Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Sainte-Luce

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Sainte-Luce

Date :

  • 1838 – 1840 (Construction)
  • 1845 – 1850 (Décoration intérieure)
  • 1914 (Agrandissement)
  • 1914 – 1920 (Décoration intérieure)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (120)

Plaques commémoratives associées (1)

Groupes associés (2)

Personnes associées (11)

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Inventaires associés (2)

Carte

Description

L'église de Sainte-Luce est un lieu de culte catholique construit de 1838 à 1840 et doté d'une nouvelle façade en 1914. Le plan de l'édifice en pierre comporte une nef rectangulaire à un vaisseau prolongée par un choeur plus étroit terminé par un chevet plat. La façade-écran d'une architecture éclectique présente au centre une imposante tour à demi hors oeuvre de plan carré. Cette tour est surmontée d'un clocher massif et est flanquée d'ailerons qui masquent la pente du toit à deux versants retroussés. Une sacristie en pierre de plan rectangulaire et au toit à deux versants retroussés est adossée au choeur. L'église s'élève sur une pointe de terre dégagée, à l'extrémité d'une anse en bordure du fleuve Saint-Laurent. Implantée en retrait de la route, elle se situe dans la municipalité de Sainte-Luce. Elle fait partie d'un ensemble religieux comprenant notamment le cimetière qui s'étend entre l'église et la rive du fleuve, le presbytère et la maison du sacristain.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

L'église fait partie d'un site patrimonial cité.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1957-01-03

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Sainte-Luce) 2002-01-15
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Sainte-Luce présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. L'édifice a été construit de 1838 à 1840 selon les plans de Thomas Baillairgé (1791-1859). Ce célèbre architecte de Québec a fortement marqué l'architecture religieuse et figure parmi les principaux représentants du néoclassicisme au Québec. Les fenêtres en plein cintre des longs-pans s'inscrivent, entre autres, dans ce courant. L'église présente un plan composé d'une nef rectangulaire prolongée par un choeur plus étroit terminé par un chevet plat. Ce plan, qui répond à une demande des paroissiens, est très populaire au XIXe siècle. Il est toutefois inhabituel dans la production de Baillairgé, dont la plupart des réalisations présentent un plan en croix latine. Bon nombre d'églises paroissiales sont adaptées au goût du jour au XIXe siècle et au début du XXe siècle. En 1914, celle de Sainte-Luce est ainsi dotée d'une façade-écran conçue selon les plans de David Ouellet (1844-1915) et Pierre Lévesque (1880-1955), architectes associés de Québec. Cette réalisation illustre l'éclectisme formel qui caractérise leur production, entre autres par l'imposante tour centrale à demi hors d'oeuvre, le clocher massif qui la surmonte, les larges ailerons qui couronnent le pignon ainsi que par les retours ornés d'un fronton et d'acrotères sur les longs-pans. Elle évoque la volonté de l'Église d'alors de signaler sa présence dans le paysage en conférant à ses lieux de culte une certaine monumentalité et reflète l'intérêt du clergé catholique pour l'architecture éclectique.

L'église de Sainte-Luce présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Son décor a été conçu par Thomas Baillairgé et réalisé de 1845 à 1850 par le menuisier et sculpteur André Paquet dit Lavallée (1799-1860), l'un de ses collaborateurs réguliers. Ce décor est caractéristique du programme décoratif proposé par Baillairgé, basé sur la rigueur et l'ordonnance classiques. L'architecte met en forme un ensemble homogène, qui unifie les différentes composantes, tels le retable en arc de triomphe du choeur, la fausse voûte, la chaire et le banc d'oeuvre. La hiérarchisation et la correspondance des éléments sont, entre autres, illustrées par les retombées des arcs doubleaux qui sont alignés aux pilastres et par le retable du choeur qui est composé de colonnes, dans son avancée, et de pilastres, dans ses parties latérales, supportant un entablement. Ce retable intègre, en outre, la première composition religieuse originale du peintre Antoine Plamondon (1804-1895) et les fenêtres sont pourvues de vitraux d'Henri Perdriau (1877-1950) et de la maison Perdriau et O'Shea (1896-1945).

