Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Le Monument-National

Carte

Description

Le Monument-National est un édifice à vocation socioculturelle de style néo-Renaissance construit de 1891 à 1894. L'imposant bâtiment rectangulaire haut de quatre étages à l'avant et de cinq à l'arrière est surmonté d'un toit plat divisé en deux paliers. Le Monument est contigu aux bâtiments voisins et sa longue façade en pierre grise, alignée à celle des autres bâtiments de la rue, comporte une abondance d'ouvertures et d'éléments décoratifs disposés symétriquement. Implanté en bordure du boulevard Saint-Laurent, une artère achalandée, l'immeuble s'élève devant un parc urbain créé récemment, dans un secteur d'intérêt patrimonial de l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

Le Monument-National bénéficie d'une aire de protection.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1976-11-03

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 1978-05-19

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1985-01-01
 

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Valeur patrimoniale

Le Monument-National présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme lieu clé de la sociabilité canadienne-française à Montréal.. Sa construction est proposée officiellement en 1884 par le futur sénateur Laurent-Olivier David (1840-1926), journaliste et homme de lettres, pour souligner le cinquantième anniversaire de l'Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal (plus tard, la Société Saint-Jean-Baptiste). Inauguré en 1893, l'édifice se veut le symbole de la survivance et des aspirations des Canadiens français dans la métropole. Jusque dans les années 1960, il abrite les services administratifs de la Société Saint-Jean-Baptiste ainsi que ses diverses filiales, dont la Caisse nationale d'économie, la Société nationale de fiducie et le Prêt d'honneur. C'est aussi le lieu de rassemblement des Dames patronnesses de l'Association Saint-Jean-Baptiste (plus tard, Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste), groupe marquant des débuts du féminisme québécois.

Le Monument-National présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son caractère multifonctionnel. Ce bâtiment a regroupé à la fois un théâtre recevant autrefois 1400 spectateurs, des commerces, des bureaux, des salles polyvalentes, des salles de cours, une bibliothèque et un musée. Édifice à vocation socioculturelle, il a logé des organismes tels que l'École des arts et métiers ainsi que des associations ouvrières et nationalistes. Hôte de nombreuses productions scéniques, il a lancé la carrière d'artistes renommés comme La Bolduc (Mary Travers, 1894-1941), Gratien Gélinas (1909-1999) ou encore Olivier Guimond, père (1893-1954) et fils (1914-1971). Transcendant son rôle premier de centre de rayonnement pour la société canadienne-française, il a diffusé les oeuvres d'artistes des communautés chinoise et juive. L'École nationale de théâtre du Canada, propriétaire depuis 1971, y dispense des cours et présente des pièces, perpétuant ainsi sa fonction culturelle et éducative.

Le Monument-National présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Il est conçu par les architectes Maurice Perrault (1857-1909), Albert Mesnard (1847-1909) et Joseph Venne (1858-1925), réputés pour les bâtiments institutionnels et religieux qu'ils ont produits à Montréal et dans la région. La structure en acier constitue une technologie innovatrice à la fin du XIXe siècle. La façade en pierre grise d'inspiration néo-Renaissance témoigne de l'influence étasunienne sur l'architecture montréalaise à cette époque. Le style néo-Renaissance se reflète dans la composition régulière et symétrique, les grandes baies vitrées, notamment celles terminées par un arc en plein cintre, les bandeaux, les pilastres, les frontons et les entablements. Le toit plat est, quant à lui, typique des théâtres et des cinémas créés au tournant du XXe siècle et d'un bon nombre d'immeubles résidentiels. Le toit est divisé en deux paliers, et sa partie la plus élevée couvre la grande salle de spectacle. De plus, l'intérieur comprend des éléments remarquables, dont le balcon en fer à cheval du théâtre, l'un des derniers à subsister au Canada, et un escalier élaboré. L'ensemble de ces caractéristiques fait du Monument-National un bâtiment exceptionnel.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.

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Éléments caractéristiques

Les caractéristiques du Monument-National liées à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation le long du boulevard Saint-Laurent, la contiguïté avec les bâtiments voisins et l'alignement de la façade avant avec les autres bâtiments de la rue;
- les éléments témoignant des activités scéniques, dont le théâtre occupant le tiers du bâtiment, le portail à trois travées comprenant des portes en bois à deux vantaux et la marquise;
- les éléments témoignant de la fonction commerciale, dont les six ouvertures du rez-de-chaussée en façade destinées à servir de vitrines;
- les éléments témoignant des fonctions sociale et éducative, dont les pièces des étages en façade accueillant autrefois des bureaux, des salles polyvalentes et des salles de cours;
- ses matériaux, dont la structure en acier et le recouvrement en pierre grise;
- les éléments d'inspiration Renaissance de la façade composée de façon régulière et symétrique, dont les grandes baies vitrées, notamment celles terminées par un arc en plein cintre, les bandeaux, les pilastres, les frontons et les entablements;
- le toit plat divisé en deux paliers;
- les éléments de la salle de spectacle, dont le balcon en fer à cheval et sa balustrade en fer forgé, les corbeilles ornées de motifs végétaux et le plafond en plâtre à motifs peints;
- les autres éléments intérieurs, dont le grand escalier en marbre et les nombreuses boiseries finement sculptées.

