Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église Sainte-Amélie

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Cathédrale Saint-Jean-Eudes
  • Église Saint-Joseph

Région administrative :

  • Côte-Nord

Municipalité :

  • Baie-Comeau

Date :

  • 1939 – 1940 (Construction)
  • 1940 – 1945 (Décoration intérieure)
  • 1996 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Patrimoine mobilier associé (7)

Groupes associés (5)

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Personnes associées (9)

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Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église Sainte-Amélie est un lieu de culte de tradition catholique érigé en 1939 et 1940. Le bâtiment en granit présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, de transepts et d'un choeur en saillie à chevet plat. Le lieu de culte est surmonté d'un toit à deux versants droits dont le faîte est plus haut au-dessus de la nef qu'au-dessus du choeur. La façade asymétrique est percée de deux portails latéraux et d'un portail central formé d'une porte à double vantail, d'une imposte vitrée et d'un large encadrement en pierre de taille. Ce portail central est surmonté d'une large ouverture formée de trois lancettes terminées par un arc en mitre. Placée à l'angle nord-est de l'église, la tour-clocher latérale de plan carré comporte une chambre des cloches octogonale et une flèche en cuivre surmontée d'une croix. Le baptistère de plan carré forme une saillie à l'angle nord-ouest du bâtiment. Une sacristie de plan en « U » à un étage et coiffée d'un toit plat ceinture le choeur du lieu de culte. L'église Sainte-Amélie est située sur un promontoire dominant la baie des Anglais, dans le quartier le plus ancien de la ville de Baie-Comeau.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à tous les éléments intérieurs et extérieurs de l'église et de la sacristie, de même qu'au terrain. Quatre statues en marbre, classées objets patrimoniaux, sont conservées dans l'église.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2017-11-30
Prise d'effet : 2016-12-14

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 9 - Terrain notable

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2016-12-08
  • Proposition de statut national, 2014-11-10
 
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Baie-Comeau) 2001-12-17
 

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Valeur patrimoniale

L'église Sainte-Amélie présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Construite en 1939 et 1940, cette église est le premier lieu de culte catholique de la ville de Baie-Comeau, laquelle a été fondée en 1937 par Robert Rutherford McCormick, président de la Quebec North Shore Company et éditeur du Chicago Tribune. McCormick, qui avait doté la localité d'une papeterie en 1936, finance la construction du bâtiment religieux. En 1940, l'église est dédiée à sainte Amélie, en l'honneur de l'épouse de McCormick, Amy Irwin Adams, décédée peu de temps auparavant. Le diocèse du Golfe-Saint-Laurent est créé en 1945, et Baie-Comeau est choisie l'année suivante comme siège épiscopal. L'église Sainte-Amélie, qui devient cathédrale, change de nom au même moment et est dès lors dédiée à saint Jean Eudes, patron du diocèse. Elle redevient simple église paroissiale et est renommée Sainte-Amélie en 1960, lorsque la nouvelle cathédrale est inaugurée à Hauterive. L'église Sainte-Amélie est donc associée à la naissance de Baie-Comeau et à l'établissement de cette ville comme coeur économique et religieux de la Côte-Nord.

L'église Sainte-Amélie présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Conçu par l'architecte Gaston Gagnier (1906-1982), ce lieu de culte est représentatif de l'architecture religieuse catholique québécoise du deuxième quart du XXe siècle. Cette période associée au renouveau de l'architecture religieuse est marquée par la recherche de nouvelles formes, mais dans un esprit de continuité avec les modèles traditionnels. Ainsi, l'église Sainte-Amélie présente plusieurs éléments issus de la tradition, dont son plan en croix latine ainsi que certains matériaux utilisés, notamment le granit rose du parement extérieur et le cuivre de la flèche du clocher. Le lieu de culte présente toutefois des éléments de modernité, notamment : la composition asymétrique de la façade, les ouvertures terminées par un arc en mitre et, surtout, son système structural composé d'arcs paraboliques. L'utilisation de ce type d'arcs, inspiré de l'oeuvre du moine-architecte dom Paul Bellot (1876-1944), se répand à partir du milieu des années 1930 et marque fortement l'architecture religieuse québécoise jusqu'à la fin des années 1950.

