Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Phare de Pointe-des-Monts

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Site du phare de Pointe-des-Monts

Région administrative :

  • Côte-Nord

Municipalité :

  • Baie-Trinité

Date :

  • 1829 – 1830 (Construction)
  • 1911 – 1912 (Agrandissement)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine maritime et fluvial

Usage :

  • Transport, communication et services publics (Aides fixes à la navigation > Aides lumineuses (phares) > Phares à système massif)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (5)

Groupes associés (1)

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Personnes associées (3)

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Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le phare de Pointe-des-Monts est une installation côtière d'aide à la navigation érigée en 1829 et 1830. Il s'agit d'une tour tronconique en pierre comportant sept niveaux. Recouverte de bardeaux de cèdre, la tour de couleur blanche est ornée de deux bandeaux rouges et coiffée d'une lanterne octogonale en métal. L'installation comprend également une maison de gardien, une poudrière, un pigeonnier et un hangar. La résidence du gardien, construite en 1911 et 1912 et annexée à la tour, est une maison vernaculaire en bois de plan rectangulaire à un étage et demi coiffée d'un toit à deux versants droits; elle est prolongée vers l'arrière par une annexe. La poudrière, datant de 1867, est un petit bâtiment en brique bâti à distance de la tour. Le pigeonnier et le hangar sont des constructions fonctionnelles en bois. Le phare, la maison du gardien et les dépendances, de couleur blanche et rouge, forment un ensemble harmonieux. Le phare de Pointe-des-Monts est situé dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, sur un petit îlot rocheux entouré d'eau à marée haute, dans la municipalité de Baie-Trinité.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur du phare, de la maison du gardien, des dépendances, dont la poudrière, le pigeonnier et le hangar, ainsi qu'aux îles. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1965-09-08

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 8 - Terrain supérieur
  • 11 - Site archéologique associé au bien classé
 

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Valeur patrimoniale

Le phare de Pointe-des-Monts présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il s'agit du deuxième plus ancien phare en bordure de la voie maritime du Saint-Laurent. Il témoigne de la mise en place d'un réseau de phares et d'aides à la navigation au cours des premières décennies du XIXe siècle. En 1805, dans un contexte d'intensification des échanges entre la colonie et la métropole, le Bas-Canada met sur pied la Maison de la Trinité de Québec. Cet organisme gère le port de Québec, veille à la sécurité des installations portuaires le long du fleuve Saint-Laurent, supervise le pilotage et place les bouées, phares et fanaux nécessaires à la sécurité maritime. Ainsi, une partie de son mandat consiste à sécuriser la navigation sur le fleuve afin de diminuer le nombre de naufrages. Un premier phare est érigé sur l'île Verte entre 1806 et 1809. La pointe des Monts est retenue dès 1826 pour la construction d'un second phare, en raison de la navigation particulièrement difficile à cet endroit et de la présence de baies protégées où les navires peuvent se réfugier par mauvais temps. En fonction dès 1830, le phare est doté l'année suivante d'un dépôt à provisions destiné aux rescapés de naufrages. Le bâtiment réservé à l'entreposage de ces provisions est remplacé en 1850 par une nouvelle dépendance située du côté nord du phare et attenante à celui-ci, pouvant héberger également les naufragés. Par ailleurs, un canon est installé près du phare en 1867 et constitue le premier système de signalisation sonore utilisé à Pointe-des-Monts. Une poudrière est aussi construite à distance de la tour. Le phare, qui cède ses fonctions à une nouvelle installation à partir de 1964, a joué un rôle important dans la sécurisation de la navigation sur le Saint-Laurent. Dès lors, le site devient un élément majeur de l'interprétation du patrimoine maritime du Québec.

Le phare de Pointe-des-Monts présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. La tour de sept niveaux, de plus de 21 mètres, se dresse sur un petit îlot rocheux entouré d'eau à marée haute, dans l'estuaire du Saint-Laurent. Sa haute silhouette blanche est ornée de deux larges bandeaux rouges qui signalent sa présence et le distingue des autres phares de la côte. Le phare est accompagné de la maison du gardien (1911 et 1912), d'une poudrière (1867), d'un poulailler et d'un hangar. Ces quatre bâtiments aussi de couleur blanche et rouge forment, avec le phare, un ensemble homogène bien visible dans le paysage.

