Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de Côte-Saint-Paul

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Description

Le site patrimonial de Côte-Saint-Paul est un noyau institutionnel aménagé au tournant du XXe siècle. Il s'étend sur une partie de l'îlot délimité par l'avenue de l'Église au nord, la rue Galt au sud, la rue Laurendeau à l'ouest et la rue Angers à l'est. Le site englobe des bâtiments institutionnels alignés sur l'avenue de l'Église (l'église Saint-Paul, le presbytère, l'ancien pensionnat Notre-Dame-du-Saint-Rosaire et l'ancien hôtel de ville de Côte-Saint-Paul), une caserne de pompiers, deux immeubles résidentiels et un terrain libre de construction servant de stationnement. Construits entre 1887 et 1911, les bâtiments institutionnels, où prédominent la pierre calcaire grise et la brique rouge, affichent une architecture aux influences stylistiques variées qui emprunte entre autres aux vocabulaires néoclassique et Second Empire. Le site patrimonial de Côte-Saint-Paul est localisé sur la rive sud du canal de Lachine, à proximité de l'écluse de la Côte-Saint-Paul et de l'autoroute 15, dans l'arrondissement municipal du Sud-Ouest de la ville de Montréal.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments ainsi qu'aux terrains.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Montréal) 1990-09-19
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de Côte-Saint-Paul présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le site comprend des bâtiments institutionnels conçus par des architectes de renom. Ces édifices, construits entre 1887 et 1911, témoignent de l'importance des institutions religieuses et administratives dans le développement d'une petite ville suburbaine. Le pensionnat Notre-Dame-du-Rosaire, érigé en 1887 et 1888 pour les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame, est attribué à l'architecte Victor Bourgeau (1809-1888). D'inspiration Second Empire, ce couvent est l'une des dernières réalisations de Bourgeau. Au cours de sa carrière, Bourgeau réalise plus de deux cents bâtiments, dont de nombreux couvents et églises aux influences stylistiques variées. L'église Saint-Paul est construite en 1910 et 1911 selon les plans de l'architecte montréalais Joseph-Arthur Godin (1879-1949), bien connu pour ses bâtiments novateurs et son utilisation du béton. L'église Saint-Paul est l'un des rares lieux de culte conçus par Godin. En outre, une partie de la décoration intérieure a été réalisée par l'atelier de Guido Nincheri (1885-1973). L'ancien hôtel de ville de Côte-Saint-Paul est érigé en 1910 et 1911 selon les plans de l'ingénieur et architecte Joseph-Émile Vanier (1858-1934), dont le bureau est considéré comme l'un des plus importants au Canada au tournant du XXe siècle. Le bâtiment en brique rouge s'élève sur trois étages et demi et comporte une façade qui intègre des éléments de l'architecture georgienne. La notoriété et l'importance des architectes qui ont conçu les bâtiments de Côte-Saint-Paul ainsi que la relative intégrité de l'ensemble confèrent au milieu une grande valeur patrimoniale.

L e site patrimonial de Côte-Saint-Paul présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le noyau institutionnel et administratif évoque l'industrialisation et le développement d'une ville suburbaine étroitement liée à la présence du canal de Lachine. Entre 1843 et 1848, l'élargissement du canal de Lachine en augmente le débit et permet de mettre en valeur l'énergie hydraulique, notamment à proximité de l'écluse de Côte-Saint-Paul. Dans les décennies qui suivent, des entreprises manufacturières s'y installent pour tirer profit de la nouvelle source d'énergie, ce qui attire des ménages ouvriers. Dans les années 1880, une petite agglomération prend forme autour de la première église construite en 1876 et du pensionnat inauguré en 1888. En 1910 et en 1911, l'hôtel de ville et la caserne de pompiers sont construits à proximité de l'église et du pensionnat. Le site évoque une période de développement urbain dans un contexte d'industrialisation de l'île de Montréal, qui connaît une croissance remarquable à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Il témoigne aussi de l'existence de Côte-Saint-Paul en tant que municipalité indépendante entre 1874 et 1910. Sur le territoire de l'île de Montréal, il subsiste peu de noyaux institutionnels comprenant à la fois une église, un bâtiment ayant servi de couvent et un ancien hôtel de ville. Il s'agit de témoins exceptionnels de la vie religieuse, institutionnelle et sociale d'une petite ville suburbaine.

