Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle du maître-autel

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Centre-du-Québec

Date :

  • 1736 – 1747 (Production)
  • 1840 (Déménagement)
  • après 1883 – avant 1886 (Déménagement)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (1)

Personnes associées (1)

Images

Description

Le tabernacle du maître-autel est une pièce de mobilier liturgique exécutée entre 1736 et 1747. Ce meuble polychrome en bois sculpté mesure 280 cm de hauteur, 240,5 cm de largeur et 83 cm de profondeur. Présentant l'aspect d'une façade d'église baroque miniature, il comprend de nombreux détails architecturaux et plusieurs sections en saillie. L'oeuvre est composée de deux gradins, d'un étage de la monstrance rythmé de colonnettes et de panneaux sculptés, ainsi que d'un couronnement formé d'un double entablement surmonté d'un large dôme central à écailles. Ce dernier, lui-même surmonté d'une croix, est flanqué de volutes et creusé d'une niche. Le tabernacle est abondamment décoré de motifs végétaux.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Dimensions :

  • Hauteur : 280 centimètre(s)
  • Largeur : 240,5 centimètre(s)
  • Profondeur : 83 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois

Technique de fabrication :

  • Sculpté

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1979-09-14
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle du maître-autel présente un intérêt pour ses valeurs ethnologique et historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Avant le concile Vatican II (1962-1965), ce meuble était placé sur un tombeau d'autel au fond du choeur et servait à conserver le ciboire et les hosties consacrées pour la communion. L'ostensoir y était également exposé ou même rangé, et plusieurs tabernacles contenaient aussi des reliquaires. Les anciens tabernacles prenaient donc souvent des dimensions imposantes. Ils se composaient généralement de trois parties superposées : les gradins, en bas, qui incluent l'armoire contenant les hosties, l'étage de la monstrance et, au-dessus, l'étage du couronnement. À la suite des changements apportés à la liturgie par l'Église catholique dans les années 1960, les autels anciens ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. De nouvelles tables d'autel sont plutôt installées au centre du choeur et le célébrant fait face aux fidèles. De nombreuses paroisses, comme celle de Saint-Eugène, conservent toutefois leurs anciens autels, et les tabernacles maintiennent parfois leur fonction de réserve eucharistique. Le tabernacle du maître-autel évoque ainsi une pratique liturgique catholique ancienne.

Le tabernacle du maître-autel présente également un intérêt pour sa valeur historique découlant de son association avec Paul-Raymond Jourdain, dit Labrosse (1697-1769), l'artiste qui l'a réalisé. Jourdain, dit Labrosse figure parmi les sculpteurs les plus réputés de la Nouvelle-France. Natif de Montréal, c'est dans cette ville et pour les paroisses environnantes qu'il exécute ses oeuvres, pour la plupart à caractère religieux. Probablement formé auprès de son père, qui était menuisier, il commence sa carrière en tant que facteur d'orgues. Il se consacre à la sculpture à partir de 1730 et réalise notamment des retables, des meubles liturgiques et de la statuaire, dont un Christ en croix pour l'église Notre-Dame de Montréal. Jourdain, dit Labrosse, est l'un des seuls sculpteurs de cette époque qui signe ses oeuvres. Des documents écrits contemporains mentionnent sa production en termes élogieux. Parmi les rares pièces de l'artiste subsistant aujourd'hui figure ce tabernacle exécuté entre 1736 et 1747 pour l'église paroissiale de La Prairie. Le meuble est ensuite offert à la paroisse de Saint-Zéphirin-de-Courval puis cédé à la paroisse de Saint-Eugène dans les années 1880. Le tabernacle du maître-autel est un témoin précieux de la production de ce sculpteur estimé.

