Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Saint-Père, Agathe de

Type :

Personne

Autre(s) nom(s) :

  • Legardeur de Repentigny, Agathe
  • Saint-Père de Repentigny, Agathe de

Date :

  • 1657‑02‑25 – 1747‑08‑19

Occupation :

  • Manufacturier

Éléments associés

Plaques commémoratives associées (1)

Personnes associées (1)

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Personnage historique Ministre de la Culture et des Communications 2020-03-05

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2018-10-19
 
Identification Personnage historique Municipalité (Repentigny) 2021-01-19
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Agathe de Saint-Père est née à Montréal le 25 février 1657. Fille de Mathurine Godé et de Jean de Saint-Père, premier greffier et notaire de Ville-Marie, elle appartient à une famille de pionniers de Ville-Marie. En 1657, elle devient orpheline de père lorsque son père, son grand-père et son parrain meurent lors d'une attaque des Iroquois. En 1658, elle intègre la famille Le Moyne avec le remariage de sa mère avec le négociant Jacques Lemoyne de Sainte-Marie. Après la mort de sa mère en 1672, Agathe de Saint-Père, âgée de 15 ans, prend la relève auprès de ses dix demi-frères et sœurs Le Moyne, dont le dernier est un nouveau-né, ce qui pourrait expliquer qu'elle ne se marie qu'à l'âge de 28 ans.

En raison de sa carrière militaire, son mari Pierre Legardeur de Repentigny est fréquemment absent, ce qui l'amène à désigner Agathe de Saint-Père comme sa procuratrice. À une époque où la femme mariée est considérée comme mineure devant la loi et où le mari est normalement responsable d'administrer les biens du ménage, Agathe de Saint-Père signe ainsi des contrats, achète et vend des terres, effectue des emprunts et règle elle-même ses comptes ainsi que les dettes de son mari et de ses beaux-frères.

Au début du 18e siècle, la pénurie de tissus et de vêtements incite Agathe de Saint-Père à faire diverses expérimentations pour mettre au point des étoffes à partir des ressources locales, par exemple les orties, les filaments d'écorce, l'asclépiade ou la laine de bœuf Illinois. À la suite de la capture du navire la Seine par les Anglais en 1704, qui emporte le ravitaillement annuel de la colonie, elle établit une manufacture de toile dans sa maison. Pour obtenir de la main-d'œuvre, elle rachète neuf tisserands anglais prisonniers des Autochtones et leur adjoint des apprentis canadiens. Elle fait fabriquer des métiers à tisser et des habitants de l'île s'initient au métier, de sorte que bientôt, plus de 20 métiers fournissent quotidiennement 120 aunes d'étoffes et de toiles grossières à bon marché. Mettant à profit les plantes indigènes connues des autochtones, cette femme industrieuse met également au point des colorants et de nouveaux procédés de fixation et de teinture. En 1705, elle écrit au secrétaire d'État à la Marine pour lui demander de soutenir son entreprise. Les échantillons de toile qu'elle envoie alors au roi sont jugés réussis, ce qui lui vaut une gratification annuelle de 200 livres, au moins jusqu'en 1712. En plus de sa manufacture de toiles, Agathe de Saint-Père s'associe à une tannerie et s'intéresse au sucre d'érable, qu'elle envoie aux autorités coloniales sous forme de confiseries.

La manufacture de toiles d'Agathe de Saint-Père survit au départ des neuf tisserands, rachetés en 1707 par les Bostonnais, et conserve son rythme de production tant qu'elle en est propriétaire. En octobre 1713, l'entreprise passe aux mains du maître-boulanger Pierre Thuot Duval. Agathe de Saint-Père semble alors cesser ses activités et on perd sa trace quelque temps.

Pierre Legardeur de Repentigny décède à Montréal en 1736. Sa veuve décide de terminer ses jours à l'Hôpital général de Québec, où elle rejoint sa fille Marie-Joseph Legardeur de Repentigny (sœur de la Visitation), qui deviendra supérieure du monastère en 1747. Dans son testament daté du 6 février 1746, Agathe de Saint-Père demande à être inhumée à l'Hôpital général, où elle est vraisemblablement décédée. Ses dernières volontés prévoient aussi un legs en argent à l'Hôpital général.

L'acte de décès d'Agathe de Saint-Père n'a pas été retrouvé, mais une lettre de 1748 de l'intendant Bigot et du gouverneur La Galissonière mentionne qu'elle est décédée le 19 août 1747. Elle était âgée de 90 ans.

Elle avait épousé Pierre Legardeur de Repentigny, le 28 novembre 1685. Elle a donné naissance à huit enfants.

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Intérêt patrimonial

Ce personnage historique a été désigné pour les motifs suivants:

"Fondatrice d'une manufacture de toile à Montréal, Agathe de Saint-Père est considérée comme l'une des rares « femmes d'affaires » en Nouvelle-France et constitue un personnage féminin fort de l'histoire du Québec pour la période du Régime français. À une époque où la femme mariée est considérée comme mineure devant la loi, Agathe de Saint-Père est remarquablement active dans la sphère économique en assumant la gestion des biens familiaux, en plus de saisir les occasions d'acquisitions foncières. Dans un contexte où le Canada dépend de la métropole pour son approvisionnement en produits manufacturés, elle innove en mettant à profit les ressources locales et répond ainsi aux besoins de la colonie en textile. De 1705 à 1712, elle reçoit une gratification royale sur une base annuelle pour soutenir sa manufacture de toile. Pour une femme, recevoir une gratification du roi n'est pas banal et témoigne de l'intérêt que suscite son activité à l'époque. La viabilité et la longévité de son entreprise démontrent son grand sens des affaires, puisqu'au début du XVIIIe siècle, le développement industriel de la colonie est encore embryonnaire. En dépit des ambitions des marchands et des dirigeants, l'économie est toujours basée sur le commerce de la fourrure, principal produit d'exportation. Aux côtés d'industries plus connues comme la brasserie de Talon à Québec ou les forges du Saint-Maurice, la manufacture de toile d'Agathe de Saint-Père fait œuvre de pionnière et constitue un jalon du développement industriel de la colonie."

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Références

Notices bibliographiques :

  • ASSELIN, Alain, Jacques CAYOUETTE et Jacques MATHIEU. Curieuses histoires de plantes du Canada, tome 2, 1670-1760. Québec, Septentrion, 2015. 328 p.
  • Conseil du statut de la femme et Réseau québécois en études féministes. Ligne du temps de l'histoire des femmes au Québec [En Ligne]. http://www.histoiredesfemmes.quebec/
  • DARSIGNY, Maryse, dir. Ces femmes qui ont bâti Montréal. Montréal, Éditions Remue-ménage, 1992. 627 p.
  • DOYON-FERLAND, Madeleine. « Saint-Père, Agathe de ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/fr/bio/saint_pere_agathe_de_3F.html

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