Source : Ville de Montréal, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de Côte-Saint-Paul liés à ses valeurs architecturale et historique comprennent, notamment :
- la situation des bâtiments en bordure de l'avenue de l'Église;
- la disposition linéaire des composantes architecturales sur l'avenue de l'Église;
- la marge de recul prononcé de l'église, du presbytère et du pensionnat;
- la situation du presbytère dans un grand espace paysager;
- la position du site dans un quartier urbain dense de l'arrondissement municipal du Sud-Ouest de la ville de Montréal;
- le vocabulaire architectural associé à la période des années 1880 à 1910;
- la prédominance de la brique rouge et de la pierre calcaire grise;
- l'église Saint-Paul avec sa façade en pierre de taille lisse, son chevet semi-circulaire, ses deux tours latérales avec leurs clochers et leurs dômes, l'extrémité des transepts avec leurs pignons, ses ouvertures aux formes variées, son portique, son imposante rose, sa structure en acier enrobée de béton;
- les caractéristiques du pensionnat Notre-Dame-du-Rosaire, dont le toit en fausse mansarde, le clocheton coiffé d'un toit à l'impériale, le parement et les chaînes d'angle en brique rouge, les lucarnes à fronton, les deux lucarnes-pignons à redents;
- les caractéristiques de l'ancien hôtel de ville de Côte-Saint-Paul, dont le corps principal à trois étages et demi, le toit à deux versants, les deux ailes de deux étages avec leur toit plat, la brique rouge du parement, le bois des fenêtres et de la corniche, les grandes fenêtres cintrées, la façade imposante et symétrique, la corniche à modillons de couleur blanche, le portail de couleur blanche avec ses pilastres, son entablement et son fronton;
- la caserne de pompiers, dont le parement en brique rouge, le toit plat, le parapet, la tour à boyaux;
- les divers types d'habitation en brique (maison unifamiliale et multiplex) et leurs éléments décoratifs tels les appuis et les linteaux en pierre de taille lisse, les chaines d'angle, les arcs cintrés en pierre au-dessus des entrées du deuxième étage du multiplex, les balustrades métalliques des balcons, les escaliers en fer forgé, les parapets, les baies en saillie, la véranda en bois de la maison unifamiliale;
- sa situation à proximité du canal de Lachine et de l'écluse de Côte-Saint-Paul;
- ses fonctions urbaines institutionnelles, religieuses et résidentielles.

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Informations historiques

Le site patrimonial de côte Saint-Paul est concédée par les Sulpiciens en 1662. Jusqu'à la mise en service du canal de Lachine en 1825, le territoire est voué exclusivement à l'agriculture. Au début des années 1850, l'ouverture d'un bief qui prend sa source en amont de l'écluse de Côte-Saint-Paul favorise l'implantation de manufactures qui profitent du pouvoir hydraulique. En 1853, le gouvernement concède le pouvoir hydraulique de la côte Saint-Paul à William Parkyn, qui y construit notamment un moulin à farine, une fabrique de haches, une fabrique de pelles et une scierie. En 1859, en raison de difficultés financières, Parkyn doit céder ses droits hydrauliques à l'entreprise Frothingham and Workman. Spécialisée dans la fabrication d'outils et de quincaillerie, elle est la plus importante entreprise à s'établir à Côte-Saint-Paul au XIXe siècle. La vocation industrielle des rives du canal de Lachine favorise le développement urbain de Côte-Saint-Paul et contribue à la structuration d'un premier noyau villageois à proximité de l'écluse. Compte tenu de son éloignement du noyau urbanisé de Montréal, le complexe industriel de l'écluse de Côte-Saint-Paul tarde à prendre son essor. En 1866, on compte une dizaine d'usines dans la petite localité. Un premier hôtel de ville est construit vers 1875 sur la rue Brock.

