Manoir Rolland
Type :
Patrimoine immobilier
Région administrative :
- Montérégie
Municipalité :
- Saint-Mathias-sur-Richelieu
Date :
- vers 1830 (Construction)
- 1980 (Restauration)
Période :
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Usage :
- Fonction résidentielle (Manoirs seigneuriaux)
Personnes associées (1)
- Rolland, Jean-Roch (1785 – 1862) - Occupant(e)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le manoir Rolland est un ensemble construit vers 1830 et composé d'une ancienne résidence seigneuriale de style palladien ainsi que de deux dépendances en pierre similaires. La résidence en pièce sur pièce recouverte de crépi comporte un vaste corps de logis de plan rectangulaire encadré par deux ailes disposées en avancée de manière symétrique. Le volume central de deux étages et demi est couvert d'un toit à croupes, tandis que les ailes n'ont qu'un étage et sont couronnées par une terrasse à balustrade. Le manoir est entouré de bosquets d'arbres et occupe un grand terrain aménagé situé sur la rive nord de la rivière des Hurons, dans la municipalité de Saint-Mathias-sur-Richelieu.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.
Plan au sol :
Rectangulaire
Nombre d'étages :
2 ½
Groupement :
Détaché
Structure :
- Bois, pièce sur pièce
Annexes :
- Agrandissement
Saillies :
- Auvent
- Cheminée
- Escalier
- Fenêtre en saillie
- Galerie
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À croupes
Matériau : Asphalte, bardeaux -
Forme : À croupes
Matériau : Asphalte, bardeaux -
Forme : Plat
Matériau : Composite, multicouche
Porte principale :
- bois, à panneaux et vitrage, à battants
Autre(s) porte(s) :
- bois, à panneaux, à battants
- bois, à panneaux, à imposte et à baies latérales
Fenêtre(s) :
- cintrée, À battants, à moyens ou grands carreaux
- cintrée, À battants, à moyens ou grands carreaux
- cintrée, Fixe
- Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux
- Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux
- Rectangulaire, Fixe
- Rectangulaire, Porte-fenêtre
- Rectangulaire, Soupirail
Lucarne(s) :
- À pignon
Éléments architecturaux :
- Balustrade en bois
- Chaîne d'angle
- Chambranle
- Portail
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1982-02-25 |
Catégories de conservation
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Valeur patrimoniale
Le manoir Rolland présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Cette résidence de style palladien a été construite en 1830. Le palladianisme, né en Angleterre au début du XVIIIe siècle, est inspiré de la Renaissance italienne et surtout de l'oeuvre de l'architecte Andrea Palladio (1508-1580). Il apparaît dans la vallée du Saint-Laurent dès la fin du XVIIIe siècle. Bien qu'il s'exprime davantage dans l'architecture publique, son influence se fait également sentir dans l'architecture résidentielle. Le manoir Rolland, qui reprend le modèle des villas composé d'un corps central encadré par des ailes, en est une illustration notamment par la symétrie du plan et des façades avant et arrière, le toit à croupes du corps de logis, les toits en terrasse des ailes, certaines fenêtres cintrées et la distribution régulière et symétrique des pièces autour d'un hall central. La symétrie est aussi respectée dans la disposition des deux pavillons en pierre similaires, à égale distance de part et d'autre de la résidence. Le manoir Rolland serait l'un des rares exemples de ce modèle de grandes maisons anglaises à subsister au Québec. Par ailleurs, ses dimensions en font l'un des bâtiments en pièce sur pièce les plus imposants de l'architecture québécoise.
Le manoir Rolland présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur ethnologique. La demeure évoque le mode d'habiter de la bourgeoisie du XIXe siècle, qui considère la résidence privée comme le symbole de sa réussite sociale et le lieu de préservation de son intimité, deux éléments qui s'expriment notamment par la spécialisation des pièces, leur distribution hiérarchisée et leur décor. Ainsi, les pièces où l'on reçoit, comme le salon, la bibliothèque et la salle à manger, sont situées au rez-de-chaussée et décorées de boiseries. Les pièces intimes, telles les chambres à coucher, sont situées à l'étage, alors que la cuisine est reléguée au sous-sol, comme en témoignent le gros potager de brique près de la cheminée, le four à pain, l'âtre et le foyer de brique. Le potager est une construction de maçonnerie peu répandue qui comporte de deux et quatre réchauds. Un réchaud se compose d'un trou percé dans la table de travail sur lequel les plats à chauffer sont déposés et d'une cavité où l'on place des braises grâce à une ouverture sur le devant du potager. Les deux pavillons, l'un servant de glacière et l'autre de remise à bois, témoignent également de la vie domestique au XIXe siècle.
