Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Construction du deuxième palais de l'Intendant

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Synthèse

Dans la nuit du 5 janvier 1713, un incendie ravage le palais de l'Intendant installé à Québec sur les berges de la rivière Saint-Charles. L'intendant Bégon y perd une grande partie de ses avoirs et son secrétaire ainsi que trois domestiques y laissent leur vie. Des récits écrits par des contemporains de l'événement, dont l'intendant Bégon lui-même ainsi que la Mère Marie-Andrée Duplessis, alors soigneuse à l'Hôtel-Dieu de Québec, nous informent sur une certaine désuétude de l'édifice au moment de sa destruction. Le gouverneur Pierre de Rigaud de Vaudreuil le décrit par exemple comme une « maison qui ne valoit pas grande chose et qui estoit un vrai brulot n'estant remplie que de vieux lambris et de cloisons partout. » Les travaux pour construire un nouveau palais commencent quelques mois plus tard. En 1716, un majestueux édifice de deux étages en pierres surmonté d'un comble mansardé en bois et d'une toiture d'ardoises peut ainsi accueillir à nouveau l'Intendance de la colonie.

De manière générale, le second palais de l'Intendant est comparable d'un point de vue architectural à un hôtel particulier français. Situé plus au nord que le premier, il présente une façade symétrique avec trois avant-corps et une entrée monumentale en son centre. L'édifice est surmonté d'une toiture à la Mansart, c'est-à-dire comportant deux versants chacun séparé en deux pentes d'inclinaison différente, ainsi que d'un lanternon central. Le toit, l'entrée principale, son grandiose escalier en pierres, les éléments décoratifs extérieurs comme les moulures en pierre de taille ainsi que la cour et les jardins symétriques munis d'une fontaine aménagés à l'ouest affirment tous la puissance de l'Intendant en Nouvelle-France. À l'intérieur, un vestibule central sépare le palais en deux sections aux fonctions différentes. À l'est se trouvent les pièces destinées aux réunions du Conseil supérieur – le Conseil souverain renommé ainsi en 1717 – et de la Prévôté. Les appartements de l'Intendant, de sa famille et de ses domestiques sont quant à eux aménagés à l'ouest. Ces derniers habitent plus précisément le dernier étage du palais situé dans les combles, l'Intendant s'étant réservé le « bel-étage » et ayant aménagé les cuisines au rez-de-chaussée. La « hiérarchie » selon laquelle sont réparties les pièces dans le palais est d'ailleurs attestée par la concentration de décorations et de matériaux prestigieux au bel-étage. On y retrouve des planchers carrelés, des plafonds hauts et des menuiseries plus luxueuses qu'ailleurs dans l'édifice. Édifice majestueux témoignant de la stature de l'Intendant en Nouvelle-France, le palais n'en demeure pas moins un lieu fourmillant d'activités abritant quotidiennement de nombreux individus.

Les fouilles archéologiques effectuées par l'Université Laval du côté des latrines ouest du second palais ont permis d'en savoir plus sur le quotidien de ses habitants. Construites entre 1719 et 1722, les latrines prennent la forme de deux tours de trois étages réparties de part et d'autre du palais. On y accède via un passage couvert ou, au rez-de-chaussée, directement à partir de l'extérieur. À l'intérieur, des conduits sont aménagés de manière à former des colonnes d'évacuation des déjections dans la fosse située sous les latrines. Le tout est drainé vers la rivière Saint-Charles par l'inclinaison naturelle du site. Les fouilles révèlent une utilisation variée des latrines. On leur attribue bien entendu des fonctions de lieu d'aisance, mais les domestiques y jettent aussi les restes de tables comme en témoignent les graines de fruits et légumes enfouis sur place. La découverte de perles et de boutons suggère enfin la perte involontaire de petits objets du genre dans les conduites des latrines.

En 1725, un nouvel incendie détruit partiellement l'édifice. Disposant encore de fondations solides, on y reconstruit aussitôt un troisième palais, cette fois plus sécuritaire que ses prédécesseurs.

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Références

Notices bibliographiques :

  • MERCIER-MÉTHÉ, Rosalie. L'intendant de la Nouvelle-France et l'architecture : La convenance dans un contexte colonial. Cahiers d'archéologie du CELAT, 35. Québec, CELAT, 2012. 87 p.
  • MOUSSETTE, Marcel. « Québec 1713 : Le palais de l’intendant brûle ». Les Cahiers des dix. No 63 (2009), p. 69-100.
  • PARENT, Caroline. Les modes d'hygiène au Palais au 18e siècle : une mise en scène de la société française. Université Laval, 2018. 204 p.

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