D'abord desservis par la paroisse de Saint-Henri à partir de 1872, les habitants de Côte-Saint-Paul obtiennent la création d'une nouvelle paroisse en 1874 (ouverture des registres). Au même moment, la municipalité de village de Côte-Saint-Paul est créée. La paroisse Saint-Paul se dote d'une église et d'un presbytère en 1876. Bien que relativement faible, la croissance de la population villageoise suscite la mise en place d'un nouveau centre religieux et institutionnel sur l'avenue de l'Église. En 1876, les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame y ouvrent une école pour les filles de la paroisse. Avec l'augmentation du nombre d'élèves, les religieuses font construire un nouveau pensionnat selon les plans de l'architecte Victor Bourgeau (1809-1888) sur un terrain du côté nord-ouest de l'église. Le pensionnat Notre-Dame-du-Rosaire accueille ses premières couventines en 1888.

En 1894, le village change de statut pour devenir une ville. Le nom de la ville de Côte-Saint-Paul est remplacé par celui de Saint-Paul trois ans plus tard. En 1899, un incendie déclenché par la foudre détruit l'église et le presbytère. La seconde église, érigée en 1900, est à nouveau la proie des flammes en 1907, mais le presbytère construit en 1899 est épargné. L'incendie de 1907 endommage également le pensionnat. Un étage est alors ajouté à l'édifice tout en conservant l'esprit Second Empire de son toit mansardé. L'église actuelle conçue par Joseph-Arthur Godin (1879-1949) ouvre ses portes en 1910. La même année, peu de temps avant l'inauguration du nouvel hôtel de ville conçu selon les plans de Joseph-Émile Vanier (1858-1934), la ville de Saint-Paul est annexée à Montréal. Dans les années 1910 et 1920, la population augmente lentement, donnant lieu à la construction de petits immeubles à appartements en brique. À cette époque, le secteur de l'écluse de Côte-Saint-Paul continue à attirer les entreprises industrielles comme des usines de textiles et une importante manufacture de tuyaux et de soupapes de fonte.

Après avoir connu une expansion industrielle et résidentielle, à l'instar des autres quartiers situés dans le Sud-Ouest de Montréal, l'ancienne ville de Saint-Paul connaît un déclin économique et démographique à la suite de l'ouverture de la Voie Maritime du Saint-Laurent en 1959 et la fermeture du canal de Lachine en 1970. De plus, la construction de l'autoroute 15 à proximité du site modifie considérablement le paysage immédiat.

La Côte-Saint-Paul est constituée site du patrimoine en 1990. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Le Sud-Ouest

Lieux-dits :

  • Côte-Saint-Paul

Localisation informelle :

Site compris dans le quadrilatère formé de l'Avenue de l'église des rues Angers, Laurendeau et Galt. Sont exclu les parcelles de part et d'autre de l'église donnant sur la rue Galt.

Latitude :

  • 45° 27' 47.1"

Longitude :

  • -73° 35' 10.6"

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Références

Notices bibliographiques :

  • BENOÎT, Michèle et Roger GRATTON. Pignon sur rue : les quartiers de Montréal. Montréal, Guérin littérature, 1991. 393 p.
  • BÉRUBÉ, Harold et Claire POITRAS. Étude historique du développement urbain : l'axe du canal de Lachine - partie Sud-Ouest . Montréal, INRS-Urbanisation, culture et société, 2004. 82 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture civile I : les édifices publics. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal, 4. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1981. 321 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture religieuse I : les églises. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 1. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1981. 490 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture religieuse II : les couvents. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 2. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1984. 391 p.
  • GIROUX, Michèle. Évaluation du caractère patrimonial d'un ensemble de bâtiments (avenue de l'Église, Montréal, Québec). Montréal, Ville de Montéal, Service de l'habitation et du développement urbain, 1989. 79 p.
  • LEWIS, Robert. Manufacturing Montreal. The Making of an Industrial Landscape, 1850-1930. Baltimore, Johns Hopkins University Press, s.d. s.p.
  • NOPPEN, Luc. « Bourgeau (Bourgeault), Victor ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/

Multimédias disponibles en ligne :

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