Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site archéologique de l'Île-au-Bois

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Côte-Nord

Municipalité :

  • Blanc-Sablon

Période :

  • Paléoesquimau ancien ( 4 000 à 2 200 AA)

Thématique :

  • Patrimoine autochtone (Patrimoine inuit)

Usage :

  • Fonction industrielle, transformation de matières végétales et animales (Établissements de pêche commerciale)

Éléments associés

Groupes associés (4)

Personnes associées (2)

Images

Carte

Description

Le site archéologique de l'Île-au-Bois est un site de pêche saisonnière à la morue et au phoque. Le site englobe l'entièreté de l'île. Il comprend des vestiges d'occupation des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, dont de grandes structures en pierre, de même que des traces d'établissements paléoesquimaux. L'île est un cap rocheux aux pentes abruptes maintenant dépourvu de végétation arbustive, mais recouvert de lichens et de plantes sauvages. Située dans le détroit de Belle Isle face à la baie de Blanc-Sablon, elle fait partie de la municipalité de Blanc-Sablon.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique au terrain et à ce qui s'y trouve. Trois sites inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec sont associés au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1989-04-27

Catégories de conservation

  • 9 - Terrain notable
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique
 

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Valeur patrimoniale

Le site archéologique de l'Île-au-Bois présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Ce site témoigne d'activités économiques intenses liées à la pêche tenues entre les XVIIIe et XXe siècles. Des centaines de navires européens se rendent dans le golfe du Saint-Laurent pour y pêcher aux XVIe et XVIIe siècles. L'île au Bois est fréquentée de façon saisonnière par les Basques, les Bretons et les Normands. Ces pêcheurs s'installent sur la terre ferme pour faire sécher la morue sur des vigneaux ou directement sur les galets de la plage. Ils chassent aussi le phoque, mammifère marin très prisé, notamment pour l'huile que l'on en tire. La situation géographique de l'île leur donne un accès privilégié aux ressources marines du détroit de Belle-Isle et son sol rocailleux est idéal pour le traitement des prises. L'île au Bois compte un établissement saisonnier de pêche en 1710. Elle fait alors partie de la concession de baie Phélypeau (baie de Brador), accordée en 1702 à Augustin Le Gardeur de Courtemanche (1663-1717), capitaine dans la garde du gouverneur et qui sera nommé commandant de la côte du Labrador en 1714. L'île au Bois est alors une station très fréquentée. Après la Conquête britannique (1760), le site est délaissé. En 1838, des pêcheurs jersiais, notamment ceux de la compagnie Le Boutillier Brothers et de la William Fruing and Company reprennent son exploitation. Des bâtiments pour loger le personnel et entreposer des marchandises, ainsi que des structures pour le traitement des prises, sont alors érigés. L'île passe aux mains de la compagnie terre-neuvienne Job and Brothers en 1887 pour finalement être cédée à la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1927, sans que celle-ci exploite réellement les lieux. L'île au Bois a indéniablement contribué au commerce de la pêche sur une longue période et a été fréquentée par tous les groupes de pêcheurs actifs dans la région depuis le début du XVIe siècle.

Le site archéologique de l'Île-au-Bois présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. Ce lieu renferme un ensemble important de vestiges permettant de documenter l'organisation et le fonctionnement des postes de pêche utilisés notamment par les Jersiais et les compagnies terre-neuviennes. Le site contient une cinquantaine de structures associées au séchage de la morue, à la fonte de la graisse de phoque, à l'entreposage des denrées et à la vie domestique des pêcheurs ayant fréquenté les lieux aux XIXe et XXe siècles. On rencontre notamment plusieurs grandes structures planes constituées de pierres plates non liées par du mortier. Ces aménagements correspondent à des plates-formes pour le séchage de la morue ou, en de plus rares occasions, au dallage d'anciens bâtiments de bois. Ces vestiges témoignent d'un mode de construction adapté aux matériaux disponibles sur place. En effet, les pierres employées proviennent du rivage et leurs plans de clivage les rendent naturellement angulaires. Cela donne la possibilité de former des surfaces planes et des parements rectilignes sans avoir à les tailler. Le site contient aussi quatre fours de briques sur socles de pierres taillées utilisés pour fondre la graisse des phoques. Construites d'abord par la compagnie Le Boutillier Brothers, plusieurs de ces installations ont par la suite été récupérées par la compagnie Job and Brothers qui en a utilisé certaines telles quelles et réaménagé d'autres. Des vestiges d'occupations préhistoriques illustrent également que l'île a été fréquentée par des groupes paléoesquimaux il y a environ 2500 ans. Le site témoigne ainsi des activités liées à la pêche à la morue et au phoque sur plusieurs siècles.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site archéologique de l'Île-au-Bois liés à ses valeurs historique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation dans le détroit de Belle Isle, non loin de Terre-Neuve et face à la baie de Blanc-Sablon;
- sa topographie formée de quatre plateaux concentriques, de côtes abruptes, d'anses et de plages;
- la cinquantaine de vestiges archéologiques, dont les structures d'habitation, d'entreposage et les plates-formes de séchage de la morue ainsi que les vestiges autochtones et paléo-inuits;
- la portion résiduelle du site renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.