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Informations historiques

L'Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal (plus tard, la Société Saint-Jean-Baptiste) est une organisation patriotique canadienne-française fondée en 1834. Vers 1880, Laurent-Olivier David (1840-1926), journaliste et homme de lettres, souhaite doter l'organisme d'un siège social permanent. En 1884, celui-ci propose officiellement la construction du Monument-National pour souligner le cinquantième anniversaire de l'Association. Sa recommandation est retenue et un comité achète, la même année, un terrain délimité par les rues Saint-Louis, Gosford et Craig. La première pierre est posée, mais le comité connaît de sérieux problèmes de financement. En 1890, le gouvernement d'Honoré Mercier (1840-1894) verse une subvention aux promoteurs en plus d'organiser la Loterie de la province de Québec, ce qui sauve le projet.

En 1891, l'Association Saint-Jean-Baptiste jette son dévolu sur un nouveau terrain, soit la propriété Wurtele située boulevard Saint-Laurent, qui deviendra la « Main » de Montréal. Au tournant du XXe siècle, cette artère est la ligne de démarcation entre les quartiers anglophones et francophones. C'est aussi le principal lieu d'insertion des communautés immigrantes dans la métropole, témoignant ainsi de la pluriethnicité urbaine. Le boulevard Saint-Laurent deviendra l'artère des restaurants, du monde du spectacle et des sorties nocturnes.

La construction du Monument-National s'étend de 1891 à 1894. Les travaux sont réalisés selon les plans des architectes Maurice Perrault (1857-1909), Albert Mesnard (1847-1909) et Joseph Venne (1858-1925), réputés pour les bâtiments institutionnels et religieux qu'ils ont produits à Montréal et dans la région. Ces architectes reçoivent la plupart des commandes institutionnelles et religieuses de la clientèle canadienne-française de la région de Montréal. Ils ont notamment signé l'édifice de la Banque du Peuple et le pavillon de l'Université Laval à Montréal, rue Saint-Denis.

En 1893, l'Association Saint-Jean-Baptiste inaugure son siège social, qui sera pendant longtemps le phare de la sociabilité canadienne-française à Montréal. Le bâtiment se veut aussi le symbole de la survivance et des aspirations nationales des Canadiens français dans la métropole. Jusque dans les années 1960, il abrite les services administratifs de l'organisme et ses diverses filiales, dont la Caisse nationale d'économie, la Société nationale de fiducie et le Prêt d'honneur. C'est aussi le lieu de rassemblement des Dames patronnesses de l'Association Saint-Jean-Baptiste (plus tard, Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste), groupe marquant des débuts du féminisme québécois.

Le Monument-National a abrité un théâtre, des commerces, des bureaux, des salles polyvalentes, des salles de cours, une bibliothèque et un musée. Utilisé à des fins socioculturelles, le bâtiment a logé divers organismes, dont l'École des arts et métiers ainsi que des associations ouvrières et nationalistes, dont le Bloc populaire et le Rassemblement pour l'Indépendance nationale. Hôte de nombreuses productions scéniques, il a lancé la carrière d'artistes renommés, tels que La Bolduc (Mary Travers, 1894-1941), Gratien Gélinas (1909-1999) ou encore Olivier Guimond, père (1893-1954) et fils (1914-1971). Transcendant son rôle premier de centre de rayonnement pour la société canadienne-française, il a également diffusé les oeuvres d'artistes des communautés chinoise et juive. Depuis 1971, le Monument-National est la propriété de l'École nationale de théâtre du Canada qui y dispense des cours et présente des pièces, perpétuant ainsi la fonction culturelle et éducative du bâtiment.

En 1976, le Monument-National est classé. Il bénéficie d'une aire de protection depuis 1978. L'édifice est restauré en 1992 pour son centième anniversaire. Il compte aujourd'hui trois salles de spectacle et des espaces pouvant accueillir divers types d'activité.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 1170, boulevard Saint-Laurent
  • 1182, boulevard Saint-Laurent

Localisation informelle :

1166-1182, boulevard Saint-Laurent

Latitude :

  • 45° 30' 32.1"

Longitude :

  • -73° 33' 44.8"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 160 652

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Références

Notices bibliographiques :

  • ANCTIL, Pierre. Saint-Laurent, La Main de Montréal. Sillery / Montréal, Septentrion / Musée Pointe-à-Callière, 2002. 109 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GOURNAY, Isabelle, dir. et France VANLAETHEM, dir. Montréal métropole, 1880-1930. Montréal, Boréal, 1998. 224 p.
  • LACHAPELLE, Jacques. « Monument National ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 84-86.
  • LAMONDE, Yvan. Histoire sociale des idées au Québec (1896-1929). Montréal, Éditions Fides, 2004. 323 p.
  • LARRUE, Jean-Marc. Le monument inattendu : Le Monument National, 1893-1993. Cahiers du Québec : Histoire, 106. LaSalle, Éditions Hurtubise HMH, 1993. 322 p.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 3. Montréal, Les Éditions La Presse, 1989. 560 p.
  • s.a. « Inventaire architectural de Montréal. Base de données sur le patrimoine ». Ville de Montréal. Le patrimoine architectural de Montréal [En ligne]. http://www2.ville.montreal.qc.ca/script/php/frame.php?target=/patrimoine/patrimoine.htm
  • Ville de Montréal. Le patrimoine architectural de Montréal

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