L'église Sainte-Amélie présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Le décor de fresques, peint de 1940 à 1945, constitue un très rare exemple, en Amérique du Nord, d'utilisation de cette technique sur une aussi grande surface. Sur la proposition de Gagnier, la réalisation de cette oeuvre d'environ 1500 mètres carrés est confiée à Guido Nincheri (1885-1973). Cet artiste italien formé à différents arts à l'Académie des beaux-arts de Florence est connu principalement pour sa production de décors religieux peints et de vitraux. Il est aussi un des rares peintres à avoir utilisé la technique de la fresque sur le continent nord-américain. Cette technique consiste à appliquer une peinture faite de pigments minéraux délayés dans l'eau sur une surface fraîchement enduite d'un mortier fait de chaux et de sable avant que ce dernier ne soit sec. Cette technique demande une grande maîtrise, notamment parce que le travail doit être effectué rapidement, sans possibilité de retouches. Nincheri a contribué au décor de plusieurs dizaines d'églises au Canada et aux États-Unis, où ses peintures sont généralement concentrées dans le choeur. À l'église Sainte-Amélie, l'imposant ensemble de fresques couvre aussi la voûte de la nef et une partie de ses murs. L'utilisation du sable local, très ferreux et foncé, a influencé la coloration des fonds. Ce décor peint est complété par des vitraux fabriqués dans l'atelier de Nincheri à Montréal, par des autels de la maison Carli-Petrucci et par un chemin de croix de Luigi Liparini.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2017.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église Sainte-Amélie liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- son implantation sur un promontoire dominant la baie des Anglais, dans la ville de Baie-Comeau;
- son volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, de transepts et d'un choeur en saillie à chevet plat; le soubassement surélevé; le toit à deux versants droits plus haut au-dessus de la nef qu'au-dessus du choeur; et la façade flanquée, d'un côté, d'une tour-clocher (de plan carré, dotée d'une chambre des cloches octogonale surmontée d'une flèche et d'une croix) et, de l'autre côté, d'un baptistère de plan carré;
- les matériaux, dont le granit du parement ainsi que le cuivre, le béton, le bois et la pierre artificielle des éléments ornementaux et architecturaux;
- les ouvertures, dont le portail central composé d'une porte à double vantail, d'une imposte vitrée et d'un large encadrement en pierre de taille lisse; les portails latéraux dotés d'une porte à simple vantail à panneaux et à carreaux; les portes du soubassement, à panneaux et à carreaux, et protégées par un petit toit à deux versants; la large ouverture en façade composée de trois lancettes terminées par un arc en mitre; les hautes fenêtres étroites à quatre niveaux du clocher; les lancettes à arc en mitre (jumelées le long de la nef et groupées par trois au bout des transepts, sur le baptistère et à la base de la tour-clocher); et les fenêtres rectangulaires disposées par paires;
- l'ornementation extérieure sobre, dont les croix, les jeux de texture et de couleur de la pierre, la corniche moulurée, les contreforts et la pierre portant l'inscription « A.D. 1939 »;
- la sacristie, dont le plan en « U » ceinturant le choeur, le soubassement surélevé, l'élévation d'un étage, le toit plat, les fenêtres à guillotine et à carreaux, les fenêtres à arc en mitre, les contreforts et la cheminée liée au chevet par un arc-boutant;
- l'aménagement intérieur, dont la nef à un vaisseau rythmée par des arcs paraboliques, les éléments en saillie formant des caissons sur la voûte, ainsi que la tribune arrière et son espace ouvert sur la nef par un arc parabolique;
- les fresques couvrant toute la voûte et une partie des murs, notamment la fresque centrale du choeur représentant la Nativité, la Résurrection et la Sainte Trinité; les scènes de la vie de saint Jean Eudes, sur la voûte du choeur; les scènes de la vie de sainte Amélie, dans l'avant-choeur; la représentation de sainte Cécile, au-dessus de la tribune arrière; les fresques représentant saint Pierre et Moïse, dans les chapelles latérales; les nombreuses figures d'anges; les frises et autres bandes décoratives; les motifs végétaux ou géométriques; ainsi que les croix stylisées et les autres symboles religieux;
- les caractéristiques des vitraux représentant notamment les prophètes, les apôtres et des anges, dont les couleurs vives utilisées; les motifs rayonnants derrière les personnages; les motifs d'arcs encadrant les personnages; les motifs végétaux et les différents symboles (dont les chandeliers à sept branches et les colombes), placés dans la partie supérieure des vitraux; et la case portant le nom du personnage, placée au bas des vitraux;
- les éléments fixes intégrés au décor intérieur, dont le maître-autel et les autels latéraux en marbre rose et noir; le chemin de croix; les confessionnaux à trois portes, en bois; les bancs de la nef; et l'orgue Casavant;
- l'aménagement et le décor du baptistère, dont les fresques ornant la partie supérieure des murs et les vitraux présentant des figures d'anges et des motifs associés au baptême;
- les autres éléments du décor, dont le revêtement en pierre artificielle de la partie inférieure des murs, les éléments menuisés, ainsi que le plancher en terrazzo orné de motifs géométriques et d'un motif comprenant une embarcation à voile.

