Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Grève des midinettes de 1937

Type :

Événement

Date :

  • 1937‑04‑15 – 1937‑05‑10

Période historique :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thème commémoratif :

  • Groupes sociaux
  • Travail

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Statuts

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Synthèse

Le 15 avril 1937, 5000 couturières membres de l'Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames (UIOVD) déclenchent une grève générale de trois semaines dans plusieurs usines de Montréal.

L'industrie québécoise de la confection s'est installée principalement à Montréal à la fin du XIXe siècle. Cela s'explique par la position stratégique de l'île. Les coûts de production sont plus bas qu'ailleurs, car la main-d'œuvre est multiculturelle et composée en majorité de femmes sous-payées. Elles travaillent dans les ateliers et les usines situées le long secteur des rues Saint-Laurent, Sainte-Catherine et De Bleury. On les surnommera les midinettes.

Les traditions syndicales du secteur de la confection vestimentaire proviennent des ouvriers masculins qualifiés (tailleurs, coupeurs) au XIXe siècle. À partir des années 1930, les militants syndicaux tentent de rejoindre les travailleuses non qualifiées selon une approche industrielle. La Dépression des années 1930 précarise davantage les emplois et accentue le rapport de force des employeurs. En 1937, la semaine de travail dans la confection est évaluée à 55 heures et le salaire hebdomadaire est nettement inférieur à la moyenne du secteur manufacturier.

En réponse à ces dures conditions, les syndicats intensifient leurs activités de recrutement. En septembre 1936, la centrale new-yorkaise de l'UIOVD envoie deux organisateurs, Bernard Shane et Rose Pesotta, pour syndiquer les midinettes montréalaises. Ils s'adjoignent une militante juive native de la région de Québec, Léa Roback, comme liaison dans les usines. Claude Jodoin est assigné comme négociateur auprès des employeurs. Une unité locale représentant les ouvrières est fondée à Montréal le 15 janvier 1937.

À la fin de mars 1937, le syndicat s'estime assez fort pour négocier un contrat de travail avec les 80 employeurs regroupés dans la Guilde des manufacturiers du vêtement pour dames. Les midinettes ont un cahier de revendications étoffé : reconnaissance syndicale, semaine de 44 heures, hausse salariale générale de 50%, interdiction du travail à domicile, fin du favoritisme, heures supplémentaires payées à temps et demi. En l'absence de réponse de la Guilde, les syndiquées votent la grève le 7 avril et la déclenchent le 15 du même mois.

Les grévistes reçoivent l'appui du Conseil des métiers et du travail de Montréal, porte-parole des syndicats internationaux de métier sur le territoire montréalais. Claude Jodoin agit comme négociateur de l'UIOVD. La centrale new-yorkaise, membre de la Fédération américaine du travail, y investit des ressources importantes et met sur pied un fonds de grève. Le contexte politique n'aide pas les midinettes. Le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, brandit sans succès la Loi du cadenas, adoptée en mars 1937, pour casser la grève. Quelques escarmouches surviennent avec les briseurs de grève : 13 femmes et 8 hommes sont incarcérés pendant le conflit.

L'enlisement du conflit divise le patronat. Deux groupes d'employeurs se forment pour dénouer l'impasse. Le premier tente sans succès de s'entendre avec les travailleuses, moins nombreuses, affiliées à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada. L'autre groupe négocie avec l'UIOVD et signe un contrat de travail à la hâte le 10 mai 1937. La grève s'achève la même journée et les midinettes obtiennent la majorité de leurs revendications. La fin de la grève a un écho à l'Assemblée législative du Québec. En septembre 1937, le gouvernement instaure un salaire minimum légal et crée un tribunal d'arbitrage pour les conflits de travail.

La grève d'avril 1937 permet aux travailleuses de la confection d'avoir une visibilité militante dans l'espace public et de s'initier aux activités politiques et syndicales. Elle frappe l'imaginaire et met en lumière la contribution de communauté juive au progrès des conditions de travail au Québec.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BAILLARGEON, Denyse. Brève histoire des femmes au Québec. Montréal, Boréal, 2012. 281 p.
  • BANTEY, Edward. Les/The Midinettes, 1937-1962. Montréal, Montréal, International Ladies' Garment Workers' Union, 1962. 123 p.
  • CHARPENTIER, Alfred. « La Grève dans le textile dans le Québec en 1937 ». Relations industrielles. Vol. 20, no 1 (1965), p. 86-127.
  • Conseil du statut de la femme et Réseau québécois en études féministes. Ligne du temps de l'histoire des femmes au Québec [En Ligne]. http://www.histoiredesfemmes.quebec/
  • GAGNON, Gemma. La syndicalisation des femmes dans l'industrie montréalaise du vêtement, 1936-1937. Université du Québec à Montréal, 1990. 256 p.
  • GANNAGE, Charlene. Double Day, Double Bind : Women Garment Workers. Toronto, Women's Press, 1986. 235 p.
  • LÉVESQUE, Andrée. « Les Midinettes de 1937: culture ouvrière, culture de genre, culture ethnique ». LAMONDE, Yvan, dir. et Denis SAINT-JACQUES, dir. 1937: un tournant culturel. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2009, p. 71-88.
  • PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec depuis 1534. Quatrième édition mise à jour. Montréal, Boréal, 2017. 400 p.
  • ROUILLARD, Jacques. Le syndicalisme québécois: deux siècles d'histoire. Montréal, Boréal, 2004. 335 p.
  • s.a. « La grève des midinettes – Conseil conjoint montréalais de la ILGWU ». s.a. Le musée interactif du Montréal juif [En ligne]. http://mimj.ca/location/1913

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