Coutume de la tire Sainte-Catherine à Sayabec

La coutume de la tire Sainte-Catherine à Sayabec consiste d'une part à la fabrication artisanale de la traditionnelle tire par les membres de l'Association féminine d'éducation et d'action sociale (AFÉAS) et, d'autre part, à la tenue d'une soirée communautaire aux alentours du 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine. Chaque année, plus de 20 000 bouchées de tire Sainte-Catherine sont fabriquées et distribuées au sein de la collectivité matapédienne, principalement à Sayabec, et les profits sont versés à l'AFÉAS. Le Bingo de la Sainte-Catherine, où la tire est à l'honneur, est l'occasion pour les résidants de Sayabec et des environs de se rassembler dans une ambiance festive. Plus de 200 personnes participent à chacune des éditions. Le succès de cette fête communautaire découle du fait qu'elle est intergénérationnelle et bien implantée à Sayabec depuis plus d'un demi-siècle.

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L'origine de la Fête de la Sainte-Catherine remonte au Moyen Âge alors que Catherine d'Alexandrie, jeune fille de la noblesse convertie au christianisme, fut exécutée le 25 novembre 307 par l'empereur romain Maxence. La légende de la Sainte-Catherine, selon laquelle elle fut choisie par le Christ pour devenir son épouse, se serait répandue en Occident vers le 11e siècle et son culte aurait pris de l'ampleur au temps des Croisades. Au 13e siècle, la Sainte-Catherine était célébrée partout en Europe. Patronne des jeunes filles à marier, Catherine d'Alexandrie est devenue par extension la patronne de celles qu'on appelait les vieilles filles, soit celles âgées de plus de 25 ans et qui n'auront sans doute jamais l'occasion de se marier.

Au Québec, la Sainte-Catherine évoque le célibat ainsi que le nom de Marguerite Bourgeoys, pionnière de l'éducation en Nouvelle-France et fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame, qui est reconnue pour être l'instigatrice de la tradition de la tire Sainte-Catherine.

À Sayabec, la Congrégation des Filles de Jésus a contribué au début du 20e siècle à la vitalité de la tradition de la Sainte-Catherine alors qu'elle était célébrée à l'école des filles. Jusque dans la première moitié du 20e siècle, des pièces de théâtre étaient jouées le samedi après-midi pour les jeunes de la communauté et des bouchées de tire Sainte-Catherine étaient distribuées par des femmes coiffées du bonnet de circonstance. La tradition voulait que l'on choisisse au hasard une vieille fille afin de la proclamer Catherine de la journée. Fêtée vers le 25 novembre, la Sainte-Catherine était une occasion pour s'amuser dans le cadre de veillées où la tire était à l'honneur. Quelques aînés se souviennent que des adultes se déguisaient et déambulaient de maison en maison avec l'objectif de ne pas être reconnus, comme on le faisait à la Mi-Carême.

Au début du 20e siècle, on préparait de la tire Sainte-Catherine dans la plupart des foyers sayabécois. Cette activité familiale favorisait les rapprochements entre les femmes et les enfants de la communauté et, par le fait même, la transmission intergénérationnelle de valeurs culturelles. Depuis 1922, la préparation de la tire Sainte-Catherine s'opère essentiellement de façon communautaire, or il semble que la pratique familiale soit encore vivante dans quelques foyers sayabécois. Quatre organismes se sont succédés pour assurer la sauvegarde de cette tradition : le Cercle des fermières, l'Union catholique des femmes rurales, le Cercle d'économie domestique et, depuis 1966, l'AFÉAS de Sayabec.

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À chaque automne, la communauté de Sayabec célèbre la coutume de la Sainte-Catherine de façon communautaire. La tire Sainte-Catherine est préparée la semaine précédant le 25 novembre par les membres de l'AFÉAS dans une ambiance festive et chaleureuse. La préparation de ce bonbon traditionnel est structurée, chacune des femmes étant attitrée à des tâches et des responsabilités spécifiques telles que la cuisson, le refroidissement et l'étirement, la coupe et l'emballage. Certaines femmes ont acquis au fil du temps des connaissances et des savoir-faire en ce qui concerne particulièrement la cuisson, le refroidissement et l'étirement de la tire.

La mélasse, le sirop de maïs, la cassonade, le sucre blanc, le bicarbonate de soude, le vinaigre, le beurre et l'eau sont les ingrédients de cette recette traditionnelle. Le temps d'ébullition varie entre 15 et 20 minutes. À un certain degré de cuisson, la préparation est retirée du feu puis on y ajoute une cuillère à thé de soda créant ainsi une mousse au brassage. La préparation liquide est ensuite refroidie puis étirée selon une technique éprouvée. La couette de tire formée mesure environ quatre pieds. Il est important de couper la tire avant qu'elle ne durcisse complètement. Viennent en dernier lieu les étapes de l'emballage et du comptage.

La coutume de la Sainte-Catherine se manifeste également dans le cadre d'une fête communautaire organisée depuis près de 50 ans par les membres de l'AFÉAS, avec la collaboration de la communauté. Cette activité rassemble plus de 200 personnes à chacune des éditions, toutes générations confondues, lesquelles proviennent principalement de Sayabec et des environs. Cette activité prend la forme d'une soirée de Bingo pendant laquelle on distribue des sacs de tire. Pour la présidente de l'AFÉAS, la confection de la tire et la célébration de la fête de la Sainte-Catherine sont intimement liées.

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Les connaissances et les savoir-faire entourant la fabrication de la tire Sainte-Catherine se sont transmis dans les foyers sayabécois depuis des générations. Les enfants, surtout les jeunes filles, étaient initiés à la coutume de la tire Sainte-Catherine de façon ludique puis, en vieillissant, ils participaient progressivement aux différentes étapes de confection. Quelques familles de Sayabec et de La Matapédia poursuivent cette tradition ancestrale, mais elles sont de plus en plus rares. La transmission s'effectue plutôt de façon communautaire, par l'entremise de l'AFÉAS de Sayabec, dont les membres sont des femmes issues de la communauté.

L'AFÉAS organise des activités de transmission afin d'assurer la sauvegarde de cette pratique culturelle traditionnelle. En 2012, l'AFÉAS a initié quelques adolescents fréquentant la Maison des jeunes de Sayabec à la préparation de la tire Sainte-Catherine. À toutes les années, deux femmes présentent un atelier de préparation de la tire Sainte-Catherine dans un groupe de quatrième année de l'école primaire. L'AFÉAS souhaite favoriser une réappropriation familiale de cette tradition par la vente d'un livre de recette de la tire Sainte-Catherine. Une cinquantaine de femmes possèdent les connaissances et les savoir-faire pour préparer de la tire Sainte-Catherine dans les règles de la tradition. L'apprentissage des connaissances et des savoir-faire s'échelonne sur une période d'environ cinq ans.

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