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Informations historiques

L'église Sainte-Amélie est le premier lieu de culte catholique de Baie-Comeau, ville fondée en 1937 par Robert Rutherford McCormick, président de la Quebec North Shore Company et éditeur du Chicago Tribune. La construction du lieu de culte selon les plans de l'architecte Gaston Gagnier (1906-1982), dans ce tout premier quartier de Baie-Comeau, à proximité de l'usine, commence par l'aménagement du soubassement. La première livraison de granit rose de la Côte-Nord pour la construction de la partie supérieure de l'église est faite en juin 1939. La première messe est célébrée dans l'église le 19 juin 1940. Le lieu de culte est dédié à sainte Amélie en l'honneur d'Amy Irwin Adams, épouse de McCormick décédée peu de temps auparavant.

La décoration intérieure est financée par McCormick en mémoire de sa femme. Sur la proposition de l'architecte Gagnier, cette tâche est confiée à l'artiste Guido Nincheri (1885-1973). Cet artiste italien - formé, à l'Académie des beaux-arts de Florence, à différents arts, dont l'architecture, la sculpture, la peinture et la tapisserie - est connu principalement pour sa production de décors religieux peints et de vitraux. Il est aussi un des rares peintres à avoir utilisé, en Amérique du Nord, la technique de la fresque. Cette technique consiste à appliquer une peinture faite de pigments minéraux délayés dans l'eau directement sur un enduit mural fait de chaux et de sable, avant que ce dernier ne soit sec, pour permettre aux pigments de pénétrer dans la masse. Au moment de peindre le décor de l'église de Sainte-Amélie, la réputation de Nincheri est déjà bien établie, notamment en raison de ses oeuvres qui ornent plusieurs églises de la région montréalaise.

Dans l'église de Baie-Comeau, de 1940 à 1945, Nincheri peint des fresques d'une superficie totale de 1500 mètres carrés. C'est pendant qu'il travaille à ce décor, en 1940, qu'il est arrêté puis incarcéré à Montréal pendant trois mois, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. Auteur d'un portrait de Benito Mussolini (1883-1945) figurant dans le décor de l'église Notre-Dame-de-la-Défense, à Montréal, le peintre est soupçonné d'éprouver de la sympathie pour le régime fasciste italien. Il sera finalement libéré après avoir prouvé qu'il répondait à une demande du clergé, lequel voulait alors commémorer les accords de Latran (1929) entre le royaume d'Italie et le Saint-Siège.

Le diocèse de la Côte-Nord est fondé en 1945, et Baie-Comeau est choisie, l'année suivante, comme siège épiscopal. L'église Sainte-Amélie devient cathédrale et change de nom au même moment pour être dédiée à saint Jean Eudes, patron du diocèse. Elle redevient simple église paroissiale et est renommée Sainte-Amélie en 1960, lorsque la nouvelle cathédrale est inaugurée à Hauterive.

Au fil du temps, divers éléments complètent le décor peint. Le chemin de croix est une oeuvre de Luigi Liparini. Quatre statues en marbre sculptées par Pasquale Sgandurra (1882-1956), artiste formé à l'Académie des beaux-arts de Florence en même temps que Nincheri, prennent aussi place dans le lieu de culte. L'orgue Casavant de 26 jeux est installé dans l'église en juin 1957. L'année suivante s'ajoutent trois autels en marbre et une table de communion en marbre et en fer forgé. En décembre 1959, les derniers vitraux, conçus par Nincheri et fabriqués dans son atelier montréalais, sont finalement installés pour compléter le décor.

