Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Bibliothèque Saint-Sulpice

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Bibliothèque nationale du Québec

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1912 – 1914 (Construction)
  • 1964 – 1967 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thématique :

  • Patrimoine institutionnel et civil

Usage :

  • Fonction culturelle et récréative, loisir (Bibliothèques)

Éléments associés

Groupes associés (1)

Personnes associées (5)

Carte

Description

La bibliothèque Saint-Sulpice est un bâtiment à vocation culturelle de style Beaux-Arts érigé de 1912 à 1914. L'édifice est composé de trois corps de bâtiment de plan rectangulaire disposés en enfilade. Le premier, qui comprend la façade sur rue, compte deux niveaux et est coiffé d'un toit plat. Le deuxième, plus large et légèrement plus élevé, possède un toit en verre à deux versants droits. Le troisième, plus petit, est couvert d'un toit plat. La façade principale, de composition tripartite, est formée de deux avant-corps encadrant le corps central et comporte un décor élaboré puisant dans le répertoire classique. La bibliothèque Saint-Sulpice, implantée en retrait de la voie publique, se situe dans un secteur densément urbanisé en plein coeur du Quartier latin, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

Plan au sol :

Rectangulaire

Nombre d'étages :

5

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Béton, ossature en béton armé
  • Composite
  • Métal, ossature métallique

Annexes :

  • Autre
  • Chaufferie
  • Salle mécanique

Saillies :

  • Avant-corps
  • Cheminée
  • Escalier monumental

Fondations :

  • Béton

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Cuivre à baguettes
  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Verre
  • Forme : Plat
    Matériau : Composite, multicouche

Porte principale :

  • métallique, à imposte

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte
  • métallique, à battants

Fenêtre(s) :

  • cintrée, Basculante
  • cintrée, Fixe
  • Rectangulaire, À guillotine
  • Rectangulaire, Basculante
  • Rectangulaire, Fixe

Éléments architecturaux :

  • Bandeau
  • Cartouche
  • Chaîne d'angle
  • Chambranle
  • Colonne
  • Corniche à modillons
  • Entablement
  • Fer ornemental
  • Fronton
  • Pilastre
  • Pilier
  • Plate-bande
  • Portail
  • Tympan
  • Vitrail

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1988-07-15

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 

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Valeur patrimoniale

La bibliothèque Saint-Sulpice présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette institution trouve son origine dans les premières bibliothèques publiques sulpiciennes de Montréal. Située dans le Quartier latin, lieu de résidence de l'élite francophone, elle est destinée au grand public ainsi qu'aux chercheurs et aux étudiants de l'Université Laval à Montréal (devenue l'Université de Montréal). Ouverte en 1915, elle constitue alors la plus importante bibliothèque francophone de la ville. Son rayonnement est en grande partie dû à Aegidius Fauteux (1876-1941) et à Mgr Olivier Maurault (1886-1968). Fauteux, conservateur de 1915 à 1931, aura une influence déterminante dans son aménagement et son fonctionnement, prenant pour modèles les grandes institutions américaines et européennes. Ses séjours à l'étranger lui permettent d'acquérir des milliers d'ouvrages qui s'ajoutent aux publications canadiennes afin de constituer l'une des plus importantes collections du continent. Quant à Mgr Maurault, directeur de la bibliothèque de 1915 à 1918, il en fait un établissement dynamique où convergent sociétés littéraires, artistes, conférenciers et musiciens. Acquise par le gouvernement québécois en 1941, la bibliothèque Saint-Sulpice devient la Bibliothèque nationale du Québec en 1968. Ses collections forment aujourd'hui la base de celle de la Grande Bibliothèque. Cette bibliothèque constitue donc une pierre d'assise de l'histoire de la culture francophone du Québec.

La bibliothèque présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. L'édifice, conçu par l'architecte montréalais Eugène Payette (1875-1959), s'inscrit dans le style Beaux-Arts inspiré par les grands principes architecturaux établis par l'École des Beaux-Arts de Paris. En vogue à la fin du XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe siècle, ce style interprète le classicisme architectural des XVIIe et XVIIIe siècles. La bibliothèque en est une illustration par la composition régulière et symétrique de sa façade sur rue, formée par deux avant-corps coiffés d'un fronton triangulaire encadrant le corps central. Le classicisme de cette façade s'exprime également par son élévation tripartite, composée d'un soubassement en pierre, d'un étage noble comprenant un ordre classique complet et d'un bandeau d'attique. Par ailleurs, le traitement différent des trois corps de bâtiment rend compte du fonctionnalisme de l'architecture Beaux-Arts, qui se reflète dans le choix des matériaux, la forme des toits, la fenestration ainsi que l'ornementation. En somme, le style Beaux-Arts confère à l'édifice le prestige et l'autorité recherchés par l'institution.

