Bureau

Bureau à piétement tourné d'esprit Louis XIII, fabriqué au Québec en 1770. Ses dimensions sont 75,8 cm de hauteur, 117,8 cm de largeur et 52,5 cm de profondeur. Ce bureau à cinq tiroirs est fabriqué en merisier, à l'exception du bâti des tiroirs et du dos du bureau, qui sont en pin. Le piétement est composé de quatre pieds tournés, reliés par une entretoise en H au centre orné d'un flambeau. Une bordure festonnée court sur le bas des caissons portant chacun deux tiroirs. La façade des tiroirs porte une entrée de serrure en laiton, entourée d'un motif quadrilobé, ou de quartefeuilles, et deux poignées de laiton entourées chacune de rectangles à coins creusés. Les poignées des tiroirs latéraux sont des anneaux d'époque, celles du tiroir central sont des boutons plus récents. La serrure du tiroir central est manquante, comblée par une pièce de bois. Les serrures des tiroirs latéraux sont vissées à l'aide de vis à tête fendue. Les tiroirs sont assemblés à queue d'aronde, renforcés de clous ronds. Le haut de l'espace pour les genoux, sous le tiroir central, est orné d'une arche, réparée en bas à gauche avec une pièce en chêne. Les côtés du meuble portent deux panneaux soulevés bordés de moulures. Le plateau est assemblé à onglets sur deux côtés et cloué. Les clous sont dissimulés avec du mastic. L'arrière du meuble est composé de deux planches en traverse bordant trois panneaux séparés de deux courts montants. Les interstices ont été comblés. À l'exception du plateau, le bureau est entièrement assemblé à tenon et mortaise chevillé. Le bureau a été entièrement décapé et sablé. Les surfaces intérieures portent les traces d'une couleur originelle rougeâtre, plus foncée.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Partie d'un objet patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2018-03-15

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Bureau à piétement tourné d'esprit Louis XIII, aurait été fabriqué en 1770 par Pierre Émond, suite à la commande de Monseigneur Jean Olivier Briand, évêque de Québec.

Pierre Émond (1738-1808) est un maître menuisier et sculpteur, résidant à Québec. Il apprend la menuiserie dans l'atelier de François-Noël Levasseur et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur ou celui de Jean Baillargé, et pratique ce métier depuis l'âge de 21 ans à Québec. En 1769 et 1770, il est engagé par les religieuses augustines de l'Hôpital général pour d'importants travaux de réfection, notamment dans la chapelle Notre-Dame-des-Anges. Les Augustines de l'Hôpital général continueront à faire appel à ses services jusqu'à son décès. À partir de 1785, Pierre Émond se consacre davantage à la sculpture ornementale et la statuaire. Il réalise entre autres pour Monseigneur Briand l'ornementation de sa chapelle particulière au séminaire de Québec.

Jean Palardy, dans son ouvrage « Meubles anciens du Canada français » paru en 1963, décrit brièvement ce bureau et mentionne que les motifs quadrilobés sont des « [...] ornements souvent usités par Pierre Émond », corroborant l'information que ce meuble ait été fait par celui-ci.

Ordonné prêtre en 1739, Jean-Olivier Briand (1715-1794) s'installe à Québec en 1741, puis devient chanoine et confesseur des religieuses de l'Hôtel-Dieu et de l'Hôpital Général de Québec. En 1759, Monseigneur Pontbriand le nomme vicaire de Québec. Il assume quelques années plus tard l'administration du diocèse de Québec. À la suite de la Conquête, Mgr Briand soutient la communauté des Augustines avec plusieurs dons d'argent et de biens.
En 1770, Monseigneur Briand commande un bureau pour les Augustines de l'Hôpital général. Les annales de cette année mentionnent le meuble en note ajoutée au récit des travaux effectués au monastère par « Messieurs Emond maçon et Marcoux Architecte » à l'année 1770. L'astérisque ajoutée après Emond nous renvoie à une note en marge : « C'est ce Mr qui fit faire d'un beau merisier, par l'ordre de Mgr Briand, le bureau qui sert pour la prescription des médecines; Sa Grandeur en paya le compte qui montait à 60#. » Cette note nous informe donc que Pierre Émond en est peut-être l'artisan, et que ce meuble aura servi à l'apothicairerie. L'apothicairerie fut construite en 1714 et conserva son usage de pharmacie jusqu'en 1970. Une photo de février 1939 nous la montre, meublée de ce bureau.

Ce meuble fut entièrement décapé en décembre 1991. La patine d'origine n'est plus visible depuis cette opération. À l'intérieur du tiroir central est fixé un porte-crayon de facture récente.

Ce meuble est classé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec en 2017, en même temps que plusieurs autres meubles qui font partie de la collection des Augustines de l'Hôpital général de Québec.

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