Les fresques de Nincheri sont restaurées en 1996. Le lieu de culte est cité en 2001 par la Ville de Baie-Comeau. À la même époque, l'église est fermée au culte une première fois. En 2010, la fermeture au culte devient définitive. Le bâtiment est alors acquis par un organisme à but non lucratif consacré à la préservation de l'église : la Corporation de l'église Sainte-Amélie, ouverte à la vie.

L'église Sainte-Amélie est classée en 2017. Les quatre statues en marbre de Sgandurra, qui y sont conservées, sont classées au même moment.

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Emplacement

Region administrative :

  • Côte-Nord

MRC :

  • Manicouagan

Municipalité :

  • Baie-Comeau

Adresse :

  • 36, avenue Marquette

Latitude :

  • 49° 13' 9.2"

Longitude :

  • -68° 8' 51.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 210 553

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BERGERON, Claude. Architecture des églises du Québec : 1940-1985. Québec, Presses de l'Université Laval, 1987. 383 p.
  • COUSINEAU, Pierre, dir. Baie-Comeau 1937-1987. Baie-Comeau, Société historique pour la Côte-Nord pour gestion sportive et culturelle de Baie-Comeau inc., 1987. 160 p.
  • FRENETTE, Pierre, dir. Histoire de la Côte-Nord. Les Régions du Québec. Québec, Institut québécois de la recherche sur la culture: Presses de l'Université Laval, 1996. 667 p.
  • GAGNON FORTIN, Lorraine. Le glas a-t-il sonné définitivement pour l'église Sainte-Amélie de Baie-Comeau. Baie-Comeau, Journal Haute-Côte-Nord, 2010. 16 p.
  • JEAN, Paul-Émile. Du mont Sec à la rivière Amédée ou Baie-Comeau et Hauterive avant 1982. Baie-Comeau, Éditions Jean, 1998. 574 p.
  • LABRIE, Napoléon-Alexandre. Quelques souvenirs (1905-1931) et Chronique du diocèse du Golfe Saint-Laurent (1938-1956). s.l. Société historique de la Côte-Nord, 2003. s.p.
  • LAROCHE, Ginette. Guido Nincheri à Baie-Comeau. Rapport sur l'oeuvre. Québec, Conseil du patrimoine culturel du Québec, 2017. 33 p.
  • LEGROS, Hector. Le diocèse d'Ottawa, 1847-1948. Ottawa, Imprimerie Le Droit, 1949. 209 p.
  • NINCHERI, Guido. Guido Nincheri, un artiste florentin à Montréal. Montréal, Atelier d'histoire d'Hochelaga-Maisonneuve, 2001. 56 p.
  • PELLISSIER, Pierlucio. Église de Sainte-Amélie à Baie-Comeau, rapport technique sur la conservation des fresques de G. Nincheri. Montréal, 1996. 62 p.
  • s.a. Baie-Comeau et l’église Sainte-Amélie. s.l. 1946. s.p.
  • s.a. « Carillon en retard ». Le Soleil, 24 août 1940, p. 20.
  • s.a. « Gagnier, Derome, Mercier, architectes ». Architecture, bâtiment, construction. Vol. 3, no 47 (1947), p. 30-31.
  • s.a. « L'essor magique de la ville de Baie-Comeau ». Le Soleil, 6 août 1937, p. 10.
  • s.a. « La construction d’une église à Baie-Comeau ». Le Devoir, 15 juillet 1939, p. 7.
  • s.a. « L’église de Baie-Comeau ». Le Soleil, 7 décembre 1939, p. 24.
  • s.a. Pionnier de la Côte-Nord : l'histoire de la Quebec North Shore Paper Company, Baie-Comeau, P.Q. Québec. s.l. 1962. 29 p.
  • s.a. « Première église de Baie-Comeau ». Le Soleil, 6 décembre 1940, p. 24.
  • TARDIF-PAINCHAUD, Nicole. Dom Bellot et l'architecture religieuse au Québec. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1978. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

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