Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Maison Joseph-Thibodeau

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Hill Crest Inn

Région administrative :

  • Laurentides

Municipalité :

  • Piedmont

Date :

  • après 1844 – avant 1855 (Construction)

Usage :

  • Fonction commerciale (Commerces de vente au détail > Magasins généraux)
  • Fonction résidentielle (Maisons rurales et urbaines)

Éléments associés

Personnes associées (1)

Images

Carte

Description

La maison Joseph-Thibodeau est une résidence traditionnelle jumelée à un ancien magasin général, construite entre 1844 et 1855. Ce bâtiment rectangulaire à charpente apparente en pièce sur pièce, qui s'élève sur un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants aux larmiers recourbés. Il est construit sur un terrain boisé, légèrement en retrait de la route et désaligné par rapport à celle-ci. Il est situé à la croisée des deux chemins principaux de la municipalité de Piedmont.

Ce bien est cité immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure du bâtiment.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Piedmont) 1996-04-09

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 1996-02-05
 

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Valeur patrimoniale

La maison Joseph-Thibodeau présente un intérêt pour sa valeur historique reposant sur son ancienneté. Ce bâtiment construit entre 1844 et 1855 évoque la colonisation des Hautes-Laurentides amorcée autour de 1840. Le lot sur lequel il est construit aurait été concédé entre 1844 et 1855 à William Scott, colonel, marchand et juge de paix de Saint-Jérôme. C'est lui qui aurait fait construire la maison et le magasin général. L'ancienneté du bâtiment se manifeste notamment par sa structure en pièce sur pièce assemblées à tenons en coulisse, un mode de construction répandu dans la vallée du Saint-Laurent au XVIIIe siècle et durant la première moitié du XIXe siècle. Cette méthode consiste à monter des murs en glissant des pièces de bois horizontales (des troncs d'arbres grossièrement équarris) entre des poteaux verticaux. Les pièces horizontales comportent des tenons à chaque extrémité - soit des parties en saillie - qui s'imbriquent dans des coulisses creusées dans les poteaux. Cette structure se retrouve rarement dans la région des Hautes-Laurentides, où les structures en pièce sur pièce assemblées à queues d'aronde prédominent. La maison Joseph-Thibodeau aurait été l'une des premières constructions de Piedmont. Elle constitue aujourd'hui l'un des plus anciens témoins architecturaux de cette municipalité.

La maison présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale liée à sa double fonction d'origine. La maison est construite pour servir de résidence et de magasin général. Dans son ensemble, elle arbore les caractéristiques générales de l'architecture domestique québécoise d'inspiration néoclassique. Apparu en Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le néoclassicisme se répand en Amérique du Nord britannique au tournant du XIXe siècle. Ce style, qui emprunte au langage architectural de l'Antiquité, apparaît au Bas-Canada avec l'arrivée d'entrepreneurs et d'architectes britanniques et par le biais de traités d'architecture qui circulent à l'époque. L'influence de ce style se manifeste dans la maison Joseph-Thibodeau, notamment par le toit à pente moyenne, les lucarnes à fronton triangulaire ornementé de motifs floraux et la porte à imposte. D'autre part, la maison se dissocie de ce style en raison de sa double fonction qui ne permet pas une symétrie parfaite de la façade. Elle possède en effet de nombreuses ouvertures disposées asymétriquement, notamment quatre portes dont deux percées en façade. Les grandes dimensions du carré, sa forme particulièrement allongée et la trace d'une division en façade témoignent également de sa double fonction. Il s'agit d'un bâtiment unique dans la municipalité de Piedmont.

La maison présente également un intérêt pour sa valeur historique comme témoin de l'essor de la villégiature dans les Hautes-Laurentides. La maison abrite un magasin général dès sa construction, et ce, jusqu'à sa vente entre 1888 et 1897. Implanté à la jonction des deux routes principales qui traversent le village, le petit commerce profite du passage des colons qui, à partir de la moitié du XIXe siècle, partent s'installer vers des territoires plus au nord. À la fin du XIXe siècle, Piedmont profite du développement de l'industrie touristique dans les Laurentides lorsque le chemin de fer est étendu jusqu'à Sainte-Adèle, en 1892. Situé à la jonction de la rue Principale et du chemin de la Gare, l'ancien magasin général est transformé en pension pour les voyageurs en 1918. Des trains de neige se rendant dans les Hautes-Laurentides sont mis en service à partir de 1927 afin de mettre les activités de plein air, comme le ski, davantage à la portée des Montréalais. Piedmont devient alors une halte très fréquentée par les excursionnistes et la maison de pension, appelée Hill Crest Inn, profite de cette manne de visiteurs jusqu'en 1940. La maison Joseph-Thibodeau contribue, encore aujourd'hui, à définir et à marquer l'intersection du chemin de la Gare et de la rue Principale.

