Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Saint-Jean

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans

Date :

  • 1734 – 1737 (Construction)
  • 1774 – 1777 (Décoration intérieure)
  • 1789 (Rénovation)
  • 1810 – 1812 (Décoration intérieure)
  • 1852 – vers 1852 (Agrandissement)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (8)

Plaques commémoratives associées (2)

Personnes associées (11)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église de Saint-Jean est un lieu de culte de tradition catholique construit de 1734 à 1737 et allongé par la façade en 1852. Le plan de l'édifice en pierre comporte une nef rectangulaire à un vaisseau et un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. L'église est dotée d'une façade-écran composée d'un avant-corps central couronné d'un fronton et flanqué d'ailerons. Un grand portail central surmonté d'une fenêtre palladienne et deux portails latéraux surmontés d'un oculus s'ajoutent à la composition. Un imposant clocher est disposé à l'avant sur le faîte du toit à deux versants légèrement retroussés. À l'arrière, une sacristie de plan rectangulaire, d'un étage et demi et coiffée d'un toit à deux versants légèrement retroussés, est greffée à l'abside. L'église est intégrée à un ensemble religieux comprenant le cimetière ceinturé d'un mur en pierre au sud-ouest, le presbytère et ses dépendances au nord-ouest et la place de l'église en façade avec son monument au Sacré-Coeur. Implantée au bas d'une forte dénivellation, entre le fleuve Saint-Laurent et le chemin Royal qui décrit une courbe à cet endroit, l'église s'élève au coeur du noyau villageois de la municipalité de Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

L'église est située dans le site patrimonial de l'Île-d'Orléans.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1957-01-03

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Déclaration Situé dans un site patrimonial Gouvernement du Québec
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Saint-Jean présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le bâtiment est caractéristique des églises paroissiales du Régime français et témoigne également de transformations effectuées au XIXe siècle pour l'adapter aux besoins de la paroisse et au goût du jour. Construite de 1734 à 1737, l'église de Saint-Jean figure parmi les dix églises les plus anciennes à subsister au Québec. Elle présente une nef rectangulaire à un vaisseau et un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, une maçonnerie de moellons et un toit aigu à deux versants légèrement retroussés. Allongée par la façade en 1852, elle a alors été dotée d'une façade-écran d'influence néoclassique. L'architecte-sculpteur Louis-Thomas Berlinguet (1789-1863), qui dirige les travaux avec son fils Louis-Flavien (né en 1821 ou 1822), s'inspire des façades de la basilique-cathédrale Notre-Dame-de-Québec et de l'église de Sainte-Anne-de-La-Pocatière (incendiée en 1917). Cette influence est illustrée notamment par l'avant-corps central couronné d'un fronton triangulaire et flanqué d'ailerons masquant la pente du toit. Le clocher reprend la forme novatrice de celui de la cathédrale Holy Trinity de Québec. L'église de Saint-Jean évoque donc la réalité de plusieurs paroisses qui ont dû agrandir leur église en raison de l'accroissement de la population et témoigne de l'évolution architecturale des églises du Régime français.

L'église présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Le décor illustre les pratiques des deux principaux ateliers de sculpture du Québec au XIXe siècle, soit celui des Écores et celui des Baillairgé. Les artisans de l'atelier des Écores, situé à Saint-Vincent-de-Paul sur l'île Jésus, ont surtout orné des églises de la région montréalaise. Certains ont cependant travaillé dans la région de Québec, tel Louis-Basile David qui, de 1810 à 1812, exécute la chaire de l'église de Saint-Jean, le banc d'oeuvre (l'un des rares bancs d'oeuvre à dais à avoir été conservé), les pilastres et l'entablement de la nef. Ces éléments témoignent de la tradition ornemaniste de cet atelier, représentée entre autres par le choix et l'abondance des motifs. Les Baillairgé et leurs élèves ont, pour leur part, conçu et exécuté le décor intérieur de plusieurs églises de la grande région de Québec. La fausse voûte et le retable du choeur, réalisés en 1831 par le sculpteur André Paquet (1799-1860) selon les plans de son maître, l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859), sont typiques de la logique architecturale des Baillairgé, qui soumet le vocabulaire décoratif à la rigueur et à l'ordonnance classique. La fausse voûte s'appuie sur les éléments réalisés par David, notamment par la retombée des arcs doubleaux, et le retable du choeur incorpore des parties du précédent, réalisé par Jean Baillairgé (1726-1805), aïeul de Thomas, pour constituer un ensemble harmonieux. Dans ce décor s'intègrent trois tableaux du peintre Antoine Plamondon (1804-1895).

