le parement de planches horizontales, la couverture en tôle posée à la canadienne et les éléments ornementaux et architecturaux en bois, les ouvertures, dont la porte à panneaux et à carreaux (surmontée d'une imposte vitrée et encadrée de baies latérales), les fenêtres à grands carreaux, l'oculus, les soupiraux et les chambranles, les éléments ornementaux, dont le fronton, les poutres et les aisseliers menuisés, la corniche moulurée et les planches cornières, l'annexe, dont le plan carré, l'élévation de deux étages et demi, la galerie couverte à l'arrière, le parement de planches horizontales, la porte surmontée d'une imposte vitrée, les fenêtres rectangulaires, les lucarnes à pignon, les chambranles, la corniche moulurée et les planches cornières, ainsi que la souche de cheminée couverte de tôle;
- les caractéristiques de la salle publique, notamment son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages, le toit à croupes et le pignon central, les matériaux, dont le parement de planches horizontales ainsi que les éléments ornementaux et architecturaux en bois, les ouvertures, dont les portes à panneaux surmontées d'une imposte vitrée, les fenêtres à arc surbaissé et à grands carreaux, les fenêtres étroites jumelées et l'oculus encadré de fenêtres étroites, l'ornementation sobre, constituée principalement des chambranles et des planches cornières;
- les caractéristiques du cimetière, notamment sa situation à la limite sud-est du site, le long de la route du village, sur un terrain au relief peu accusé planté d'arbres, la sobriété des stèles disposées en rangées droites, la présence d'un calvaire et la clôture.

Haut de la page

La Place des Ormes est située sur le territoire du canton Bourget. Les premiers colons s'établissent dans la région vers 1864, à l'initiative du curé de Sainte-Anne-de-Chicoutimi-Nord, Charles-Stanislas Richard (né en 1832). En 1868, une mission est fondée sous le vocable de Saint-Charles-Borromée. Les offices religieux sont d'abord célébrés dans une résidence privée. Une chapelle est construite en 1881 sur un terrain donné par Charles-Stanislas Richard. En 1885, l'évêque de Chicoutimi nomme un prêtre résidant. Une église érigée en 1899 et 1900, selon les plans de l'architecte Herménégilde Morin, remplace la première chapelle.

Dans les années 1910, la Quebec Development Company s'intéresse au potentiel hydroélectrique de la rivière Saguenay. Les dirigeants de l'entreprise prévoient la construction de barrages. Ces installations font augmenter le niveau du cours d'eau et inondent plusieurs propriétés riveraines. Dès 1913, Benjamin Alexander Scott (1859-1928), vice-président de la compagnie, obtient des promesses de vente de terrain de la part de quelques résidents de Saint-Charles. En 1915, les autorités ecclésiastiques prennent la décision de reconstruire l'église et ses dépendances sur un emplacement surélevé à l'ouest du village. L'architecte Joseph-Pierre Ouellet (1871-1959) dresse les plans de l'actuel lieu de culte et du presbytère. Les travaux, payés par la Quebec Development Company, sont exécutés par l'entrepreneur Armand Lévesque et le charpentier Ulysse Tremblay. Les édifices sont achevés en 1916. La salle publique et le cimetière sont vraisemblablement aménagés à la même époque.

La Première Guerre mondiale (1914-1918) retarde cependant le projet de la Quebec Development Company. En 1922, la paroisse de Saint-Charles-Borromée est érigée canoniquement. À la même époque, la construction des premiers barrages, dont celui de la Chute-à-Caron, se met en branle. Vers 1930, les terres de l'ancien village sont submergées. Plusieurs familles quittent définitivement Saint-Charles, alors que d'autres s'établissent autour du nouvel ensemble religieux.

Au tournant du XXIe siècle, le presbytère est transformé en résidence privée. La salle publique accueille aujourd'hui une bibliothèque.

La Place des Ormes est constituée site du patrimoine en 1997. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

Haut de la page

Haut de la page

Haut de la page