Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Le Jeune, Olivier

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Personnage historique Ministre de la Culture et des Communications 2020-02-06

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Olivier Le Jeune serait possiblement originaire de Guinée ou de Madagascar. On ignore sa date de naissance, mais les sources tendent à témoigner de son jeune âge à son arrivée en Nouvelle-France.

Olivier Le Jeune est amené à Québec en tant qu'esclave en 1629 lors de l'expédition des frères Kirke, qui s'emparent de la colonie la même année au nom de l'Angleterre. Il est alors la propriété de l'un des frères Kirke, qui le vend pour la somme de 50 écus à Le Baillif, un commis français qui s'était mis au service des Anglais. Juridiquement, le statut d'un esclave est le même que celui d'un bien meuble, c'est-à-dire qu'il peut être donné, prêté, échangé ou vendu selon la volonté de son propriétaire.

À la suite du traité de Saint-Germain-en-Laye de 1632, l'établissement de Québec est rendu à la France, ce qui met un terme à l'occupation des Kirke. En juillet 1632, Le Baillif fait don de Le Jeune à Guillaume Couillard, un des premiers habitants à s'être établi en permanence dans la colonie. Le 14 mai 1633, son nouveau maître le fait baptiser. On le prénomme Olivier, en l'honneur d'Olivier Letardif, commis général de la Compagnie des Cent-Associés. Il est possible qu'il ait reçu le patronyme Le Jeune à ce moment, en hommage à son instructeur, le jésuite Paul Le Jeune, qui lui a enseigné le catéchisme. Aux 17e et 18e siècles, il est courant de baptiser et de renommer les esclaves, des gestes qui participent à leur perte d'identité.

La vie d'Olivier Le Jeune a laissé peu de traces dans les archives. L'un des seuls événements connus survient le 20 août 1638 : Olivier Le Jeune est condamné à demander pardon et à être enchaîné durant 24 heures pour avoir calomnié l'interprète Nicolas Marsolet en racontant qu'il complotait avec Le Baillif. Ses aveux sont signés d'une croix, ce qui montre qu'il ne savait pas écrire.

À sa mort, Olivier Le Jeune est inscrit dans le registre des sépultures comme domestique de Guillaume Couillard. À cette époque, le mot domestique désigne le personnel d'une maison en général de même que l'ouvrier agricole. Si l'on peut être à la fois esclave et domestique, l'emploi de ce terme suggère que Le Jeune a pu être affranchi, d'autant que les esclaves émancipés demeurent souvent au service de leur maître en tant que domestiques. Toutefois, puisqu'aucun acte d'émancipation n'a été retrouvé, l'une ou l'autre de ces hypothèses ne peut être confirmée. On ignore donc si Olivier Le Jeune a le statut d'esclave ou d'homme libre durant ses années au service de Guillaume Couillard.

Olivier Le Jeune est décédé et inhumé à Québec le 10 mai 1654.

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Intérêt patrimonial

Ce personnage historique est désigné pour les motifs suivants:

"Arrivé à Québec avec l'expédition des frères Kirke qui s'emparent de la colonie en 1629, Olivier Le Jeune est le premier esclave noir connu de l'histoire de la Nouvelle-France et le premier Noir établi de manière permanente dans la vallée du Saint-Laurent. Sa singularité tient à ce que la présence des Noirs au Canada demeure très rare jusqu'à la fin du XVIIe siècle, moment où l'esclavage est déjà bien établi dans les colonies françaises des Antilles. En dépit du souhait des autorités coloniales de faire venir des esclaves noirs pour pallier le manque de main-d'oeuvre, aucun navire négrier n'est venu dans la vallée du Saint-Laurent. Les esclaves noirs qu'on retrouve au Canada sous le Régime français proviennent non pas de la traite, mais principalement des colonies anglaises voisines, d'où ils étaient amenés en contrebande ou comme prisonniers de guerre. D'autres ont été ramenés par des marchands canadiens lors de leurs voyages d'affaires en Louisiane et aux Antilles. Dans la vallée du Saint-Laurent, les esclaves sont surtout au service de l'élite urbaine et de quelques marchands fortunés;

Ce personnage revêt une forte importance symbolique en mettant en lumière la présence des Noirs sur le territoire québécois depuis près de quatre siècles."

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Références

Notices bibliographiques :

  • BESSIÈRE, Arnaud. La contribution des Noirs au Québec. Quatre siècles d'une histoire partagée. Québec, Publications du Québec, 2012. 176 p.
  • D'ALLAIRE, Micheline et Marcel TRUDEL. Deux siècles d’esclavage au Québec. Montréal, Hurtubise-HMH, 2004. 408 p.
  • MACKEY, Frank. L'esclavage et les Noirs à Montréal, 1760-1840. Montréal, Hurtubise, 2013. 672 p.
  • TRUDEL, Marcel. Dictionnaire des esclaves et leurs propriétaires au Canada français. Montréal, Hurtubise HMH, 1990. 490 p.
  • Webster et Valmo. Le grain de sable. Olivier Le Jeune premier esclave au Canada (album jeunesse). Québec, Septentrion, 2019. 80 p.

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