La bibliothèque présente également un intérêt pour sa valeur artistique. Son aménagement intérieur, en grande partie élaboré par Payette, est caractérisé par son inspiration classique et l'utilisation de matériaux modernes. Dans le hall, un escalier monumental en marbre, à deux montées, conduit à la grande salle de lecture de l'étage. Celle-ci comprend un décor en plâtre classique composé notamment de trumeaux définis par des tores feuillagés à rubans croisés, de cartouches au-dessous des chapiteaux des piliers engagés et de bas-reliefs ornant le tympan de certaines portes. Des vitraux réalisés par le verrier d'origine française Henri Perdriau (1877-1950) rehaussent le plafond à caissons ainsi que les grandes fenêtres de la salle. En outre, plusieurs boiseries de même que le mobilier de chêne contribuent à la diversité du décor. La salle de spectacle, au sous-sol, comporte une décoration plus sobre. La partie arrière de l'édifice est occupée par un magasin de conception très moderne pour l'époque. Varié et réalisé avec des matériaux nobles, le décor de la bibliothèque forme un ensemble homogène qui figure parmi les plus riches intérieurs publics du Québec.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la bibliothèque Saint-Sulpice liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- sa situation en bordure de la voie publique, avec un léger dégagement, dans un secteur densément urbanisé au coeur du Quartier latin, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal;
- son volume, composé de trois corps de bâtiment de plan rectangulaire, disposés en enfilade, le premier à deux niveaux couvert d'un toit plat, le deuxième légèrement plus large et plus haut au toit en verre à deux versants droits ainsi que le troisième à toit plat;
- ses matériaux, dont le granite gris de la base des murs, la pierre de taille des élévations du volume principal, des chaînes d'angle et des allèges des fenêtres ainsi que la brique recouvrant les volumes secondaires;
- la façade principale de composition tripartite, dont le soubassement à bossages continus en table, les deux avant-corps surmontés d'un fronton triangulaire à modillons encadrant le corps central, l'ordre classique développé à l'étage (formé d'un stylobate surmonté de colonnes engagées à chapiteau dorique supportant un entablement comportant une corniche à modillons couronnée d'un bandeau d'attique) ainsi que les deux torchères en bronze encadrant l'escalier extérieur;
- l'ordonnance et la symétrie des ouvertures rectangulaires et à arc surbaissé du premier corps de bâtiment et les chambranles bombés aux motifs végétaux;
- le portail d'entrée, dont la porte vitrée à deux vantaux, surmontée d'un tympan et ornée de fer ornemental portant le monogramme BSS (Bibliothèque Saint-Sulpice), inscrite entre des piliers engagés (à modillon galbé en talon) supportant un entablement ainsi que l'amortissement à cartouche orné d'un livre ouvert;
- la relation entre les différents espaces, dont le hall d'entrée au rez-de-chaussée circonscrit de pièces ainsi que la vaste salle de lecture à deux niveaux et ses liens avec les mezzanines et le hall d'entrée;
- le hall d'entrée, incluant un escalier monumental en « U » aux marches et garde-corps ornemental en marbre, un parquet de marbre ainsi que deux torchères en bronze disposées sur les pilastres de départ en marbre;
- la salle de lecture, incluant les éléments ornementaux en plâtre (tels que les trumeaux encadrés de tores feuillagés à rubans croisés, les cartouches au sommet des colonnes, les bas-reliefs montrant deux putti présentant un cartouche en forme d'écusson marqué du monogramme BSS ornant le tympan de certaines portes), les vitraux des fenêtres et des caissons du plafond, les garde-corps des mezzanines, les garde-corps en fer ornemental des cabinets de travail, les boiseries et le mobilier en chêne ainsi que la serrurerie en bronze;
- la salle de spectacle, incluant les cartouches au sommet des colonnes;
- le magasin, dont les étagères en acier et les planchers en marbre.

