Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Fort Ingall

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Témiscouata-sur-le-Lac

Date :

  • 1839 – 1841 (Construction)
  • 1890 (Incendie)
  • vers 1975 – vers 1986 (Reconstruction)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine militaire

Usage :

  • Services et institutions (Installations de défense militaire)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (9)

Plaques commémoratives associées (2)

Événements associés (1)

Personnes associées (2)

Carte

Description

Le fort Ingall est un poste militaire érigé entre 1839 et 1841, et reconstitué dans les années 1970. Il comprend neuf bâtiments de diverses fonctions à l'intérieur d'une palissade, soit les dortoirs nord et sud, le dortoir des officiers, le corps de garde, l'intendance, la cuisine, la poudrière et deux bâtiments des latrines. Le fort Ingall est situé dans le secteur de Cabano de la ville de Témiscouata-sur-Lac, sur une terrasse surélevée en bordure du lac Témiscouata.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur des bâtiments, au terrain et à la palissade. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2012-10-19

Catégories de conservation

  • 3 - Extérieur notable
  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique

Statuts antérieurs

  • Reconnaissance, 1975-08-15
 

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Valeur patrimoniale

Le fort Ingall présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Ce poste militaire est construit entre 1839 et 1841, sous la supervision du lieutenant Lennox Ingall de l'armée britannique, afin de prévenir les incursions américaines qui sont appréhendées dans la région du Madawaska pendant la guerre non déclarée d'Aroostook (1839-1842). Le conflit prend sa source dans le traité de Versailles en 1783, qui met un terme à la guerre de l'Indépendance américaine et définit la frontière entre l'Amérique du Nord britannique et les États-Unis. Pendant de nombreuses années, la ligne divisant la colonie du Nouveau-Brunswick et l'État du Maine est objet de controverse. En 1839, un affrontement entre bûcherons met le feu aux poudres. Les établissements acadiens du Madawaska, les communications entre les provinces britanniques et les vastes ressources forestières de la région sont en jeu. La construction du fort Ingall s'insère dans ce contexte. Constitué d'ouvrages en bois, le fort est une construction temporaire de type « ouvrage de campagne » (fieldwork). Il fait partie de la ligne de défense formée de quatre postes militaires (fort Ingall, fort Dégelé, poste du Petit-Sault et poste du Grand-Sault) pour assurer l'intégrité territoriale de l'Amérique du Nord britannique. Ses principales fonctions sont d'empêcher les Américains de se rendre au fleuve Saint-Laurent et de protéger le portage du Témiscouata, seule voie d'accès au sentier du Grand-Portage, qui relie Québec et Halifax par voie terrestre. Le 9 août 1842, le différend frontalier prend fin grâce à la ratification du traité Webster-Ashburton, qui est un compromis négocié. Le fort Ingall est un témoignage important de cette guerre qui a redéfini la frontière canado-américaine sans qu'un seul coup de feu ait jamais été tiré. Par ailleurs, la reconstitution de la majorité de ses onze bâtiments originaux en fait un lieu d'interprétation illustrant la vie des soldats britanniques en garnison et offrant une fenêtre sur un moment précis de l'histoire (1839-1842). Grâce à cette nouvelle vocation, le fort Ingall est devenu un site important d'animation et de diffusion culturelle de la région du Témiscouata.

Le fort Ingall présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. D'une part, les recherches ont permis de mettre au jour plusieurs bâtiments originaux situés dans l'enceinte du fort (notamment les dortoirs des soldats et des officiers, le corps de garde, la poudrière, l'intendance, la boulangerie, la cuisine et les latrines), des structures secondaires comme un four à chaux et deux puits, de même que le tracé du système défensif de l'enceinte palissadée. La fouille de ces vestiges a également permis de documenter les modes de construction employés pour ériger ces différentes structures, pour la plupart faites de bois, et de faire ressortir les diverses techniques utilisées et les moyens investis pour mettre sur pied le fort. L'étude de certains bâtiments permet même d'interpréter le statut social de ses occupants, notamment en regard du dortoir des officiers qui démontre une meilleure qualité de construction que les dortoirs des simples soldats. Les renseignements recueillis ont aussi fortement contribué à la reconstitution « in situ » de la palissade et de plusieurs des structures mises au jour. L'analyse des vestiges et objets découverts (céramique, verres, objets de toilette, insignes militaires, canons de fusils, coutellerie, éléments de quincaillerie, etc.) témoigne également des modes de vie prévalant dans ce fort britannique du XIXe siècle et de l'organisation intérieure de cet établissement. La portion résiduelle du site rend possible la poursuite des fouilles et l'élaboration de nouvelles avenues de recherche.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés du fort Ingall liés à ses valeurs historique et archéologique incluent, notamment :
- sa situation stratégique sur une terrasse surélevée, de la rive ouest du lac Témiscouata, à l'extrémité sud du portage du même nom;
- les bâtiments reconstitués, dont l'intendance, les dortoirs nord et sud construits en pièce sur pièce (troncs d'épinette et de cèdre) selon la technique à coulisse, avec les angles des murs mortaisés en queue d'aronde, le dortoir des officiers aux murs recouverts de planches à clins blanchies à la chaux, le corps de garde, dont le second étage en saillie, la cuisine, la poudrière ainsi que deux bâtiments des latrines;
- la palissade reconstituée comprenant les trois bastions, les deux demi-bastions, les deux portes, dont une massive à deux battants, et le pont;
- les aménagements et expositions diffusant l'histoire du site;
- les vestiges archéologiques, dont ceux de la palissade, de l'intendance, des dortoirs des soldats et des officiers, du corps de garde, des latrines, de la cuisine, de la boulangerie, de la poudrière, des deux puits, du four à chaux, du quartier des officiers et de la cabane à canots;
- les vestiges, couches de sol et objets toujours enfouis et comportant un potentiel de recherche et d'interprétation du lieu.

