Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial du Fort-Senneville

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Fort de Senneville
  • Site historique et archéologique du Fort-Senneville

Région administrative :

  • Montréal

Date :

  • 1702 – 1703 (Construction)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine militaire

Usage :

  • Fonction commerciale (Postes de traite)
  • Services et institutions (Installations de défense militaire)

Éléments associés

Plaques commémoratives associées (3)

Personnes associées (8)

Description

Le site patrimonial du Fort-Senneville est le vestige d'un ancien poste de traite fortifié construit en 1702 et 1703. Le site comprend les ruines du fort toujours debout et un terrain en partie boisé d'environ 8000 mètres carrés.

Ce bien est classé site patrimonial. Il est inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.

Ce site est une propriété privée et ne peut pas être visité.

Plan au sol :

Rectangulaire

Groupement :

Détaché

Fondations :

  • Pierre

Fenêtre(s) :

  • carrée

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2003-11-20

Catégories de conservation

  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

Le site patrimonial du Fort-Senneville présente un intérêt pour sa valeur historique. Exemple unique de fort privé en Nouvelle-France, ce lieu témoigne de la traite des fourrures qui se faisait dans la colonie. Situé sur une pointe de terre, face à l'embouchure de la rivière des Outaouais, ce poste de traite fortifié se trouve sur la voie navigable empruntée par les Autochtones se rendant à la foire annuelle de Ville-Marie pour y troquer leurs pelleteries. Aussi certains d'entre eux préfèrent-ils échanger leurs marchandises avec les commerçants du fort, qui les acquièrent à moindre coût, et éviter les dangereux rapides de Lachine. Jacques Le Ber de Senneville (1663-1735), qui obtient de son père la seigneurie de Senneville, fait ériger le fort en 1702 et 1703. Il doit assurer la sécurité du commerce des fourrures, notamment face aux menaces d'attaques iroquoises. Le fort se présente sous forme d'une enceinte quadrangulaire flanquée d'un bastion à chaque coin. Sa cour intérieure compte une habitation mansardée à deux étages. Les activités tenues dans ce fort semblent avoir été pratiquées surtout de manière illicite, des ordonnances royales limitant alors la traite avec les Autochtones hors des grands centres. En 1725, la réouverture de la traite vers les « pays d'En Haut » rend le fort obsolète. Utilisé ensuite à diverses fins, il est détruit en 1776 par les troupes de Benedict Arnold (1741-1801) lors de l'invasion américaine. Issu d'une initiative privée, ce fort témoigne du statut des Le Ber, famille marchande la mieux nantie de Montréal, du commerce lucratif des fourrures et des menaces d'attaques iroquoises qui planaient alors.

Le site présente également un intérêt pour sa valeur archéologique. Les recherches permettent de mieux comprendre l'organisation de l'espace intérieur du fort, les modes de construction des structures et les activités quotidiennes s'étant déroulées sur place. Outre l'habitation, l'enceinte et les bastions, les fouilles ont mis au jour diverses structures illustrant l'aménagement intérieur du site, notamment les fondations d'un bâtiment en bois, une citerne en maçonnerie et une latrine munie d'un canal vouté d'évacuation des eaux. Les nombreux artefacts récupérés sont liés principalement aux activités domestiques, aux activités de traite et, en moindre proportion, au domaine militaire. L'analyse des restes osseux d'animaux sauvages démontre l'apport de la chasse comme ressource alimentaire d'appoint pour les habitants du poste. Le moyen utilisé par les troupes américaines pour détruire le fort en 1776 peut s'expliquer par la découverte de fragments de grenades ayant explosé et endommagé la structure. Par ailleurs, comme l'exploitation du poste s'est pendant longtemps faite de manière illicite, peu nombreux sont les écrits faisant état des activités de contrebande et l'archéologie est alors un élément contributif pour les mettre en lumière. Enfin, la mise au jour d'objets de fabrication autochtone témoigne d'occupations préhistoriques, période encore fort peu documentée dans ce secteur.

Le site présente aussi un intérêt pour sa valeur paysagère comme témoin du mouvement pittoresque. Cette approche esthétique née au XVIIIe siècle en Grande-Bretagne préconise la communion avec la nature en faisant appel à la sensibilité et aux émotions. Son influence s'est fait sentir au Québec durant le XIXe siècle. Aussi, en 1865, la pointe est achetée par John Joseph Caldwell Abbott (1821-1893), avocat de Montréal, qui réaménage les lieux en domaine champêtre et préserve les ruines du fort. En 1898, la propriété, appelée Boisbriand, est acquise par le banquier Edward Seaborne Clouston (1849-1912) qui entreprend une série de rénovations des bâtiments sauf pour les ruines du fort, dont il apprécie le romantisme pittoresque.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial du Fort-Senneville comprennent, entre autres :
- sa situation géographique sur la pointe Abbot, en bordure du lac des Deux Montagnes et à l'embouchure de la rivière des Outaouais;
- les vestiges du fort, hors du sol et enfouis, dont les bastions, la courtine, l'habitation, la citerne, les latrines et le canal d'évacuation des eaux;
- la portion résiduelle du site renfermant encore des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.