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Informations historiques

La bibliothèque Saint-Sulpice trouve son origine dans les bibliothèques publiques sulpiciennes de Montréal, dont l'Oeuvre des bons livres en 1844, considérée comme l'une des premières bibliothèques publiques francophones de la ville, ainsi que le Cabinet de lecture paroissial et le Cercle Ville-Marie, créés par la suite. Dès le début du XXe siècle, les Sulpiciens projettent la construction d'une vaste bibliothèque destinée à la fois au grand public, aux chercheurs et aux étudiants de l'Université Laval à Montréal (devenue l'Université de Montréal). C'est dans ce contexte qu'ils acquièrent vers 1906 une première propriété située rue Saint-Denis, dans le Quartier latin. Ce secteur universitaire, qui est aussi le lieu de résidence de l'élite francophone, est tout désigné pour leur ambitieux projet. La propriété étant trop exiguë, ils achètent deux terrains contigus en 1909 et en 1911.

Les plans de la bibliothèque Saint-Sulpice sont dressés par Eugène Payette (1875-1959), lauréat du concours d'architecture lancé en 1911. Ce dernier concevra également ceux de la bibliothèque municipale de Montréal (1914) et ceux du collège sulpicien André-Grasset (1927). L'entrepreneur Magloire Huberdeau est chargé de la construction, qui s'échelonne de 1912 à 1914. L'ouverture de la bibliothèque a lieu en 1915. Le fonds documentaire initial, intégré à la bibliothèque de l'Université Laval à Montréal, est formé des collections des bibliothèques du Cercle Ville-Marie, du Séminaire Notre-Dame et de la Faculté des arts de l'Université Laval à Montréal.

Le rayonnement de l'institution revient en grande partie à deux hommes, soit Aegidius Fauteux (1876-1941) et Mgr Olivier Maurault (1886-1968). Fauteux occupe le poste de conservateur dès l'ouverture, et ce jusqu'en 1931. Celui-ci contribue à l'aménagement ainsi qu'au fonctionnement de la bibliothèque en prenant pour modèle les grandes institutions américaines et européennes. Il la dote d'importantes collections composées de plusieurs ouvrages provenant de l'étranger. En 1932, Fauteux devient conservateur à la bibliothèque municipale de Montréal et crée, la même année, des cours de bibliothéconomie en langue française à l'Université McGill. Il est, par ailleurs, le directeur fondateur de l'École des bibliothécaires, affiliée à l'Université de Montréal, en 1937. Pour sa part, Mgr Maurault, qui assume la direction de la bibliothèque Saint-Sulpice de 1915 à 1918, contribue à en faire un carrefour intellectuel et culturel pour les francophones. Sous son impulsion, elle devient un établissement dynamique où convergent entre autres les sociétés littéraires, les artistes, les conférenciers et les musiciens.

À partir de 1928, certains locaux sont loués au Conservatoire national de musique. Par ailleurs, les difficultés financières que connaît la bibliothèque Saint-Sulpice depuis le début des années 1920 entraînent sa fermeture en 1931. Elle continue toutefois à desservir les étudiants de l'Université de Montréal jusqu'en 1943, année où l'université opte pour la centralisation de ses collections dans un nouveau bâtiment situé sur le mont Royal.

En 1941, le gouvernement du Québec acquiert la bibliothèque Saint-Sulpice et l'ouvre aux chercheurs trois ans plus tard. La bibliothèque accueille le nouveau Conservatoire de musique de Montréal, qui ouvre ses portes en 1943. L'édifice est entièrement restauré de 1964 à 1967 et devient en 1968 la Bibliothèque nationale du Québec, dont le fonds documentaire initial est constitué des collections et des biens de la bibliothèque Saint-Sulpice.

La bibliothèque Saint-Sulpice est classée en 1988. En 2005, la collection de la Bibliothèque nationale du Québec est déménagée dans la Grande Bibliothèque. Deux ans plus tard, la bibliothèque Saint-Sulpice est acquise par la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 1700, rue Saint-Denis

Latitude :

  • 45° 30' 54.282"

Longitude :

  • -73° 33' 51.726"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 161 477

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Références

Notices bibliographiques :

  • BERNARD, Annie. Inventaire des biens mobiliers et des éléments décoratifs de la bibliothèque Saint-Sulpice. Montréal, Ministère de la Culture et des Communications, 2006. 48 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture civile I : les édifices publics. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal, 4. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1981. 321 p.
  • GARNEAU, René. Rapport définitif de l'inventaire de Saint-Sulpice. Québec, Ministère des Affaires municipales, de l'Industrie et du Commerce, 1940. 28 p.
  • LASSONDE, Jean-René. « Édifice de la bibliothèque Saint-Sulpice ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 87-88.
  • LASSONDE, Jean-René. La Bibliothèque Saint-Sulpice, 1910-1931. Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, 1986. 359 p.

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