Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Montferrand dit Favre, Joseph

Type :

Personne

Autre(s) nom(s) :

  • Favre, Joseph
  • Montferrand, Joe
  • Montferrand, Jos

Date :

  • 1802‑10‑25 – 1864‑10‑04

Occupation :

  • Ouvrier forestier

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Patrimoine mobilier associé (1)

Inventaires associés (1)

Images

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Personnage historique Ministre de la Culture et des Communications 2023-10-26

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2020-07-21
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Né en 1802 dans le faubourg Saint-Laurent à Montréal, Joseph (appelé Jos ou Joe) Montferrand est le fils de François-Joseph Favre, dit Montferrand, voyageur, et de Marie-Louise Couvret.

Montferrand hérite de ses ancêtres paternels, dont son grand-père soldat, une taille imposante et une force hors du commun. Dans le faubourg Saint-Laurent où circulent voyageurs (coureurs des bois), matelots et gens de toutes sortes, les bagarres sont fréquentes. Le quartier, qui compte plusieurs tavernes et salles de boxes, est un lieu où la force physique est hautement valorisée. Jos Montferrand acquiert dès son jeune âge une réputation de « boulé », de l'anglais bully, statut alors prestigieux. En 1818, il s'attire l'admiration du voisinage en rossant trois brigands qui terrorisent le quartier; il a alors 16 ans et mesure déjà plus de six pieds quatre pouces (environ deux mètres).

Le premier métier qu'il exerce est celui de charretier, dans le port de Montréal ainsi qu'à Kingston, au Haut-Canada. En 1823, il est engagé par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour protéger les chantiers autour de Bytown (Ottawa) contre les malfaiteurs. Quatre ans plus tard, il entre au service d'un marchand de bois qui exploite le secteur de la rivière du Nord. À partir de ce moment, Jos Montferrand adopte une vie nomade en participant à l'aventure de l'exploitation forestière des Laurentides et de l'Outaouais, territoires alors peu connus. Homme de confiance des grands barons du bois, il est tour à tour défricheur, bûcheron, draveur et contremaître.

Durant ces années mouvementées, Montferrand se démarque par une série de hauts faits: défis relevés, combats dont il sort vainqueur, jeux d'adresse, etc. Au fil du temps, ces actions sont grossies par la tradition orale jusqu'à faire de Jos Montferrand une figure presque mythique. Les récits de ses exploits se racontent dans les chantiers de bûcherons, dans les tavernes, dans les chaumières. Les nombreux Canadiens français qui migrent vers l'est des États-Unis à la fin du XIXe siècle apportent avec eux ces histoires, répandant ainsi sa légende en Amérique du Nord. Par exemple, on dit de Jos Montferrand qu'il tient une charrue à bout de bras et d'une seule main, et que sa souplesse exceptionnelle lui permet d'imprimer la trace de son talon sur les poutres du plafond au moyen d'une culbute impressionnante. L'exploit le plus raconté de Jos Montferrand se déroule en 1829 sur le pont Union, qui relie Hull à Bytown. À l'époque, les immigrants Irlandais se disputent avec les Canadiens français la mainmise des emplois dans le domaine forestier, et les bagarres entre les deux groupes ethniques sont fréquentes. Seul, Montferrand se bat contre 150 Irlandais qui lui tendent une embuscade sur le pont, et triomphe.

En 1832, il dirige une équipe de forestiers engagés par le marchand de bois Baxter Bowman et chargés d'ouvrir deux fermes forestières sur les rives de la rivière du Lièvre. Il s'agit de la ferme Rouge et de la ferme Wabassee. Pendant cinq ans, Montferrand et ses hommes défrichent les terres et y construisent des bâtiments. À partir de 1840, c'est plutôt sur les rives de la rivière des Outaouais qu'on le retrouve, où il dirige des « cageux » (draveurs, raftsmen) qui descendent le bois jusqu'à Québec. En 1857, Montferrand se retire à Montréal, où il possède une propriété sur la rue Sanguinet.

Il est décédé à Montréal le 4 octobre 1864.

Il avait épousé à Montréal, en 1864, Esther Bertrand. Ceux-ci auront un fils, nommé Joseph-Louis, qui hérite de la grande taille de son père.