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Informations historiques

Il y a environ 2 500 ans, des groupes paléoesquimaux originaires des régions arctiques fréquentent l'île au Bois. Jusqu'au XIXe siècle, ils viennent dans l'île à plusieurs reprises, mais pendant de courtes durées, profitant du bon poste qu'elle offre pour observer notamment les mammifères marins.

Pendant les XVIe et XVIIe siècles, la région de Blanc-Sablon est visitée notamment par des pêcheurs basques, bretons et normands. En 1534, lors de son premier voyage, le navigateur Jacques Cartier (1491-1557) signale « l'île des Bois ». C'est toutefois seulement à compter de 1710 que les premiers témoignages écrits font état d'une présence européenne en ce lieu. Faisant partie de la concession en privilège de baie Phélypeau (baie de Brador), initialement accordée à Augustin Le Gardeur de Courtemanche (1663-1717), commandant de la côte du Labrador, l'île au Bois devient à cette époque l'emplacement préféré des pêcheurs de morue. Ceux-ci pratiquent alors la pêche sédentaire, s'installant sur la terre ferme pour faire sécher le poisson sur des vigneaux ou directement sur les galets de la plage. Ils chassent aussi le phoque, mammifère marin très prisé notamment pour l'huile que l'on en tire. En 1718, environ 900 hommes sont venus dans l'île. Douze navires et 200 chaloupes mouillent près de ses rivages. En plus de cette présence saisonnière française, les lieux reçoivent également la visite de groupes inuits.

Après la Conquête britannique (1760), le site est délaissé, mais il est possiblement fréquenté de façon périodique par quelques pêcheurs. Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour que les lieux accueillent de nouveau une occupation de pêche commerciale, celle des pêcheurs jersiais. Ceux-ci se regroupent en diverses entreprises dont la William Fruing and Company, qui fonde un poste de pêche à l'embouchure de la rivière de Blanc-Sablon en 1834, et la compagnie Le Boutillier Brothers, qui s'installe dans l'île au Bois en 1838. La compagnie Le Boutillier Brothers érige de nombreuses structures pour le logement du personnel, l'entreposage des marchandises et des denrées ainsi que pour le traitement des prises. Vers 1866, des difficultés financières la forcent à vendre ses installations à des entreprises de Terre-Neuve, dont la Job and Brothers. En 1918, cette dernière, qui est aussi installée à Blanc-Sablon, occupe désormais toute l'île.

L'île passe aux mains de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1927, mais il semble toutefois que l'entreprise n'ait pas exploité les lieux. Selon la tradition orale, les bâtiments auraient été détruits vers 1930.

Durant les années 1980, des recherches ont permis de localiser et mettre en avant le patrimoine archéologique de l'île, surtout éloquent pour l'occupation des pêcheurs jersiais et terre-neuviens. Le site archéologique de l'Île-au-Bois est classé en 1989. Les visiteurs peuvent aujourd'hui apprécier certains vestiges des installations du XIXe siècle.

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Emplacement

Region administrative :

  • Côte-Nord

MRC :

  • Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Blanc-Sablon

Lieux-dits :

  • Île au Bois

Latitude :

  • 51° 23' 21.7"

Longitude :

  • -57° 8' 22.9"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Sept-Îles Canton de l' Archipel-de-Blanc-Sablon Absent 176

Code Borden

EiBg-29 EiBg-44 EiBg-48  

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Références

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • FRENETTE, Pierre. Histoire des Côtes-Nord. Sept-Iles, Radio-Québec Côte-Nord, 1984. 48 p.
  • GENDRON, Gaétan et al. La Basse-Côte-Nord. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1984. 146 p.
  • LAMBERT, Serge et Caroline ROY. La Côte-Nord. Une histoire d'appartenance, 3. Sainte-Foy, Éditions GID, 2001. 266 p.
  • MCGAIN, Alison et Françoise NIELLON. Intervention archéologique 1984 sur le site EiBg-44, archipel de Blanc-Sablon, île à Bois (île au Bois), site 1. s.l. Ministère des Affaires culturelles, 1985. 20 p.
  • MOUSSETTE, Marcel. « Un univers sous tension : les nations amérindiennes du Nord-Est de l'Amérique du Nord au XVIe siècle ». Les Cahiers des Dix. No 59 (2005), p. 149-177.
  • NIELLON, Françoise. Inventaire des sites historiques de la Basse-Côte-Nord : Blanc-Sablon / Baie des Cinq Lieues. Municipalité de la Côte-Nord du Golfe Saint-Laurent, 1984. 133 p.
  • NIELLON, Françoise. L'occupation humaine de la Basse-Côte-Nord et son interprétation. Dossier sur les ressources archéologiques. Québec, 1984. s.p.
  • PLUMET, Patrick et al. La question de la coexistence du Paléoesquimau et de l'Amérindien : recherches dans la région de Blanc-Sablon, Basse-Côte-Nord, Québec. Paléo-Québec, 21. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 1994. 115 p.

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