L'église de Sainte-Luce présente également un intérêt pour sa valeur historique liée à son implantation. Située sur une pointe de terre dégagée, à l'extrémité d'une anse en bordure du fleuve Saint-Laurent, elle constitue un véritable point de repère côtier qui signale la présence du village. Composantes distinctives du paysage rural québécois, les églises constituent le coeur des ensembles religieux catholiques, véritables noyaux des agglomérations. Celle de Sainte-Luce s'intègre à un ensemble formé notamment du cimetière, du presbytère et de la maison du sacristain. À l'instar de nombreuses églises catholiques de la vallée du Saint-Laurent, elle est implantée dans un axe est-ouest, le choeur étant orienté vers l'est, soit vers le soleil levant, symbole du Christ ressuscité.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les caractéristiques de l'église de Sainte-Luce liées à ses valeurs architecturale, artistique et historique comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à un vaisseau prolongée par un choeur plus étroit terminé par un chevet plat et le toit à deux versants retroussés;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de pierre, la couverture en tôle à baguettes et le chevet revêtu de tôle;
- la façade-écran d'architecture éclectique (bandeaux, chaînes d'angle, chambranles et appuis en pierre à bossage rustique) formée d'une imposante tour carrée à demi hors oeuvre (comportant des ouvertures frontales et latérales et ornée d'une statue de sainte Luce de Louis Jobin) surmontée d'un clocher massif, d'ailerons latéraux aux allèges ornées d'une croix et de retours couronnés d'un fronton et d'acrotères;
- la fenestration de la tour centrale comportant en façade principale une porte à double vantail surmontée d'un tympan vitré cintré, une rosace ainsi qu'une baie palladienne à fenêtres cintrées, et sur les côtés une porte à double vantail surmontée d'un tympan vitré cintré et une fenêtre simple cintrée;
- la fenestration des ailerons comportant une fenêtre simple cintrée, celle des retours comportant des baies jumelées et une fenêtre cintrée et celle des longs-pans comportant des fenêtres cintrées à petits carreaux;
- le clocher massif composé d'une chambre des cloches carrée flanquée d'acrotères, d'un lanterneau octogonal, d'un dôme octogonal à motifs d'écailles de poisson, d'une croix et d'un coq;
- la sacristie greffée à l'abside, de plan rectangulaire et à un étage et demi, dotée entre autres d'un toit à deux versants retroussés couvert de tôle à baguettes, d'un mur pignon revêtu de planches à clins ainsi que de fenêtres à battants à petits carreaux, de lucarnes, de fenêtres à petits carreaux dans le pignon et de chambranles en bois;
- le décor intérieur (André Paquet dit Lavallée), dont la fausse voûte à arc surbaissé (ornée de gloires et d'arcs doubleaux alignés aux pilastres dans le choeur), le retable en arc de triomphe du choeur (colonnes et pilastres à cannelures rudentées d'ordre corinthien, fronton en segment de cercle orné d'un Agneau de Dieu, entablement, attique, amortissement et tableau d'Antoine Plamondon), les retables latéraux (pilastres à cannelures rudentées d'ordre corinthien, entablement et frise), la tribune arrière logeant l'orgue (Casavant), le tabernacle du maître-autel (Louis-Adolphe Dion) et celui des autels latéraux, la chaire (cuve ornée d'un cul-de-lampe, dorsal orné de pilastres supportant un entablement et abat-voix en forme de coquille couronné de volutes soutenant un globe et une croix, par André Paquet dit Lavallée) ainsi que son escalier (Ouellet et Lévesque), le dorsal de l'ancien banc d'oeuvre (pilastres, fronton en segment de cercle orné d'une coquille et d'un amortissement, par André Paquet dit Lavallée), les fonts baptismaux (colonnes, entablement et fronton triangulaire coiffé d'un amortissement et d'acrotères, par David Ouellet) et la table de communion (Joseph Saint-Hilaire);
- les ornements sculptés, dont l'entablement de la nef, les cartouches, les coquilles, les panneaux et les guirlandes;
- les vitraux (Henri Perdriau et la maison Perdriau et O'Shea);
- la fresque du Golgotha (Antonio Masselotte);
- la situation de l'église sur une pointe de terre dégagée à l'extrémité de l'anse aux Coques en bordure du fleuve Saint-Laurent;
- son intégration à un ensemble institutionnel catholique comprenant un cimetière, un presbytère et la maison du sacristain;
- son implantation en retrait de la route dans un axe est-ouest, le choeur étant orienté vers l'est.

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Informations historiques

La paroisse Sainte-Luce est érigée canoniquement en 1829. Les paroissiens envoient dès l'année suivante une requête à l'archevêque de Québec, Bernard-Claude Panet (1753-1833), pour la construction d'une église. Son successeur, Joseph Signay (1778-1850), donne son autorisation en 1836. À sa suggestion, les paroissiens font appel à l'architecte de Québec Thomas Baillairgé (1791-1859) pour dessiner les plans de l'église, qui est construite de 1838 à 1840. Figurant parmi les principaux représentants au Québec du courant néoclassique, Baillairgé a fortement marqué l'architecture religieuse de l'est du Québec, notamment en raison de ses relations avec l'abbé Jérôme Demers (1774-1853), avec qui il oeuvre en étroite collaboration. Vicaire général du diocèse de Québec, professeur d'architecture au Séminaire de Québec et auteur du « Précis d'architecture », Demers est chargé d'approuver les plans des nouvelles églises. À Sainte-Luce, les paroissiens demandent à Baillairgé de s'inspirer des dimensions de la nef de l'église de Saint-Germain de Rimouski et de la doter d'un choeur plus étroit, comme celui de l'église de Saint-André de Kamouraska. Après avoir choisi une abside en hémicycle, ils optent finalement pour un chevet plat, considéré comme plus commode.