Le tabernacle du maître-autel présente en outre un intérêt pour sa valeur artistique. L'oeuvre richement ornée, d'une grande qualité d'exécution, est caractéristique des tabernacles exécutés durant le Régime français. Moins d'une trentaine de tabernacles de cette époque ont été conservés. Celui de Saint-Eugène, avec son dôme à écailles, ses abondants motifs végétaux sculptés, ses nombreuses composantes architecturales et ses détails ajourés, se compare en somptuosité avec les meubles liturgiques contemporains tels que ceux sculptés par la famille Levasseur à Québec. Il se distingue toutefois par son relief fortement accentué créé par une succession de saillies, en particulier dans la section centrale de l'étage de la monstrance. L'oeuvre comporte également un élément figuratif peu commun dans l'art religieux de la Nouvelle-France, soit une représentation du Christ bénissant, ou « Salvatore Mundi ». En effet, le haut-relief de la porte de la monstrance représente le Christ tenant un globe dans sa main gauche et levant sa main droite dans un geste de bénédiction. Le tabernacle du maître-autel est une pièce exceptionnelle tant sur le plan formel qu'iconographique.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2011.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle du maître-autel liés à ses valeurs historique, ethnologique et artistique comprennent, notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 280 cm, la largeur de 240,5 cm et la profondeur de 83 cm;
- son volume ponctué de saillies, dont les deux gradins, l'étage de la monstrance comprenant des ailes latérales, une avancée centrale, deux niches, des panneaux sculptés et des colonnettes d'ordre corinthien, ainsi que le couronnement formé d'un double entablement surmonté d'un dôme à écailles lui-même surmonté d'une croix, flanqué de volutes et creusé d'une niche;
- les matériaux, dont le bois sculpté et peint;
- l'ornementation, dont les nombreux motifs végétaux sculptés, comme des feuilles de vigne, des grappes de raisin, des glands, des fruits, des fleurs et des feuillages, ainsi que les détails ajourés;
- le haut-relief de la porte de la monstrance représentant le Christ portant un vêtement drapé, tenant un globe dans sa main gauche et levant la main droite dans un geste de bénédiction.

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Informations historiques

Le tabernacle du maître-autel est exécuté entre 1736 et 1747 par Paul-Raymond Jourdain, dit Labrosse (1697-1769), pour la paroisse de La-Prairie-de-la-Madeleine, dans la ville actuelle de La Prairie. Jourdain, dit Labrosse, est alors un sculpteur réputé et demandé. Il réalise notamment des retables, des meubles liturgiques et de la statuaire pour des paroisses de la région de Montréal.

Le meuble, qui présente un foisonnement de détails ornementaux, est presque identique à un tabernacle sculpté par l'artiste à la même époque pour la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil (aujourd'hui conservé au Musée des beaux-arts du Canada). Outre leur composition similaire, les deux oeuvres comportent un détail iconographique peu commun dans l'art religieux de la Nouvelle-France, soit une représentation du Christ bénissant sur la porte de la monstrance.

En 1840, l'édification d'une nouvelle église à La Prairie incite la paroisse à renouveler son mobilier. Le tabernacle est alors offert à l'église de Saint-Zéphirin-de-Courval. Une situation semblable se produit entre 1883 et 1886, alors que cette paroisse se dote elle aussi d'un nouveau lieu de culte. L'oeuvre est ainsi donnée à la paroisse de Saint-Eugène, fondée en 1878. Elle s'y trouve encore aujourd'hui.

Le tabernacle a été modifié à plusieurs reprises depuis sa réalisation. Ses ailes latérales ont été tronquées, un second entablement a été ajouté, la réserve eucharistique originale en bois a été remplacée par une armoire en métal, et les deux statues qui logeaient auparavant dans les niches de l'avancée centrale ont été retirées. Ces changements ont été apportés à des dates inconnues. Le meuble, à l'origine entièrement doré, est aujourd'hui polychrome.

Le tabernacle du maître-autel est classé en 1979.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • BEAUREGARD, Yves et Clément RONDEAU. Saint-Eugène. s.l. 1978. 46 p.
  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • CAUCHON, Michel et André JUNEAU. « Jourdain, dit Labrosse, Paul-Raymond ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • VILLENEUVE, René. Du baroque au néo-classicisme. La sculpture au Québec. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1997. 220 p.
  • VILLENEUVE, René. Le tabernacle de Paul Jourdain. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1990. 94 p.
  • VILLENEUVE, René. « Oeuvres d'art de l'église de Saint-Eugène ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 241.

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