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Jean liés à ses valeurs architecturale et artistique comprennent, notamment :
- sa situation au bas d'une forte dénivellation, sur un terrain délimité par le fleuve Saint-Laurent et le chemin Royal, au coeur du noyau villageois de Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans;
- son orientation dans un axe est-ouest avec le choeur tourné vers l'est;
- ses caractéristiques de la tradition architecturale du Régime français, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à un vaisseau et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, l'épaisse maçonnerie de moellons et le toit aigu à deux versants légèrement retroussés couvert de tôle à la canadienne;
- la façade tripartite d'inspiration néoclassique, en maçonnerie de moellons équarris avec des chaînes d'angle en pierre de taille, composée d'une avancée centrale (entrée principale à portail avec pilastres et entablement en pierre de taille, fenêtre palladienne, fronton triangulaire à oculus ovale et amortissement à gradins supportant un globe et une croix) et de deux pans en retrait (chacun percé d'une porte cintrée à portail classique en pierre de taille et d'un oculus et couronné d'un aileron avec une urne à l'extrémité);
- les caractéristiques des murs de la nef et du choeur, ceux du choeur étant plus haut que ceux de la nef, dont les saillies du côté de la façade, les fenêtres surmontées d'impostes cintrées, les chambranles en bois mouluré, la corniche en bois ainsi que le revêtement de planches verticales à couvre-joint;
- les caractéristiques du clocher au profil en gradins placé sur le faîte du toit derrière la façade, dont la base carrée couronnée d'urnes aux angles, la chambre des cloches et le lanternon à pans coupés percés d'ouvertures cintrées, le bandeau d'attique orné d'un motif circulaire et la flèche polygonale surmontée d'une croix et d'un coq;
- les caractéristiques de la sacristie greffée à l'abside, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants légèrement retroussés couvert de tôle à la canadienne, les lucarnes à croupe du versant sud, les fenêtres en bois à battants à petits carreaux, le mur pignon aveugle, les planches cornières, la corniche en bois et le chemin couvert la reliant à l'église;
- le décor architectural, dont la fausse voûte à arc surbaissé (ornée d'arcs doubleaux et de gloires), le retable du choeur (colonnes corinthiennes cannelées, supportant un fronton en segment de cercle orné d'un relief représentant un nuage, des rayons et le triangle de la Trinité, et pilastres supportant un entablement du même ordre), les retables latéraux (niches ornées de statues et encadrées de pilastres ioniques cannelés au piédestal ouvragé supportant l'entablement surmonté d'un attique) ainsi que les pilastres corinthiens cannelés au piédestal ouvragé et l'entablement de la nef;
- la chaire (cuve aux panneaux sculptés soulignée d'un cul-de-lampe tronqué, dorsal orné de motifs rocaille et encadré de pilastres corinthiens supportant un entablement, abat-voix hexagonal souligné de glands et couronné de volutes couvertes de feuillages portant une urne et un bouquet de fleurs), le banc d'oeuvre (banc, dorsal encadré de pilastres corinthiens supportant un entablement, dais rectangulaire souligné de glands et couronné de volutes couvertes de feuillages portant une urne et un bouquet de fleurs), les trois autels et les fonts baptismaux;
- les deux tribunes arrière au garde-corps ouvragé;
- l'intérieur peint en blanc rehaussé de dorures.

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Informations historiques

La paroisse de Saint-Jean-Baptiste est fondée en 1679 par l'évêque de la Nouvelle-France, François de Laval (1623-1708). L'église est construite de 1734 à 1737 pour remplacer une petite chapelle en bois bâtie dans les années entourant la fondation. Le marché de construction stipule que le maître maçon François-Jessé Moreau (1709-1764) doit doter l'édifice d'une maçonnerie de moellons et d'ouvertures en pierre de taille. La façade, alors terminée par un pignon aigu, compte en son centre une grande porte cintrée surmontée d'un oeil-de-boeuf et d'une petite niche. Le choeur qui prolonge la nef, plus courte à l'origine, loge également la sacristie qui en est séparée par une cloison.