Source : Municipalité de Piedmont, 2005.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la maison Joseph-Thibodeau liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- la structure apparente en pièce sur pièce assemblée à tenons en coulisse;
- le volume, dont le carré rectangulaire allongé, l'élévation d'un étage et demi et le toit à deux versants aux larmiers recourbés et couvert de tôle à baguettes;
- les ouvertures disposées asymétriquement, dont les fenêtres à grands carreaux, les lucarnes à fronton ornementé de motifs floraux et la porte à imposte;
- les fondations en pierre;
- les pignons couverts de planches verticales;
- son implantation, légèrement en retrait et désalignée par rapport à la rue, au carrefour de deux chemins principaux, sur un terrain boisé.

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Informations historiques

La construction de la maison Joseph-Thibodeau concorde avec les débuts de la colonisation de la région des Hautes-Laurentides. Bien que le territoire soit concédé en seigneurie dès 1683 (la seigneurie des Mille-Îles), ce n'est qu'à partir des années 1840, sous l'influence de monseigneur Bourget (1799-1885), évêque de Montréal, que le peuplement du territoire s'amorce réellement.

À cette époque, Piedmont est l'un des deux villages constituant la municipalité de Saint-Sauveur (avec le village du même nom) qui obtient sa reconnaissance civile en 1855. Le premier maire de Saint-Sauveur est William Scott, aussi premier propriétaire de la maison Joseph-Thibodeau.

William Scott aurait acquis le lot sur lequel la maison est construite entre 1844 et 1855 et y aurait érigé sa résidence et un magasin général peu de temps après. Construite sur une route qu'empruntent les colons pour se rendre plus au nord, la maison est située en un lieu stratégique pour le commerce. Scott, colonel, marchand et juge de paix de Saint-Jérôme, vend son établissement en 1859.

Le nouveau propriétaire exploite lui aussi le bâtiment comme magasin général jusqu'à sa vente entre 1888 et 1897. Durant quelques années, le bâtiment sert uniquement de résidence, et des dépendances sont construites sur le terrain.

En 1918, la propriété est vendue à Félix Boisseau, qui deviendra le premier maire de Piedmont en 1923. La maison Joseph-Thibodeau, située sur le chemin de la Gare, est alors transformée en maison de pension. L'aménagement d'une ligne de chemin de fer menant à Saint-Adèle, en 1892, donne plus facilement accès aux activités de plein air qu'affectionnent depuis un certain temps les Montréalais. Félix Boisseau entend ainsi profiter de la manne de voyageurs qui viennent passer leurs vacances dans les Laurentides. Il construit alors un appentis à l'arrière, dans lequel il loge la cuisine, et aménage les combles pour en faire des chambres à coucher.

Deux autres propriétaires se succèdent dans l'exploitation de la maison de pension. Le premier, Alvin Kempfer, chef de gare de Piedmont employé par le Canadien Pacifique (CP), acquiert la maison en 1925 et baptise l'établissement le Hill Crest Inn. À cette époque, le CP aurait eu un règlement interdisant aux employés d'être propriétaires de commerces, sous peine de congédiement. Rapidement, Kempfer doit se départir de sa propriété, et c'est à ce moment qu'Arthur Thibodeau, père de Joseph Thibodeau, acquiert la maison.

En 1927, le CP et le Canadien National (CN) mettent en service des trains de neige pour conduire les skieurs de Montréal aux pentes de ski des Laurentides. Premier service du genre en Amérique du Nord, le train de neige connaît un succès fulgurant. Dès la première année, 11 000 skieurs utilisent ce service pour se rendre dans les différentes stations de ski des Laurentides. Bien qu'elle ne possède pas de pentes de ski, Piedmont devient une halte importante pour les skieurs et les villégiateurs, parce qu'elle est située entre Saint-Sauveur et Saint-Adèle.

Joseph Thibodeau exploite la pension jusqu'à sa mort en 1940. La maison, utilisée comme résidence secondaire, demeure la propriété de la famille jusque dans les années 1990. Depuis, elle a connu quelques propriétaires, et des travaux de restauration ont été entrepris. Le parement de planches de bois posées à clins qui recouvrait les murs a été retiré il y a une dizaine d'années, révélant ainsi la structure en pièce sur pièce assemblée à tenons en coulisse.

La maison Joseph-Thibodeau est citée en 1996.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laurentides

MRC :

  • Les Pays-d'en-Haut

Municipalité :

  • Piedmont

Adresse :

  • 757, rue Principale

Latitude :

  • 45° 54' 7.0"

Longitude :

  • -74° 8' 16.0"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Terrebonne Paroisse de Saint-Sauveur Absent 35-P

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