Occupation du site de l'îlot des Palais par les Premières Nations avant l'arrivée des Français
Type :
Événement
Date :
- vers 1300 – 1668
Période historique :
- Le Québec préhistorique (avant 1534)
- Le Régime français (1534 à 1760)
Patrimoine immobilier associé (1)
- Îlot des Palais - Emplacement d'un épisode
Inventaires associés (1)
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Inventorié | -- | ||
Synthèse
Il y a 5000 ans, la baisse du niveau global de l'eau et le retrait du lac Lampsilis entraine l'émergence de plusieurs terrasses alluviales sur le territoire de l'actuelle basse-ville de Québec. Le site de l'îlot des Palais émerge ainsi en prenant la forme d'une vaste étendue marécageuse recouverte d'une nappe d'eau peu profonde où se multiplie une végétation aquatique dense. Les travaux d'archéologie environnementale et de paléoécologie menés sur place révèlent en effet la présence, il y a plusieurs centaines d'années, de plantes caractéristiques des conditions marécageuses telles que le thuya occidental ou le sureau du Canada. La présence de plantes prospérant dans des conditions légèrement moins humides telles que l'aralie à grappes suggère aussi l'existence de crêtes surélevées sur lesquelles les premières populations humaines se seraient installées de manière sporadique pour la première fois il y a environ 1000 ans.
Les traces archéologiques d'établissement découvertes sur place suggèrent une occupation éphémère des lieux au fil des saisons. Des traces de pieux laissent entrevoir les activités ayant potentiellement pu se dérouler sur place. Par exemple, une première série d'empreintes de faibles diamètres suggère la construction de supports d'entreposage. Ces derniers auraient pu servir à faire sécher le poisson pêché lors de la saison estivale. La trace d'un autre piquet, cette fois d'une profondeur et d'un diamètre plus important, évoque quant à lui la présence d'une structure plus lourde comme une habitation temporaire. De plus, des artéfacts d'origine humaine associés à la même époque que les traces de pieux, notamment trois fragments de bois potentiellement tirés des pieux en question et un grattoir en quartzite, sont aussi retrouvés sur le site. Cette occupation sporadique du site de l'îlot des Palais se poursuit ainsi pendant plusieurs centaines d'années. Des traces de combustion d'une épaisseur de 3 centimètres, des coquilles d'œuf ainsi qu'une accumulation de charbon de bois datée à l'an 1300 par l'analyse au C14 confirment cette hypothèse. Au moment où les Français s'établissent sur le site au début du 17e siècle, ce dernier est bien drainé et présente une forêt de cèdres dense ainsi qu'une plage sableuse le long de la rivière Saint-Charles parfaite pour y établir un chantier naval.
Si aucun document historique n'atteste sa présence, des découvertes archéologiques datées à une époque postérieure à l'occupation autochtone du site, mais inférieure à l'établissement de la Brasserie du Roy en 1668, pointent vers l'existence d'un chantier naval établi vers 1665 sur le site de l'îlot des Palais. Les restes d'un bâtiment de 24 par 8 mètres, plusieurs débris en bois ainsi qu'une couche de matière noire compacte et odorante sont en effet tous des éléments pouvant être associés à un chantier naval du 17e siècle, moins fourni en équipement et structures que son équivalent du 18e siècle. De plus, les pièces de bois retrouvées provenant toutes d'essences dures utilisées pour la construction navale comme le frêne ou le bouleau, ont grossièrement la forme des composantes d'un navire telles une quille ou une portion de coque et portent toutes des marques laissées par des outils, prouvant par le fait même leur origine humaine. Le bassin à bateaux représenté sur les cartes de Québec aux côtés du premier palais de l'intendant pourrait alors être un vestige du chantier naval des années 1660. Il aurait alors été récupéré pour accueillir les navires et la marchandise sur le site de la nouvelle intendance officiellement établie en 1686.
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- AUGER, Réginald. « The Intendant's Palace site : urbanization of Québec City's Lower Town ». Post-Medieval Archaeology. Vol. 43, no 1 (2009), p. 156-170.
- QUERREC, Lydia. Reconstitution des environnements holocènes et historiques dans le cours inférieur de la rivière Saint-Charles, Québec. Université Laval, 2012. 158 p.
- SIMONEAU, Daniel. « The Intendant’s Palace site : new insight into its physical evolution and initial occupation ». Post-Medieval Archaeology. Vol. 43, no 1 (2009), p. 171-182.