Haut de la page

Informations historiques

En 1672, les Sulpiciens, seigneurs de Montréal, cèdent un arrière-fief à l'extrémité ouest de l'île à Michel-Sidrach Dugué de Boisbriand (vers 1638-1688), ancien capitaine du régiment de Carignan-Sallière, dans l'espoir de favoriser la colonisation de ce secteur. Toutefois, l'intérêt de Boisbriand repose surtout sur le potentiel commercial du fief. Situé au bord du lac des Deux Montagnes et à proximité de la rivière des Outaouais, il est positionné sur l'axe qu'empruntent les Autochtones pour se rendre à la foire annuelle de Ville-Marie où ils troquent leurs pelleteries. Le fief est alors un endroit privilégié pour établir un poste de traite. Les commerçants comptent y attirer les Autochtones afin d'acheter leurs pelleteries à moindre coût. Moins lucratif pour ces derniers, ce procédé leur évite cependant de franchir les rapides de Lachine.

En 1679, Boisbriand cède sa terre à ses deux créanciers, les riches marchands Charles Le Moyne (1626-1685) et Jacques Le Ber (vers 1633 à 1706). Le Ber devient l'unique seigneur en 1683 et donne au fief le nom de Senneville. En 1686 et 1687, il fait ériger un moulin fortifié, davantage pour répondre à un besoin défensif face à la menace iroquoise que pour promouvoir le peuplement de la seigneurie. Incendié par des Iroquois en 1691, le moulin est remis en fonction en 1700. L'époque de Le Ber est aussi marquée par des ordonnances royales limitant le commerce des fourrures à l'extérieur des villes. En 1696, Louis XIV cesse l'attribution de permis de traite (aussi nommés congés) pour modérer la chute des prix des fourrures sur le marché français déjà saturé. Les activités à Senneville se poursuivent, tantôt légales, tantôt illicites.

Le Ber cède le fief à son fils Jacques Le Ber de Senneville (1663-1735). En 1702 et 1703, ce dernier fait construire un fort composé d'une enceinte quadrangulaire à quatre bastions qui renferme une maison et une cour. Issu de la famille marchande la mieux nantie de Montréal, Le Ber souhaite ainsi préserver son commerce lucratif des menaces d'attaques iroquoises. Aussi, le poste de traite tient ses activités en faisant fi des ordonnances royales interdisant le commerce des pelleteries, les autorités appliquant leurs règlements avec un certain laxisme.

Le poste de Senneville cesse ses activités vers 1725, tombé en désuétude depuis que le roi lève l'interdiction aux coureurs des bois de traiter directement avec les Autochtones des « pays d'En Haut ». Il est alors loué à des agriculteurs et à des meuniers de la seigneurie. Sa fonction militaire renaît brièvement en 1747 et 1748, lors de nouvelles menaces d'attaques autochtones. En 1774, Jean-Baptiste-Jérémie Testard de Montigny (1741-1784) réaménage le fort en magasin, qui est cependant détruit deux ans plus tard par les troupes américaines de Benedict Arnold (1741-1801). La veuve de Testard, Magdeleine Damours de Clignancour (1741-1813), fait construire un second moulin en 1790 et exploite le potentiel agricole de la seigneurie.

En 1865, la pointe est achetée par John Joseph Caldwell Abbott (1821-1893), avocat de Montréal, qui réaménage les lieux en domaine champêtre et préserve les ruines du fort. À sa mort en 1898, la pointe Abbott est acquise par Edward Seaborne Clouston (1849-1912) qui entreprend une série de rénovations des bâtiments sauf pour les ruines du fort dont il apprécie le romantisme pittoresque. Depuis cette époque, les propriétaires ont conservé ces vestiges séculaires et même participé à leur entretien. Des fouilles archéologiques menées en 1971 et 2004 ont démontré le riche potentiel du site et révélé des éléments importants de son histoire. Des travaux visant à conserver la maçonnerie y ont également été réalisés.

Le site patrimonial du Fort-Senneville est classé en 2003.

Haut de la page

Documents

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • DUGUAY, Françoise. Étude historique et archéologique du fort Senneville et de ses abords (site BiFl-2). Montréal, Archéocène inc., 1995. 58 p.
  • Ethnoscop inc. Le Fort Senneville et ses abords : étude de potentiel archéologique. Montréal, Ministère de la Culture et des Communications, 2002. 115 p.
  • ROBICHAUD, Léon et Alan STEWART. Le fort de Senneville. Étude historique et patrimoniale. Québec, Ministère de la Culture et des Communications, 2000. 190 p.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013