Également conçu par Thomas Baillairgé, le décor intérieur est exécuté de 1845 à 1850 par le menuisier et sculpteur André Paquet dit Lavallée (1799-1860), l'un de ses collaborateurs réguliers. À la demande des paroissiens, la voûte, le retable du choeur et l'entablement sont inspirés de ceux qu'il a faits d'après les plans de Baillairgé pour les églises de Charlesbourg et de Sainte-Croix de Lotbinière (démolie en 1910), tandis que la chaire et le banc d'oeuvre prennent modèle sur ceux des églises de Charlesbourg et de Saint-Charles de Bellechasse. Parmi les autres pièces du mobilier liturgique figurent le tabernacle du maître-autel (1870) du sculpteur Louis-Adolphe Dion et les fonts baptismaux (1884) de l'architecte et sculpteur David Ouellet (1844-1915). Le décor compte aussi plusieurs oeuvres d'art, dont la statue de la Vierge à l'Enfant (vers 1900) de Michele Rigali (1841-1910) à l'entrée du choeur et le tableau du maître-autel représentant sainte Luce priant pour la guérison de sa mère sur le tombeau de sainte Agathe (1842) du peintre Antoine Plamondon (1804-1895). Ce tableau constitue la première composition religieuse originale de l'artiste en plus d'être l'une des rares qu'il ait conçues entièrement au cours de sa très longue carrière.

L'église est modifiée de manière importante en 1914. David Ouellet et Pierre Lévesque (1880-1955), architectes associés de Québec, conçoivent une nouvelle façade, ce qui permet par la même occasion d'allonger l'église. Typique de l'éclectisme formel qui caractérise la production de ces architectes, la façade-écran reflète l'intérêt du clergé catholique pour l'architecture éclectique au tournant du XXe siècle. Elle est ornée d'une statue de sainte Luce en bois recouvert de plomb doré produite en 1915 par le sculpteur Louis Jobin (1845-1928). Le décor intérieur est aussi complété par l'ajout des tabernacles des autels latéraux entre 1914 et 1920, d'une table de communion de Joseph Saint-Hilaire (1863-1943) en 1916 et d'une fresque du Golgotha d'Antonio Masselotte (né en 1891) en 1919, devant laquelle est disposée une statue de la Pietà de la maison T. Carli (1838-1906). Les vitraux sont réalisés par Henri Perdriau (1877-1950) en 1917 et par la maison Perdriau et O'Shea de Montréal (1896-1945) en 1920. Deux d'entre eux présentent des scènes liées à l'histoire du Québec : l'une montre Jacques Cartier plantant une croix à Gaspé et l'autre, Marie de l'Incarnation enseignant aux enfants.

L'église de Sainte-Luce a été classée en 1957. Elle fait partie du site du patrimoine de l'église et du cimetière de Sainte-Luce constitué en 2002 qui, depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012, est devenu un site patrimonial cité.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

MRC :

  • La Mitis

Municipalité :

  • Sainte-Luce

Adresse :

  • 20, route du Fleuve Ouest

Latitude :

  • 48° 32' 59.4"

Longitude :

  • -68° 23' 3.4"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 689 148

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Références

Notices bibliographiques :

  • BÉLAND, Mario. « Rigali, Michele ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • EAST, Marie. À la découverte de biens patrimoniaux exceptionnels : Saint-Pascal-de-Kamouraska, Cacouna, Sainte-Luce-sur-Mer. Québec, Ministère des Affaires culturelles, Direction régionale de l'Est du Québec, 1986. 21 p.
  • LÉGARÉ, Denyse. « L'église de Sainte-Luce. Un décor de Thomas Baillargé adapté au goût régional ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/slusmer/slusmerf.htm
  • MORISSET, Lucie K. « Ouellet, David ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • NOPPEN, Luc. « Baillairgé, Thomas ». BENOIT, Jean. Dobell, Richard Reid [En ligne]. http://www.biographi.ca/fr/ShowBioPrintable.asp?BioId=37880
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • NOPPEN, Luc. « Paquet, dit Lavallée, André ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • ROY, Guy-André. « Église de Sainte-Luce ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 514-515.
  • ROY, Guy-André. Trésor de l'église Sainte-Luce, comté de Rimouski. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1975. 262 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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