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Intérêt patrimonial

Ce personnage historique est désigné pour les motifs suivants:

« Reconnu pour ses prouesses physiques et les légendes qui l'entourent, Jos Montferrand est une figure emblématique du travail dans l'industrie du bois au Québec. Jos Montferrand s'engage comme bûcheron et draveur à partir de 1823. Chaque automne, il quitte Montréal pour conduire une équipe dans la vallée de l'Outaouais, où l'on s'adonne à la coupe du bois durant l'hiver, et à la drave jusqu'à Québec au printemps. En 1840, il devient contremaître de chantier et guide de cages. Au fil de ses déplacements, il réalise des actions d'éclat qui marquent ses contemporains. De son vivant, les récits oraux font de lui un héros populaire à qui l'on attribue plusieurs exploits. Ses démonstrations de force réalisées fréquemment dans un contexte de compétition entre travailleurs francophones et anglophones fascinent la population. Reprise par la littérature, le théâtre et la chanson, sa légende se transmet au XIXe puis au XXe siècle en se teintant des valeurs et des aspirations de ses énonciateurs, tels que Wilfrid Laurier, Benjamin Sulte, La Bolduc et Gilles Vigneault. Les exploits de Jos Montferrand nourrissent l'imaginaire collectif québécois et son parcours professionnel évoque de façon remarquable le travail dans l'industrie du bois au XIXe siècle. »

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Évaluation d'inventaire

  • Inventaire du patrimoine culturel de la MRC d'Antoine-Labelle (2016)
    MRC d'Antoine-Labelle


  • Le personnage de Jos Montferrand présente un intérêt patrimonial pour sa valeur identitaire. Natif de Montréal, Montferrand est cependant étroitement associé aux régions de l'Outaouais et des Hautes-Laurentides pour y avoir passé plus de trente ans de sa vie. Avec ses hommes, il est le premier à défricher les terres riveraines de la rivière du Lièvre sur le territoire actuel des municipalités de Kiamika et de Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles. Montferrand est donc un pionnier de la région. S'il fait partie du folklore à l'échelle de l'Amérique du Nord, il marque particulièrement l'imaginaire des régions forestières où l'on valorise l'adresse et la force physiques qui le caractérisent. La légende qui entoure sa personne évoque l'endurance, l'habileté et la robustesse des ancêtres à une époque où ce territoire presque vierge est encore à bâtir. Indissociables de l'industrie du bois, les Hautes-Laurentides le sont également de la figure héroïque du bûcheron, du draveur, du défricheur.

    Le personnage de Jos Montferrand présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur symbolique. La figure légendaire de Jos Montferrand a fasciné et inspiré de nombreux artistes, prosateurs et folkloristes. Une biographie du personnage, écrite par Benjamin Sulte et publiée en 1899, connait notamment une grande popularité. Le premier ministre canadien Wilfrid Laurier écrit également sur Montferrand dans sa jeunesse. Il dit du personnage que son nom est aussi connu en Amérique du Nord que celui de Louis-Joseph Papineau. Jos Montferrand apparaît aussi dans la chanson québécoise, entre autres dans des chansons de La Bolduc (Mary Travers) et, plus récemment, de Gilles Vigneault. Par ailleurs, une sculpture intitulée Le Défricheur et représentant Jos Montferrand essouchant les terres de la Ferme Rouge perpétue la mémoire de l'homme fort au Parc des ponts couverts à Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles. L'¿uvre du réputé sculpteur Roger Langevin est réalisée en 1996 et inaugurée l'année suivante.

    Source : MRC d'Antoine-Labelle, 2016.

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    Références

    Notices bibliographiques :

    • GOYER, Gérard et Jean HAMELIN. MONTFERRAND, dit Favre, JOSEPH [En Ligne]. http://www.biographi.ca/fr/bio/montferrand_joseph_9F.html
    • PRÉVOST, Michel. Jos Montferrand, figure légendaire de l'Outaouais [En Ligne]. http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-670/Jos_Montferrand,_figure_l%C3%A9gendaire_de_l%E2%80%99Outaouais.html#.V6nn7jWf7BU
    • PRÉVOST, Michel. « Joseph (Jos) Montferrand, roi des forêts de l'Outaouais ou pilier de tavernes? ». Cap-aux-Diamants. No 69 (2002), p. 13-17.
    • SAUVÉ, Mathieu-Robert. Jos Montferrand : le géant des rivières. Montréal, XYZ, 2007. 188 p.
    • SULTE, Benjamin. Histoire de Jos Montferrand, l'athlète canadien. Montréal, C.O Beauchemin, 1899. 126 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

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