Avant 1850, certaines modifications sont apportées à l'extérieur, comme le remplacement du clocher en 1789 ainsi que la construction de la sacristie en 1815, qui sera agrandie en 1844. En 1852, les paroissiens présentent une requête pour agrandir l'église à l'archevêque de Québec, Pierre-Flavien Turgeon (1787-1867). Les travaux débutent la même année et sont réalisés par l'architecte-sculpteur Louis-Thomas Berlinguet (1789-1863), qui conçoit les plans, et par son fils Louis-Flavien (né en 1821 ou 1822). Les travaux comprennent le prolongement de la nef vers l'ouest et son élargissement à cet endroit ainsi que la construction d'une nouvelle façade et d'un clocher au goût du jour. Berlinguet s'inspire de la façade de la basilique-cathédrale Notre-Dame-de-Québec, modifiée en 1843 selon les plans de l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859), et de celle de l'église de Sainte-Anne-de-La-Pocatière, construite en 1845 et incendiée en 1917.

L'intérieur est aménagé de 1774 à 1777, et le sculpteur Jean Baillargé (1726-1805) est chargé du décor. Pour le choeur, il réalise notamment un retable comportant entre autres deux colonnes et cinq statues, des pilastres et autres boiseries ainsi que deux statues à l'entrée. Il exécute également les retables latéraux, deux tabernacles et des statues pour les autels latéraux. Ce décor est enrichi de trois tableaux, aujourd'hui disparus, disposés au-dessus des autels, dont deux sont peints par François Baillairgé (1759-1830) en 1784 et 1785. Parmi ces éléments, seuls les retables latéraux et quelques éléments du retable du choeur subsistent.

Le décor intérieur est modifié de 1810 à 1812, alors que le sculpteur Louis-Basile David, rattaché à l'atelier des Écores, exécute la chaire, le banc d'oeuvre, les pilastres et l'entablement de la nef. En 1831, d'importants travaux sont réalisés par le sculpteur André Paquet (1799-1860), selon les plans de son maître Thomas Baillairgé. Ces travaux concernent notamment le choeur, où le retable et la cloison contre laquelle il est adossé disparaissent pour faire place à un nouveau retable appuyé à l'abside. Celui-ci intègre des éléments du retable précédent. De plus, un attique est ajouté au-dessus des retables latéraux, la fausse voûte est refaite et la nef est dotée d'une seconde tribune arrière. Les deux tribunes construites en 1812 et 1831 sont refaites en 1853 par Louis-Thomas et Louis-Flavien Berlinguet, lors des travaux d'agrandissement. En 1857, Joseph Dion réalise les fonts baptismaux. Le peintre Antoine Plamondon (1804-1895) orne le choeur et la nef des trois tableaux toujours présents. Ceux du choeur (1833 et 1854) sont commandés au peintre par la paroisse, alors que celui de la nef (1848) est acquis de la fabrique de l'église de Saint-Joseph de Lauzon en 1954. En 1864, les tableaux des autels latéraux peints par François Baillairgé sont remplacés par les niches intégrées aux retables. Les autels et leurs tabernacles sont renouvelés en 1876 par l'architecte David Ouellet (1844-1915).

L'église de Saint-Jean est classée en 1957.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • L'Île-d'Orléans

Municipalité :

  • Saint-Jean-de-l'Île-d'Orléans

Adresse :

  • 4623, chemin Royal

Lieux-dits :

  • Saint-Jean-d'Orléans

Latitude :

  • 46° 55' 13.55"

Longitude :

  • -70° 53' 23.82"

Désignation cadastrale :

  • Lot 6 282 637

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Références

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • LÉGARÉ, Denyse. « L'île-d'Orléans. La ferveur religieuse au 18e siècle ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/ileorleans/ileorleansf.htm
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • ROY, Guy-André et Andrée RUEL. Le patrimoine religieux de l'île d'Orléans. Cahiers du patrimoine, 16. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1982. 313 p.
  • ROY, Guy-André. « Église Saint-Jean ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 283-284.

Multimédias disponibles en ligne :

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