Le manoir Rolland présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le bâtiment constitue un témoin de la fin du régime seigneurial. Sous le Régime français, le manoir est une demeure généralement plus vaste que les autres, qui sert de résidence au seigneur et de lieu de perception des cens et rentes. Avec la Conquête (1760) et l'abolition du régime seigneurial (1854), le terme manoir en vient à désigner une résidence au style élaboré, le plus souvent établie à la campagne. À la fois manoir seigneurial et villa, le manoir Rolland est un témoin de cette évolution. Bâti pour Jean-Roch Rolland (1785-1862), seigneur de Monnoir et homme de loi, ce bâtiment brise la tradition des longs manoirs bas couverts d'un toit à deux versants en s'inspirant d'un style typiquement anglais. Le manoir a longtemps servi de résidence secondaire à son propriétaire qui habitait Montréal. Les Rolland n'y résideront en permanence qu'à partir de 1855. Par ailleurs, la résidence a conservé son caractère pittoresque de lieu de villégiature grâce à des bosquets d'arbres de plusieurs espèces qui forment un écran. Soustrait à la vue des passants, il n'est accessible que par un petit chemin privé.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du manoir Rolland liés à ses valeurs architecturale, ethnologique et historique comprennent, notamment :
- son implantation en milieu rural, à proximité de la rivière des Hurons;
- sa situation sur un terrain doté de bosquets et d'arbres de plusieurs espèces formant un écran ainsi que d'un chemin d'accès privé;
- ses caractéristiques associées au style palladien, dont la symétrie du plan et des façades avant et arrière, le volume central de plan rectangulaire au toit à croupes de deux étages et demi, les deux ailes d'un étage à toit en terrasse, les impostes cintrées de certaines fenêtres ainsi que la distribution régulière et symétrique des pièces autour d'un hall central;
- ses matériaux, dont la structure en pièce sur pièce recouverte de crépi et ornée de chaînages d'angle;
- ses ouvertures, dont les fenêtres rectangulaires à battants à petits carreaux, les chambranles en bois moulurés, la porte centrale à imposte et baies latérales encadrée de pilastres soutenant un entablement, les lucarnes à pignon et la porte arrière en saillie;
- les deux cheminées de pierre;
- la répartition des pièces, les pièces publiques étant au rez-de-chaussée, les chambres à l'étage et la cuisine au sous-sol;
- la présence au sous-sol d'un potager de brique, d'un four à pain, d'un âtre et d'un foyer de brique;
- le décor du rez-de-chaussée, dont les boiseries basses à panneaux décoratifs, le manteau de cheminée en bois, la porte ornée de panneaux soulevés en plis de serviette et les moulures du plafond;
- les deux dépendances disposées à égale distance de part et d'autre du manoir et coiffées d'un toit en pavillon, l'une servant de glacière et l'autre de remise à bois.
Informations historiques
Jean-Roch Rolland (1785-1862), avocat, juge, membre du Conseil exécutif et seigneur, acquiert la seigneurie de Monnoir en 1826. Trois ans plus tard, il achète un terrain sur lequel il fait construire, à une date indéterminée, le manoir actuel. Rolland et sa famille n'habitent pas en permanence le manoir, puisqu'ils résident dans leur demeure montréalaise. Juge à la Cour du banc du roi à Montréal dès 1830, Rolland jouera un rôle dans les procès des patriotes des rébellions de 1837 et 1838 en alléguant que la loi de l'« habeas corpus » n'avait jamais été mise en vigueur au Canada. Nommé à la Cour du banc de la reine en 1847, il se retire dans son manoir en 1855. La propriété demeure dans la famille Rolland jusqu'en 1912. Elle connaît ensuite de nombreux propriétaires et, en 1979, elle est acquise par un agriculteur qui la restaure l'année suivante.
Le manoir Rolland est classé en 1982.
Emplacement
Region administrative :
- Montérégie
MRC :
- Rouville
Municipalité :
- Saint-Mathias-sur-Richelieu
Adresse :
- 625, chemin de la Rivière-des-Hurons Ouest
Latitude :
- 45° 29' 30.735"
Longitude :
- -73° 11' 17.711"
Désignation cadastrale :
- Lot 6 021 838
Références
Notices bibliographiques :
- CLOUTIER, Nicole. « Manoir Rolland ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 292-293.
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- VACHON, Claude. « Rolland, Jean-Roch ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/