Le phare de Pointe-des-Monts présente en outre un intérêt patrimonial pour ses valeurs architecturale et ethnologique. En effet, l'aménagement intérieur de la tour et certains éléments architecturaux nous renseignent sur le mode de vie d'un gardien de phare. Le rez-de-chaussée loge l'ancienne cuisine, où un foyer ainsi qu'un four à pain sont aménagés dans l'épaisseur du mur. Un escalier en bois à vis conduit aux six étages. Chaque niveau comprend deux armoires encastrées, et deux d'entre eux possèdent un foyer. Les cinq premiers étages abritent un salon et des chambres. Le dernier étage comprend l'ancien réservoir à kérosène, la pompe pressurisant le gaz et alimentant la lanterne ainsi que le système de poids permettant la rotation de la lampe. Il donne également accès au balcon de veille ainsi qu'à la lanterne octogonale en métal. L'intérieur, caractérisé par la fonctionnalité de ses composantes, rend compte de la vie modeste des gardiens de phare et de leur famille et des technologies associées à ce type d'édifice.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du phare de Pointe-des-Monts liés à ses valeurs historique, architecturale, ethnologique et paysagère comprennent, notamment :
- sa situation sur un petit îlot rocheux entouré d'eau à marée haute, à la limite entre l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent;
- la relation entre la tour et les autres bâtiments, dont la maison du gardien contiguë, la poudrière à distance ainsi que le hangar et le poulailler à l'arrière;
- l'harmonie de l'ensemble, dont les parements blanc et rouge des constituantes;
- les caractéristiques du phare, dont le plan circulaire composé d'un corps tronconique couronné d'une corniche supportant un balcon de veille et une lanterne octogonale coiffée d'un toit à croupes polygonal, la maçonnerie (pierre calcaire et granitique) recouverte de bardeaux de cèdre, le tambour d'entrée (comprenant une porte à panneaux et à vitrage), les alignements de fenêtres rectangulaires en bois à petits carreaux, ainsi que les deux bandeaux rouges sur fond blanc encerclant la tour;
- ses caractéristiques intérieures du phare, dont l'escalier en bois à vis desservant les sept niveaux, les trois foyers et le four à pain aménagés dans l'épaisseur des murs, les armoires encastrées à chaque niveau et l'ancien équipement nécessaire à l'éclairage du phare (réservoir à kérosène, pompe, système de poids);
- les caractéristiques de la maison du gardien, dont le corps de logis surhaussé de plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants droits, les bardeaux de cèdre des murs et du toit, les fenêtres rectangulaires en bois à carreaux et la porte d'entrée en bois à vitrage, la galerie en façade (protégée par un avant-toit et ornée d'aisseliers décoratifs) et l'annexe en retour d'équerre;
- les caractéristiques de la poudrière, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit à deux versants, le carré en brique, la couverture en tôle à baguettes et la porte en bois encadrée d'un chambranle simple en bois;
- les caractéristiques du poulailler et du hangar, dont leur plan rectangulaire, leur élévation d'un étage, leur toit à deux versants (celui du hangar étant asymétrique), leur parement en bois (planches verticales et horizontales), leur couverture en bardeaux de cèdre, les ouvertures rectangulaires et l'appentis du poulailler.

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Informations historiques

La construction du phare de Pointe-des-Monts s'inscrit dans la mise en place d'un réseau de phares et d'aides à la navigation au cours des premières décennies du XIXe siècle. En effet, la navigation périlleuse sur le fleuve Saint-Laurent et l'intensification du commerce entre la colonie et la métropole incitent le Bas-Canada à mettre sur pied un organisme pour gérer le port de Québec, veiller à la sécurité des installations portuaires le long du fleuve, superviser le pilotage et placer les bouées, phares et fanaux nécessaires à la sécurité maritime. La Maison de la Trinité de Québec est alors créée en 1805 et, dès 1809, un premier phare est opérationnel à l'île Verte. Puis, en 1826, la pointe des Monts est retenue pour la construction d'un second phare, en raison notamment de la navigation particulièrement difficile à cet endroit ainsi que de la présence de baies protégées où les navires peuvent se réfugier par mauvais temps. Celui-ci est construit en 1829 et 1830 à deux kilomètres à l'est de la pointe, d'après les plans de John Lambly (1799-1863), maître du havre de Québec entre 1811 et 1843. Il permet aux navires pénétrant dans l'estuaire du Saint-Laurent d'éviter le courant sud-ouest ainsi que les grands bancs de sable de la péninsule Manicouagan et aux embarcations se dirigeant vers le golfe du Saint-Laurent de contourner l'île d'Anticosti. Les travaux sont réalisés par le maître maçon de Québec Charles Touchette (vers 1777-1832), sous la surveillance de l'architecte James Chillas (1807-1838). Le phare, muni d'un système d'éclairage importé d'Angleterre, brille pour la première fois le 20 septembre 1830. Il sert d'abri au gardien et à sa famille, mais il accueille aussi temporairement les voyageurs, les postillons, les naufragés ainsi que les missionnaires de passage.

