Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Sculpture (Char de l'Agriculture)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Autre(s) nom(s) :

  • Char allégorique de l'agriculture

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1880 – (Production)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Beaux-arts > Sculpture

Éléments associés

Groupes associés (1)

Personnes associées (3)

Description

Le char de l'Agriculture est un char allégorique de parade orné de sculptures et réalisé en 1880. Constitué de plusieurs éléments en bois peint de couleurs vives et de quelques composantes en métal et en cuir, il mesure 450 cm de hauteur, 233 cm de largeur et 497 cm de longueur. L'ensemble est composé d'un véhicule hippomobile ayant la forme d'un char romain et d'une statue de Cérès, déesse de l'agriculture, placée à l'arrière sur un piédestal gravé d'inscriptions. L'avant du char est orné d'une sculpture représentant une corbeille de légumes surmontée d'un castor, tandis qu'un assemblage d'instruments aratoires s'élève de chaque côté.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Dimensions :

  • Hauteur : 450 centimètre(s)
  • Largeur : 233 centimètre(s)
  • Profondeur : 497 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois
  • Métal
  • Peau (Cuir)

Technique de fabrication :

  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Cérès

Inscription :

Honneur à l'agriculture
Emparons-nous du sol

Sujet :

  • Mythologie

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1976-08-17
 

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Valeur patrimoniale

Le char de l'Agriculture présente un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et ethnologique. L'objet témoigne de l'importance des processions lors de fêtes religieuses et profanes au Québec. Cette coutume ancestrale est implantée en Nouvelle-France par les colons au XVIIe siècle. Les « Relations des Jésuites » font état de plusieurs processions dès 1646, principalement en l'honneur de la Vierge et pour la Fête-Dieu. Ces processions se transformeront au fil du temps, notamment avec la fondation à Montréal en 1834 de la Société Saint-Jean-Baptiste, institution à caractère patriotique. Dans le but d'affirmer la présence des Canadiens français en sol nord-américain, la Société organise chaque année un événement le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste. La fête consiste en une grand-messe suivie d'un défilé dans les rues, puis d'un banquet. À partir du milieu du XIXe siècle, l'événement s'étend à plusieurs localités du Québec. Le défilé de la Saint-Jean-Baptiste revêt alors un caractère religieux et civil, puisqu'il célèbre à la fois un saint pour qui les Canadiens français ont une dévotion particulière et la fierté patriotique de ceux-ci. À Québec, le défilé du 24 juin 1880 compte parmi les manifestations les plus spectaculaires de l'époque. Rassemblant des dizaines de milliers de personnes, il donne lieu à un long cortège comprenant 22 chars de parade suivant un parcours agrémenté d'arches, d'oriflammes, de drapeaux et de nombreuses décorations. Le char de l'Agriculture est commandé par la Société Saint-Jean-Baptiste de L'Ancienne-Lorette et rend hommage aux cultivateurs. Il est tiré par quatre chevaux. L'objet est décrit et illustré dans les journaux durant les jours suivant l'événement. Il a été conservé et réutilisé dans plusieurs défilés subséquents. Il s'agit vraisemblablement du seul char allégorique du XIXe siècle intégralement préservé au Québec.

Le char de l'Agriculture présente également un intérêt pour sa valeur artistique reposant sur son association avec l'artiste Louis Jobin (1845-1928), qui en a réalisé les sculptures. Jobin compte parmi les statuaires québécois les plus réputés de la fin du XIXe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Bien qu'il ait créé plusieurs oeuvres profanes au début de sa carrière, comme des sculptures navales et des enseignes de commerces, il est surtout connu pour sa production religieuse. Il est notamment l'auteur de plusieurs calvaires, de figures de saints et de représentations de la Vierge. Artiste très en demande, Jobin participe à la réalisation de quatre chars allégoriques pour le défilé du 24 juin 1880 à Québec, dont le char de l'Agriculture. Les plans de ce char sont dessinés par l'architecte Paul Cousin (1841-1895), tandis le véhicule même est fabriqué par le maître charron Pierre Gauvin. Pour orner ce char, Jobin sculpte différents motifs végétaux et animaliers ainsi qu'une statue de Cérès, déesse de l'Agriculture. Pour créer cette ronde-bosse, qui se distingue de son travail habituel, Jobin s'est inspiré d'une photographie d'une statue romaine en marbre du Musée du Vatican et représentant Fortuna, déesse de l'Abondance. Vêtue et coiffée comme cette dernière, la Cérès de Jobin tient elle aussi une corne d'abondance au creux de son bras gauche. La statue de Cérès du char de l'Agriculture serait l'une des rares figures mythologiques conçues par Jobin, et elle occupe donc une place particulière dans la production de cet artiste.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2011.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du char de l'Agriculture liés à ses valeurs historique, ethnologique et artistique comprennent, notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 450 cm, la largeur de 233 cm et la longueur de 497 cm;
- les matériaux, dont le bois peint de couleurs vives (dont le jaune, le rouge et le vert), le métal et le cuir;
- la structure du véhicule en forme de char romain renversé, dont les quatre roues et la quille frontale ornée d'une volute, de feuilles d'érable et de feuilles d'acanthe;
- la sculpture en ronde-bosse décorant l'avant du char et représentant une corbeille de légumes surmontée d'un castor;
- la charrue posée au centre du char et les instruments aratoires (dont des râteaux et des fourches) assemblés en faisceau de chaque côté;
- le piédestal à base carrée à l'arrière du char, dont l'entablement et les quatre panneaux ornés des inscriptions « Fête nationale du 24 juin 1880 », « Honneur à l'agriculture », « Les cultivateurs de L'Ancienne-Lorette » et « Emparons-nous du sol »;
- la statue de Cérès posée sur le piédestal, dont la position debout et en « contrapposto » du personnage, son costume drapé et sa coiffure de style romain, la corne d'abondance garnie de fruits et de légumes tenue au creux du bras gauche ainsi que la signature de l'artiste et la date.