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Informations historiques

Le fort Ingall est construit entre 1839 et 1841 par les autorités britanniques. Sa construction prend sa source dans la ratification du traité de Versailles en 1783. Ce traité qui met fin à la guerre de l'Indépendance américaine trace aussi la première frontière entre l'Amérique du Nord britannique et les États-Unis. Pendant de nombreuses années, la ligne divisant la colonie du Nouveau-Brunswick et l'État du Maine demeure objet de controverse. En 1839, un affrontement entre bûcherons met le feu aux poudres. Britanniques et Américains se mobilisent. C'est le début de la guerre non déclarée d'Aroostook (1839-1842), qui met en jeu les établissements acadiens du Madawaska, les communications entre les provinces britanniques et les vastes ressources forestières de la région.

C'est dans ce contexte que le fort Ingall est construit. Il fait partie d'une ligne de défense constituée de quatre postes militaires (fort Ingall, fort Dégelé, poste du Petit-Sault et poste du Grand-Sault) devant protéger la région du Madawaska des incursions américaines appréhendées. La construction en bois des onze bâtiments entourés d'une haute palissade est supervisée par le lieutenant Lennox Ingall, de l'armée britannique. C'est une construction temporaire de type « ouvrage de campagne » (fieldwork). Ses principales fonctions sont d'empêcher les Américains d'atteindre le fleuve Saint-Laurent et de protéger le portage du Témiscouata, seule voie d'accès au sentier du Grand-Portage, qui relie par voie terrestre Québec et Halifax. Le 9 août 1842, le différend frontalier prend fin grâce à la ratification du traité Webster-Ashburton, qui est un compromis négocié.

Après la fin du conflit, le fort Ingall est graduellement abandonné. Il sert momentanément de poste de relais aux troupes qui empruntent le portage jusqu'à ce que l'armée britannique en cède la propriété au gouvernement du Canada-Uni, en 1856. Six ans plus tard, ce gouvernement confie la garde du fort au sergent William Purcell, qui habite le quartier des officiers avec sa famille. Le sergent Purcell se voit octroyer la propriété des lieux en 1875 par le gouvernement de la province de Québec. À la suite d'un incendie en 1890, le fort est progressivement démantelé et son site est nivelé. Le fort Ingall disparaît du paysage.

En 1967, le fort Ingall renaît de ses cendres. Des sondages archéologiques commandés par la Société historique de Rivière-du-Loup mènent à la découverte de son emplacement. Les campagnes de fouilles archéologiques effectuées entre 1973 et 1978 permettent notamment de localiser les bâtiments indiqués sur les cartes anciennes, le périmètre de la palissade et les fossés de ceinture. Pendant ces fouilles, 55 000 artefacts sont exhumés. Ils sont principalement composés de fragments de vaisselle, verres, objets de toilette, insignes militaires, canons de fusils, coutellerie, éléments de quincaillerie. La dernière intervention, qui remonte à 1992, a permis de fouiller le four à chaux situé à l'extérieur du fort.

En 1975, le fort Ingall est reconnu site historique et site archéologique. À la fin des années 1970, plusieurs des bâtiments originaux sont reconstitués selon les méthodes utilisées par les Britanniques lors de la construction originale. Depuis 1986, le fort Ingall est un lieu d'interprétation historique, archéologique et architecturale qui fait revivre la vie des soldats britanniques en garnison. Diverses manifestations se déroulent à l'intérieur de ses murs : expositions diverses, animation théâtrale, rencontres familiales et culturelles.

Le fort Ingall est devenu un site patrimonial classé lors de l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

MRC :

  • Témiscouata

Municipalité :

  • Témiscouata-sur-le-Lac

Adresse :

  • 81, rue Caldwell

Latitude :

  • 47° 41' 27.9"

Longitude :

  • -68° 54' 3.6"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 616 352

Code Borden

CkEf-4      

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BELZILE, Richard. Fort Ingall Cabano. Québec, Les Publications du Québec, 1992. 26 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • FORBES, Ernest R. « Aroostook, guerre d' ». Historica Canada. L'encyclopédie canadienne [En ligne]. http://www.thecanadianencyclopedia.com/
  • MORTON, Desmond. Une histoire militaire du Canada, 1608-1991. Sillery, Les Éditions du Septentrion, 1992. 414 p.
  • SOUCY, Réal. « Fort Ingall ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 502-503.

Multimédias disponibles en ligne :

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