Dès 1831, un dépôt à provisions destiné aux naufragés est mis en place. Les provisions sont entreposées temporairement dans le phare jusqu'à la construction d'une dépendance en pierre en 1832. Vers 1850, une nouvelle construction en pierre est érigée contre le côté nord de la tour pour abriter les réserves de nourriture ainsi que les naufragés. Les murs extérieurs en maçonnerie sont revêtus de bardeaux de bois en 1852 afin de pallier les problèmes d'infiltration d'eau, d'humidité et de froid.

À compter de 1867, un canon est utilisé comme moyen de signalisation sonore et nécessite, dès son installation, la construction d'une poudrière. D'autres dépendances s'ajoutent au fil des années, dont une laiterie, une remise pour l'huile minérale, une grange ainsi qu'une étable. En 1884, l'îlot est relié à la terre ferme par un pont de bois. C'est au cours de la dernière décennie du XIXe siècle qu'un bâtiment est annexé au phare afin de servir de résidence au gardien. Cette première maison est remplacée en 1911 et 1912 par une nouvelle construction dont les plans ont été élaborés par le ministère de la Marine et des Pêcheries. Ce modèle, possédant un réservoir à eau potable au sous-sol, est réutilisé entre autres lors de la construction des maisons de gardien à Matane et à Métis-sur-Mer. L'ancienne résidence des naufragés est démolie au début des années 1930.

Le phare de Pointe-des-Monts demeure en fonction jusqu'en 1964. Il est alors remplacé par une installation moderne et automatisée située à environ un kilomètre. En 1965, le ministère des Transports du Canada cède le phare, ses dépendances de même que le site au ministère des Affaires culturelles du Québec, qui le classe la même année.

De nos jours, le phare est géré par la Corporation de promotion et de développement du site du phare historique de Pointe-des-Monts, tandis que son entretien est assuré par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). La tour accueille une exposition sur l'histoire du phare, et l'ancienne maison du gardien a été recyclée en centre de villégiature. La poudrière, un hangar et un ancien poulailler sont toujours en place.

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Emplacement

Region administrative :

  • Côte-Nord

MRC :

  • Manicouagan

Municipalité :

  • Baie-Trinité

Adresse :

  • 1830, chemin du Vieux-Phare

Latitude :

  • 49° 19' 32.1"

Longitude :

  • -67° 22' 0.1"

Désignation cadastrale :

  • Lot 6 090 035

Code Borden

DhDu-6      

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Références

Notices bibliographiques :

  • Bureau d'examen des édifices fédéraux à valeur patrimoniale. Building reports. Vol. 32. Ottawa, Bureau d'examen des édifices fédéraux à valeur patrimoniale, 1982. 282 p.
  • BUSH, Edward F. Les phares du Canada. Lieux historiques nationaux, 9. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, 1980. 207 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • DUBÉ, Catherine. « Fragiles gardiens des côtes ». Continuité. No 89 (2001), p. 25-28.
  • DURETTE, Magie-Lia. « Les premiers phares du Saint-Laurent ». Fédération Histoire Québec. Histoire Québec [En ligne]. http://www.histoirequebec.qc.ca
  • FRENETTE, Pierre, dir. Histoire de la Côte-Nord. Les Régions du Québec. Québec, Institut québécois de la recherche sur la culture: Presses de l'Université Laval, 1996. 667 p.
  • FRENETTE, Pierre. Le phare historique de Pointe-des-Monts et ses gardiens. Sites et villages nord-côtiers, 2. Baie-Comeau, Société historique de la Côte-Nord, 1990. 63 p.
  • GINGRAS, Line. Le phare de Pointe-des-Monts. Les Retrouvailles, 8. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1978. 23 p.
  • HALLEY, Patrice. Les sentinelles du Saint-Laurent : sur la route des phares du Québec. Montréal, Éditions de l'Homme, 2002. 246 p.
  • LAFRENIÈRE, Normand. Gardien de phare dans le Saint-Laurent: un métier disparu. Toronto, Dundurn Press, 1996. 110 p.
  • LAUZIER, Roch. « Vieille poudrière et vieux phare ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 479-480.
  • RAES, Daniel. L'architecture des phares. Saint-Malo, France, Ancre de Marine, 1992. 440 p.
  • s.a. Le phare de Pointe-des-Monts: élément important de la Côte-Nord. Québec, Ministère des Affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, s.d. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

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