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Informations historiques

Le char de l'Agriculture est créé à Québec en 1880 pour le défilé de la Saint-Jean-Baptiste. La coutume ancestrale des processions et des défilés, implantée en Nouvelle-France au XVIIe siècle, atteint son apogée dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle est associée aux grandes fêtes religieuses et profanes. La fête de la Saint-Jean-Baptiste revêt à ses débuts les deux caractères puisqu'elle célèbre à la fois un saint pour qui les Canadiens français ont une dévotion particulière et la fierté patriotique de ceux-ci. Célébrée le 24 juin, cette fête est caractérisée par une parade comprenant des chars allégoriques et mise en branle après une grand-messe. Cette tradition est instaurée en 1834 par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et elle s'étend à d'autres localités québécoises à partir du milieu du siècle.

À Québec, le défilé du 24 juin 1880 compte parmi les manifestations les plus spectaculaires de la fin du XIXe siècle. Rassemblant des dizaines de milliers de personnes, il donne lieu à un long cortège comprenant 22 chars de parade suivant un parcours agrémenté d'arches, d'oriflammes, de drapeaux et de nombreuses décorations. L'artiste Louis Jobin (1845-1928), qui figure parmi les statuaires les plus réputés de l'époque, conçoit en tout ou en partie quatre chars pour l'événement, dont les sculptures du char de l'Agriculture. Les plans de ce char sont dessinés par l'architecte Paul Cousin (1841-1895), tandis que le véhicule même est fabriqué par le maître charron Pierre Gauvin. Commandé par la Société Saint-Jean-Baptiste de L'Ancienne-Lorette, l'objet rend hommage aux cultivateurs.

Le char de l'Agriculture fait partie des sept chars du défilé intégrant des sculptures en ronde-bosse, et il constitue le seul char véritablement « allégorique ». Il est notamment orné d'instruments aratoires évoquant le travail de la terre et d'une statue de Cérès, déesse de l'Agriculture. Cette figure mythologique se distingue de la production habituelle de Jobin, surtout connu pour ses oeuvres liées aux dévotions catholiques. Pour réaliser cette statue, l'artiste s'est inspiré d'une photographie de la sculpture romaine en marbre du Musée du Vatican représentant Fortuna, déesse de l'Abondance.

Le char de l'Agriculture est réutilisé pour plusieurs défilés subséquents, dont ceux de la Saint-Jean-Baptiste de 1889, de 1892 et de 1902. Cette réutilisation est à l'origine de quelques légères modifications, dont la relocalisation du castor auparavant perché au sommet de la quille frontale.

Le char de l'Agriculture est classé en 1976. Il fait aujourd'hui partie de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • BÉLAND, Mario. « Jobin, Louis ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • BÉLAND, Mario. « Le char de l'Agriculture ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 209.
  • BÉLAND, Mario. Louis Jobin, maître-sculpteur. Québec / Montréal, Musée du Québec / Fides, 1986. 199 p.
  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • PORTER, John R. « L'oeuvre du statuaire Louis Jobin (1845-1928): Au confluent de la tradition et du kitsch ». Vie des Arts. Vol. 30, no 22 (1986), p. 48-103.
  • THOMAS, Suzanne. « Fêtes de la Saint-Jean-Baptiste ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com
  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.

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